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La Décade de l’Aube, les 10 jours qui firent la Révolution

La « Décade de l’Aube » (دهه فجر) correspond à la célébration des dix jours qui virent revenir l’ayatollah Khomeyni et triompher la Révolution de 1979. Chaque année, des célébrations annuelles ont lieu du 1er au 11 février, ce dernier jour correspondant à la fête nationale.

Les origines de ce nom

Lors des célébrations du premier et du deuxième anniversaire de la victoire de la Révolution, les organisateurs utilisèrent le terme « Anniversaire de la Révolution » pour décrire cette célébration qui dura alors sept jours.

révolution islamique 1979 Téhéran

Cependant, en 1981, le ministre de la Culture et de l’Orientation islamique Abdolmadjid Ma’adikhah suggère au Conseil de coordination de la propagande islamique de se référer aux premiers versets de la 89ème sourate du Coran, celle-ci se dénommant Fadjr. C’est ainsi que la durée des célébrations passa à dix jours, calculée dès lors depuis le jour de l’arrivée de l’ayatollah Khomeyni en Iran le 1er février 1979.

Le calendrier de la Décade de l’Aube et l’anniversaire de la Révolution

Le 1er février (12 bahman)

L’ayatollah Khomeyni revient en Iran, son pays natal, sous l’acclamation de millions de compatriotes répartis sur 33 kilomètres. Cette arrivée triomphale survient deux semaines après le départ précipité du shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi.

Iran retour Khomeyni 1er février 1979

Son avion, un Boeing 747 de la compagnie Air France, atterrit à 9h27. Il se compose d’un équipage de volontaires : le commandant de bord Jean Mouy, le second pilote Bathylle, une hôtesses et trois stewards, dont l’un accompagnera Khomeyni lors de sa descente de l’avion. Parmi les 200 passagers sont également présents le garde du corps de l’ayatollah Khomeyni, Gérard Jean Fabian-Bataouche, et la journaliste canadienne Carole Jérôme, compagne de Sadeq Qotbzadeh.

Après un court discours de remerciement à sa descente d’avion à l’aéroport international Mehrabad de Téhéran, il se rend ensuite au cimetière Behecht-é Zahra (« Paradis de Zahra »), dans le sud de Téhéran, où il prononce à 13 heures son discours historique : « Je formerai le gouvernement, je le formerai avec le soutien du peuple ! ».

Le 2 février (13 bahman)

L’ayatollah Khomeyni s’adresse à une foule de religieux et déclare : « Tout le peuple doit décider de son propre sort. » Le Premier ministre Shapour Bakhtiar lui répond en attaquant la révolution : « Les slogans des partisans de l’ayatollah Khomeyni sont bruyants mais ils n’aboutiraient à rien. ».

Décade de l'Aube 2 février 1979

Alors que des affrontements populaires avec l’armée impériale font plusieurs morts, les révolutionnaires assassinent le colonel Moutamadi, un officier de la SAVAK, la police politique du Shah. Les contrats avec des fournisseurs étrangers dans les domaines de l’armement, du nucléaire et des usines sont remis en cause. Aux États-Unis, des étudiants iraniens manifestent devant la Maison Blanche contre l’ingérence américaine dans les affaires intérieures de l’Iran.

Le 3 février (14 bahman)

L’ayatollah Khomeyni annonce la nomination d’un conseil temporaire pour diriger la révolution et confirme l’illégalité du gouvernement Bakhtiar. Il ordonne de choisir un gouvernement intérimaire pour préparer un référendum général sur la constitution.

Décade de l'Aube 3 février 1979

Le Front national demande la démission de Bakhtiar et prête allégeance à Khomeyni, tandis que 40 députés de l’Assemblée nationale présentent leur démission.

Le 4 février (15 bahman)

L’ayatollah Khomeyni rencontre des délégations populaires, devant lesquelles il appelle à poursuivre les manifestations, mais aussi les grèves. Les pilotes de l’armée de l’air déclarent leur soutien à Khomeyni. Le maire Téhéran, Djavâd Shahrestâni, remet sa démission à Khomeyni, qui renouvelle sa nomination.

