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L’Iran deuxième quotient intellectuel (QI) le plus élevé du monde

En 2025, l’Iran se classe comme le deuxième pays du monde au quotient intellectuel (QI) le plus élevé. Ce résultat souligne les avancées significatives que le pays a réalisées dans des domaines essentiels tels que l’éducation, la nutrition et la santé publique.

Iran deuxième quotient intellectuel (QI) le plus élevé du monde 2024
Source : Registre international des QI, consulté le 6 janvier 2025

L’Iran deuxième quotient intellectuel (QI) le plus élevé du monde

À l’occasion d’un entretien avec l’IRNA, l’iranologue Morgan Lotz présente ces résultats. Il ne manque aucunement de rappeler combien l’Iran est un pays de connaissance et de science depuis 7000 ans.

En dépit des défis considérables auxquels l’Iran fait face, notamment les pressions internationales et les sanctions économiques sévères, le pays parvient à maintenir un niveau d’intelligence collective exceptionnel. Ce résultat illustre la résilience de la société iranienne et son aptitude à s’adapter et à innover, même dans des conditions difficiles.

Ce résultat des plus honorables témoigne de l’impact positif des investissements dans l’éducation et la santé. Malgré un environnement politique et économique compliqué, l’Iran continue de valoriser la connaissance et l’apprentissage, se traduisant par des performances intellectuelles remarquables.

Qu’est-ce que le quotient intellectuel ?

Le QI (Quotient Intellectuel) est une mesure de l’intelligence humaine. 98 % des individus ont un QI compris entre 70 et 130. 50 % de la population se situe dans la fourchette de 90 à 110. Seulement 2 % de la population affiche un score inférieur à 70 ou supérieur à 130. Ce phénomène est représenté par la courbe de Gauss, avec un écart-type de 15.

Différents facteurs peuvent affecter le QI moyen d’un pays tel que le taux élevés de maladies infectieuses, les habitudes alimentaires, les activités intellectuelles et les facteurs génétiques.

La génétique offre une base solide sur laquelle l’environnement peut agir. Ainsi, de bonnes prédispositions génétiques, combinées à un environnement favorable, tendent à accroître le quotient intellectuel.

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Le Festival international de théâtre de rue de Marivan

Chaque année se tient à Marivan, dans le Kurdistan iranien, le Festival international de théâtre de rue. Ces festivités témoignent des traditions iraniennes qui perdurent toujours et demeurent vivantes.

Festival international de théâtre de rue Marivan

Marivân (مریوان) se situe à l’ouest de l’Iran, plus précisément à 15 kilomètres de la frontière irakienne. Cette ville fut notamment frontalière avec l’empire ottoman, raison pour laquelle Nasser al-Din Shah fit bâtir en 1902 une forteresse à proximité du lac Zribâr (زریبار).

Festival international de théâtre de rue

L’existence de nombreux châteaux fortifiés indique que la ville de Marivan était l’une des zones importantes de la période kurde.

Le plus célèbre s’appelle le « château de l’Imam » ; il situe à 3 kilomètres au sud-est de Marivan. Il fut construit sous le règne des Ardalans à l’époque safavide à 1600 mètres d’altitude.

Festival Marivan (Iran)

Marivan se situe dans une région très touristique, notamment en raison de la présence du lac Zribâr, des montagnes et ses plaines verdoyantes dans la région. La plupart des habitants parlent le kurde sorani.

En raison de son emplacement géographique stratégique, cette région fut de tout temps en proie aux tourments de l’histoire. L’expédition macédonienne, l’invasion arabo-musulmane exposèrent ses habitants aux invasions. La ville et les villages alentours furent notamment ciblés par des bombardements chimiques irakiens durant la guerre imposée (1980-1988).

Le Festival international de théâtre de rue de Marivan

Ce samedi 12 octobre 2024 débute la 17ème édition du Festival international de théâtre de rue. Celui-ci occupe une place importante parmi les festivités locales et anime le centre-ville depuis le carrefour de Shabarang jusqu’au parc Mellat.

La représentation des marionnettes est l’une des principales attractions. Dénommées Bokeh Baraneh, ces marionnettes témoignent autant d’un savoir-faire artisanal que des traditions qui perdurent en Iran.

