Découvrir et comprendre l'Iran d'aujourd'hui à travers son histoire et sa culture
Catégorie :Histoire
Voyagez à travers les millénaires et explorez l’histoire fascinante et l’héritage culturel captivant de l’Iran, le « pays des Aryens », qui fut de tout temps une lumière pour le monde.
Remontant à plusieurs milliers d’années, l’histoire de l’Iran débute avec la naissance de sa civilisation et l’établissement de l’Empire achéménide au VIème siècle avant Jésus-Christ. L’Iran était en ce temps le plus grand empire du monde antique, rayonnant dans tous les domaines.
La dynastie des Sassanides au IIIème siècle fonda un empire admiré et puissant, que même l’Empire byzantin ne put conquérir. L’invasion des arabo-musulmans en 651 bouleversa la spiritualité du pays mais ne fut aucunement capable d’en perturber l’identité et l’exception.
Au XIème siècle, les Seljoukides régnèrent sur l’Iran avant d’être renversés par les Mongols au XIIIème siècle. Les Safavides ressuscitèrent ensuite un nouvel empire au XVème siècle, redonnant au pays l’importance qu’il a toujours eu.
Cependant, au XIXèmesiècle, le pays souffrit de l’impérialisme européen et vit son indépendance limitée d’abord par l’influence croissante de la Russie et du Royaume-Uni, et plus tard par l’impérialisme des États-Unis.
Le XXème siècle fut le témoin de changements politiques majeurs en Iran. Le pays se transforma en une nation moderne et indépendante, marquée notamment par la chute de la dynastie Pahlavi et la révolution de 1979 qui donna naissance à la République islamique.
Aujourd’hui, l’Iran retrouve sa place en tant que puissance régionale influente, renouant avec son passé glorieux et conscient de son histoire prestigieuse et complexe.
Le livre L’Iran face à l’imposture de l’histoire publié en 1971 aux éditions de L’Herne par le Prince Mozaffar Firouz est un document capital pour comprendre l’Histoire de l’Iran.
Ancien ministre et vice-président du Conseil de l’Iran, ex-ambassadeur en Union Soviétique, le Prince Firouz aujourd’hui l’un des chefs de la lutte contre l’impérialisme, nous donne une histoire de l’Iran et de son peuple trop souvent ignorée du public européen. S’appuyant sur des documents incontestables, le Prince Firouz nous dit ce que la civilisation occidentale doit à l’Iran tant sur le plan religieux que philosophique. Contrairement à l’enseignement prévalant en occident, il prouve que la religion monothéiste et la pensée occidentale ont leurs racines en Iran et non en Grèce et en Israël.
Mêlé de très près, et durant de longues années, à la vie politique de son pays, il dévoile la mascarade du 2.500e anniversaire de la monarchie et de l’empire célébré à Persépolis. Il dénonce, documents à l’appui, les intrigues de l’impérialisme dans la politique iranienne.
Le Prince Firouz révèle aussi les dessous des tractations diplomatiques entre le gouvernement iranien et Staline qui aboutirent à l’évacuation par les troupes soviétiques du nord de l’Iran après la deuxième guerre mondiale. Il apporte enfin la lumière sur l’ascension et la chute de Mossadegh, héros national de l’Iran.
Quatrième de couverture
Cet ouvrage s’avère capital pour deux raisons. La première, c’est son rappel de certaines vérités historiques trop souvent occultées. La seconde, ce sont ses révélations sur les trahisons de Mohammad Reza Pahlavi envers l’Iran.
Le Prince Firouz rétablit la vérité concernant l’Histoire de l’Iran…
Dans son ouvrage, Mozaffar Firouz (1906-1988) offre une présentation exhaustive de l’histoire politique et philosophique de l’Iran. Il rappelle notamment que la conception monothéiste de la religion et l’éthique morale et sociale de la civilisation occidentale ne sont pas d’origine judéo-hellénique, en dépit de qui est sans cesse rabâché après des siècles de falsification de l’Histoire. Citant les plus éminents chercheurs de son temps, il rappelle que ces concepts sont en réalité purement inspirés de la tradition iranienne et aryenne. En effet, trois siècles avant Abraham, le prophète Zoroastre proclama en Iran l’unité de Dieu et une conception monothéiste de la religion. Il établit également le principe dialectique de la lutte constante entre deux contradictions représentées par le bien et le mal, constituant par là la base de tout progrès spirituel et matériel.
En effet, la pensée spirituelle iranienne inspira les religions occidentales, Ahura Mazda ayant inspiré l’idéal de Jéhovah. En 538 avant Jésus-Christ, la libération par Cyrus des Juifs alors en exil à Babylone permit cette rencontre du monothéisme iranien qui inspirera ses successeurs. Le rôle de l’Iran dans la civilisation islamique est également analysé en détail dans un chapitre où l’auteur met en évidence les liens secrets entre le Zoroastrismeet le Chiisme.
… et dénonce les mensonges du régime de Mohammad Reza Pahlavi
En ce qui concerne l’histoire récente de l’Iran, Mozaffar Firouz dresse un portrait détaillé de son siècle. Il dénonce la politique impérialiste britannique en Iran visant à diviser le pays en deux zones d’influence : russe au nord et britannique au sud. Cette dernière comprenait les champs pétroliers… Ces manœuvres entraînèrent conséquemment de graves difficultés pour l’Iran. Le prince Firouz souhaitait voir son pays recouvrer son indépendance nationale face aux influences anglaises et soviétiques. Il s’engage dans cette voie et s’implique dans l’épopée politique de Mossadegh. Il décrit avec précision ses objectifs, sa détermination et sa chute, qui marqueront la fin (du moins temporaire) de sa carrière politique.
Mozaffar Firouz rétablit également la vérité concernant le coup d’État de 1953. Citant l’historien américain de la CIA Andrew Tully, il rappelle que l’opération TP-AJAX fut entièrement l’œuvre des États-Unis. Cette position marque une rupture avec le Shah. En effet, ce dernier affirmera dans ses mémoires défier quiconque de prouver que le renversement de Mossadegh ne fut pas fondamentalement l’œuvre des Iraniens. Ce que Firouz relève avec brio, avant même les aveux étasuniens sur le sujet…
Enfin, le Prince Firouz démontre que la propagande du régime monarchique de Pahlavi ne repose sur aucune vérité historique. À commencer par la célébration des soi-disant 2500 ans de la monarchie iranienne à Persépolis en 1971.
« Sur les 2500 ans de monarchie et d’empire, comme le prétend la propagande officielle, l’Iran a été sous la domination arabe directe de 624 à 813, soit 171 ans, et sous domination arabe indirecte, gouverné par différentes dynasties mineures dans différentes parties du pays, de 820 à 1258, soit 438 ans. De 1258 à 1500, soit encore 424 ans, l’Iran fut sous le joug mongol et turc jusqu’à l’établissement de la dynastie Safavide en 1502, avec plus tard Ispahan comme capitale. Ainsi donc sur les prétendus 2500 ans d’empire, l’Iran a été en fait 851 ans sous le joug de la domination étrangère. Aucun peuple de l’histoire n’a probablement autant souffert de la domination étrangère et seules la maturité, les traditions et la vitalité de ce grand peuple ont permis sa libération du joug étranger et sa survie en tant qu’entité et état indépendant. »
P. 138.
Il dénonce également l’abandon par Mohammad Reza Pahlavi du territoire de Bahreïn, historiquement iranien. En effet, l’Iran détenait des droits et une réclamation justifiée sur Bahreïn que les Britanniques usurpèrent en 1970. Bahreïn proclame son indépendance le 14 août 1971 et signe un traité d’amitié avec les Britanniques dès le lendemain.
En conclusion
Mozaffar Firouz conclut son livre en s’interrogeant sur l’avenir du monde en général et de l’Iran en particulier. Il pense que seule une nation iranienne indépendante et souveraine peut apporter au monde les valeurs historiques et politiques qu’elle incarne depuis plus de mille ans. Cette attitude est comparable à celle du Général de Gaulle.
