L’Iran dévoile ce jeudi 13 juin 2024 pas moins de cinq nouveaux médicaments anticancéreux. Une prouesse des chercheurs iraniens qui honore l’Iran autant qu’elle contribue à l’émancipation du pays.
Cinq nouveaux médicaments anticancéreux dévoilés par l’Iran
Le groupe de recherche pharmaceutique Barakat (گروه دارویی برکت) dévoile cinq nouveaux médicaments anticancéreux développés par des chercheurs iraniens. Cet institut public dépend du Setâd-é edjrâ’i farmân-é Imâm Khomeyni (ستاد اجرایی فرمان امام خمینی). Son nom peut se traduire en français par « état-major des ordres de l’Imâm Khomeyni ».
Cette fondation fut créée par l’ayatollâh Khomeyni le 26 avril 1989 pour gérer les avoirs saisis par l’État dans un but de charité et d’utilité publique :
« L’État a le devoir de saisir les richesses provenant de l’usure, de l’usurpation, de la corruption, de la malversation, du vol, des jeux de hasard, de l’utilisation abusive des fondations perpétuelles, de l’abus dans les marchés et les transactions publiques, de la vente de terrains incultivés ou de biens publics par nature, de la création de lieux de dépravation et autres cas illicites, et de les rendre à leur propriétaire légal, et dans le cas où il ne serait pas connu, de les verser au Trésor public. Cet ordre doit être appliqué par l’État après examen et enquête, ce au moyen de preuves religieuses. »
Constitution de la République islamique d’Iran, article 49.
Le Setâd-é edjrâ’i farmân-é Imâm Khomeyni gère plusieurs institutions. Notamment les célèbres Fondation des Martyrs (ﺑﻨﻴﺎﺩ ﺷﻬﻴﺪ) et Fondation Barakat (بنیاد برکت), en charge de l’aide aux nécessiteux. Mais également l’Institut Barakat basé sur le savoir (مؤسسه دانشبنیان برکت), actif dans le domaine des nouvelles technologies et du développement de l’économique. Il n’est dès lors plus étonnant que cet organisme soit sanctionné par les États-Unis depuis le 4 juin 2013.
L’Iran innove depuis plusieurs années déjà dans le domaine médical. Le 8 décembre 2023, une société iranienne basée dans la province de l’Alborz dévoilait un nouveau produit pharmaceutique injectable, baptisé « cyclophosphamide ». Celui-ci doit servir à traiter plusieurs cancers, notamment ceux des ovaires, du sein, du sang et des yeux. Pour cette occasion, le vice-président iranien chargé de la science, de la technologie et de l’économie basée sur la connaissance, Rouhollâh Dehqâni Firouzâbâdi (روحالله دهقانی فیروزآبادی), participait à la cérémonie de présentation. Le cyclophosphamide s’utilise pour soigner le rétinoblastome, un type de cancer des yeux touchant principalement les enfants. Il permet également de lutter contre le myélome multiple, un cancer de la moelle osseuse.
Les sanctions humanitaires des États-Unis contre la population iranienne
L’industrie pharmaceutique iranienne produit depuis 2019 près de 96% des médicaments consommés par sa population. Toutefois, l’Iran importe plus de 50% des matières premières entrant dans leur composition. Cette situation n’a pas échappé aux États-Unis dont les sanctions visent également le domaine médical iranien. À ce titre, Human Right Watch (HRW) publiait le 29 octobre 2019 un rapport dénonçant les agissements des administrations étasuniennes contre la population iranienne.
« Parmi les personnes les plus touchées figurent des Iraniens atteints de maladies rares et/ou d’affections nécessitant un traitement spécialisé qui ne sont pas en mesure d’obtenir des médicaments ou des fournitures déjà disponibles. Il s’agit notamment des personnes atteintes de leucémie, d’épidermolyse bulleuse (EB, un type de maladie qui provoque une peau fragile et cloquée) ou d’épilepsie, et des personnes souffrant de lésions oculaires chroniques dues à l’exposition à des armes chimiques pendant la guerre Iran-Irak. »
“Maximum Pressure” US Economic Sanctions Harm Iranians’ Right to Health (« Pression maximale » – Les sanctions économiques américaines portent atteinte au droit à la santé des Iraniens), 29 octobre 2019 (https://www.hrw.org/report/2019/10/29/maximum-pressure/us-economic-sanctions-harm-iranians-right-health).
La pression est telle que de nombreuses banques refusent d’autoriser des transactions humanitaires avec l’Iran. Le 20 septembre 2019, les États-Unis sont même allé jusqu’à imposer des sanctions contre la Banque centrale iranienne, la dernière institution financière encore en mesure de procéder aux opérations de change impliquant des importations humanitaires.
Ces sanctions restèrent en vigueur durant l’épidémie de covid-19 et le groupe pharmaceutique iranien Barakat travaillant sur un vaccin sera même sanctionné le 13 janvier 2021.