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L’Iran entre élections anticipées et confrontation avec l’Occident

Dans un entretien accordé au Cercle Aristote intitulé L’Iran : des élections anticipées et la confrontation avec l’Occident, Morgan Lotz répond aux questions de Pierre-Yves Rougeyron.

Cet entretien est l’occasion d’apporter un éclairage sur les dernières actualités iraniennes pour mieux comprendre ces évènements et leurs conséquences.

Les élections anticipées en Iran et les relations avec l’Occident

Morgan Lotz revient sur l’accident d’hélicoptère du 19 mai qui coûta notamment la vie au président de la République islamique d’Iran Ebrahim Raïssi et au ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian. Il explique en détail les évènements afin de mieux comprendre les faits, mais également les évolutions politiques et les enjeux qui en découlent.

Conséquemment à ce dramatique évènement, des élections présidentielles anticipées furent organisées. Après la présentation des candidats y participant, Morgan Lotz revient sur les résultats et le déroulement d’un scrutin important pour l’Iran.

Cercle Aristote L'Iran : des élections anticipées et la confrontation avec l'Occident

Cet entretien est aussi l’occasion de décrypter l’actualité géopolitique. Et notamment les élections présidentielles à venir aux États-Unis au mois de novembre prochain. Celles-ci pourraient voir revenir au pouvoir Donald Trump, adversaire acharné de l’Iran et assassin du général Qassem Soleimani. Là aussi, les conséquences de ce changement politique étasunien sont étudiées afin de mieux saisir les conséquences possibles sur la scène internationale.

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Le Cercle Aristote est un groupe de réflexion (thinktank) souverainiste français se donnant pour mission d’alimenter et de participer au débat intellectuel et public, d’en être un pont et de faire avancer la question souverainiste.

Fort d’une volonté d’unité et d’élévation intellectuelle, le Cercle Aristote se consacre également à une mission d’éducation populaire, sous la forme de vidéo ou de conférence invitant de nombreux experts qui explorent les désordres du monde pour armer un citoyen informé dans la maîtrise de son destin.

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Société

Résultats du 2ème tour de l’élection présidentielle de 2024 en Iran

Les résultats du 2ème tour de la 14ème élection présidentielle qui se tenait vendredi 5 juillet 2024 en Iran ont été annoncés. Le candidat Mas’oud Pezeshkiân est officiellement élu président de la République islamique d’Iran.

2ème tour élection présidentielle 2024 Iran

Pour rappel, six candidats se sont présentés : Sa’id Djalili, Mas’oud Pezeshkiân, Mostafa Pour Mohammadi, Mohammad-Bâqer Qâlibâf, Seyed Amir Hossein Qâzizâdeh Hâshemi et Alirezâ Zâkâni.

Messieurs Seyed Amir Hossein Qâzizâdeh Hâshemi et Alirezâ Zâkâni ont retiré leurs candidature, respectivement le 26 et le 27 juin. Ne restaient alors que quatre candidats.

Le premier tour organisé le 28 juin dernier vit Mas’oud Pezeshkiân arriver en tête avec 10 415 991 voix. Sa’id Djalili est quant à lui arrivé second avec 9 473 298 voix. Aucun candidat n’ayant remporté la majorité absolue (50% + 1) au premier tour, un second fut donc organisé le vendredi 5 juillet.

Résultats du 2ème tour de l’élection présidentielle de 2024 en Iran

Le scrutin se déroule en Iran sur une période de dix heures, de 8 heures à 18 heures. Conformément à la loi, celui-ci peut être prolongé si besoin. Ce 5 juillet, l’horaire de fermeture sera reporté jusqu’à minuit dans les grandes villes. Téhéran ne compte pas moins de 6000 bureaux de vote pour 15 millions d’habitants.

Le dépouillement des bulletins débuta immédiatement après la fermeture des bureaux de vote. Le processus de vote dura au total 16 heures et enregistra un taux de participation de plus de 50%. Ce dernier s’avère nettement supérieur à celui du premier tour.

Plus de 61 millions d’Iraniens sont inscrits sur les listes électorales, sans oublier les 10 millions d’Iraniens résidant à l’étranger.

Sur un total de 30 530 157 votes exprimés, Mas’oud Pezeshkiân arrive en tête avec 16 384 403 voix (54,76%). Sa’id Djalili arrive en seconde position avec 13 538 179 voix (45,24%).

Mas’oud Pezeshkiân devient conséquemment le 9ème président de la République islamique d’Iran. Chirurgien cardiaque né en 1954, il fut notamment député durant cinq mandats, ministre de la Santé (2001-2005) et vice-président de l’Assemblée consultative islamique (2016-2020).

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Société

Résultats du 1er tour de l’élection présidentielle de 2024 en Iran

Les résultats du 1er tour de la 14ème élection présidentielle qui se tenait vendredi 28 juin 2024 en Iran sont annoncés aujourd’hui.

Six candidats se sont présentés : Sa’id Djalili, Mas’oud Pezeshkiân, Mostafa Pour Mohammadi, Mohammad-Bâqer Qâlibâf, Seyed Amir Hossein Qâzizâdeh Hâshemi et Alirezâ Zâkâni.

Messieurs Seyed Amir Hossein Qâzizâdeh Hâshemi et Alirezâ Zâkâni ont retiré leurs candidature, respectivement le 26 et le 27 juin. Ne restaient alors que quatre candidats.

Résultats du 1er tour de l’élection présidentielle de 2024 en Iran

Sur un total de 24 535 185 votes exprimés, Mas’oud Pezeshkiân arrive en tête avec 10 415 991 voix (44,36%). Il est ensuite suivi par Sa’id Djalili avec 9 473 298 voix (40,35%). Mohammad-Bâqer Qâlibâf arrive quant à lui troisième avec 3 383 340 voix (14,41%). Enfin, Mostafa Pour Mohammadi est quatrième avec 206 397 voix. (0,88%)

résultats 1er tour élection présidentielle 2024 Iran

Aucun candidat n’ayant remporté la majorité absolue (50% + 1) au premier tour, un second sera donc organisé le vendredi 5 juillet. Il départagera messieurs Pezeshkiân et Djalili.

