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La population iranienne : race, ethnies, langues et religions

Avec une histoire riche remontant à plus de 7000 ans, la population iranienne se compose de différentes ethnies, chacune avec sa propre identité culturelleet linguistique. Cette diversité complexe fait de l’Iran un lieu fascinant où les traditions et les croyances se mêlent pour former une mosaïque culturelle unique.

La population iranienne : Perse ou Iranien ?

Les Iraniens ont toujours utilisé le terme « Iran » pour désigner leur pays. Ce nom trouve son origine dans le mot avestique Aryānām, signifiant « le pays des Aryens ». En effet, les Iraniens sont la race aryenne.

Le terme « Perse » fait quant à lui référence à l’hellénisation du nom du Fars, la région d’origine des Perses, fondateurs des empires achéménides et sassanides. Pendant longtemps, les Occidentaux ont utilisé la dénomination de « Perse ». Ce n’est qu’en 1935 que le nom d’« Iran » revient dans le vocabulaire occidental lorsque Reza Shah Pahlavi exigea son adoption par les chancelleries étrangères.

Iran carte ethnique population iranienne

La population iranienne se compose de différentes ethnies et parle plusieurs langues, dont l’importance varie considérablement. Cependant, toutes contribuent à une unité historique incontestable. En Iran, trois grandes familles linguistiques coexistent, révélant ainsi la diversité ethnique du pays : les langues iraniennes, les langues turques et les langues sémitiques

Les Azéris, bien que tentés par l’autonomisme lors de la crise de 1946-1947, demeure aujourd’hui très attachés à l’identité iranienne et aux institutions politiques actuelles dirigées par l’ayatollah Ali Khamenei, lui-même azéri. De plus, la population de Téhéran est en grande partie azérie, tout comme d’autres régions du pays.

Il y a également des groupes nomades tels que les Bakhtiaris dans le sud-ouest et les Qashqaïs turcophones près de Chiraz, qui ont réussi à préserver leur identité, mais qui ne représentent plus qu’environ 2% de la population iranienne. En somme, la diversité ethnique et linguistique de l’Iran ne remet pas fondamentalement en cause son unité nationale.

Quelles langues en Iran ?

Les deux tiers de la population parle les langues iraniennes. Il faut distinguer tout d’abord le persan, langue majoritaire parlée par plus de la moitié des Iraniens et comprise par la quasi-totalité de la population. Ensuite, le kurde, parlé par environ 9% de la population, et partagé par les minorités kurdes de Turquie, d’Irak et de Syrie. Les dialectes du Gilan et du Mazandaran sont utilisés par environ 8% des Iraniens. Enfin, le baloutche est la langue d’une minorité du sud-est du pays, dont le territoire historique s’étend également au sud-ouest du Pakistan et au sud de l’Afghanistan. L’azéri, avec environ un quart de la population du pays, est la langue turque la plus importante parlée en Iran.

Outre les langues iraniennes, turques et sémitiques, il y a également les langues turkmène et qashqaï qui sont pratiquées par de très petits groupes. En Iran, environ 3% de la population parle l’arabe dans le Khouzistan et dans certaines régions des rivages septentrionaux du golfe Persique, où vivent des descendants des colons arabo-musulmans qui envahirent l’Iran au VIIème siècle.

Iran carte ethnique et religieuse

La répartition géographique de ces groupes linguistiques montre que le centre du pays est majoritairement persanophone, alors que les minorités ethniques et linguistiques se trouvent plutôt dans les périphéries du territoire iranien, en continuité avec les populations des États voisins. Cette diversité ne menace toutefois pas réellement l’unité nationale, à l’exception peut-être des Kurdes et des Baloutches qui expriment des aspirations à la dissidence et à la réunion avec leurs frères turcs ou irakiens pour les uns, pakistanais ou afghans pour les autres.

Quelles religions en Iran ?

L’Iran est un pays qui abrite plusieurs religions. Cependant, la grande majorité de la population (environ 90%) est composée de musulmans chiites duodécimains. Les communautés sunnites sont principalement issues des minorités kurde, turkmène et baloutche.