Située entre Téhéran et Ispahan, Kachan est un trésor méconnu de l’Iran, dont les nombreuses maisons historiques témoignent de son glorieux passé.
Première grande oasis de la route reliant Qom à Kerman, cette ville émerge au milieu du désert comme un éclat de lumière dans la pénombre.
Les maisons historiques de Kachan témoignent de son glorieux passé
Les premières traces d’habitat humain à Kâshân (كاشان) remontent au VIème millénaire avant Jésus-Christ. Le site archéologique de Tépeh Sialk (تپه سیلک) à proximité livra d’ailleurs des vestiges remontant à la période néolithique.
La ville va connaître un développement important sous l’impulsion de l’épouse d’Haroun al-Rachid, calife abbasside régnant entre 786 et 809.
Kachan va acquérir une renommée particulière au Moyen-Âge dans le domaine de la céramique. C’est d’ailleurs pour cette raison que la céramique va prendre son nom persan de kâshi (کاشی).
Le souverain seldjoukide Malek Shâh Ier, qui règne de 1072 à 1092, fit ériger une forteresse dont les vestiges subsistent dans le centre de la ville.
Mais c’est à l’époque safavide que Kachan connaître son apogée. Shâh Abbas Ier entreprit des travaux sous son règne, entre 1588 et 1629. Il fera bâtir plusieurs palais et jardins, de même que son tombeau.
C’est également à Kachan que le chancelier Amir Kabir fut assassiné le 9 janvier 1852, dans le jardin de Fin (باغ فین). Il fut sous le règne de Nasser al-Din Shâh (ناصرالدین شاه) un grand réformateur qui entreprit de moderniser et développer l’Iran.
Kachan, un patrimoine exceptionnel
Kachan conserve un patrimoine exceptionnel qui témoigne de sa grandeur. Les maisons historiques les plus connues sont les demeures ‘Abâsi (خانه عباسیان), datant de la fin du 18ème siècle, Tabâtabâ’i (خانه طباطباییها), datant des années 1840, ou bien encore Boroudjerdi (خانه بروجردیها), bâtie en 1857.
Kachan recèle encore d’autres merveilles architecturales. Notamment la mosquée du Vendredi dont la construction débuta en 1074, ainsi que la mosquée Aqâ Bozorg (مسجد آقا بزرگ) et son école de théologie, datant de la seconde moitié du 18ème siècle.
Enfin, le bazar de Kachan témoigne d’une maîtrise et d’un savoir-faire impressionnant. Bâti sous les Seldjoukides, il fut rénové par les Safavides. Le puits de lumière creusé au centre de la coupole marchande date pour sa part de 1868.
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Alors que la municipalité d’Hamedan entame des travaux d’excavation et de bétonnage en vue de construire un espace piéton dans la rue Baba Taher, des fouilles archéologiques préventives sont naturellement effectuées dans cette cité historique de l’Iran.
En quoi consistent des fouilles archéologiques préventives ?
Lorsqu’un terrain susceptible de recouvrir des vestiges archéologiques subit des travaux, des fouilles archéologiques préventives sont exigées. Cela afin d’éviter toute détérioration ou destruction de pièces historiques.
Un diagnostic archéologique permet de déterminer si le terrain en question figure sur des documents historiques. Leur mention par de tels documents permet de connaître l’histoire de la zone et éventuellement d’évaluer les possibles objets présents.
Par exemple, un ancien cimetière livrerait des ossements et des sépultures. Cependant, tout les terrains ne figurent pas sur les anciens cadastres ou documents. Plus les objets trouvés sont anciens, moins les chances de voir figurer des éléments historiques sur leur zone de découverte sont minces.
En règle générale, l’aménageur du terrain est contraint par l’État ou la municipalité d’y procéder. En cas d’importance capitale du terrain fouillé, l’aménageur se voir contraint de modifier son projet initial.
Pourquoi des fouilles archéologiques à Hamedan ?
Hamedân (همدان) une ville située dans la région occidentale et montagneuse de l’Iran. Son nom signifie « celle des Mèdes ».
Située au pied de la montagne Alvand, Hamadan est l’une des villes iraniennes les plus froide du pays. Son altitude atteint 1741 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Hamedan est en effet l’une des plus anciennes villes d’Iran et même du monde. En 2006, l’Assemblée consultative islamique adopte une résolution déclarant Hamedan « capitale de l’histoire et de la civilisation de l’Iran ». Elle fut notamment la première capitale du premier empire iranien, celui des Mèdes.
Cependant, les artefacts les plus anciens trouvés sur le site antique de Hegmataneh ainsi que les inscriptions de Ganjnameh sont liés à l’époque achéménide.
Cette ville fut également l’une des capitales du pays à l’époque des Achéménides, des Parthes, des Sassanides, des Bouyides et des Seldjoukides.
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Dans la ville de Kalât se dresse un monument emblématique de l’architecture iranienne du 18ème siècle : Qasr-é Khorshid (کاخ خورشید), dont le nom signifie en français « Palais du Soleil ».
Le comté de Kalât (کلات) se situe dans la province du Khorasan-é Razavi, dans le nord-est de l’Iran. Qasr-é Khorshid fut autrefois une résidence royale de Nâder Shâh Afshâr (نادر شاه افشار). Ce souverain iranien fut le fondateur d’un empire s’étendant du nord de l’Inde aux montagnes du Caucase, qui lui vaudra le surnom de « Napoléon de l’Iran ».
Qasr-é Khorshid : le « Palais du Soleil », un trésor architectural de l’Iran
La structure comprend un extérieur circulaire en forme de cannelure, un vaste rez-de-chaussée, une cave et enfin une tour cylindrique soutenue par 66 colonnes. Sa beauté réside principalement dans l’agencement de la façade extérieure du bâtiment, où l’on peut voir l’architecture gurkani-indienne. Le palais, haut de 20 mètres, se compose de 12 pièces. Chacune d’entre elle arbore des peintures et des œuvres ornementales telles que des moulures en plâtre. Enfin, le jardin environnant contient 8 bassins avec des fontaines reliées par des ruisseaux.
Les récits rapportent que ce palais porte le nom de Khorshid, l’une des épouses de Nâder Shâh qui régna de 1698 à 1747. Cette demeure ne sera malheureusement jamais achevée en raison d’une situation ambiguë après la mort soudaine du souverain.
Il est possible que des artisans étrangers aient participé à sa construction. En effet, ses panneaux extérieurs arborent des motifs d’ananas et de poires. Or, ces fruits sont encore inconnus dans la région du Khorasan en cette époque.
Les souverains de la dynastie qâdjâre (1785-1925) utiliseront ensuite à leur tour ce bâtiment comme résidence secondaire au 19ème siècle. Il abrite aujourd’hui le musée d’anthropologie de Kalat.
Le musée du Grand Khorasan se situant dans le quartier de Kouhsangi (کوهسنگی), à Mashhad, est conçu sur le modèle de Qasr-é Khorshid.
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Le dimanche 19 mai 2024, un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi et plusieurs personnalités importantes, notamment le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, s’écrasait en Azerbaïdjan oriental, dans le nord-ouest de l’Iran.
C’est avec émotion que Négâh® présente ses condoléances les plus sincères au peuple iranien pour ce tragique accident et propose un dossier complet pour mieux comprendre cette actualité bouleversante.
Sommaire
I – Le dimanche 19 mai 2024
I-1. L’inauguration du barrage de Qiz Qalasi
I-2. Le vol retour en hélicoptère pour rejoindre Tabriz
I-3. Les opérations de recherches
I-4. La découverte de l’épave
II – Qui sont les défunts de l’accident d’hélicoptère ?