Le vote des Iraniens résidant à l’étranger

Le vote des Iraniens résidant à l’étranger s’est déroulé sans problème, à l’exception de la France, du Royaume-Uni et du Canada. Il s’avère cocasse de constater que deux pays parmi les plus moralistes envers l’Iran sont les premiers à perturber son processus démocratique…

Le Canada a tout simplement interdit aux Iraniens expatriés de voter ! Quant à la France, plusieurs électeurs furent victimes d’agressions et de violences alors qu’ils se rendaient à l’ambassade iranienne pour participer aux élections. Des individus sans honneur ni respect ont injurié et violemment frappé les électeurs, notamment des personnes âgées.

Paris

Les agresseurs n’ont pas manqué de diffuser fièrement leurs attaques contre un processus démocratique et des personnes. Cela d’autant plus que ces individus sont les premiers à injurier les institutions iraniennes et à les accuser d’être une dictature. Une telle contradiction serait risible si elle n’était pas dramatique.

Paris

Il en fut de même à Londres, où des électrices iraniennes se sont fait arracher leur voile.

Londres

Attaque terroriste dans le Balouchistan

Des terroristes ont attaqué un autobus transportant les urnes scellées sur la route reliant Djekigour à Rask, dans la région du Sistan-Baloutchistan. Deux policiers ont trouvé la mort dans cette attaque : l’adjudant-chef Ibrahim Marmazi et le soldat Farhâd Djalil. Ce dernier effectuait son service militaire. Cinq autres personnes sont également blessées.

Adjudant-chef Ibrahim Marmazi
Soldat Farhâd Djalil

La région du Sistan-Baloutchistan est régulièrement la cible du terrorisme, ce dernier étant soutenu et organisé par Israël et les États-Unis.

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Nature et GéographieSociété

Gol Ghaltan, le rituel des bébés et des pétales de roses

Dans la région de Damghan réside un rituel ancestral qui fascine et impressionne par sa beauté poétique : Gol Ghaltan (گل‌غلتان). Basée sur les croyances folkloriques transmises de génération en génération, cette tradition consiste à rouler les nouveau-nés dans des pétales de roses.

Gol Ghaltan rituel bébés pétales de rose

Selon les habitants d’Amirieh (امیریه), dans le comté de Damghan (دامغان), lui-même situé dans la province de Semnan (سمنان) au nord de l’Iran, cette pratique apporte bonheur, fraîcheur et protection contre les maladies.

Gol Ghaltan, une tradition iranienne

Gol Ghaltan Damghan Iran

La tradition de Gol Ghaltan tire ses origines d’un vieux mythe iranien intitulé « La fleur souriante ». Ce récit mythique raconte l’histoire d’êtres purs et saints ayant prédit la naissance d’un enfant béni. Afin de manifester leur amour et leur gratitude envers cette grâce divine, les habitants de la région de Damghan créèrent ce rituel unique en son genre.

Les mères, les tantes et les grands-mères se rendent dans les jardins et les champs dès le matin pour cueillir des fleurs et réciter des poèmes.

همه کوه و کمر بوی تو داره یا محمد 

کدوم گل قامت روی تو داره یا محمد

همون ماه‌ای که از کوه می زنه سر 

نشان طاق ابروی تو داره یا محمد

Ô cyprès sycomore, d’où viens-tu,

Ô moissonneur de fleurs du jardin de ton âme ?

Le sang est devenu mon foie pour ton arrivée tardive,

Ô moisson de fleurs, tu es venu du jardin de la vie.

La légende veut que le contact entre les bébés et les pétales de roses procure une joie profonde et un rafraîchissement bienfaiteur.

La fraîcheur des fleurs enveloppe la peau délicate des nourrissons, les préservant ainsi de toute altération ou maladie. Cette croyance en la protection et en la préservation de la pureté des nouveau-nés traversa les siècles. Elle demeure aujourd’hui encore profondément ancrée dans la culture locale.

Autrefois, cette cérémonie concernait les bébés nés au printemps, le dixième jour après la naissance, dans le bain public de la localité. Pour les autres bébés nés à d’autres saisons de l’année, cette cérémonie se tenait au premier printemps de leur vie.

Gol Ghaltan fut inscrit en 2010 sur la liste officielle du patrimoine culturel immatériel de l’Iran.

tradition iranienne Gol Ghaltan

Au-delà des frontières de Damghan, Gol Ghaltan est devenu un symbole de l’Iran traditionnel et de son héritage culturel fascinant.

Cette tradition envoûtante nous rappelle avant tout la magie qui se cache dans les traditions. Elle nous invite également à nous émerveiller devant la grandeur de notre patrimoine. Elle témoigne enfin de la nécessité de préserver ces trésors culturels pour les générations futures.

Gol Ghaltan folklore Iran

Un magnifique album de photographies d’Ali Abak à découvrir :

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Les candidats à l’élection présidentielle du 28 juin 2024

Le Conseil des Gardiens de la Constitution publie aujourd’hui dimanche 9 juin 2024 la liste des candidats retenus pour l’élection présidentielle anticipée qui aura lieu le vendredi 28 juin prochain.

candidats élection présidentielle Iran 2024
En haut, de gauche à droite : messieurs Djalili, Pezeshkiân et Qâlibâf. En bas, de gauche à droite : messieurs Zâkâni, Qâzizâdeh Hâshemi et Pour Mohammadi. (Source : L’Iran approuve six candidats pour le scrutin présidentiel du 28 juin – IRNA Français)

Seules six candidatures ont été retenues parmi les 80 déposés. La campagne électorale débute officiellement le lundi 10 juin.