Outre les deux principales branches de l’islam, l’Iran abrite également différentes religions telles que les zoroastriens qui représentent les héritiers de la religion d’État des Sassanides. Cette communauté a des liens avec les Parsis indiens qui sont aujourd’hui leurs principaux représentants. Les chrétiens, notamment des églises assyrienne, chaldéenne et arménienne, coexistent également dans le pays, ainsi que les juifs.

Les minorités religieuses disposent des droits rattachés à leurs religions, ainsi que de députés au parlement.

La population iranienne, une unité nationale autour de son identité

En dépit de la diversité ethnique et linguistique, la très grande majorité des Iraniens adhèrent à l’islam chiite, qui s’est solidement implanté depuis le XVIème siècle. Ce fort attachement religieux transcende largement les différences ethniques et linguistiques.

De plus, un fort sentiment national se manifeste grâce à la conscience partagée d’une histoire commune et la conviction de porter l’héritage d’une civilisation ancienne, enracinée depuis plus de 7000 ans au carrefour de plusieurs mondes.

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Nature et Géographie

Géographie de l’Iran

La géographie de l’Iran est des plus contrastée. Elle présente des paysages variés allant des montagnes de l’Elbourz aux forêts de feuillus de l’ancienne Hyrcanie, en passant par les vastes étendues de désert et de steppe des plateaux centraux et de l’est.

géographie de l'Iran

La géographie de l’Iran actuel constitue un territoire de 1 648 000 kilomètres carrés. Cela équivaut à une superficie trois fois plus grande que celle de la France. Les frontières sont demeurées presque identiques depuis la perte des régions caucasiennes annexées par l’Empire russe en 1828 consécutivement au traité de Tourkmantchaï.

Géographie terrestre de l’Iran

Une géographie de plateaux et de déserts

Le pays présente une grande diversité de paysages en raison de son relief varié et de ses différents climats. Depuis l’Antiquité, ces paysages furent aménagés ou transformés par l’homme. On peut distinguer un vaste haut plateau central entouré de barrières montagneuses, ainsi que des plaines dans la périphérie de l’Iran. Ces caractéristiques font de l’Iran un pays au carrefour de différents mondes.

Le plateau central de l’Iran occupe la majeure partie de la surface du pays avec une altitude moyenne de 900 mètres. Celui-ci se situe dans le centre et le centre-est du pays et il est rare qu’il s’abaisse en dessous de 600 mètres. Principalement aride, cet immense espace presque vide d’hommes est constitué de vastes cuvettes sédimentaires désertiques. Les rivières qui descendent des montagnes qui encadrent le plateau se perdent dans ces cuvettes.

Le Dasht-é kavir, ou « Grand Désert », est l’un des deux déserts salés particulièrement inhospitaliers qui occupent les hauts plateaux centraux, s’étendant au nord-est sur 80 000 kilomètres carrés. L’autre désert, le désert de Sep, est situé au sud-est du plateau. Couvrant une superficie de 50 000 kilomètres carrés, il est constitué de roches, de sable et de sel, en faisant l’un des milieux tropicaux les moins propices à la vie animale ou végétale. Les écarts thermiques quotidiens peuvent aller jusqu’à 70° : 50° la journée et jusqu’à -20° la nuit.

Une géographie de montagnes

L’Elbourz, une chaîne montagneuse qui se prolonge vers l’est avec le Kopet dagh et les monts du Khorassan, sépare le nord du plateau des rives méridionales de la mer Caspienne. L’Elborz (ou Alborz), situé dans la région proche-orientale, est la plus haute chaîne de montagnes de la région. La crête sommitale de cette chaîne dépasse rarement les 3 000 mètres dans sa partie centrale. Le massif du Takht-é Soleyman, situé au nord-ouest de Téhéran, est le centre de la chaîne et possède plusieurs glaciers. Les sommets granitiques, tels que le sommet de l’Alam Kuh qui s’élève à 4 850 mètres, possèdent des murs de pierre imposants, comparables à ceux des hautes Alpes centrales.