Décade de l'Aube 4 février 1979

Au cours de sa visite au Japon, le secrétaire d’État des Affaires étrangères et du Commonwealth David Owen rencontre son homologue américain pour discuter de la situation en Iran. Parallèlement, une délégation envoyée par Bagdad se rend en Arabie saoudite afin d’enquêter sur la situation en Iran et dans la région. Le général Huyser, envoyé spécial des États-Unis en Iran, accomplit une délicate mission de négociation avec les responsables iraniens. Cependant, compte tenu du sentiment anti-américain croissant en Iran, il se voit contraint de quitter le pays. De nombreuses tentatives furent faites pour amener les troupes iraniennes à soutenir Bakhtiar dans leurs négociations. À cet égard, un porte-parole du département d’État américain annonce le départ de Huyser pour les États-Unis.

Le 5 février (16 bahman)

L’ayatollah Khomeyni demande la création de l’Assemblée des experts pour ratifier la Constitution et nomme Mehdi Bazargan au poste de Premier ministre du gouvernement intérimaire. Il sera notamment chargé de tenir un référendum général.

Décade de l'Aube 5 février 1979

À la fin de la journée, une conférence de presse internationale est organisée dans l’amphithéâtre de l’école alaouite, durant laquelle Bazargan présente un calendrier et explique les devoirs du gouvernement intérimaire. Il souligne les missions du nouveau gouvernement : conduire un référendum sur les nouvelles institutions et préparer des élections législatives pour l’Assemblée constituante. 22 autres députés démissionnent également de l’Assemblée nationale. Des dizaines de citoyens tombent en martyre lors des manifestations monstres à Aghajari.

Le 6 février (17 bahman)

Des marches de soutien au gouvernement intérimaire ont lieu dans diverses villes d’Iran. À Zahedan, des miliciens du Shah attaquent des manifestants civils, faisant des dizaines de martyrs. Le Front national appelle le peuple iranien à se tenir aux côtés du gouvernement Bazargan.

Décade de l'Aube 6 février 1979

L’Assemblée nationale approuve pour sa part des règlements pour juger des anciens ministres et dissoudre le SAVAK. Elle décide également d’exempter les officiers diplômés du Collège militaire de prêter allégeance au Shah.

Le 7 février (18 bahman)

L’ayatollah Khomeyni prononce un discours devant des religieux d’Ahvaz au cours duquel il déclare que le Shah doit être jugé. Le département d’État américain déclare toujours reconnaître le gouvernement Bakhtiar comme le gouvernement officiel de l’Iran.

Décade de l'Aube 7 février 1979

Tandis que 13 autres députés démissionnent, plusieurs centaines d’officiers et de commandants de l’armée déclarent leur soutien à Khomeyni. Le gouverneur militaire de Téhéran réduit les couvre-feux devant leur absence d’efficacité, ces derniers n’étant d’ailleurs plus respectés. L’Assemblée général de l’ONU fait part de sa préoccupation concernant la situation en Iran.

Le 8 février (19 bahman)

Des officiers de l’armée de l’air rendent visite à l’ayatollah Khomeyni et lui prêtent allégeance. Khomeyni déclare que servir le gouvernement Bakhtiar est un service au tyran.

Décade de l'Aube 8 février 1979

Alors que la plus importante marche de la Révolution a lieu, des affrontements éclatent entre les partisans de la révolution et des miliciens du Shah dans la capitale et à Djardjan, ville située dans le nord de l’Iran.

Le 9 février (20 bahman)

La Garde royale lance une violente attaque contre le QG de l’armée de l’air à Téhéran. Des masses populaires se rassemblent alors pour défendre l’armée de l’air.

Décade de l'Aube 9 février 1979

Des miliciens de Bakhtiar lancent ensuite des attaques armées pour disperser la foule. 152 membres de l’armée de l’air sont arrêtés et transférés au quartier général du gouvernement militaire.

Le 10 février (21 bahman)

La force aérienne arme le peuple pour affronter les miliciens du Shah. De violents affrontements ont lieu entre des membres de la Garde royale et des manifestants à Téhéran. Plusieurs morts et blessés sont à dénombrer. Après ces affrontements, le poste de la police de Téhéran tombe entre les mains des protestataires, puis les autres postes tombent progressivement.

Iran chute Pahlavi10 février 1979

L’administration militaire de Téhéran émet la déclaration n°40, imposant un couvre-feu de 16h30 à 5 heures du matin. Une autre annonce étend ensuite le couvre-feu jusqu’à minuit. Cependant, la population défie cette mesure et empêche le déplacement des troupes pendant la nuit en dressant des barrages et allumant des incendies pour bloquer la circulation.