Présentation des candidats à l’élection présidentielle

Sa’id Djalili

Sa’id Djalili (سعید جلیلی), né en 1965, ultraconservateur. Diplomate de carrière, il fut notamment le directeur des négociations sur le dossier du nucléaire iranien. Il fut également secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de 2007 à 2013. Il est depuis cette même année membre du Conseil de Discernement de l’Intérêt supérieur du Régime (مجمع تشخیص مصلحت نظام), une institution fondée en 1988 par l’ayatollah Khomeyni équivalent en France au Conseil d’État. Djalili fut candidat aux élections présidentielles de 2013 (11,36% des voix) et 2021, durant laquelle il se retira pour soutenir Ebrahim Raïssi.

Mas’oud Pezeshkiân

Mas’oud Pezeshkiân (مسعود پزشکیان), né en 1954, réformateur. Il fut ministre de la Santé de 2001 à 2005 et député de la circonscription de Tabriz, Osku et Azarshahr depuis 2008. Il fut également vice-président de l’Assemblée consultative islamique de 2016 à 2020. Déjà candidat en 2013, il retira sa candidature, tandis que celle-ci ne fut pas acceptée par le Conseil des Gardiens de la Constitution en 2021.

Mostafa Pour Mohammadi

Mostafa Pour Mohammadi (مصطفی پورمحمدی), né en 1959, réformateur. Cet hodjatoleslam exerça de nombreuses fonctions dans l’administration judiciaire. Il fut entre autre procureur de la Cour révolutionnaire de 1979 à 1986 avant de devenir procureur de la Cour révolutionnaire des Forces armées. Il fut plusieurs fois ministre : aux portefeuilles du Renseignement et de la Sécurité (1987-1999), de l’Intérieur (2005-2008) et de la Justice (2013-2017) dans le gouvernement du réformateur Hassan Rohani.

Mohammad-Bâqer Qâlibâf

Mohammad-Bâqer Qâlibâf (محمد باقر قالیباف), né en 1961, conservateur. Il fut notamment maire de Téhéran de 2005 à 2017, avant de devenir député et président de l’Assemblée consultative islamique en mai 2020. Il fut déjà candidat aux élections présidentielles de 2005 (13,93% des voix) et de 2013 (16,56% des voix) et de 2017, au cours de laquelle il se retira pour soutenir Ebrahim Raïssi.

Seyed Amir Hossein Qâzizâdeh Hâshemi

Seyed Amir Hossein Qâzizâdeh Hâshemi (سید امیرحسین قاضی‌زاده هاشمی), né en 1971, conservateur. Il fut notamment député de la circonscription de Mashhad et Kalat de 2008 à 2021 avant de devenir vice-président dans le gouvernement du défunt président Ebrahim Raïssi. Il est également directeur de la Fondation des Martyrs et des Vétérans. Déjà candidat à l’élection présidentielle de 2021, il ne recueillit que 3,46% des voix.

Alirezâ Zâkâni

Alirezâ Zâkâni (علیرضا زاکانی), né en 1966, conservateur. Il fut notamment député de la circonscription de Téhéran, Ray, Shemiranat, Islamshahr et Pardis (2004-2016) et de Qom (2020-2021). Durant ce second mandat législatif, il occupera le poste de président du Centre de Recherche de l’Assemblée consultative islamique. Il est depuis septembre 2021 maire de Téhéran. Ses candidatures aux élections présidentielles de 2013 et 2017 furent refusées par le Conseil des Gardiens de la Constitution, tandis que celle de 2021 fut acceptée. Il se retirera cependant pour soutenir Ebrahim Raïssi.

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HistoireSociété

L’Iran en deuil après la disparition du président Ebrahim Raïssi

Le dimanche 19 mai 2024, un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi et plusieurs personnalités importantes, notamment le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, s’écrasait en Azerbaïdjan oriental, dans le nord-ouest de l’Iran.

L'Iran en deuil après la disparition du président Ebrahim Raïssi

C’est avec émotion que Négâh® présente ses condoléances les plus sincères au peuple iranien pour ce tragique accident et propose un dossier complet pour mieux comprendre cette actualité bouleversante.

Sommaire

I – Le dimanche 19 mai 2024

  • I-1. L’inauguration du barrage de Qiz Qalasi
  • I-2. Le vol retour en hélicoptère pour rejoindre Tabriz
  • I-3. Les opérations de recherches
  • I-4. La découverte de l’épave

II – Qui sont les défunts de l’accident d’hélicoptère ?

  • II-1. Qui était Ebrahim Raïssi, le huitième président de la République islamique d’Iran ?
  • II-2. Qui était Hossein Amir-Abdollahian, le ministre des Affaires étrangères ?

III – Quelles conséquences pour l’Iran après la mort du président Ebrahim Raïssi ?

I – Le dimanche 19 mai 2024

Rien ne présageait les évènements dramatiques de ce dimanche 19 mai 2024. Le président iranien et son ministre des Affaires étrangères inauguraient ce jour-là deux barrages hydrauliques situés sur le fleuves Aras, délimitant la frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan.

I-1. L’inauguration du barrage de Qiz Qalasi par Ebrahim Raïssi

Ce dimanche 19 mai, le président de la République islamique d’Iran Ebrahim Raïssi et le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian ont inauguré en compagnie du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev les barrages de Qiz Qalasile et de Khoda Afrin, situés sur les rives de la rivière Aras, frontière naturelle entre l’Iran et l’Azerbaïdjan.

inauguration barrage Iran Azerbaïdjan

Après une visite du barrage de Qiz Qalasi, les deux chefs d’État tinrent des discussions sur les relations bilatérales et régionales.

président Iran Ebrahim Raïssi et président Azerbaïdjan Ilham Aliyev

Le barrage de Qiz Qalasi, construit sur la rivière Aras, régule 2 milliards de mètres cubes d’eau par an. Il vise notamment à stimuler le développement économique et agricole, mais également à préserver l’environnement et fournir de l’eau potable aux villes et villages des deux côtés de la frontière.

Le ministre iranien de l’Énergie, Ali Akbar Mehrabian, considère ce barrage comme un symbole d’amitié entre les peuples iranien et azerbaïdjanais. Il souligne également l’importance de ce barrage pour les provinces d’Ardabil et de l’Azerbaïdjan de l’Est, en termes de maîtrise des inondations, d’approvisionnement en eau potable, d’agriculture et de préservation de l’environnement.