II-1. Qui était Ebrahim Raïssi, le huitième président de la République islamique d’Iran ?
II-2. Qui était Hossein Amir-Abdollahian, le ministre des Affaires étrangères ?
III – Quelles conséquences pour l’Iran après la mort du président Ebrahim Raïssi ?
I – Le dimanche 19 mai 2024
Rien ne présageait les évènements dramatiques de ce dimanche 19 mai 2024. Le président iranien et son ministre des Affaires étrangères inauguraient ce jour-là deux barrages hydrauliques situés sur le fleuves Aras, délimitant la frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan.
I-1. L’inauguration du barrage de Qiz Qalasi par Ebrahim Raïssi
Ce dimanche 19 mai, le président de la République islamique d’Iran Ebrahim Raïssi et le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian ont inauguré en compagnie du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev les barrages de Qiz Qalasile et de Khoda Afrin, situés sur les rives de la rivière Aras, frontière naturelle entre l’Iran et l’Azerbaïdjan.
Après une visite du barrage de Qiz Qalasi, les deux chefs d’État tinrent des discussions sur les relations bilatérales et régionales.
Le barrage de Qiz Qalasi, construit sur la rivière Aras, régule 2 milliards de mètres cubes d’eau par an. Il vise notamment à stimuler le développement économique et agricole, mais également à préserver l’environnement et fournir de l’eau potable aux villes et villages des deux côtés de la frontière.
Le ministre iranien de l’Énergie, Ali Akbar Mehrabian, considère ce barrage comme un symbole d’amitié entre les peuples iranien et azerbaïdjanais. Il souligne également l’importance de ce barrage pour les provinces d’Ardabil et de l’Azerbaïdjan de l’Est, en termes de maîtrise des inondations, d’approvisionnement en eau potable, d’agriculture et de préservation de l’environnement.
Le barrage a une couronne de 834 mètres de long. Plus de 6 millions de mètres cubes furent excavés. Il nécessita 2,1 millions de mètres cubes de remblayage et environ un demi-million de mètres cubes de bétonnage.
I-2. Le vol retour en hélicoptère pour rejoindre Tabriz
Trois hélicoptères décollent aux alentours de 13 heures (heure locale) pour ramener la délégation officielle iranienne dans la ville de Tabriz, la capitale provinciale. Lors d’un entretien à la télévision d’État, Gholamhossein Esmaili (غلامحسین اسماعیلی), chef du bureau du président Ebrahim Raïssi, qui était à bord d’un des trois hélicoptères déclare que les conditions météorologiques étaient idéales au départ et pendant une grande partie du vol.
Après 45 minutes de vol, le pilote chargé du convoi de l’hélicoptère présidentiel ordonne aux deux autres hélicoptères de prendre de l’altitude pour éviter un nuage qui se rapprochait. C’est alors que l’hélicoptère présidentiel, qui volait entre les deux autres, disparut subitement.
« Après 30 secondes de vol au-dessus des nuages, notre pilote a remarqué que l’hélicoptère du milieu avait disparu. Le pilote a dont décidé de faire un tour et de revenir pour chercher l’hélicoptère du président. »
Déclaration de Gholamhossein Esmaili
Malgré plusieurs tentatives de communication radiophonique avec l’hélicoptère présidentiel, et étant donné que le pilote ne pouvait pas réduire son altitude en raison des nuages, l’hélicoptère poursuivit son vol et finit par atterrir dans une mine de cuivre située à proximité.
« Nous avons plusieurs fois appelé le ministre des Affaires étrangères Amir-Abdollahian et le chef de l’unité de protection du président, mais ils ne nous ont pas répondu. »
Déclaration de Gholamhossein Esmaili
Il est environ 15 heures (heure française) lorsque des informations font état d’un « atterrissage brutal » de l’hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi. Le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, le guide de la prière de Tabriz Mohammad-Ali al-Hashem et le gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental Malik Rahmati sont également présents dans ce même hélicoptère.
Le ministre iranien de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, ne tarde pas à confirmer la nouvelle. Il précise que les opérations de recherches sont en cours dans la région de Djolfa.
I-3. Les opérations de recherches
Gholamhossein Esmaili souligne que les pilotes des deux autres hélicoptères réussirent à joindre le responsable de l’hélicoptère présidentiel, le colonel Mostafavi. Cependant, ce fut le guide de la prière de Tabriz, l’hodjatoleslam al-Hashem, qui répondit à l’appel. Il déclara que l’hélicoptère s’était écrasé dans une vallée et qu’il était blessé. Suite à cela, Esmaili réussit à contacter une seconde fois l’hodjatoleslam al-Hashem et obtint les mêmes informations.
« Lorsque nous avons trouvé le lieu de l’accident, l’état des corps indiquait que l’ayatollah Raïssi et d’autres compagnons étaient morts sur le coup, mais qu’al-Hashem avait été martyrisé après plusieurs heures. »
Déclaration de Gholamhossein Esmaili
Les premières équipes de secours sont immédiatement dépêchées vers la zone où disparut l’hélicoptère. Celle-ci se situe dans la forêt de Pir Davoud, entre Varzeqan (ورزقان) et Djolfa (جلفا). Cependant, les conditions météorologiques sont des plus défavorables. En effet, un épais brouillard et la géographie montagneuse de cette région rendent difficile la progression des secours.
Vers 16 heures (heure française), le porte-parole des situations d’urgence déclare auprès de l’IRNA que des équipes de secours d’urgence, comprenant des techniciens et des médecins, sont actuellement présentes dans la zone de l’accident. Huit ambulances furent dépêchées à Varzeghan, ainsi qu’un hélicoptère d’urgence. Malheureusement, celui-ci ne put atterrir en raison du brouillard et fut contraint de rebrousser chemin. Des drones Mohadjer 6 et des drones de reconnaissance du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) renforcent le dispositif de recherche.
Au total, vingt équipes de secours parcourent la zone. En raison, du brouillard et de la pluie qui rendent impossible toute visibilité au-delà de 5 mètres, les secouristes se voient contraints de poursuivre les recherches à pied. Trois secouristes vont d’ailleurs s’égarer dans la forêt durant les recherches.
Le vice-président et plusieurs membres du gouvernement partent pour Tabriz. Le Conseil national de sécurité se réunit en urgence vers 16h30 dans le bureau du Guide de la Révolution Ali Khamenei.
Alors que la nuit tombe, des commandos de l’armée et des parachutistes du CGRI arrivent en renfort pour mener des recherches nocturnes. La pluie se transforme en neige par endroit et la température ne dépasse pas les 7 degrés. Vers 23h20 (heure française), le rayon des opérations de recherche se réduit désormais à deux kilomètres. Pas moins de six drones iraniens et un drone turc fouillent la zone avec une portée d’environ 20 kilomètres.
I-4. La découverte de l’épave
L’annonce de cet accident aérien suscite immédiatement un émoi international. Le ministre turc des Affaires étrangères envoie un groupe de 32 alpinistes et du matériel nécessaire pour aider l’Iran dans ses recherches, notamment un drone équipé d’une vision thermique. Le Croissant-Rouge irakien prépare 10 équipes aériennes de recherche et de sauvetage en Iran. Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine envoie deux avions transportant des hélicoptères spéciaux à Tabriz, ainsi que 50 sauveteurs de montagne professionnels. Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan se déclare prêt à envoyer 40 sauveteurs en Iran.
Vers 05h17 (heure locale, 03h47 en France), le soleil se lève sur la région. Toutefois, le ciel est toujours couvert d’un épais brouillard.
Il est environ 05h30 en Iran (04h00 en France), lorsque l’épave de l’hélicoptère est découverte par les sauveteurs. Malheureusement, aucun survivant n’est retrouvé. Lors d’un point de presse télévisée, Pir-Hossein Koulivand, responsable de l’Organisation iranienne du Croissant-Rouge, déclare qu’il n’y avait « aucun signe de vie humaine » dans la zone de l’accident.
