Dans l’émission Les chemins de la connaissance diffusée le 21 décembre 1976 sous le titre de Plotin et la transparence, Henry Corbin présente la théologie d’Aristote et l’histoire de la diffusion du néoplatonisme en Iran au microphone de Michèle Reboul.
Henry Corbin (1903-1978) est mondialement reconnu comme l’un des plus éminents penseurs occidentaux du XXème siècle. Parmi les érudits les plus respectés et admirés, il fut à la fois philosophe, traducteur, orientaliste et historien, spécialisé sur le Chiisme et plus largement sur la spiritualité des mondes islamiques et iraniens. Ses nombreux travaux comptent notamment des traductions inédites des penseurs iraniens parmi les plus importants.
En 2006, les éditions Frémeaux & Associés publièrent un coffret de trois cédéroms intitulé La philosophie islamique. Celui-ci présente quinze enregistrements sonores d’Henry Corbin, soigneusement sélectionnés et présentés par Christine Goémé.
Aristote, Père de la Philosophie
Aristote figure parmi les plus grands philosophes de l’histoire de la pensée occidentale. Né en 384 avant Jésus-Christ à Stagire, une petite ville de la région de la Chalcidique dans le nord de la Grèce, Aristote entre à l’âge de 17 ans à l’Académie de Platon à Athènes, où il est devenu l’un de ses étudiants les plus brillants.
Après la mort de Platon, Aristote quitte l’Académie et retourne à Stagire, où il commence à enseigner. En 342, il devient notamment le tuteur d’Alexandre le Grand. En 335, Aristote retourne à Athènes pour fonder sa propre école, appelée le Lycée. Pendant douze ans, il y enseignera la philosophie, la logique, la rhétorique, la physique, la biologie, l’éthique et la politique.
Aristote décède en 322 avant Jésus-Christ à Chalcis, sur l’île d’Eubée, en Grèce.
La Théologie d’Aristote et son influence sur la philosophie islamique
La Théologie d’Aristote (en arabe أثولوجيا أرسطو, athuludjiya aristu) est une œuvre philosophique attribuée par erreur à Aristote. Cette œuvre opère une synthèse entre des idées néoplatoniciennes, aristotéliciennes et des thèses de la philosophie islamique. Rédigé en arabe, le texte se compose de traductions du grec ancien vers l’arabe, d’une partie des Ennéades de Plotin, ainsi que de commentaires de Porphyre.
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Cette œuvre exerça une forte influence sur la philosophie islamique, stimulant avant tout la redécouverte d’Aristote. Par la suite, elle influença également la philosophie médiévale européenne en permettant la redécouverte de la philosophie aristotélicienne. L’influence de la Théologie d’Aristote est particulièrement perceptible chez des philosophes islamiques tels qu’al-Kindi, al-Farabi ou bien encore Avicenne.
La Théologie d’Aristote, symbole de la coopération chrétienne et islamique
Les philosophes al-Himsi et al-Kindi se voient souvent attribués la rédaction de ce texte. Il est probable que sa création trouve son origine dans le cercle d’al-Kindi à Bagdad au IXème siècle.
Abū Yūsuf Yaʿqūb ibn Isḥāq al-Kindi (801-873), surnommé le « philosophe des Arabes », est considéré comme l’un des plus grands philosophes hellénisants (faylasûf). Il fut notamment le pionnier de la synthèse originale entre la pensée grecque et la pensée religieuse islamique. Il s’efforça de rassembler, d’organiser et d’évaluer l’ensemble des connaissances de son époque, s’intéressant à une multitude de domaines tels que la philosophie, les mathématiques, l’astronomie, la physique, la chimie, la technologie et la musique.
Ibn Na’ima al-Himsi (en arabe ابن ناعمة الحمصي) était un chrétien syrien appartenant au cercle des traducteurs Al-Kindi. Sa biographie demeure fort méconnue. Cependant, nous savons qu’il était en charge de la traduction des textes grecs en arabe, notamment les Réfutations sophistiqueset La physique d’Aristote.
Bien que peu d’informations supplémentaires soient disponibles à son sujet, le rôle d’al-Himsi en tant que traducteur chrétien de la philosophie grecque en arabe révèle que les chrétiens jouèrent un rôle essentiel dans la traduction de ces textes. Aux côtés du chrétien syrien Hunayn ibn Ishaq, al-Himsi faisait partie des traducteurs arabes les plus compétents de son époque. Cela s’explique par le fait que les chrétiens syriens maîtrisaient le grec, le syrien et l’arabe. Par ailleurs, les chrétiens syriaques préservèrent de grands textes philosophiques en arabe, qui feront par la suite l’objet de traductions en latin à partir du XIIème siècle.