Le barrage a une couronne de 834 mètres de long. Plus de 6 millions de mètres cubes furent excavés. Il nécessita 2,1 millions de mètres cubes de remblayage et environ un demi-million de mètres cubes de bétonnage.

I-2. Le vol retour en hélicoptère pour rejoindre Tabriz

Trois hélicoptères décollent aux alentours de 13 heures (heure locale) pour ramener la délégation officielle iranienne dans la ville de Tabriz, la capitale provinciale. Lors d’un entretien à la télévision d’État, Gholamhossein Esmaili (غلامحسین اسماعیلی), chef du bureau du président Ebrahim Raïssi, qui était à bord d’un des trois hélicoptères déclare que les conditions météorologiques étaient idéales au départ et pendant une grande partie du vol.

Après 45 minutes de vol, le pilote chargé du convoi de l’hélicoptère présidentiel ordonne aux deux autres hélicoptères de prendre de l’altitude pour éviter un nuage qui se rapprochait. C’est alors que l’hélicoptère présidentiel, qui volait entre les deux autres, disparut subitement.

« Après 30 secondes de vol au-dessus des nuages, notre pilote a remarqué que l’hélicoptère du milieu avait disparu. Le pilote a dont décidé de faire un tour et de revenir pour chercher l’hélicoptère du président. »

Déclaration de Gholamhossein Esmaili

Malgré plusieurs tentatives de communication radiophonique avec l’hélicoptère présidentiel, et étant donné que le pilote ne pouvait pas réduire son altitude en raison des nuages, l’hélicoptère poursuivit son vol et finit par atterrir dans une mine de cuivre située à proximité.

« Nous avons plusieurs fois appelé le ministre des Affaires étrangères Amir-Abdollahian et le chef de l’unité de protection du président, mais ils ne nous ont pas répondu. »

Déclaration de Gholamhossein Esmaili
Dernière photographie d’Hossein Amir-Abdollahian avec des ouvriers du barrage.

Il est environ 15 heures (heure française) lorsque des informations font état d’un « atterrissage brutal » de l’hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi. Le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, le guide de la prière de Tabriz Mohammad-Ali al-Hashem et le gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental Malik Rahmati sont également présents dans ce même hélicoptère.

Dernière photographie de l’hélicoptère, juste après son décollage. Il s’agit d’un modèle Bell 212, fabriqué aux États-Unis dans les années 1970.

Le ministre iranien de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, ne tarde pas à confirmer la nouvelle. Il précise que les opérations de recherches sont en cours dans la région de Djolfa.

I-3. Les opérations de recherches

Gholamhossein Esmaili souligne que les pilotes des deux autres hélicoptères réussirent à joindre le responsable de l’hélicoptère présidentiel, le colonel Mostafavi. Cependant, ce fut le guide de la prière de Tabriz, l’hodjatoleslam al-Hashem, qui répondit à l’appel. Il déclara que l’hélicoptère s’était écrasé dans une vallée et qu’il était blessé. Suite à cela, Esmaili réussit à contacter une seconde fois l’hodjatoleslam al-Hashem et obtint les mêmes informations.

« Lorsque nous avons trouvé le lieu de l’accident, l’état des corps indiquait que l’ayatollah Raïssi et d’autres compagnons étaient morts sur le coup, mais qu’al-Hashem avait été martyrisé après plusieurs heures. »

Déclaration de Gholamhossein Esmaili

Les premières équipes de secours sont immédiatement dépêchées vers la zone où disparut l’hélicoptère. Celle-ci se situe dans la forêt de Pir Davoud, entre Varzeqan (ورزقان) et Djolfa (جلفا). Cependant, les conditions météorologiques sont des plus défavorables. En effet, un épais brouillard et la géographie montagneuse de cette région rendent difficile la progression des secours.

Vers 16 heures (heure française), le porte-parole des situations d’urgence déclare auprès de l’IRNA que des équipes de secours d’urgence, comprenant des techniciens et des médecins, sont actuellement présentes dans la zone de l’accident. Huit ambulances furent dépêchées à Varzeghan, ainsi qu’un hélicoptère d’urgence. Malheureusement, celui-ci ne put atterrir en raison du brouillard et fut contraint de rebrousser chemin. Des drones Mohadjer 6 et des drones de reconnaissance du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) renforcent le dispositif de recherche.

Au total, vingt équipes de secours parcourent la zone. En raison, du brouillard et de la pluie qui rendent impossible toute visibilité au-delà de 5 mètres, les secouristes se voient contraints de poursuivre les recherches à pied. Trois secouristes vont d’ailleurs s’égarer dans la forêt durant les recherches.

Le vice-président et plusieurs membres du gouvernement partent pour Tabriz. Le Conseil national de sécurité se réunit en urgence vers 16h30 dans le bureau du Guide de la Révolution Ali Khamenei.

Des forces spéciales arrivent en renfort pour poursuivre les recherches de nuit.

Alors que la nuit tombe, des commandos de l’armée et des parachutistes du CGRI arrivent en renfort pour mener des recherches nocturnes. La pluie se transforme en neige par endroit et la température ne dépasse pas les 7 degrés. Vers 23h20 (heure française), le rayon des opérations de recherche se réduit désormais à deux kilomètres. Pas moins de six drones iraniens et un drone turc fouillent la zone avec une portée d’environ 20 kilomètres.

I-4. La découverte de l’épave

L’annonce de cet accident aérien suscite immédiatement un émoi international. Le ministre turc des Affaires étrangères envoie un groupe de 32 alpinistes et du matériel nécessaire pour aider l’Iran dans ses recherches, notamment un drone équipé d’une vision thermique. Le Croissant-Rouge irakien prépare 10 équipes aériennes de recherche et de sauvetage en Iran. Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine envoie deux avions transportant des hélicoptères spéciaux à Tabriz, ainsi que 50 sauveteurs de montagne professionnels. Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan se déclare prêt à envoyer 40 sauveteurs en Iran.