Le commandant adjoint de la force aérospatiale du CGRI s’est rendu sur place. Il a ordonné que l’épave de l’hélicoptère reste sur le lieu de l’accident pour enquête. Selon les premiers éléments, il semble que l’aéronef volait à une altitude de 2500 mètres.
II – Qui sont les défunts de l’accident d’hélicoptère ?
Au total, huit personnes étaient présentes dans l’appareil.
Dans le sens des aiguilles d’une montre. Ebrahim Raïssi, président de la République islamique d’Iran. Hodjatoleslam Mohammad-Ali al-Hashem, guide de la prière de Tabriz. Hossein Amir-Abdollahian, ministre des Affaires étrangères. Malik Rahmati, gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental. Général de brigade de deuxième classe Seyed Mehdi Mousavi, chargé de la protection du président de la République. Les trois membres d’équipage.
De gauche à droite : le commandant Behrouz Qadimi, le colonel Seyed Taher Mostafavi et le colonel Mohsen Daryanoush.
II-1. Qui était Ebrahim Raïssi, le huitième président de la République islamique d’Iran ?
Seyed Ebrâhim Ra’isi al-Sâdâti (سیّد ابراهیم رئیسالساداتی) naquit le 14 décembre 1960 à Mashhad, la ville sainte du Chiisme située dans le nord-est de l’Iran. Orphelin de père à 5 ans, il poursuit des études de théologie et un doctorat de droit privé qui lui permettront de débuter sa carrière comme procureur, d’abord à Karadj, puis Hamedan. Il est nommé à Téhéran en 1985 et devient membre du Conseil d’administration pour la situation des prisonniers politiques.
De 1994 à 2004, il dirige le Bureau de l’inspection générale du pays défini dans l’article 174 de la constitution. Il exerce ensuite de nombreuses responsabilités : directeur adjoint de la magistrature de 2004 à 2014, puis Procureur général d’Iran entre 2014 et 2016. Il fut également membre de l’Assemblée des Experts depuis 2007. Deux sujets majeurs demeurent de son bilan comme chef du pouvoir judiciaire entre 2019 et 2021 : son engagement dans la lutte contre la corruption et le renforcement des lois visant à protéger les femmes contre les violences domestiques.
Le bilan d’Ebrahim Raïssi comme président
Candidat à l’élection présidentielle de 2017, il est battu par Hassan Rohani. Il se représente en juin 2021 et est élu dès le premier tour avec 61,95 % des voix. Son élection survient à un moment où l’Iran est confronté à des défis majeurs, notamment des difficultés économiques exacerbées par les sanctions étatsuniennes et les tensions accrues avec Washington. Il mit notamment en œuvre une politique économique de développement de la production nationale et d’indépendance industrielle. Il entama des réformes de l’administration afin de moderniser le système bureaucratique, de lutter contre la corruption et l’inertie administrative. La production de pétrole atteignit 3,4 millions de barils par jour, dépassant ainsi le niveau antérieur aux sanctions. Enfin, l’Iran récupéra sa dette britannique de 400 millions de livres sterling pour un contrat annulé en 1979 portant sur la livraison de chars Chieftain.
Sur le plan international ensuite, Ebrahim Raïssi adopta une position plus ferme et pragmatique dans la politique étrangère iranienne. En particulier dans les négociations pour relancer l’accord nucléaire de 2015 avec les États-Unis et l’Europe. Celles-ci resteront toutefois sans succès en raison de la procrastination étatsunienne sur la levée des sanctions.
L’Iran est devenu membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et membre des BRICS. Le pays se distingua également en tant qu’acteur important dans les relations avec l’Union économique eurasiatique (UEE). L’Iran renoua et renforça les relations diplomatiques avec plusieurs voisins arabes et pays africains : l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Égypte, la Libye, le Soudan, Djibouti, les Maldives. Les relations russo-iraniennes se renforcèrent tant en matière de coopération politico-militaire que commerciale : en effet, les échanges commerciaux entre Moscou et Téhéran atteignent 4 milliards de dollars. En outre, le régime de visa cessa entre les deux pays pour les touristes.
Attaques et propagande contre Ebrahim Raïssi
Ebrahim Raïssi est également la cible des attaques occidentales visant à le salir. Ces accusations émanent de l’organisation terroriste des « moudjahiddines du peuple », responsable de la mort de plus de 17 000 Iraniens au cours d’attentats sanglants. Il s’allièrent avec l’Irak pendant la guerre que ce pays imposa à l’Iran entre 1980 et 1988, entraînant conséquemment leur condamnation pour trahison et intelligence avec l’ennemi. 2500 terroristes seront condamnés à mort et exécutés par pendaison en 1988 après l’opération Mersad, dernière bataille de ce conflit au cours de laquelle ils attaquèrent l’Iran avec l’aide et la logistique irakienne et étatsunienne.
Il est nécessaire de comprendre que les moudjahiddines du peuple sont encore aujourd’hui pour la population iranienne ce que furent les engagés volontaires français dans la Waffen-SS pour les Français de 1945. De plus, les moudjahiddines du peuple sont également considérés ainsi par les Kurdes en raison de leur participation au génocide commis dans le Kurdistan irakien par Saddam Hussein.
II-2. Qui était Hossein Amir-Abdollahian, le ministre des Affaires étrangères ?
Hossein Amir-Abdollahian (حسین امیرعبداللهیان) naquit à Damghan (دامغان) le 23 avril 1964. Orphelin de père à 7 ans, il poursuivra des études dans le domaine de la diplomatie et des relations internationales. Il obtient en 1991 une licence en relations diplomatiques obtenue à la faculté du ministère des Affaires étrangères. Il poursuivra par une maîtrise en relations internationales de la faculté de droit et de sciences politiques de l’université de Téhéran en 1996 et un doctorat en relations internationales dans la même université.
Hossein Amir-Abdollahian dirigea notamment l’équipe de négociation iranienne lors de la réunion trilatérale entre l’Iran, l’Irak et les États-Unis à Bagdad en 2007. Cette réunion fut convoquée à la demande des Américains pour aider à stabiliser la situation en Irak qu’ils jugeaient préoccupante. Les pourparlers échoueront après trois sessions sans aucun résultat, les Américains quittant la salle dès qu’un argument leur déplaisait et ne parvenant pas à imposer leur ordre du jour.
Diplomate de carrière, parfaitement arabophone et anglophone, il occupa notamment le poste de vice-ministre des Affaires étrangères chargé des affaires arabes et africaines de 2011 à 2016. Il devient ensuite directeur général des Affaires internationales de l’Assemblée consultative islamique. Il devient enfin ministre des Affaires étrangères après l’élection d’Ebrahim Raïssi à la présidence de l’Iran en 2021.
Hossein Amir-Abdollahian entretint une amitié solide avec le général Qassem Soleimani depuis son nomination comme chef de corps de la force Qods. Il ne manquera pas de rappeler aux Européens le sacrifice du général martyr et de l’Iran dans la lutte contre l’organisation terroriste Dâesh.
Hossein Amir-Abdollahian, marié depuis 1994, était père de deux enfants. Il laisse le souvenir d’un remarquable diplomate et d’un fin stratège iranien.
Un hommage unanime
Plusieurs pays décrètent un deuil national. Trois jours en Syrie et au Liban, deux au Tadjikistan, un au Pakistan, en Irak, en Inde, en Turquie et à Cuba. L’Iran décrète cinq jours de deuil national. Même les Nations-Unies décrètent un hommage au président et au ministre des Affaires étrangères iraniens, mettant en berne son drapeau mardi 21 mai. Ce même jour, la parlement arménien observe une minute de silence en mémoire des disparus.
III – Quelles conséquences pour l’Iran après la mort du président Ebrahim Raïssi ?
L’article 131 de la constitution prévoit l’intérim de la fonction présidentielle en cas d’empêchement du président de la République.