L’ayatollah Khomeyni abolit le gouvernement militaire déclaré par le gouverneur militaire de Téhéran. De leur côté, les Américains évacuent des dispositifs d’espionnage en les transférant à Chypre.

La Décade de l’Aube s’achève par la victoire de la Révolution

Le 11 février (22 bahman) marque la victoire de la Révolution. Le palais du Shah, les sièges du gouvernement, du Parlement, de la police et de la SAVAK tombent dans les mains du peuple. Les révolitionnaires capturent le lieutenant-général Rahimi, commandant les forces de police. Successivement, le collège et le lycée militaires, la prison de Jamshidieh, les garnisons de Bagh Shah d’Eshratabad et d’Abbasabad se rendent. Le Premier ministre Shapour Bakhtiar démissionne et fuit aussitôt le pays.

révolution islamique Iran 11 février 1979

À 10h30, le Conseil des commandants des forces armées se réunit en Comité des chefs d’état-major interarmées, sous la présidence d’Abbas Qarebaghi, chef du Conseil suprême de l’armée. Une déclaration de neutralité de l’armée y est préparée et signée. À 13h15, la radio interrompt sa programmation habituelle pour lire la proclamation. La télévision d’État passe sous le contrôle des révolutionnaires, qui annoncent la déclaration n° 1 de la victoire de la révolution.

Alors que les drapeaux de la République islamique sont hissés pour la première fois, les forces armées déclarent leur soutien à l’ayatollah Khomeyni, qui demande au peuple de rétablir l’ordre et le calme dans le pays.

La célébration de la Décade de l’Aube et l’anniversaire de la Révolution

Chaque année pendant la Décade de l’Aube, la population iranienne célèbre l’anniversaire de la Révolution de 1979 en décorant les rues avec des objets décoratifs, des fleurs, des drapeaux et des images de l’ayatollah Khomeyni et de son successeur l’ayatollah Ali Khamenei, mais également du général Qassem Soleimani depuis son assassinat survenu en 2020.

Chant révolutionnaire Khomeyni, ey Emâm !

De nombreux événements ont lieu dans tout le pays. Notamment le festival Fadjrqui est le plus grand festival de cinéma, de théâtre et de musique en Iran. De plus, diverses organisations et centres gouvernementaux organisent des événements spéciaux. Les écoles commencent leurs activités à 9h27 le 1er février pour marquer l’arrivée de Khomeyni en Iran. Le 11 février, des rassemblements sont organisés dans chaque ville pour célébrer ce jour devenu la fête nationale iranienne.

Chant révolutionnaire Iran, Iran

En 2011, l’armée de l’air a même recréé la scène de l’arrivée de l’ayatollah Khomeyni à l’aéroport de Mehrabad en utilisant une réplique en carton.

La Décade de l’Aube est un moment important pour les Iraniens. Ils se remémorent l’histoire de leur pays et célèbrent la victoire de la Révolution de 1979. C’est une période de commémoration, de réflexion et de célébration de l’indépendance et de la fierté nationale de l’Iran.

À découvrir :IRNA Français – 45e anniversaire de la victoire de la Révolution islamique d’Iran : en image les feux d’artifice et illuminations

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L’ayatollah Khomeyni à Neauphle-le-Château

Situé dans le département français des Yvelines, Neauphle-le-Château est un village qui demeure dans l’Histoire. Situé sur une colline, il abrite deux présences, pourtant absentes : Marguerite Duras et Rouhollah Khomeyni.

Cette vidéo fut censurée deux fois par YouTube.

Ce documentaire captivant réalisé par Clémence Allezard et François Teste explore les archives de l’INA et permet de plonger dans cette période marquante de l’histoire de Neauphle-le-Château. Il éveille d’abord les souvenirs et les mystères entourant la présence de l’ayatollah Khomeyni dans ce paisible village yvelinois, rappelant ensuite que l’Histoire se cache parfois là où l’on s’y attend le moins.