Les pics les plus élevés de l’Elbourz sont des volcans éteints, tels que le Sabala près d’Ardabil qui culmine à 4 811 mètres. Cependant, le point culminant du pays est le Damâvand qui se situe au nord de Téhéran et atteint l’altitude de 5 610 mètres. L’Elbourz, qui est une barrière imposante, marque une séparation climatique et humaine nette. Elle sépare le plateau aride (par exemple, Téhéran ne connaît que 27 jours de pluie par an) des plaines humides du Gilān et du Māzandarān qui bordent la mer Caspienne et ont un climat subtropical humide.

Le mont Damavand, en Iran.
Deux années furent nécessaires pour réaliser ce film.

Vers l’ouest, la chaîne des monts Zagros, orientée du nord-ouest au sud-est, est un immense complexe montagneux de près de 1 500 kilomètres qui sépare le plateau iranien de la plaine mésopotamienne située à l’ouest. Les monts Zagros, constitués de hauts plateaux et de chaînes majoritairement calcaires, s’élèvent jusqu’à 4 547 mètres au Zarde Kuh, au sud d’Ispahan. En raison de cette longueur, les monts Zagros sont formés de plusieurs ensembles distincts.

Les régions du Kurdistan et du Sud de l’Azerbaïdjan présentent un relief confus propice à la persistance des irrédentismes en raison des hivers rigoureux des hautes terres. La partie centrale de la chaîne qui s’étend entre Ispahan et Chiraz, est la région la plus élevée avec des sommets dépassant souvent les 4 000 mètres. Cette zone fut pendant longtemps fréquentée par les nomades Bakhtiaris, Lors et Qashqaï qui y ont trouvé leurs pâturages d’été. L’altitude diminue dans la partie méridionale de la chaîne qui s’oriente ensuite de l’ouest vers l’est en direction des montagnes de Kerman puis du Makran dans la région du Baloutchistan.

Bien que les murailles méridionales du plateau soient généralement moins élevées, elles comprennent des sommets impressionnants tels que le Kuh-é Lalezar, qui culmine à 4 465 mètres d’altitude, ou le Kuh-é Taftan, un volcan de 3 941 mètres d’altitude situé au sud de Zahedan, près de la frontière afghane. Vers l’est, jusqu’à la province afghane de Herat qui fut longtemps une extension du monde iranien dans cette direction, le relief reste accidenté avec de multiples failles. Cela explique la forte sismicité de la région à l’origine de catastrophes comme le tremblement de terre survenu à Bam en 2003.

Géographie aquatique et fluviale de l’Iran

Des plaines et des lacs

Au-delà des barrières montagneuses qui encadrent le plateau central, on trouve les plaines. La plaine du Khouzistān, qui s’étend au sud-ouest, est géographiquement proche de la Mésopotamie arabe. Elle est riche en ressources en eau et en pétrole depuis un siècle. La plaine côtière, le long de la mer Caspienne, se situe à vingt-huit mètres en dessous du niveau de la mer. Elle correspond aux régions du Gilān et du Māzandarān et bénéficie d’un climat particulier qui en fait une région très favorable à l’agriculture. En revanche, le Makran, anciennement connu sous le nom de Gédrosie, qui s’étend à l’extrémité sud-est du pays le long de l’océan Indien, est très aride.

Certaines cuvettes intérieures laissent place à des étendues d’eau, notamment des lacs. Ainsi le Jaz Muriān dans le Makran au sud-est, les lacs de la région de Chiraz au sud-ouest, et le vaste lac d’Urmiah entre Tabriz et la frontière turque au nord-ouest. Ces lacs sont souvent marécageux. Les régions où ils se trouvent sont peu accueillantes et peu peuplées, voire totalement vides. Les anciens axes de communication les évitent. Le plateau est entouré de chaînes montagneuses élevées.

Les fleuves en Iran

Les régions situées de part et d’autre des grandes chaînes de montagnes connaissent une répartition des eaux qui en descendent et accueillent les principales agglomérations telles que Téhéran, Yazd, Chiraz, Mashhad et Ispahan, qui sont arrosées par la rivière Zâyand-é Rud. Ces régions ont toujours été le long des routes reliant les différentes villes entre elles, évitant ainsi les terres arides et inhospitalières des hauts plateaux.