« En cas de décès, de révocation, de démission, d’absence ou de maladie de plus de deux mois du Président de la République, ou dans le cas où la durée du mandat présidentiel est expirée et que le nouveau Président de la République, en raison de certains empêchements, n’a pas encore été élu, ou dans d’autres cas similaires, le premier vice-président de la République sous réserve de l’accord du Guide, prend en charge les pouvoirs et les responsabilités du Président et un conseil composé du Président de l’Assemblée consultative islamique, du Chef du pouvoir judiciaire et du premier vice-président de la République est tenu de prendre les dispositions afin que le nouveau Président de la République soit élu au plus tard dans un délai de 50 jours. En cas de décès du premier vice-président ou d’autres causes qui empêcheraient l’accomplissement de ses tâches, de même que dans l’éventualité où le Président de la République n’aurait pas de premier vice-président, le Guide nomme une autre personne à sa place. »
Le vice-président de la République islamique d’Iran, Monsieur Mohammad Mokhber prend ses fonctions conformément à la Constitution.
Titulaire d’un doctorat en droit international, Mohammad Mokhber (محمد مخبر) naquit à Dezful (دزفول) le 26 juin 1955. Il fut notamment président du conseil d’administration de la banque Sina et gouverneur de la province du Khouzestan durant deux mandats. De 2007 à 2021, il dirigea le Setâd-é edjrâ’i farmân-é Imâm Khomeyni (ستاد اجرایی فرمان امام خمینی), une œuvre caritative fondée par l’ayatollah Khomeyni en 1989. Durant cette période, Mohammad Mokhber fonda la Société de la connaissance Barakat (مؤسسه دانشبنیان برکت) qui réalisa le vaccin iranien contre la covid-19. L’administration du président étatsunien Donald Trump sanctionnera d’ailleurs cette institution en pleine pandémie. Devenu premier vice-président après l’élection d’Ebrahim Raïssi, il travaille notamment sur les programmes de protection sociale.
Le porte-parole du gouvernement iranien, Monsieur Ali Bahadri Djahormi, annonce la nomination d’Ali Baqeri Kani (علی باقری کنی) en remplacement de feu Hossein Amir-Abdollahian.
L’article 132 stipule que les ministres ne peuvent être révoqués ou soumis à un vote de censure lorsque le premier vice-président ou toute autre personne désignée conformément à l’article 131 assure les fonctions du président de la République. De plus, il n’est pas permis de procéder à une révision de la constitution ou d’organiser un référendum pendant cette période.
Dans la région du Khouzestan se trouve le château de Salasel, un vestige de l’empire achéménide dans le sud-ouest de l’Iran.
Cet édifice historique ne témoigne pas seulement de l’histoire des forteresses iranienne, mais surprend le visiteur par un système hydraulique particulier.
Le château de Salasel, un monument du Khouzestan
Le château de Salâsel (قلعه سلاسل) se situe au sommet d’une montagne, à 61 kilomètres de la ville de Dezfoul (دزفول). Il comporte plusieurs niveaux, des tunnels secrets et diverses structures défensives, notamment des murs et des tours.
Cet édifice comprenait une boulangerie, des écuries, des casernes, des salles de garde, un bain, une cuisine et plusieurs cours.
Ce château faisait partie des défenses de la ville de Shoushtar (شوشتر). Les textes historiques indiquent déjà son existence à l’époque achéménide. Il servira plus tard de résidence au gouverneur de la province du Khouzestan (خوزستان).
En plus de son rôle défensif, ce château était le centre de contrôle de la rivière Darioun qui s’écoule à ses côtés.
Les archéologues français Jane et Marcel Dieulafoy visiteront ce château à la fin du 19ème siècle et en livreront une description détaillée.
Aujourd’hui, la plupart de ses manoirs sont malheureusement des ruines. Il ne demeure plus que les chambres souterraines et les tunnels de la rivière Darioun. En dépit de ces destructions, les parties restantes sont impressionnantes et très spectaculaires.
Un système hydraulique unique en son genre
Le château de Salâsel abrite également le centre d’opération du système hydraulique de Shoushtar. Celui-ci se compose de deux grandes portes et d’un fossé sur le côté nord-est relié à la rivière Darioun.
Ce système hydraulique date de l’époque achéménide et constitue une véritable prouesse dans cette région soumise à la sécheresse.
En 2009, l’UNESCO inscrit le château de Salâsel sur sa liste du patrimoine mondial, sous le numéro 1315. Il est le 10ème site du patrimoine culturel de l’Iran à y figurer, accompagné des douze autres systèmes hydrauliques historiques de Shoushtar.
Un magnifique album de photographies d’Ali Moaref à découvrir :
Le 29 avril marque la Journée du golfe Persique, commémorant l’expulsion de la marine portugaise du détroit d’Hormuz en 1622 par Shah Abbas Ier, un souverain de la dynastie safavide.
Le golfe Persique, entouré de huit pays, est connu comme une voie navigable stratégique et le plus grand réservoir de pétrole et de gaz au monde.
Le golfe Persique, depuis toujours lié à l’Iran
Localisé dans le sud-ouest de l’Asie et servant de prolongement à l’océan Indien, le golfe Persique s’étend entre les côtes du sud-ouest de l’Iran et la péninsule arabique. Ce plan d’eau stratégique tire son appellation de l’empire achéménide. En effet, il s’appelait Hakhamanishiya aux alentours de 330 avant Jésus-Christ selon des récits historiques.
Des géographes célèbres comme le grec Strabon et le romain Ptolémée désignèrent clairement cette étendue d’eau sous le nom de « golfe Persique ». Ce toponyme fut également utilisé sur les cartes du monde qu’ils ont dessinées. Des historiens, explorateurs et géographes arabes, dont l’écrivain Agapius du Xème siècle, firent également référence à ce lieu en tant que « golfe Persique » dans leurs travaux. Abdel Khaleq al-Janabi, un spécialiste de l’histoire saoudienne, affirme que des historiens renommés tels qu’Ibn Khaldoun et Ibn al Athir utilisèrent également ce nom.
Dans son ouvrage réputé Le Golfe Persique paru en 1928, Sir Arnold Wilson met en avant l’importance de cette voie navigable pour les géologues, les archéologues, les géographes, les commerçants et les voyageurs. Depuis plus de 2 200 ans, cette voie navigable séparant le plateau iranien de la plaque arabique conserve une identité iranienne. Le golfe Persique fut notamment le sujet de récits de voyage. Parmi eux se trouvent des personnages tels qu’Ibn Battuta, Pythagore et le roi Darius.
La fausse appellation de « golfe Arabique »
Il y avait un consensus sur le nom de cette étendue d’eau stratégique jusqu’aux années 1960. L’émergence du panarabisme et du nationalisme arabe suscitèrent ainsi la controverse. Certains États arabes, ignorant délibérément les documents historiques et animés par des ambitions géopolitiques, commencèrent à l’appeler « golfe Arabique » ou « al-Khaleej al-Arabi ».
Certains rapports mirent également en cause des agents du gouvernement britannique tels que Charles Belgrave et Roderick Oven. Ces derniers furent parmi les premiers à utiliser le terme « golfe Arabique » dans leurs écrits avant qu’il ne devienne courant dans le monde arabe. Néanmoins, les Nations Unies et d’autres organisations internationales ont souligné que le nom de cette importante étendue d’eau reste le « golfe Persique » et non le « golfe Arabique ».
Les origines de la Journée du golfe Persique
Chaque année, le 29 ou le 30 avril, l’Iran célèbre la Journée du Golfe Persique. Celle-ci commémore la campagne militaire menée par Shah Abbas Ier en 1622, durant laquelle il chassa les forces coloniales portugaises du détroit d’Hormuz. Le Haut Conseil iranien de la révolution culturelle institua cette journée en 2005. Des événements nationaux sont organisés, en particulier dans les provinces côtières du golfe Persique.