Le site de l’accident

Vers 05h17 (heure locale, 03h47 en France), le soleil se lève sur la région. Toutefois, le ciel est toujours couvert d’un épais brouillard.

L’épave de l’appareil photographiée par un drone

Il est environ 05h30 en Iran (04h00 en France), lorsque l’épave de l’hélicoptère est découverte par les sauveteurs. Malheureusement, aucun survivant n’est retrouvé. Lors d’un point de presse télévisée, Pir-Hossein Koulivand, responsable de l’Organisation iranienne du Croissant-Rouge, déclare qu’il n’y avait « aucun signe de vie humaine » dans la zone de l’accident.

La découverte de l’épave

Le commandant adjoint de la force aérospatiale du CGRI s’est rendu sur place. Il a ordonné que l’épave de l’hélicoptère reste sur le lieu de l’accident pour enquête. Selon les premiers éléments, il semble que l’aéronef volait à une altitude de 2500 mètres.

II – Qui sont les défunts de l’accident d’hélicoptère ?

Au total, huit personnes étaient présentes dans l’appareil.

Iran accident hélicoptère président Ebrahim Raïssi ministre Amir-Abdollahian

Dans le sens des aiguilles d’une montre. Ebrahim Raïssi, président de la République islamique d’Iran. Hodjatoleslam Mohammad-Ali al-Hashem, guide de la prière de Tabriz. Hossein Amir-Abdollahian, ministre des Affaires étrangères. Malik Rahmati, gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental. Général de brigade de deuxième classe Seyed Mehdi Mousavi, chargé de la protection du président de la République. Les trois membres d’équipage.

Iran pilotes hélicoptère président Ebrahim Raïssi

De gauche à droite : le commandant Behrouz Qadimi, le colonel Seyed Taher Mostafavi et le colonel Mohsen Daryanoush.

II-1. Qui était Ebrahim Raïssi, le huitième président de la République islamique d’Iran ?

Seyed Ebrâhim Ra’isi al-Sâdâti (سیّد ابراهیم رئیس‌الساداتی) naquit le 14 décembre 1960 à Mashhad, la ville sainte du Chiisme située dans le nord-est de l’Iran. Orphelin de père à 5 ans, il poursuit des études de théologie et un doctorat de droit privé qui lui permettront de débuter sa carrière comme procureur, d’abord à Karadj, puis Hamedan. Il est nommé à Téhéran en 1985 et devient membre du Conseil d’administration pour la situation des prisonniers politiques.

Ebrahim Raïssi président de la République islamique d'Iran

De 1994 à 2004, il dirige le Bureau de l’inspection générale du pays défini dans l’article 174 de la constitution. Il exerce ensuite de nombreuses responsabilités : directeur adjoint de la magistrature de 2004 à 2014, puis Procureur général d’Iran entre 2014 et 2016. Il fut également membre de l’Assemblée des Experts depuis 2007. Deux sujets majeurs demeurent de son bilan comme chef du pouvoir judiciaire entre 2019 et 2021 : son engagement dans la lutte contre la corruption et le renforcement des lois visant à protéger les femmes contre les violences domestiques.

Le bilan d’Ebrahim Raïssi comme président

Candidat à l’élection présidentielle de 2017, il est battu par Hassan Rohani. Il se représente en juin 2021 et est élu dès le premier tour avec 61,95 % des voix. Son élection survient à un moment où l’Iran est confronté à des défis majeurs, notamment des difficultés économiques exacerbées par les sanctions étatsuniennes et les tensions accrues avec Washington. Il mit notamment en œuvre une politique économique de développement de la production nationale et d’indépendance industrielle. Il entama des réformes de l’administration afin de moderniser le système bureaucratique, de lutter contre la corruption et l’inertie administrative. La production de pétrole atteignit 3,4 millions de barils par jour, dépassant ainsi le niveau antérieur aux sanctions. Enfin, l’Iran récupéra sa dette britannique de 400 millions de livres sterling pour un contrat annulé en 1979 portant sur la livraison de chars Chieftain.

Ebrahim Raïssi président de la République islamique d'Iran
Ebrahim Raïssi fut un président dont la popularité en Iran n’est pas sans rappeler celle de Jacques Chirac en France.

Sur le plan international ensuite, Ebrahim Raïssi adopta une position plus ferme et pragmatique dans la politique étrangère iranienne. En particulier dans les négociations pour relancer l’accord nucléaire de 2015 avec les États-Unis et l’Europe. Celles-ci resteront toutefois sans succès en raison de la procrastination étatsunienne sur la levée des sanctions.

Ebrahim Raïssi président de la République islamique d'Iran

L’Iran est devenu membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et membre des BRICS. Le pays se distingua également en tant qu’acteur important dans les relations avec l’Union économique eurasiatique (UEE). L’Iran renoua et renforça les relations diplomatiques avec plusieurs voisins arabes et pays africains : l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Égypte, la Libye, le Soudan, Djibouti, les Maldives. Les relations russo-iraniennes se renforcèrent tant en matière de coopération politico-militaire que commerciale : en effet, les échanges commerciaux entre Moscou et Téhéran atteignent 4 milliards de dollars. En outre, le régime de visa cessa entre les deux pays pour les touristes.

Attaques et propagande contre Ebrahim Raïssi

Ebrahim Raïssi est également la cible des attaques occidentales visant à le salir. Ces accusations émanent de l’organisation terroriste des « moudjahiddines du peuple », responsable de la mort de plus de 17 000 Iraniens au cours d’attentats sanglants. Il s’allièrent avec l’Irak pendant la guerre que ce pays imposa à l’Iran entre 1980 et 1988, entraînant conséquemment leur condamnation pour trahison et intelligence avec l’ennemi. 2500 terroristes seront condamnés à mort et exécutés par pendaison en 1988 après l’opération Mersad, dernière bataille de ce conflit au cours de laquelle ils attaquèrent l’Iran avec l’aide et la logistique irakienne et étatsunienne.