Les fantômes de Neauphle-le-Château : l’ayatollah sous le pommier

Ce deuxième épisode de la série Les fantômes de Neauphle-le-Château, intitulé L’ayatollah sous le pommier, fut diffusé le dimanche 25 mars 2018. Une atmosphère étrange règne dans un verger abandonné à la sortie du village. En octobre 1978, à plus de cinq mille kilomètres de Téhéran, c’est ici que la révolution islamique d’Iran se fomenta. Pendant 112 jours, Neauphle-le-Château devient le lieu d’accueil de l’ayatollah Khomeyni. Au 23, route de Chevreuse, se trouvait une tente et une maison où il priait. Elles ont depuis disparu, détruites par des explosifs.

L'ayatollah Khomeyni à Neauphle-le-château le 10 octobre 1978
L’ayatollah Khomeyni assis sous le pommier du verger de Neauphle-le-Château. Photographie prise par Joël Robine pour l’AFP le 10 octobre 1978.

Seule une plaque commémorative installée en 2017 demeurait en souvenir de cet événement, jusqu’à sa destruction par des terroristes le 25 janvier 2023.1

« Le nom de Neauphle-le-Château est enregistré à jamais dans l’histoire des relations franco-iraniennes. Le peuple iranien se rappellera toujours de l’hospitalité du peuple français et de l’accueil qui a été réservé à l’Imam Khomeyni, guide suprême de la Révolution islamique et fondateur de la République islamique d’Iran. Au cours de son séjour de 4 mois, l’Imam Khomeyni en poursuivant sa lutte par le biais de discours, d’interviews et d’enregistrements sonores, a guidé la Révolution islamique en Iran et le 11 février 1979, dix jours après son retour triomphal à Téhéran, le monde entier fut témoin de la victoire de la Révolution islamique en Iran. »

Texte inscrit sur la plaque commémorative dans le verger de Neauphle-le-Château.

De l’autre côté, dans le village voisin de Jouars-Pontchartrain, une maison dans laquelle séjournent l’ayatollah Khomeyni et sa famille. Chaque jour, il traversait lentement la rue. Aujourd’hui, des souvenirs parfois amusés, des rumeurs gênées et quelques mystères enveloppent cet épisode de l’histoire de Neauphle-le-Château. Un mystère entoure notamment une certaine « Colette », résidente du village, qui aurait permis à l’ayatollah Khomeyni de s’installer ici. Son nom de famille reste inconnu. Il est seulement connu qu’elle était « une Française convertie à l’islam chiite » et peut-être enseignante. Depuis, nulle trace ne demeure d’elle.

Ce documentaire nous offre les témoignages d’Abolhassan Bani Sadr, premier président de la République islamique d’Iran, de Corinne Brillié, native de Neauphle-le-Château et habitante de Jouars-Pontchartrain, de Serge Brillié, son mari, de Michel Nawfel, grand reporter libanais, de Jean Golvan, ancien adjoint au maire de Neauphle-le-Château, de Rufus, comédien et mime, ancien voisin, d’Ingrid Therme, ancienne voisine et de Duras, ainsi que de Françoise Cargemel, ancienne bénévole du syndicat d’initiative de Neauphle-le-Château.

  1. La mairie, cédant à la lâcheté et au révisionnisme, interdit tout nouvel affichage depuis. Le lieu est pourtant un terrain privé. (Sources : A Neauphle-le-Château, le souvenir de Khomeyni dérange (lemonde.fr)) ↩︎
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Bibliotheca iranicaGéopolitique et DiplomatieHistoire

L’Iran, la Syrie et le Liban – L’Axe de l’Espoir, par André Chamy

Dans ce livre paru en février 2012 aux éditions du Panthéon, André Chamy livre une analyse sur l’« axe de l’espoir » qui se révèle prophétique une décennie plus tard. Son étude n’a rien perdu avec le temps et se révèle plus que jamais essentielle pour comprendre l’actualité et l’avenir.

L’Asie du sud-ouest est le théâtre de vives tensions et de conflits liés à la maîtrise des sources d’énergie et leur acheminement. De la Corée du Nord à l’Afghanistan en passant par l’Iran, la région est devenue le territoire le plus convoité et disputé au monde. Dans ce climat tendu, il est toutefois possible d’entrevoir un espoir de paix. Cela notamment avec l’émergence d’un nouvel axe entre l’Iran, la Syrie et le Liban.

