Le Christianisme et Chiisme partagent une notion commune : le martyre. Ce mot ne cesse pourtant de provoquer de nos jours une certaine peur en raison de sa connotation avec les évènements terroristes des deux dernières décennies. Il fût un temps où le martyre rappelait pourtant que la grâce de Dieu est présente même dans les circonstances les plus dramatiques.

regard croisé entre Christianisme et Shī’isme »,
in Perspectives Libres n°33-34 : Le Sacré,
paru en juin 2025.
Ce mot martyre reflète autre chose de bien plus transcendant que le sang et la mort. Sa ressouvenance s’avère d’ailleurs essentielle pour dépasser l’angoisse du trépas que nous a inculqué l’éclipse du sacré dans l’Occident post-moderniste. Autant pour l’Église catholique que pour le Chiisme, le martyre constitue le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi.
À travers une étude publiée dans la revue Perspectives libres, Morgan Lotz propose une réflexion profonde sur la notion de martyre, en dépassant les lectures idéologiques ou fanatiques qui y sont trop souvent associées, afin de révéler sa dimension spirituelle et existentielle.
La grâce du martyre, regard croisé entre Christianisme et Chiisme
Le martyre ne se limite aucunement à un acte de sacrifice extrême. Au contraire, il incarne une forme d’engagement ultime au service d’une vérité transcendante, qui dépasse de loin les enjeux politiques ou sociaux. Le martyre, dans cette perspective, devient un symbole puissant, porteur d’identité, de fidélité et de sens face à l’érosion du sacré dans le monde contemporain.
Alors que la société moderne tend à reléguer la spiritualité au rang de chose privée, le martyre continue de jouer un rôle central dans la préservation d’un sens commun du sacrifice et d’une transcendance dépassant la simple condition humaine. Morgan Lotz insiste sur la dimension existentielle du martyre, qui va bien au-delà de la simple douleur ou de la souffrance physique. Il s’agit d’un acte volontaire, porteur d’une forte charge symbolique, destiné à témoigner de la vérité de la foi. Le martyre devient alors une forme ultime d’engagement, une réponse à une quête de vérité qui dépasse l’individu.
La comparaison entre le martyre chrétien et le martyre chiite permet de mieux comprendre la profonde humanité de ces figures, leur capacité à incarner un idéal de foi et de fidélité face au Mal. En somme, Morgan Lotz nous invite à repenser la notion de martyre comme une expérience spirituelle et existentielle, un acte de foi qui inscrit l’individu dans une quête de sens face à l’effacement du sacré dans notre monde moderne.