Les responsables utilisent cette occasion pour réaffirmer leur engagement envers la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Il s’agit aussi d’une réponse aux tentatives de déstabilisation des eaux régionales par certaines puissances occidentales et leurs alliés régionaux. En 2010, la Journée du Golfe Persique fut inscrite au patrimoine national de l’Iran en réponse à une initiative lancée par les États arabes pour renommer la voie navigable « Golfe Arabique ».
L’importance stratégique de ce détroit
Entouré par des pays tels que l’Iran, l’Irak, le Koweït, l’Arabie saoudite, le Qatar, Bahreïn, les Émirats arabes unis et Oman, le golfe Persique est un lieu clé. D’un côté se trouve l’Iran, de l’autre les États arabes. Le point le plus profond de cette voie navigable se trouve dans le détroit d’Hormuz.
Le détroit d’Hormuz est une étroite bande de 39 kilomètres située entre l’Iran et Oman. Il constitue le seul passage pour plus d’un sixième de la production mondiale de pétrole, ce qui renforce encore davantage son importance stratégique.
Par là transitent plus de 17 millions de barils de pétrole chaque jour, dont une grande partie produite par les pays de l’OPEP. Les ports iraniens majeurs du golfe Persique incluent Bandar Abbas, Boushehr et Asaluyeh. Les îles de Kish, Gheshm, Hormuz et Hengam sont quant à elles des destinations touristiques populaires.
La production pétrolière, un enjeux essentiel
Cette voie navigable stratégique est d’une grande importance pour plusieurs raisons. Premièrement en raison de ses vastes réserves de pétrole et de gaz, lui valant le surnom de « réservoir du pétrole mondial ». C’est notamment pour cela que les puissances occidentales, en particulier les États-Unis, cherchent à étendre leur influence de manière ambitieuse sur ces voies navigables.
Le golfe Persique abrite environ les deux tiers des réserves mondiales de pétrole et la moitié des réserves mondiales de pétrole brut. L’ampleur des gisements pétroliers présents renforcent la taille de ses réserves naturelles. Cette voie navigable sert également de passage pour le pétrole produit par les pays de la région. Le détroit d’Hormuz constitue le principal itinéraire de transit.
Selon des estimations approximatives, la région du golfe Persique renferme plus de 730 milliards de barils de pétrole et plus de 70 000 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Une grande partie de ces ressources est raffinée sur place. En effet, les pays côtiers ont établi d’importantes raffineries pétrolières au cours des dernières années. Parmi les ports stratégiques le long des côtes du golfe Persique figurent Bandar Abbas, Boushehr, Bandar Lengeh, Kish, Khorramshahr et Mahshahr (Iran), Sharjah, Dubaï et Abou Dhabi (EAU), Bassora et Al-Faw (Irak).
Laurent Garreau et Jean-Claude Voisin présente dans leur ouvrage Le culte de Mithra du Mont-Dol au Mont-Saint-Michel, une enquête historique et archéologique des plus passionnantes sur l’influence de cette divinité iranienne dans les régions normande et bretonne.
La rivalité historique entre le Mont-Dol et le Mont-Saint-Michel transcende les domaines spirituel et politique. Grâce à une enquête archéologique minutieuse et une analyse critique des sources anciennes, les auteurs remettent en question une idée développée au XVIIIème siècle : la présence d’un mithraeumau sommet du Mont-Dol.
Une enquête passionnante sur le culte de Mithra du Mont-Dol au Mont-Saint-Michel
Il est indéniable que le Mont-Dol fut un haut lieu de spiritualité, avant sa récupération par les promoteurs du sanctuaire du Mont-Saint-Michel. Ceux-ci furent notamment les Pippinides et les Carolingiens, dont les motivations étaient à la fois spirituelles et politiques.
Malgré l’absence de preuves tangibles, l’analogie entre le Mont-Dol et le dieu perse Mithra continue d’être explorée. Les auteurs abordent également la récupération de ce culte par le christianisme. Particulièrement avec l’introduction de l’archange Michel, dieu des armées et des frontières, en particulier chez les Carolingiens.
Le Mont-Dol a donc joué un rôle majeur dans le contexte spirituel et politique de l’époque. Il fut un lieu de dévotion pour de nombreux croyants avant sa relégation à l’ombre du Mont-Saint-Michel. Les motivations des Carolingiens pour s’approprier le Mont-Dol étaient multiples. D’une part, ils cherchaient à renforcer leur pouvoir politique en établissant leur autorité sur des sites sacrés. D’autre part, ils souhaitaient convertir les croyances païennes en les intégrant dans le christianisme naissant. Ainsi, l’archange Michel, figure militante et protectrice, fut associé au Mont-Dol.
Cependant, les dimensions spirituelles et symboliques du Mont-Dol ne s’effacèrent jamais totalement. Les traces de l’ancienne religiosité persistent encore aujourd’hui. Les auteurs soulignent l’importance de ne pas négliger cet aspect lors de l’étude de l’histoire de ces sites. Le Mont-Dol, bien que moins connu que le Mont-Saint-Michel, mérite d’être exploré et compris en tant que lieu de culte et carrefour des croyances.
Le 11 février 1979 voit le triomphe de la Révolution qui ébranlait l’Iran depuis plusieurs mois. Cet article présente les origines et les évènements de la révolution de 1979 et s’accompagne d’un documentaire intitulé Le Shah et l’Ayatollah – Le duel iranien.
Le règne de Mohammad Reza Pahlavi (1941-1979)
Mohamed Reza Shah Pahlavi monte sur le trône du Paon en 1941 avec l’ambition de redonner tout son prestige au pays. Il devient un fidèle allié des pays occidentaux après la Seconde Guerre mondiale, bénéficiant ainsi du soutien économique et politique de ces pays. Cependant, son règne s’achèvera par la révolution de 1979 qui changea l’Histoire de l’Iran.
Un développement inégalitaire
À partir des années 1960, grâce aux revenus pétroliers du pays, l’Iran connaît une forte croissance économique. Cependant, cet argent n’est pas correctement réinvesti dans l’économie et ne contribue pas à l’émergence d’un secteur industriel exportateur. Une grande partie des revenus pétroliers est utilisée pour augmenter les dépenses militaires. Mais ces revenus sont également dépensés de manière somptuaire par les proches du pouvoir. Pendant cette période de prospérité, une classe moyenne commence à émerger dans les grandes villes. Cependant, la majorité de la population iranienne, qui est en forte croissance démographique (environ 21 millions en 1960, 37 millions en 1979), continue de vivre une vie marquée par des traditions ancestrales et la culture iranienne.
Le Shah, peu conscient de cette réalité, ne semblait pas comprendre pleinement l’importance du développement du secteur secondaire. Il paraissait convaincu que son pays pouvait rattraper les économies modernes en quelques années seulement. Dans cette optique, il entreprend de profondes réformes de la société iranienne, en favorisant une certaine occidentalisation culturelle.
Une modernisation limitée
Cependant, cette modernisation reste très limitée et n’a que peu d’impact sur la population rurale. Celle-ci constitue la majorité de la population iranienne. Malgré cela, Mohamed Reza Shah met en place une ambitieuse réforme agraire au début des années 1960. L’un des objectifs de cette réforme fut également de rediriger les investissements de ces grands propriétaires terriens vers d’autres secteurs plus porteurs de croissance. Cependant, l’argent ainsi récupéré est principalement utilisé dans des opérations de spéculation immobilière plutôt que dans l’appareil productif.
Ces politiques économiques et sociales, bien que lancées avec de bonnes intentions, conduisirent à une montée des inégalités en Iran. Les bénéfices de la croissance économique et de la modernisation ne furent guère équitablement répartis. Cette situation entraîna une division entre une classe privilégiée, proche du pouvoir, et la majorité de la population iranienne, qui continue de vivre dans des conditions précaires. Combinée à l’occidentalisation forcée de la société, elle contribua au mécontentement croissant parmi les couches populaires, préparant le terrain pour les bouleversements politiques à venir lors de la révolution de 1979 en Iran.