Un magnifique album de photographies de Seyyed Mosleh Pirkhazranian à découvrir :

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Le Soir d’Ashoura, chef-d’œuvre du peintre Mahmoud Farshtshian

Le Soir d’Ashoura est un tableau réalisé en 1976 par le grand maître Mahmoud Farshtshian. Figurant parmi les œuvres les plus célèbres de ce peintre renommé, Le Soir d’Ashourademeure une œuvre mystique qui ne cesse de fasciner et de bouleverser son admirateur.

Le Soir d’Ashoura - Mahmoud Farshtshian
Le Soir d’Ashoura
Mahmoud Farshtshiān
(1976)

Mahmoud Farshtshian, un maître de la peinture iranienne

Mahmoud Farshtshiân (محمود فرشچیان) naquit à Ispahan le 24 janvier 1930. Son père, représentant des tapis d’Ispahan, le conduisit un jour à l’atelier du peintre Mirzâ Aqâ Emâmi (1881-1955). Cet artiste remarqua ses prédispositions pour la peinture. Après avoir d’abord étudié avec lui et ‘Isa Bahâdori (1906-1986), il obtint son diplôme de l’école des beaux-arts d’Ispahan. Farshtshian se rendit ensuite en Europe pour parfaire ses compétences au conservatoire des beaux-arts. Il passa plusieurs années à étudier les œuvres d’artistes occidentaux dans les musées.

À son retour en Iran, Farshtshian intégra l’Administration générale des beaux-arts de Téhéran. Il fut nommé directeur de l’administration nationale et professeur à la faculté des beaux-arts de l’Université de Téhéran.

Mahmoud Farshtshian en novembre 2023.
(Sources : Persian miniature; Iranians’ exquisite art – Mehr News Agency)

Mahmoud Farshtshian est le créateur d’une école de peinture iranienne qui allie le respect des formes classiques à l’exploration de nouvelles techniques, permettant ainsi d’élargir l’horizon de cet art. En insufflant une nouvelle vie à la peinture iranienne, il enrichit la puissance de son expression en y intégrant la richesse de son histoire en lien avec la poésie et la littérature, lui conférant ainsi une autonomie longtemps négligée. Ses œuvres se caractérisent par leur dynamisme et leur vaste portée évocatrices, mêlant habilement des éléments traditionnels et contemporains à travers des combinaisons de styles uniques.

Farshtshian se distingue par un sens créatif remarquable, une maîtrise des motifs vivants, ainsi que la capacité de créer des espaces fluides et courbes, de dessiner des lignes à la fois douces et fortes, et de composer des couleurs vibrantes. Ses créations représentent une fusion harmonieuse d’originalité et d’innovation, influencées par la poésie classique, la littérature iranienne, le Coran, mais également par les écrits chrétiens et juifs.

Le Soir d’Ashoura de Mahmoud Farshtshian, une œuvre iconique de la peinture iranienne

Inscrit sur la liste des œuvres d’art de l’UNESCO, Le Soir d’Achoura (عصر عاشورا asr-é ashoura) illustre en une scène poignante le chagrin dévastateur de la famille de l’Imâm Hossein, dont le souvenir résonne à travers les âges. Alors que le cheval du IIIèmeImam chiite rentre seul de la bataille de Karbala, tout son être témoigne de la tragédie qui vient de se jouer. Son poil en désordre et la position abattue de sa tête traduisent la douleur et la désolation, tandis que des taches de sang sur son corps évoquent la violence du conflit. Les yeux du cheval, empreints d’une souffrance silencieuse, semblent pleurer la perte de son cavalier, un symbole de foi et de sacrifice.

Auprès de lui, des femmes et des jeunes filles, inclues dans un chœur de lamentations, expriment leur chagrin. Elles rendent ainsi hommage à cet homme qui incarne l’héroïsme et le martyre. La selle en désordre, avec des pigeons transpercés de flèches, souligne l’intensité de la bataille et le chaos qui l’entoura. Cette illustration populaire de l’art iranien trouve une résonance particulière, évoquant avant tout le souvenir sacré de l’Imam Hossein à travers la douleur et la tragédie de son martyre.

À la différence de ses autres créations, Mahmoud Farshtshian choisit d’adopter pour cette œuvre un format horizontal, transmettant une impression d’énergies statiques et évanescentes.

