L’Inde et l’Iran viennent de signer un accord concernant le port de Chabahar. Son potentiel économique s’avère prometteur, non seulement pour les deux pays, mais également pour l’Asie centrale.
Le contrat bilatéral à long terme pour l’exploitation du port de Chabahar, seul port maritime iranien, a été officiellement signé hier, le lundi 13 mai 2024. Les parties sont l’Indian Ports Global Limited (IPGL) et l’Organisation portuaire et maritime (PMO) d’Iran.
Le port de Chabahar, un potentiel économique prometteur pour l’Inde et l’Iran
Selon le contrat, le port de Shahid-Behesti sera exploité dans le cadre du projet de développement du port de Chabahar pour une durée de 10 ans. Dans le cadre de cette location, IPGL investira environ 120 millions de dollars pour améliorer les infrastructures portuaires. De plus, l’Inde a octroyé un crédit de 250 millions de dollars pour des projets d’infrastructure associés à Chabahar.
Chabahar est un point d’accès majeur pour l’Inde vers l’Afghanistan et l’Asie centrale. Il permet notamment d’éviter les ports pakistanais de Karachi et de Gwadar. En tant que coentreprise indo-iranienne, le port joue également un rôle clé dans le corridor de transport international Nord-Sud (INSTC).
L’INSTC, qui implique l’Iran, l’Inde et la Russie, vise à relier l’océan Indien et le golfe Persique à la mer Caspienne via l’Iran. De plus, son emplacement géostratégique permet une extension potentielle jusqu’en Europe via la Russie.
Ingérences et menaces des États-Unis
En dépit des progrès réalisés à Chabahar, la situation fut bloquée par les sanctions américaines réimposées après le retrait unilatéral de Washington de l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran.
Quelques heures seulement après la signature de cet accord, les États-Unis avertirent New Delhi des possibles sanctions pour tout accord commercial avec Téhéran.
Lors d’une conférence de presse le 13 mai, le porte-parole du département d’État américain, Vedant Patel, se permit de mettre en garde New Delhi sur les conséquences de son accord avec Téhéran. Les menaces étatsuniennes sont on ne peut plus clair :
« Toute entité ou toute personne envisageant des accords commerciaux avec l’Iran doit être consciente du risque potentiel de sanctions. […] Les sanctions américaines contre l’Iran restent en vigueur et nous continuerons à les appliquer »
Déclarations de Vedant Patel, porte-parole du département d’État américain, le 13 mai 2024.
Cette obsession des États-Unis pour les sanctions fait intrinsèquement partie de son logiciel diplomatique depuis fort longtemps. Cette menace continue de sanctions s’inscrit dans la stratégie étatsunienne à l’encontre de l’Iran. Téhéran fait l’objet depuis 45 ans d’un acharnement de Washington contre ses efforts visant à développer le pays et assurer sa souveraineté. Cependant, cette vision des relations internationales fait de plus en plus l’objet de critiques. De nombreux pays font désormais le choix de s’affranchir de cette domination.