La révolution iranienne en marche
Dans les années 1970, le Shah d’Iran semblait inébranlable, profitant de la richesse générée par les hydrocarbures au milieu du premier choc pétrolier de 1973. Cependant, son pouvoir absolu et la répression exercée par la SAVAK, sa police politique, laissèrent place à des tensions grandissantes au sein du pays. De plus en plus de prisonniers politiques ont été maltraités et torturés. Amnesty International décrira d’ailleurs l’Iran comme le pire pays en matière de droit de l’homme en 1965.
Entre répression et domination américaine
Malgré cette répression, le Shah a continué à démontrer sa puissance et sa richesse. En 1971, il organise de somptueuses cérémonies pour célébrer le 2500èmeanniversaire de la fondation de l’Empire achéménide près de Persépolis. Cependant, ces dépenses extravagantes ont choqué de nombreux observateurs, alors que la pauvreté subsistait dans les campagnes du pays. De plus, les achats massifs d’armement ont suscité l’inquiétude chez les voisins de l’Iran, notamment en Irak. Parallèlement, le ralentissement économique à la fin des années 1970 souligna la dépendance croissante de l’Iran vis-à-vis de ses exportations d’hydrocarbures.
Le régime du Shah a également été soumis à des pressions de la part des États-Unis. Le nouveau président américain Jimmy Carter recommande au Shah de relâcher son emprise sur le pays. Cette pression mit en évidence l’influence américaine en Iran et démontra la faiblesse du souverain. Les Américains disposaient même d’une immunité judiciaire. Ainsi les soldats américains présents en Iran se rendirent coupables de nombreux viols qui restèrent impunis. La critique de ces capitulations, décidées en 1963 par le Shah, valut à l’ayatollah Khomeyni son exil en Irak et en France.
1978, le tournant de la contestation
En 1978, les tensions se sont intensifiées, notamment avec les milieux chiites traditionnels. Une partie de la classe moyenne iranienne, notamment les jeunes commerçants du bazar, était séduite par les idées contestataires qui se répandaient à cette époque. Des manifestations massives ont eu lieu dans tout le pays, atteignant même Téhéran. Bien que le portrait de Mossadegh, ancien Premier ministre destitué par un coup d’État orchestré par les Américains et les Britanniques en 1953, fut brandi lors de ces manifestations, c’est l’ayatollah Khomeyni, en exil à l’époque, qui devint le principal symbole de la lutte contre un régime autoritaire perçu comme trop proche de l’Occident. Le clergé chiite sut mobiliser une partie de la jeunesse iranienne. Cela en prônant une lutte révolutionnaire contre les injustices sociales et politiques, ainsi que pour la souveraineté du pays.
Le point de rupture est atteint lors du « Vendredi noir », le 8 septembre 1978. Ce jour-là, les forces de sécurité du régime tirent sur la foule, tuant plusieurs centaines de manifestants. Peu de temps après, le tremblement de terre de Tabas révéla l’incompétence des autorités face à la réactivité des organisations religieuses, qui surent rapidement mobiliser des secours pour aider les victimes.
Février 1979, la victoire de la Révolution en Iran
Le point culminant de la révolution est atteint les 10 et 11 décembre. Près d’un million de personnes défilent dans les rues de Téhéran pour célébrer le martyre de l’Imam Hossein. Les forces de sécurité se révèlent totalement impuissantes et n’interviennent pas. Le Shah, malade et affaibli, réalise alors qu’il a définitivement perdu la partie.
Le Shah semble hésiter sur la marche à suivre et sous-estime l’ampleur des événements en cours. Pendant ce temps, les manifestants sont de plus en plus nombreux à descendre dans les rues de Téhéran et d’autres grandes villes pour exprimer leur mécontentement. Le 31 décembre, le Shah nomme Shapour Bakhtiar, un opposant libéral, au poste de Premier ministre. Cependant, le Mohammad Reza Pahlavi quitte le pays le 16 janvier.
Le 1er février 1979, la population accueille l’ayatollah Khomeyni en héros à son retour en Iran, après plus de quatorze ans d’exil. Ce jour-là marque la période dénommée « Décade de l’Aube ». Son retour marque le début d’une nouvelle ère pour l’Iran.
Le 11 février 1979, le gouvernement Bakhtiar tombe, confirmant ainsi le triomphe de Khomeyni et de la révolution. Le 31 mars de la même année, 98,2% des Iraniens se prononcent en faveur de l’établissement d’une République islamique, marquant une nouvelle ère politique dans le pays.
La « Décade de l’Aube » (دهه فجر) correspond à la célébration des dix jours qui virent revenir l’ayatollah Khomeyni et triompher la Révolution de 1979. Chaque année, des célébrations annuelles ont lieu du 1er au 11 février, ce dernier jour correspondant à la fête nationale.
Les origines de ce nom
Lors des célébrations du premier et du deuxième anniversaire de la victoire de la Révolution, les organisateurs utilisèrent le terme « Anniversaire de la Révolution » pour décrire cette célébration qui dura alors sept jours.
Cependant, en 1981, le ministre de la Culture et de l’Orientation islamique Abdolmadjid Ma’adikhah suggère au Conseil de coordination de la propagande islamique de se référer aux premiers versets de la 89ème sourate du Coran, celle-ci se dénommant Fadjr. C’est ainsi que la durée des célébrations passa à dix jours, calculée dès lors depuis le jour de l’arrivée de l’ayatollah Khomeyni en Iran le 1er février 1979.
Le calendrier de la Décade de l’Aube et l’anniversaire de la Révolution
Le 1er février (12 bahman)
L’ayatollah Khomeyni revient en Iran, son pays natal, sous l’acclamation de millions de compatriotes répartis sur 33 kilomètres. Cette arrivée triomphale survient deux semaines après le départ précipité du shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi.
Son avion, un Boeing 747 de la compagnie Air France, atterrit à 9h27. Il se compose d’un équipage de volontaires : le commandant de bord Jean Mouy, le second pilote Bathylle, une hôtesses et trois stewards, dont l’un accompagnera Khomeyni lors de sa descente de l’avion. Parmi les 200 passagers sont également présents le garde du corps de l’ayatollah Khomeyni, Gérard Jean Fabian-Bataouche, et la journaliste canadienne Carole Jérôme, compagne de Sadeq Qotbzadeh.
Après un court discours de remerciement à sa descente d’avion à l’aéroport international Mehrabad de Téhéran, il se rend ensuite au cimetière Behecht-é Zahra (« Paradis de Zahra »), dans le sud de Téhéran, où il prononce à 13 heures son discours historique : « Je formerai le gouvernement, je le formerai avec le soutien du peuple ! ».
Le 2 février (13 bahman)
L’ayatollah Khomeyni s’adresse à une foule de religieux et déclare : « Tout le peuple doit décider de son propre sort. » Le Premier ministre Shapour Bakhtiar lui répond en attaquant la révolution : « Les slogans des partisans de l’ayatollah Khomeyni sont bruyants mais ils n’aboutiraient à rien. ».
Alors que des affrontements populaires avec l’armée impériale font plusieurs morts, les révolutionnaires assassinent le colonel Moutamadi, un officier de la SAVAK, la police politique du Shah. Les contrats avec des fournisseurs étrangers dans les domaines de l’armement, du nucléaire et des usines sont remis en cause. Aux États-Unis, des étudiants iraniens manifestent devant la Maison Blanche contre l’ingérence américaine dans les affaires intérieures de l’Iran.