« Trois ans avant la révolution, le jour de l’Ashoura, ma mère m’a dit : « Va écouter le sanctuaire pour que tu puisses entendre quelques mots de jugement. » J’ai dit : « J’ai quelque chose à faire maintenant, et ensuite je partirai. » Je suis allé dans la chambre, mais j’étais moi-même contrarié. J’ai ressenti une sensation étrange, alors j’ai pris ma plume et j’ai commencé à peindre Le Soir d’Achoura. Quand j’ai pris le stylographe, c’est devenu le même tableau qu’il est maintenant, sans aucun changement. Maintenant, quand je regarde ce tableau après trente ans, je vois que si j’avais voulu faire ce travail aujourd’hui, le même tableau aurait toujours été créé, sans aucune modification. Il y a quelque chose dans cette peinture qui me fait pleurer moi-même. »

Interview de Mahmoud Farshtshian, محمود فرشچیان: تماشای «عصر عاشورا» خودم را هم به گریه می اندازد, Rahva, 7 décembre 2011 (https://web.archive.org/web/20120307224820/http://www.rahva.ir/102/23828-%D9%85%D8%AD%D9%85%D9%88%D8%AF-%D9%81%D8%B1%D8%B4%DA%86%DB%8C%D8%A7%D9%86-%D8%AA%D9%85%D8%A7%D8%B4%D8%A7%DB%8C-%C2%AB%D8%B9%D8%B5%D8%B1-%D8%B9%D8%A7%D8%B4%D9%88%D8%B1%D8%A7%C2%BB-%D8%AE%D9%88%D8%AF%D9%85-%D8%B1%D8%A7-%D9%87%D9%85-%D8%A8%D9%87-%DA%AF%D8%B1%DB%8C%D9%87-%D9%85%DB%8C-%D8%A7%D9%86%D8%AF%D8%A7%D8%B2%D8%AF.html).

En 1990, le peintre offrira son tableau au mausolée du VIIIème Imâm Rezâ, situé à Mashhad.

Site officiel de Mahmoud Farshtshian :https://www.farshchianart.com/

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Shahriar, le dernier roi de la poésie iranienne

Le 18 septembre 1988 disparaissait le poète Shahriar, considéré comme le dernier roi de la poésie iranienne. En Iran, cette date correspond depuis à la Journée nationale de la Poésie et de la Littérature persane.

Mohammad-Hossein Shahriar le dernier roi de la poésie iraniene

Né en 1906 dans le village de Khoshkanab, près de Tabriz, Seyed Mohammad-Hossein Behjat Tabrizi (سیّد محمّدحسین بهجت تبریزی) composa des œuvres en langues persane et azérie qui furent traduits dans près de 80 langues différentes.

Shahriar, le dernier géant de la poésie iranienne contemporaine

Rien ne destinait le jeune Mohammad-Hossein à devenir le plus emblématique poète contemporain iranien. En effet, il entreprit des études de médecine à l’université de Téhéran. Une déception amoureuse le fera renoncer et abandonner sa carrière.

Il publie ses premiers poèmes en 1929. Influencé par le poète iranien Hâfez (حافظ) et le poète azéri Khasteh Qâsem (خسته قاسم), son œuvre reflète l’omniprésence de l’amour et la souffrance du désespoir et du chagrin qui le hante.

Le 17 septembre 2024, sa maison devient un musée. (Source : La maison du poète Shahriar à Tabriz transformée en musée, IRNA, 17 septembre 2024)

Contrairement à de nombreuses figures de son époque, Shahriar se préoccupa fort peu des enjeux politiques. Néanmoins, il exprima un fervent nationalisme, qui transparaît dans son œuvre à travers de nombreuses métaphores célébrant Persépolis, Zoroastre et Ferdowsi. Au cours de l’occupation soviétique de l’Azerbaïdjan iranien entre 1945 et 1946, ainsi que de l’émergence du Parti démocratique azerbaïdjanais séparatiste, Shahriar écrivit des poèmes célébrant l’unité nationale de l’Iran.

Rencontre avec Ali Khamenei le 20 juillet 1987.

Certains de ses écrits s’inspirent également de la spiritualité chiite, célébrant notamment le Ier Imam Ali.

C’est en 1954 qu’il publie ce qui deviendra son œuvre magistrale, Heydar Babaya Salam. S’inspirant du nom de la montagne Heydar Baba qui surplombe son village natal, il y évoque la nostalgie de son enfance.

L’université de Tabriz l’honore en 1967 d’une chaire honorifique de littérature.

