Le 18 septembre 1988 disparaissait le poète Shahriar, considéré comme le dernier roi de la poésie iranienne. En Iran, cette date correspond depuis à la Journée nationale de la Poésie et de la Littérature persane.
Né en 1906 dans le village de Khoshkanab, près de Tabriz, Seyed Mohammad-Hossein Behjat Tabrizi (سیّد محمّدحسین بهجت تبریزی) composa des œuvres en langues persane et azérie qui furent traduits dans près de 80 langues différentes.
Shahriar, le dernier géant de la poésie iranienne contemporaine
Rien ne destinait le jeune Mohammad-Hossein à devenir le plus emblématique poète contemporain iranien. En effet, il entreprit des études de médecine à l’université de Téhéran. Une déception amoureuse le fera renoncer et abandonner sa carrière.
Il publie ses premiers poèmes en 1929. Influencé par le poète iranien Hâfez (حافظ) et le poète azéri Khasteh Qâsem (خسته قاسم), son œuvre reflète l’omniprésence de l’amour et la souffrance du désespoir et du chagrin qui le hante.
Contrairement à de nombreuses figures de son époque, Shahriar se préoccupa fort peu des enjeux politiques. Néanmoins, il exprima un fervent nationalisme, qui transparaît dans son œuvre à travers de nombreuses métaphores célébrant Persépolis, Zoroastre et Ferdowsi. Au cours de l’occupation soviétique de l’Azerbaïdjan iranien entre 1945 et 1946, ainsi que de l’émergence du Parti démocratique azerbaïdjanais séparatiste, Shahriar écrivit des poèmes célébrant l’unité nationale de l’Iran.
Certains de ses écrits s’inspirent également de la spiritualité chiite, célébrant notamment le Ier Imam Ali.
C’est en 1954 qu’il publie ce qui deviendra son œuvre magistrale, Heydar Babaya Salam. S’inspirant du nom de la montagne Heydar Baba qui surplombe son village natal, il y évoque la nostalgie de son enfance.
L’université de Tabriz l’honore en 1967 d’une chaire honorifique de littérature.
Shahriar fut également un calligraphe accompli et un musicien passionné, jouant avec virtuose du sétar. Il entretenait une amitié étroite avec l’éminent professeur de musique Abdolhossein Saba.
Il repose au cimetière des poètes de Tabriz, le célèbre Mazār-é Shāerān (مزارِ شاعران), aussi appelé Mazār-é Sorāyandegān (مزارِ سرایندگان).