Il est nécessaire de comprendre que les moudjahiddines du peuple sont encore aujourd’hui pour la population iranienne ce que furent les engagés volontaires français dans la Waffen-SS pour les Français de 1945. De plus, les moudjahiddines du peuple sont également considérés ainsi par les Kurdes en raison de leur participation au génocide commis dans le Kurdistan irakien par Saddam Hussein.

II-2. Qui était Hossein Amir-Abdollahian, le ministre des Affaires étrangères ?

Hossein Amir-Abdollahian (حسین امیرعبداللهیان) naquit à Damghan (دامغان) le 23 avril 1964. Orphelin de père à 7 ans, il poursuivra des études dans le domaine de la diplomatie et des relations internationales. Il obtient en 1991 une licence en relations diplomatiques obtenue à la faculté du ministère des Affaires étrangères. Il poursuivra par une maîtrise en relations internationales de la faculté de droit et de sciences politiques de l’université de Téhéran en 1996 et un doctorat en relations internationales dans la même université.

Hossein Amir-Abdollahian accident hélicoptère président Ebrahim Raïssi

Hossein Amir-Abdollahian dirigea notamment l’équipe de négociation iranienne lors de la réunion trilatérale entre l’Iran, l’Irak et les États-Unis à Bagdad en 2007. Cette réunion fut convoquée à la demande des Américains pour aider à stabiliser la situation en Irak qu’ils jugeaient préoccupante. Les pourparlers échoueront après trois sessions sans aucun résultat, les Américains quittant la salle dès qu’un argument leur déplaisait et ne parvenant pas à imposer leur ordre du jour.

Diplomate de carrière, parfaitement arabophone et anglophone, il occupa notamment le poste de vice-ministre des Affaires étrangères chargé des affaires arabes et africaines de 2011 à 2016. Il devient ensuite directeur général des Affaires internationales de l’Assemblée consultative islamique. Il devient enfin ministre des Affaires étrangères après l’élection d’Ebrahim Raïssi à la présidence de l’Iran en 2021.

Hossein Amir-Abdollahian

Hossein Amir-Abdollahian entretint une amitié solide avec le général Qassem Soleimani depuis son nomination comme chef de corps de la force Qods. Il ne manquera pas de rappeler aux Européens le sacrifice du général martyr et de l’Iran dans la lutte contre l’organisation terroriste Dâesh.

Hossein Amir-Abdollahian, marié depuis 1994, était père de deux enfants. Il laisse le souvenir d’un remarquable diplomate et d’un fin stratège iranien.

Ebrahim Raïssi président de la République islamique d'Iran Hossein Amir-Abdollahian ministre des Affaires étrangères
Un hommage unanime

Plusieurs pays décrètent un deuil national. Trois jours en Syrie et au Liban, deux au Tadjikistan, un au Pakistan, en Irak, en Inde, en Turquie et à Cuba. L’Iran décrète cinq jours de deuil national. Même les Nations-Unies décrètent un hommage au président et au ministre des Affaires étrangères iraniens, mettant en berne son drapeau mardi 21 mai. Ce même jour, la parlement arménien observe une minute de silence en mémoire des disparus.

III – Quelles conséquences pour l’Iran après la mort du président Ebrahim Raïssi ?

L’article 131 de la constitution prévoit l’intérim de la fonction présidentielle en cas d’empêchement du président de la République.

« En cas de décès, de révocation, de démission, d’absence ou de maladie de plus de deux mois du Président de la République, ou dans le cas où la durée du mandat présidentiel est expirée et que le nouveau Président de la République, en raison de certains empêchements, n’a pas encore été élu, ou dans d’autres cas similaires, le premier vice-président de la République sous réserve de l’accord du Guide, prend en charge les pouvoirs et les responsabilités du Président et un conseil composé du Président de l’Assemblée consultative islamique, du Chef du pouvoir judiciaire et du premier vice-président de la République est tenu de prendre les dispositions afin que le nouveau Président de la République soit élu au plus tard dans un délai de 50 jours. En cas de décès du premier vice-président ou d’autres causes qui empêcheraient l’accomplissement de ses tâches, de même que dans l’éventualité où le Président de la République n’aurait pas de premier vice-président, le Guide nomme une autre personne à sa place. »

Cf. La Constitution de la République islamique d’Iran

Le vice-président de la République islamique d’Iran, Monsieur Mohammad Mokhber prend ses fonctions conformément à la Constitution.

Mohammad Mokhber vice-président de la République islamique d'Iran
Mohammad Mokhber, vice-président iranien

Titulaire d’un doctorat en droit international, Mohammad Mokhber (محمد مخبر) naquit à Dezful (دزفول) le 26 juin 1955. Il fut notamment président du conseil d’administration de la banque Sina et gouverneur de la province du Khouzestan durant deux mandats. De 2007 à 2021, il dirigea le Setad (ستاد اجرایی فرمان امام), une œuvre caritative fondée par l’ayatollah Khomeyni en 1989. Durant cette période, Mohammad Mokhber fonda la Société de la connaissance Barakat (مؤسسه دانش‌بنیان برکت) qui réalisa le vaccin iranien contre la covid-19. L’administration du président étatsunien Donald Trump sanctionnera d’ailleurs cette institution en pleine pandémie. Devenu premier vice-président après l’élection d’Ebrahim Raïssi, il travaille notamment sur les programmes de protection sociale.

Le porte-parole du gouvernement iranien, Monsieur Ali Bahadri Djahormi, annonce la nomination d’Ali Baqeri Kani (علی باقری کنی) en remplacement de feu Hossein Amir-Abdollahian.

Ali Baqeri Kani Hossein Amir-Abdollahian
Ali Baqeri Kani fut également le directeur iranien des négociation sur le nucléaire.

L’article 132 stipule que les ministres ne peuvent être révoqués ou soumis à un vote de censure lorsque le premier vice-président ou toute autre personne désignée conformément à l’article 131 assure les fonctions du président de la République. De plus, il n’est pas permis de procéder à une révision de la constitution ou d’organiser un référendum pendant cette période.