Shahriar fut également un calligraphe accompli et un musicien passionné, jouant avec virtuose du sétar. Il entretenait une amitié étroite avec l’éminent professeur de musique Abdolhossein Saba.

tombe poète iranien Shahriar Tabriz

Il repose au cimetière des poètes de Tabriz, le célèbre Mazār-é Shāerān (مزارِ شاعران), aussi appelé Mazār-é Sorāyandegān (مزارِ سرایندگان).

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Les maisons historiques de Kachan

Située entre Téhéran et Ispahan, Kachan est un trésor méconnu de l’Iran, dont les nombreuses maisons historiques témoignent de son glorieux passé.

maisons historiques Kachan

Première grande oasis de la route reliant Qom à Kerman, cette ville émerge au milieu du désert comme un éclat de lumière dans la pénombre.

Les maisons historiques de Kachan témoignent de son glorieux passé

Les premières traces d’habitat humain à Kâshân (كاشان) remontent au VIème millénaire avant Jésus-Christ. Le site archéologique de Tépeh Sialk (تپه سیلک) à proximité livra d’ailleurs des vestiges remontant à la période néolithique.

maisons historiques Kachan

La ville va connaître un développement important sous l’impulsion de l’épouse d’Haroun al-Rachid, calife abbasside régnant entre 786 et 809.

maisons historiques Kachan

Kachan va acquérir une renommée particulière au Moyen-Âge dans le domaine de la céramique. C’est d’ailleurs pour cette raison que la céramique va prendre son nom persan de kâshi (کاشی).

Le souverain seldjoukide Malek Shâh Ier, qui règne de 1072 à 1092, fit ériger une forteresse dont les vestiges subsistent dans le centre de la ville.

Mais c’est à l’époque safavide que Kachan connaître son apogée. Shâh Abbas Ier entreprit des travaux sous son règne, entre 1588 et 1629. Il fera bâtir plusieurs palais et jardins, de même que son tombeau.

maisons historiques Kachan

C’est également à Kachan que le chancelier Amir Kabir fut assassiné le 9 janvier 1852, dans le jardin de Fin (باغ فین). Il fut sous le règne de Nasser al-Din Shâh (ناصرالدین شاه) un grand réformateur qui entreprit de moderniser et développer l’Iran.

Kachan, un patrimoine exceptionnel

Kachan conserve un patrimoine exceptionnel qui témoigne de sa grandeur. Les maisons historiques les plus connues sont les demeures ‘Abâsi (خانه عباسیان), datant de la fin du 18ème siècle, Tabâtabâ’i (خانه طباطبایی‌ها), datant des années 1840, ou bien encore Boroudjerdi (خانه بروجردی‌ها), bâtie en 1857.

Kachan recèle encore d’autres merveilles architecturales. Notamment la mosquée du Vendredi dont la construction débuta en 1074, ainsi que la mosquée Aqâ Bozorg (مسجد آقا بزرگ) et son école de théologie, datant de la seconde moitié du 18ème siècle.

maisons historiques Kachan

Enfin, le bazar de Kachan témoigne d’une maîtrise et d’un savoir-faire impressionnant. Bâti sous les Seldjoukides, il fut rénové par les Safavides. Le puits de lumière creusé au centre de la coupole marchande date pour sa part de 1868.

bazar Kachan puits de lumière

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L’Iran commémore son poète Nizami Gandjavi

Le 12 mars est une date importante en Iran : ce jour commémore le souvenir du poète Nizami Gandjavi. Né en 1141 et décédé en 1209, il demeure célèbre pour être le plus grand poète épique romantique de la littérature classique iranienne.

Pour honorer cette figure emblématique de la littérature iranienne, une cérémonie est organisée à Téhéran. L’événement rassemble des passionnés de poésie et des admirateurs de l’œuvre de Nizami. Cette journée spéciale vise à souligner l’importance de son héritage littéraire et à commémorer son impact sur la poésie iranienne.

Le poète Nizami Gandjavi, un monument littéraire de l’Iran

Nizami laisse derrière lui une œuvre poétique immense qui continue d’inspirer les lecteurs du monde entier, des siècles après sa disparition. Ses poèmes, remplis de romance et d’épopées, captivent toujours les esprits et les cœurs de nombreuses générations. Son style unique et sa maîtrise de la langue persane ont fait de lui une icône immortelle dans le monde de la littérature.

poète iranien Nizami Gandjavi

L’héritage de Nizami dépasse la littérature iranienne. En effet, ses œuvres contribuèrent à façonner l’univers littéraire asiatique et influencèrent de nombreux poètes et écrivains ultérieurs. Sa poésie traverse également les frontières culturelles, atteignant les lecteurs du monde entier. Elle contribue ainsi à établir le statut de Nizami comme l’un des plus grands poètes de tous les temps.