La plupart des cours d’eau sont endoréiques et ne se jettent pas dans la mer. Seul le Sefid Rud qui se jette dans la mer Caspienne dans le Gilān est issu du plateau iranien. Dans le sud-ouest, le Karun traverse le Khouzistān, descend des Zagros et rejoint le Tigre au niveau du delta formé avec l’Euphrate. Environ 60% des eaux de surface se concentrent dans cette région limitrophe de l’Irak. Cela explique l’importance des enjeux de la guerre entre Iran et Irak de 1980 à 1988.

L’eau en Iran

Plus de la moitié du pays, notamment le centre, l’est et le sud-est, reçoit moins de 300 millimètres de précipitations par an. Cependant, contrairement à la péninsule arabe voisine, l’eau n’est pas rare en Iran. Certaines régions en sont même très bien pourvues. C’est notamment le cas des provinces riveraines de la mer Caspienne, qui bénéficient d’un climat subtropical humide propice à la culture du riz ou du thé, avec jusqu’à 1 200 millimètres de précipitations annuelles.

De plus, l’altitude élevée des régions montagneuses de l’ouest et du nord entraîne la formation d’un important manteau neigeux, dont la fonte alimente les rivières qui descendent vers les régions voisines, même pendant l’été. La répartition des précipitations met en évidence deux régions très différentes. L’Iran septentrional et occidental, plus élevé et plus humide, abrite les deux tiers de la population sur un peu plus d’un quart du territoire.

En revanche, à l’est d’une ligne allant des rives du Gorgān, qui se jette dans la mer Caspienne au sud de la frontière du Turkménistan, jusqu’à Chiraz en passant par Ispahan, les précipitations sont toujours inférieures à 200 millimètres, ce qui définit la limite d’une région appartenant à la zone aride.

La structure géologique de l’Iran a toutefois permis l’existence d’importantes nappes d’eau souterraines exploitables grâce à des galeries, les qanât. Ceux-ci constituent des réseaux de plusieurs dizaines de kilomètres permettant l’irrigation de régions entières. Sans eux, ces territoires seraient condamnées à retourner au désert. Ces techniques ont une très longue histoire, probablement depuis l’ancien royaume d’Ourartou étendu au début du premier millénaire jusqu’à hauteur du lac de Van et de l’actuelle Arménie.

Climat et flore, une particularité de la géographie de l’Iran

Les régions peuvent connaître des températures élevées en été, allant jusqu’à 50°C dans le sud. Cependant, l’altitude et la sécheresse de l’air rendent le climat des grandes villes supportable. La température moyenne avoisine 29°C en juillet à Téhéran. En raison du caractère continental du pays, les amplitudes thermiques annuelles sont importantes et les hivers peuvent être froids à Téhéran ou Tabriz (3°C et -2°C respectivement en janvier).

Cependant, la température en janvier à Bandar Abbas, situé sur la côte du golfe Persique, au niveau du détroit d’Ormuz, est d’environ 18°C.

Levé de soleil durant une éclipse au-dessus du golfe Persique

La géographie de l’Iran lui permet d’avoir une végétation naturelle qui varie d’une région à l’autre. Malheureusement, les magnifiques forêts de feuillus de l’Elbourz et de l’ancienne Hyrcanie ont subi une dégradation très importante en raison de la surexploitation des deux derniers siècles. Les anciennes chênaies du Zagros sont également un souvenir du passé. Les forêts ne couvrent actuellement plus que 11 % du territoire.

En revanche, la steppe et le désert dominent les plateaux du centre et de l’est, ainsi que le Baloutchistan au sud-est. Les cultures agricoles et les activités pastorales traditionnelles sont adaptées aux différentes conditions régionales. La géographie de l’Iran permet de trouver des pâturages dans les hautes terres de l’Ouest, des palmiers-dattiers du Sud, du Khouzistān au Baloutchistan, du riz et du thé dans le Gilān, et des orangers dans le Māzandarān.