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La jurisprudence islamique (fiqh)

Toutes les religions disposent de leur propre législation. L’Islam n’échappe pas à cette règle avec la jurisprudence islamique (en arabe فقه, fiqh), équivalente au droit canonique chrétien.

Qu’est-ce que le fiqh ?

Le fiqh, dérivant du verbe arabe signifiant « comprendre », représente l’interprétation temporelle des règles du droit musulman. Traduit en français par « jurisprudence islamique », le fiqhenglobe avant tout une compréhension des aspects juridiques du message de l’Islam délivré par les Quatorze Immaculés. Toutefois, il ne se limite pas à cela et constitue une science vivante et évolutive sur laquelle travaillent les faqih(فقيه), les érudits du fiqh.

répartition géographique école jurisprudence islamique (fiqh)

L’histoire de la jurisprudence islamique (fiqh) demeure, et ce depuis ses origines, marquée par des tensions entre, d’une part, la révélation (naql), et d’autre part, la raison (‘aql). C’est à la fois une théorie idéalisée, construite à partir de principes et de méthodes complexes, et une pratique juridique souple et évolutive.

Diverses écoles ou madhhabs (au singulier مذهب [maḏhab] et au pluriel : مذاهب [maḏâhib], se traduisant en français par « voies ») existent selon les branches de l’Islam. Le sunnisme se divise en quatre rites juridiques : le chaféisme, le hanafisme, le hanbalisme et le malékisme.

Apprendre la jurisprudence islamique

La jurisprudence islamique peut sembler complexe d’un premier abord. Il est toutefois possible de l’apprendre, que l’on soit passionné, étudiant ou tout simplement curieux. L’institut islamique en ligne Razva a conçu des cours de fiqh pour répondre aux besoins des débutants ainsi que des professionnels qui souhaitent étudier la jurisprudence islamique.

Razva propose des cours de fiqh en ligne adaptés à tous les niveaux et à toutes les branches de l’Islam. Les cours se divisent en deux catégories :

Cours de fiqh non déductif

Ces cours se destinent aux débutants qui souhaitent acquérir une compréhension globale de la jurisprudence islamique. Dans ces cours, les professeurs se concentrent principalement sur les avis juridiques, sans entrer dans les détails des argumentations et des déductions.

Cours de fiqh déductif

Ces cours plus avancés s’adressent aux étudiants qui souhaitent approfondir leurs connaissances en matière de jurisprudence islamique. Ces cours se concentrent sur l’analyse des textes juridiques et des arguments pour parvenir à des conclusions juridiques.

Institut islamique en ligne Razva cours de jurisprudence islamique (fiqh)

Que vous soyez débutant ou avancé dans vos études de fiqh, les cours en ligne de Razva vous offrent une opportunité d’apprentissage pratique et approfondie de la jurisprudence islamique.

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Les Juifs en Iran, au-delà des idées reçues

Les Juifs en Iran ont une longue histoire et une présence significative dans le pays depuis plus de deux mille ans. Situé au carrefour de plusieurs mondes, la culture iranienne demeure fortement méconnue et sujette à des stéréotypes et des idées reçues. Ainsi, l’actualité géopolitique des relations entre l’Iran et Israël rendent invisible l’histoire du judaïsme et des Juifs en Iran, au grand dam de ces derniers.

Iranienne juive
Une électrice juive iranienne

Les Juifs en Iran, une présence méconnue

Nombreuses sont les idées reçues sur les Juifs iraniens et la désinformation ne manque malheureusement guère à ce sujet. Le public occidental imagine souvent l’Iran comme un pays hostile aux Israélites en raison de la situation géopolitique entre l’Iran et Israël. Un tel cliché est en réalité totalement faux et mensongers.

Téhéran synagogue
Une synagogue à Téhéran

L’Iran fut de tout temps une terre de spiritualité où se côtoient encore aujourd’hui différentes religions. Les Juifs ne font pas exception et ils demeurent présents en Iran depuis plus de 2000 ans, sans que leur présence ne soit remise en question. Ils jouissent des mêmes droits que les autres minorités religieuses, notamment au parlement au sein duquel ils disposent d’un député pour les représenter. Dénommé Assemblée consultative islamique, celui-ci accueille d’ailleurs un député pour chaque minorité religieuse, à savoir les Zoroastriens, les Chrétiens assyriens, chaldéens et arméniens.

Juifs et Iraniens, une identité particulière

Juifs et Iraniens – La communauté judéo-persane depuis la Révolution en Iran et en Israël, est un livre d’Esther Parisi des plus intéressant pour comprendre l’identité juive en Iran après la Révolution de 1979.

Juifs et Iraniens Esther Parisi
Un livre à découvrir chez L’Harmattan.

La communauté juive en Iran, bien que numériquement faible, fait partie intégrante de l’identité nationale iranienne, caractérisée par la diversité ethnique, religieuse et linguistique héritée d’une histoire plurimillénaire. En Israël également, les Juifs d’origine iranienne font partie d’un mélange de migrants venus en différentes époques et pour diverses raisons. Ils sont à la fois Juifs et Iraniens. Cette identité complexe se trouve d’ailleurs mise à rude épreuve en Israël depuis 1979.

Juifs prière Iran

Cet ouvrage explore la complexité de cette identité, confrontée aux tensions géopolitiques. Mais il étudie surtout les stratégies quotidiennes adoptées par les Juifs en Iran et en Israël pour assumer leur double appartenance nationale et religieuse, tout en préservant leur culture dans des contextes très différents, qu’ils soient islamisés ou en exil.

L’Iran, une terre d’accueil et d’hospitalité pour les Juifs

Téhéran, refuge des Juifs – Étude des migrations juives en Iran de 1890 à 1979, est un livre de Marc Lobit rappelant que les Juifs purent vivre en sécurité, s’épanouir et s’intégrer en Iran.