La Journée d’hommage à Nizami Gandjavi est donc l’occasion de célébrer ce monument de la littérature iranienne, de rappeler son impact durable et d’apprécier son talent exceptionnel pour raconter des histoires et captiver les esprits à travers ses vers. Son héritage continue de rayonner et de nourrir l’imaginaire des amoureux de la poésie et de la littérature.

Ainsi, chaque année, le 12 mars, la Journée de Nizami honore le legs inestimable de ce poète légendaire. Elle perpétue son héritage précieux dans l’histoire littéraire de l’Iran et du monde entier.

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Mathilde Irani célèbre l’Iran en poésie

Dans la lignée de Guillaume Apollinaire, Mathilde Irani célèbre l’Iran dans sa poésie. Son recueil Ipséité, paru en février 2023, témoigne de la fascination des poètes français pour l’Iran.

Mathilde Irani Ipséité

Plusieurs poèmes de Mathilde Irani rendent hommage à l’Iran : Les trésors dissimulés rendent hommage à Ispahan et ses habitants, Téhéran, présenté ici, Sépulcre et enfin sa série Nuits azéries.

Mathilde Irani puise dans l’Iran l’inspiration de sa poésie

Dans son poème intitulé Téhéran, Irani nous plonge dans un tourbillon de liberté. Chaque mot résonne avec une musicalité particulière, transportant le lecteur à travers le flot enivrant des mots. Irani parvient à capturer l’essence vibrante de la ville dans chaque vers, créant ainsi une expérience poétique immersive et captivante. À travers son poème, Téhéran prend vie sous nos yeux, évoquant des émotions et des images qui continuent de résonner longtemps après avoir refermé le livre.

Téhéran

Là où je demeure

– l’exil de ce désert interminable

Lassé de ces vieilles vérités incantatoires nées dans le premiers âge du monde

J’y suis arrivé un soir d’hiver informe

– la Mort et sa miséricorde

Les noirs tchadors recouvrent les Beautés qui ne doivent être révélées jusqu’à l’avènement du dernier homme

Sous le soleil ployé de ses courbures rayonnantes d’extases

Je dresse le gonfalon de mes incertitudes vouées à l’absurde existence

Quel ne fut point un jour de chaleur iranienne

– Honteuse devant ces lèvres rubis qui me demandèrent « pourquoi ? »

Le poignard dans le cœur

– j’espère désormais l’entremet

Je songe à cette chevelure dissimulée au sein du secret et du mystère

Une ombre déambule dans la pénombre percluse de solitudes et de secrètes satisfactions

Alors une ampoule d’alcool pour réveiller Téhéran inanimé

Mathilde Irani, Téhéran, in Ipséité, Edilivre, p. 82.

La poésie, éternités iraniennes et françaises

Mathilde Irani est un poète français de ce siècle, inspiré par l’esprit de Paul Valéry et la vision de Saint-John Perse. Son travail transporte le lecteur dans un monde où la tentation de l’éternité aboli le temps. Le tragique évolue vers l’absolu, avec la Mort prenant l’apparence d’une nymphe. L’œuvre aborde avant tout un domaine de l’existentiel qui obsède, marquée par la projection de l’Être à travers l’Univers et l’espace-temps.

« Mathilde Irani donne une dimension spirituelle profonde à son écriture, mêlant les influences mystiques à une réflexion sur l’identité et la quête spirituelle de l’Homme occidental égaré dans une civilisation qui ne sait plus inventer ses tombeaux et ses mythes. »1

Dans une atmosphère intime et sombre, l’inspiration du poète provient de la réflexion intérieure profonde. Les mots utilisés sont poussés à leurs limites extrêmes jusqu’au néant, devenant ainsi les maîtres d’une Réalité révélée et sublimée. Pour Mathilde Irani, il s’agit avant tout d’une lutte contre la corruption du temps et l’instinct de mort qui façonne le destin de l’Homme.

Ipséité, de Mathilde Irani : à retrouver chez Edilivre, en librairie ou bien encore sur Amazon.