Le 3 février (14 bahman)
L’ayatollah Khomeyni annonce la nomination d’un conseil temporaire pour diriger la révolution et confirme l’illégalité du gouvernement Bakhtiar. Il ordonne de choisir un gouvernement intérimaire pour préparer un référendum général sur la constitution.
Le Front national demande la démission de Bakhtiar et prête allégeance à Khomeyni, tandis que 40 députés de l’Assemblée nationale présentent leur démission.
Le 4 février (15 bahman)
L’ayatollah Khomeyni rencontre des délégations populaires, devant lesquelles il appelle à poursuivre les manifestations, mais aussi les grèves. Les pilotes de l’armée de l’air déclarent leur soutien à Khomeyni. Le maire Téhéran, Djavâd Shahrestâni, remet sa démission à Khomeyni, qui renouvelle sa nomination.
Au cours de sa visite au Japon, le secrétaire d’État des Affaires étrangères et du Commonwealth David Owen rencontre son homologue américain pour discuter de la situation en Iran. Parallèlement, une délégation envoyée par Bagdad se rend en Arabie saoudite afin d’enquêter sur la situation en Iran et dans la région. Le général Huyser, envoyé spécial des États-Unis en Iran, accomplit une délicate mission de négociation avec les responsables iraniens. Cependant, compte tenu du sentiment anti-américain croissant en Iran, il se voit contraint de quitter le pays. De nombreuses tentatives furent faites pour amener les troupes iraniennes à soutenir Bakhtiar dans leurs négociations. À cet égard, un porte-parole du département d’État américain annonce le départ de Huyser pour les États-Unis.
Le 5 février (16 bahman)
L’ayatollah Khomeyni demande la création de l’Assemblée des experts pour ratifier la Constitution et nomme Mehdi Bazargan au poste de Premier ministre du gouvernement intérimaire. Il sera notamment chargé de tenir un référendum général.
À la fin de la journée, une conférence de presse internationale est organisée dans l’amphithéâtre de l’école alaouite, durant laquelle Bazargan présente un calendrier et explique les devoirs du gouvernement intérimaire. Il souligne les missions du nouveau gouvernement : conduire un référendum sur les nouvelles institutions et préparer des élections législatives pour l’Assemblée constituante. 22 autres députés démissionnent également de l’Assemblée nationale. Des dizaines de citoyens tombent en martyre lors des manifestations monstres à Aghajari.
Le 6 février (17 bahman)
Des marches de soutien au gouvernement intérimaire ont lieu dans diverses villes d’Iran. À Zahedan, des miliciens du Shah attaquent des manifestants civils, faisant des dizaines de martyrs. Le Front national appelle le peuple iranien à se tenir aux côtés du gouvernement Bazargan.
L’Assemblée nationale approuve pour sa part des règlements pour juger des anciens ministres et dissoudre le SAVAK. Elle décide également d’exempter les officiers diplômés du Collège militaire de prêter allégeance au Shah.
Le 7 février (18 bahman)
L’ayatollah Khomeyni prononce un discours devant des religieux d’Ahvaz au cours duquel il déclare que le Shah doit être jugé. Le département d’État américain déclare toujours reconnaître le gouvernement Bakhtiar comme le gouvernement officiel de l’Iran.
Tandis que 13 autres députés démissionnent, plusieurs centaines d’officiers et de commandants de l’armée déclarent leur soutien à Khomeyni. Le gouverneur militaire de Téhéran réduit les couvre-feux devant leur absence d’efficacité, ces derniers n’étant d’ailleurs plus respectés. L’Assemblée général de l’ONU fait part de sa préoccupation concernant la situation en Iran.
Le 8 février (19 bahman)
Des officiers de l’armée de l’air rendent visite à l’ayatollah Khomeyni et lui prêtent allégeance. Khomeyni déclare que servir le gouvernement Bakhtiar est un service au tyran.
Alors que la plus importante marche de la Révolution a lieu, des affrontements éclatent entre les partisans de la révolution et des miliciens du Shah dans la capitale et à Djardjan, ville située dans le nord de l’Iran.
Le 9 février (20 bahman)
La Garde royale lance une violente attaque contre le QG de l’armée de l’air à Téhéran. Des masses populaires se rassemblent alors pour défendre l’armée de l’air.
Des miliciens de Bakhtiar lancent ensuite des attaques armées pour disperser la foule. 152 membres de l’armée de l’air sont arrêtés et transférés au quartier général du gouvernement militaire.
Le 10 février (21 bahman)
La force aérienne arme le peuple pour affronter les miliciens du Shah. De violents affrontements ont lieu entre des membres de la Garde royale et des manifestants à Téhéran. Plusieurs morts et blessés sont à dénombrer. Après ces affrontements, le poste de la police de Téhéran tombe entre les mains des protestataires, puis les autres postes tombent progressivement.
L’administration militaire de Téhéran émet la déclaration n°40, imposant un couvre-feu de 16h30 à 5 heures du matin. Une autre annonce étend ensuite le couvre-feu jusqu’à minuit. Cependant, la population défie cette mesure et empêche le déplacement des troupes pendant la nuit en dressant des barrages et allumant des incendies pour bloquer la circulation.
L’ayatollah Khomeyni abolit le gouvernement militaire déclaré par le gouverneur militaire de Téhéran. De leur côté, les Américains évacuent des dispositifs d’espionnage en les transférant à Chypre.
La Décade de l’Aube s’achève par la victoire de la Révolution
Le 11 février (22 bahman) marque la victoire de la Révolution. Le palais du Shah, les sièges du gouvernement, du Parlement, de la police et de la SAVAK tombent dans les mains du peuple. Les révolitionnaires capturent le lieutenant-général Rahimi, commandant les forces de police. Successivement, le collège et le lycée militaires, la prison de Jamshidieh, les garnisons de Bagh Shah d’Eshratabad et d’Abbasabad se rendent. Le Premier ministre Shapour Bakhtiar démissionne et fuit aussitôt le pays.
À 10h30, le Conseil des commandants des forces armées se réunit en Comité des chefs d’état-major interarmées, sous la présidence d’Abbas Qarebaghi, chef du Conseil suprême de l’armée. Une déclaration de neutralité de l’armée y est préparée et signée. À 13h15, la radio interrompt sa programmation habituelle pour lire la proclamation. La télévision d’État passe sous le contrôle des révolutionnaires, qui annoncent la déclaration n° 1 de la victoire de la révolution.
Alors que les drapeaux de la République islamique sont hissés pour la première fois, les forces armées déclarent leur soutien à l’ayatollah Khomeyni, qui demande au peuple de rétablir l’ordre et le calme dans le pays.
La célébration de la Décade de l’Aube et l’anniversaire de la Révolution
Chaque année pendant la Décade de l’Aube, la population iranienne célèbre l’anniversaire de la Révolution de 1979 en décorant les rues avec des objets décoratifs, des fleurs, des drapeaux et des images de l’ayatollah Khomeyni et de son successeur l’ayatollah Ali Khamenei, mais également du général Qassem Soleimani depuis son assassinat survenu en 2020.
De nombreux événements ont lieu dans tout le pays. Notamment le festival Fadjrqui est le plus grand festival de cinéma, de théâtre et de musique en Iran. De plus, diverses organisations et centres gouvernementaux organisent des événements spéciaux. Les écoles commencent leurs activités à 9h27 le 1er février pour marquer l’arrivée de Khomeyni en Iran. Le 11 février, des rassemblements sont organisés dans chaque ville pour célébrer ce jour devenu la fête nationale iranienne.
En 2011, l’armée de l’air a même recréé la scène de l’arrivée de l’ayatollah Khomeyni à l’aéroport de Mehrabad en utilisant une réplique en carton.
La Décade de l’Aube est un moment important pour les Iraniens. Ils se remémorent l’histoire de leur pays et célèbrent la victoire de la Révolution de 1979. C’est une période de commémoration, de réflexion et de célébration de l’indépendance et de la fierté nationale de l’Iran.