Téhéran, refuge des Juifs Marc Lobit
Un livre à découvrir chez L’Harmattan.

Contrairement à certaines croyances répandues, l’Iran a accueilli de nombreux Juifs tout au long du 20ème siècle. Alors que leurs coreligionnaires européens subissaient la Shoah ou le régime stalinien et que ceux des pays arabes fuyaient en masse vers Israël, de nombreux Juifs venant de divers pays ont trouvé refuge à Téhéran. Plusieurs milliers d’entre eux furent même sauvés du nazisme par le consul d’Iran à Paris, Abdol-Hossein Sardari, surnommé le « Schindler iranien ».

Juif iranien synagogue

Ce livre explore entre autre un phénomène démographique souvent négligé : les migrations massives des Juifs venant des provinces vers Téhéran. Il documente une période importante durant laquelle les Juifs, malgré les bouleversements historiques, réussirent à trouver leur place au sein de la société iranienne. En s’appuyant sur une méthodologie précise centrée sur les raisons des migrations, cet ouvrage offre une opportunité de revisiter l’histoire tumultueuse de l’Iran, d’Israël et du judaïsme. Il permet également une meilleure compréhension des conflits récents en Asie du sud-ouest et des enjeux religieux et migratoires en général.

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Le Guide de la Révolution Ali Khamenei gracie 2127 prisonniers

Le samedi 6 avril 2024, le Guide de la Révolution Seyed Ali Khamenei gracie 2127 prisonniers à l’occasion de la célébration de l’Aïd al-Fitr. Cette décision fait suite à la proposition du chef du pouvoir judiciaire iranien, en accord avec la clause 11 de l’article 110 de la Constitution de la République islamique d’Iran.

Cette mesure intervient à un moment symbolique, alors que les fidèles célèbrent la fin du mois de jeûne et de prière du Ramadan. Elle démontre la volonté des autorités iraniennes de favoriser la clémence et la réconciliation, dans un souci d’unité et de pardon en cette période importante pour les musulmans.

Le droit de grâce des prisonniers, une prérogative du Guide de la Révolution Ali Khamenei

Le Guide de la Révolution (rahbar-é enqelâb), aussi appelé « Gardien de la jurisprudence » (vali-yé faqih) en raison de ses compétences, est le plus haut responsable politique et religieux. Les articles 108 à 112 de la Constitution définissent son rôle et les attributs de ses fonctions.

L’article 110 définit quant à lui ses devoirs et ses pouvoirs. Celui-ci stipule entre autre qu’il peut notamment décréter un référendum et décider d’une amnistie ou d’une réduction de peine des condamnés, dans les limites des préceptes islamiques et sur proposition du Chef du pouvoir judiciaire.

Le premier Guide de la Révolution fut l’ayatollah Rouhollah Khomeyni, du 3 décembre 1979 jusqu’à son décès survenu le 3 juin 1989. L’ayatollah Ali Khamenei lui succéda le 4 juin 1989. Le Guide de la Révolution est désigné par l’Assemblée des Experts, qui détient également le pouvoir de le destituer.

Ce n’est pas la première fois que le Guide de la Révolution Ali Khamenei gracie des prisonniers. À titre d’exemple, nous pouvons citer les grâces accordées par le Guide de la Révolution Ali Khamenei en 2020 au profit des manifestants arrêtés lors des manifestations de novembre 2019 en Iran, parfois comparées avec celles des Gilets jaunes en France : plus de 2 300 personnes en février, 10 000 en mars, 3 700 en mai et 2 135 en août.

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Les nomades Laki du Lorestan

Les nomades Laki de la province du Lorestan sont connus pour leur mode de vie traditionnel et leur déplacement saisonnier. Chaque année, avec l’arrivée du printemps, ils quittent les régions chaudes pour se rendre dans les régions plus fraîches, en particulier dans les zones surplombant le nord du Lorestan. Puis, à l’approche de l’automne, ils entament leur déplacement inverse vers les régions chaudes du sud du Lorestan.

nomade Laki (Lorestan, Iran)

Les Laki, également connus sous le nom de Laks, sont une tribu kurde vivant dans le sud-ouest de l’Iran. Ils parlent le laki, un dialecte du kurde. Selon l’Encyclopédie de l’Islam, les Laki sont la tribu kurde la plus méridionale d’Iran. Leur présence est notable dans les provinces du Kurdistan, Lorestan, Ilam et Khouzistan.

nomades Laki du Lorestan Iran

Les nomades Laki, l’âme du Lorestan

Le mode de vie nomade des Laki est étroitement lié à l’élevage, principalement de moutons. Ils se déplacent constamment à la recherche de pâturages verts et de sources d’eau pour leur bétail. Ce mode de vie traditionnel a permis aux Laki de préserver leur culture unique et leurs traditions séculaires.

famille de Laki nomades du Lorestan en Iran

Lors de leur migration saisonnière, les nomades Laki transportent avec eux tous leurs biens essentiels, y compris leurs tentes traditionnelles. Celles-ci sont faites de peaux de moutons et de matériaux légers, permettant aux nomades de les démonter facilement et de les transporter d’un endroit à un autre.

La vie nomade des Laki offre un aperçu fascinant de la diversité culturelle et des traditions ancestrales de l’Iran. Cependant, il est important de noter que le mode de vie nomade des Laki est confronté à des défis et à des changements.

L’évolution de la société moderne et la pression sur les ressources naturelles ont un impact sur la vie traditionnelle de ces nomades. Il est donc crucial de sensibiliser à la préservation de leur culture et de trouver un équilibre entre les besoins des nomades et la préservation de leur mode de vie unique.

nomade Laki (Lorestan, Iran)

Les nomades Laki de la province de Lorestan représentent une part importante du patrimoine culturel iranien. Leur mode de vie nomade saisonnier, étroitement lié à l’élevage, est un témoignage vivant de leur héritage ancestral. Ils forment la richesse de la diversité culturelle de l’Iran.

Un magnifique album de photographies de Fariba Shakani à découvrir :