  1. Valentine Saint-Jame, Mathilde Irani, la Poésie et l’Absolu, Réseau international, 4 février 2024 (https://reseauinternational.net/mathilde-irani-la-poesie-et-labsolu/). ↩︎
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L’eau et la musique célébrées par un festival sur l’île de Qechm

Le dimanche 25 février 2024 s’est tenu dans le petit village de Salakh, situé sur l’île de Qechm, au sud de l’Iran dans le golfe Persique, un festival célébrant les anciens rituels liés à l’eau et à la musique folklorique.

festival eau musique Salakh île de Qeshm

Le village de Salakh

Situé dans le district rural éponyme, le village de Salakh (صلخ), également appelé Şalagh, Şelagh et Selaq, se trouve dans la région de Shahab, dans le comté de Qeshm, dans la province d’Hormozgan. Ce petit village iranien compte une population de 3109 habitants, répartis en 777 familles, selon le dernier recensement de 2016.

Iraniennes Salakh île de Qechm

Au fil des années, le village de Salakh est devenu une destination de plus en plus prisée des touristes, attirés par la beauté et l’authenticité de son environnement naturel et de ses habitants. Les voyageurs en visite à Salakh pourront découvrir une culture rurale traditionnelle et des modes de vie préservés, propres à cette région de l’Iran.

festival eau île de Qechm

En plus de son environnement rural pittoresque, Salakh et les alentours regorgent de sites naturels magnifiques. Nous pouvons notamment citer le parc naturel protégé de l’île de Qeshm, qui offre une biodiversité unique ainsi qu’une variété de formations géologiques impressionnantes.

Ce festival permet de préserver et de transmettre la riche histoire culturelle de la région, et plus précisément celle de l’île de Qechm.

L’île de Qechm

Située au large de la côte sud de l’Iran, près du détroit d’Ormuz, Qeshm se distingue par sa forme de flèche et s’étend sur environ 1 500 km², faisant d’elle la plus grande île du golfe Persique. Elle offre à la fois des paysages tour à tour escarpés et paradisiaques, une faune riche et une culture unique, qui sont autant de raisons de l’intégrer dans un itinéraire de voyage en Iran.

festival musique tradition Salakh Qeshm

Cette île se distingue également par une culture différente de celle du reste de l’Iran. Les habitants, appelés Bandari, ont préservé leur mode de vie traditionnel qui se reflète dans leur habillement coloré et les maisons rafraîchies par des tours à vent. La gastronomie de l’île est un délice pour les papilles avec ses célèbres plats de poisson et de crevettes, samoussas, riz, ragoûts et pain local appelé tomoshi, accompagnés de sauces spéciales.

Les paysages naturels de l’île sont tout autant fascinants, notamment les formations géologiques extraordinaires et la forêt de Hara, une frange de mangrove unique au monde, qui abrite une riche faune marine. La vallée des étoiles, située sur la côte sud de l’île, offre quant à elle un paysage surréaliste de rochers sculptés au fil des ans.

Un magnifique album de photographies d’Asghar Besharati à découvrir :

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Apprendre le persan (farsi)

Que ce soit pour des raisons culturelles, professionnelles ou simplement par passion, apprendre le persan (farsi) offre l’accès à une richesse de connaissances, de littérature et de traditions. C’est aussi une opportunité de plonger dans la beauté de la poésie et de la culture iraniennes.

Le persan, une langue chargée d’histoire

La langue persane, également connue sous le nom de farsi, est née dans la province de Fars. Berceau de la dynastie achéménide, cette région abrite des lieux emblématiques tels que Shiraz et Persépolis. Issue du pahlavi parlé à l’époque préislamique, le persan fait partie du groupe des langues iraniennes, affiliées aux langues indo-européennes.

Baroun, du groupe Hooniak Band

Dès les premiers siècles de l’ère islamique, le persan a été le vecteur d’une culture brillante dont l’influence s’étendait bien au-delà des frontières actuelles de l’Iran. Sous les Samanides, au Xème siècle, la résistance à l’arabisation et la préservation de l’identité iranienne se sont développées dans le Khorassan et la Transoxiane, avec Boukhara comme capitale.

Cette culture persane, qui avait déjà marqué le monde islamique après l’arrivée des Abbassides en 750, continuera d’influencer une vaste région turco-iranienne. Même des dynasties d’origine turque se sont attachées à promouvoir la langue et la culture persanes, comme les Ghaznévides, sous le règne desquels a été écrit le chef-d’œuvre de la littérature persane, le Livre des Rois (Shahnameh) de Ferdousi. Ce phénomène se reproduira au fil des siècles avec les Seldjoukides, les Mongols, les Timourides et les Safavides.

Le persan, un trésor de l’humanité

De nos jours, le persan dépasse largement les frontières de l’Iran. Il est parlé notamment en Afghanistan et au Tadjikistan. Mais également dans le nord de l’Inde et jusqu’à Bombay. En effet, le persan fut la langue administrative de l’Inde jusqu’à l’imposition de l’anglais en 1837.

Les langues dérivées du persan sont le dari, un persan légèrement archaïque parlé principalement dans le nord de l’Afghanistan, aux côtés de la seconde langue officielle, le pachto (également iranienne), et le tadjik, une variante du persan. On estime à environ 120 millions le nombre de locuteurs persans.

En parcourant l’Iran, on remarquera que, bien que le persan soit la langue officielle du pays, il n’est pas la langue maternelle de tous les Iraniens. En effet, il existe de nombreux dialectes, notamment ceux des tribus nomades dominantes comme le bakhtyari, le baloutch, le lore, ainsi que ceux du nord, comme le gilaki, le semnáni, etc. On y parle également le turc azéri, le turkmène, le kurde (autre langue iranienne) et l’arabe.

Apprendre le persan avec Razva

Vous souhaitez apprendre le persan (farsi) ? Les cours de persan en ligne de l’institut Razva sont l’option parfaite pour vous.

apprendre persan farsi Razva

Avec l’aide de professeurs expérimentés et compétents, vous pourrez acquérir les compétences linguistiques nécessaires pour maîtriser cette belle langue.

Que vous soyez débutant ou que vous souhaitiez approfondir vos connaissances existantes, les cours de persan de Razva vous offrent une expérience d’apprentissage en ligne accessible et efficace.

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Art et LittératureHistoire

Rudaki, un grand poète iranien

Rudaki fut un grand poète iranien dont l’œuvre a marqué l’histoire de la pensée et de l’identité iraniennes. Il représentait notamment l’ère de grandeur de l’Iran islamique.

Rudaki, l’éclat de l’art poétique iranien

Rudaki, également connu sous le nom d’« Adam des poètes », était un poète iranien considéré comme le premier grand génie littéraire de la langue persane moderne. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la littérature persane classique. Né en 858 à Rudak, qui fait aujourd’hui partie du Tadjikistan, Rudaki a composé des poèmes dans l’alphabet persan moderne. Bien que seule une petite partie de sa vaste poésie ait survécu, sa contribution à la littérature persane est inestimable.

Statue du poète iranien Rudaki à Douchanbé
Statue de Rudaki dans le parc Rudaki à Douchanbé (Tadjikistan)

Rudaki est souvent appelé le père de la poésie persane. Il a mémorisé le Coran à l’âge de huit ans et a commencé à composer des poèmes. Son nom de famille, Rudaki, est dérivé du nom de son village natal, Rudak. Il est également connu sous des titres tels que « Maître de Samarkand », « Maître des poètes » et « Sultan des poètes ». Ces titres sont d’ailleurs mentionnés dans ses propres poèmes.

Sa contribution à la langue et à la culture persanes continue de toucher les cœurs et les esprits des Iraniens et de tous ceux qui apprécient la beauté de la poésie et de la littérature. La commémoration de Rudaki est un rappel de l’importance de préserver et de célébrer l’identité persane et l’héritage culturel iranien.

La langue persane, vecteur de civilisation

Rudaki eut une influence considérable sur la renaissance de la culture iranienne et de la langue persane. Il contribua à la période d’éclat de la civilisation islamique moderne, qui s’est déroulée entre le IXème et le XIème siècle. De grandes figures scientifiques de cette époque, telles que Birouni, Avicenne et Farabi, parlaient principalement le persan. L’éclat de la langue persane dans la géographie culturelle de l’Iran était essentielle pour son rayonnement dans des régions telles que l’Inde, le Tadjikistan et l’Afghanistan.

Lorsque des écrivains iraniens ont commencé à parler et à écrire en persan, la culture islamique a atteint sa grandeur actuelle. Sans la langue persane, la culture islamique n’aurait pas pu atteindre un tel niveau de grandeur et d’influence. Cela en particulier dans le domaine de la poésie, de la littérature mais également dans celui des sciences.