L'Iran, la Syrie et le Liban - L'Axe de l'Espoir André Chamy

C’est dans ce contexte que l’ouvrage d’André Chamy, avocat et sociologue, offre une analyse inédite des événements récents au Moyen-Orient. Il analyse les relations entre l’Iran, la Syrie et le Liban. Ces trois pays, souvent pointés du doigt sur la scène internationale, peuvent jouer un rôle clé dans la recherche d’une paix réelle et durable dans la région.

André Chamy analyse l’« axe de l’espoir »

L’énergie est un enjeu majeur au Moyen-Orient. En effet, les pays de la région sont d’importants producteurs de pétrole et de gaz. Leur stabilité politique est essentielle pour assurer un approvisionnement continu. Cependant, ces ressources précieuses sont également au cœur des rivalités et des conflits géopolitiques.

Les menaces qui pèsent sur l’Asie du sud-ouest (en terme étatsunien le « Moyen-Orient ») ont profondément bouleversé l’équilibre géopolitique de la région. Cependant, elles ont également créé de nouvelles opportunités. Notamment avec la mise en place un rapport de forces différent de celui qui a prévalu pendant des décennies. Pour la première fois en soixante ans, les peuples de la région pourraient envisager un avenir de paix et de stabilité économique et politique.

La naissance de cet axe entre l’Iran, la Syrie et le Liban est perçue comme un facteur d’espoir. Il offre la possibilité d’une coopération régionale renforcée, de la résolution des conflits par le dialogue et la diplomatie, ainsi que de la promotion d’une stabilité globale. Ces pays pourraient ainsi travailler ensemble pour garantir une offre énergétique stable et durable, tout en établissant des bases solides pour l’avenir de la région.

André Chamy, avec son expertise en sociologie politique libanaise, apporte un regard original sur les événements récents au Moyen-Orient. Son livre précédent, Saddam Hussein, le crime et la potence, lui a permis d’approfondir sa compréhension des enjeux régionaux. Dans cet ouvrage, il propose une perspective novatrice, basée sur l’émergence d’un espoir de paix dans une région marquée par les conflits.

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Art et LittératureHistoire

Apprendre le persan (farsi)

Que ce soit pour des raisons culturelles, professionnelles ou simplement par passion, apprendre le persan (farsi) offre l’accès à une richesse de connaissances, de littérature et de traditions. C’est aussi une opportunité de plonger dans la beauté de la poésie et de la culture iraniennes.

Le persan, une langue chargée d’histoire

La langue persane, également connue sous le nom de farsi, est née dans la province de Fars. Berceau de la dynastie achéménide, cette région abrite des lieux emblématiques tels que Shiraz et Persépolis. Issue du pahlavi parlé à l’époque préislamique, le persan fait partie du groupe des langues iraniennes, affiliées aux langues indo-européennes.

Baroun, du groupe Hooniak Band

Dès les premiers siècles de l’ère islamique, le persan a été le vecteur d’une culture brillante dont l’influence s’étendait bien au-delà des frontières actuelles de l’Iran. Sous les Samanides, au Xème siècle, la résistance à l’arabisation et la préservation de l’identité iranienne se sont développées dans le Khorassan et la Transoxiane, avec Boukhara comme capitale. Cette culture persane, qui avait déjà marqué le monde islamique après l’arrivée des Abbassides en 750, continuera d’influencer une vaste région turco-iranienne. Même des dynasties d’origine turque se sont attachées à promouvoir la langue et la culture persanes, comme les Ghaznévides, sous le règne desquels a été écrit le chef-d’œuvre de la littérature persane, le Livre des Rois (Shahnameh) de Ferdousi. Ce phénomène se reproduira au fil des siècles avec les Seldjoukides, les Mongols, les Timourides et les Safavides.

Le persan, un trésor de l’humanité

De nos jours, le persan dépasse largement les frontières de l’Iran. Il est parlé notamment en Afghanistan et au Tadjikistan. Mais également dans le nord de l’Inde et jusqu’à Bombay. En effet, le persan fut la langue administrative de l’Inde jusqu’à l’imposition de l’anglais en 1837.

Les langues dérivées du persan sont le dari, un persan légèrement archaïque parlé principalement dans le nord de l’Afghanistan, aux côtés de la seconde langue officielle, le pachto (également iranienne), et le tadjik, une variante du persan. On estime à environ 120 millions le nombre de locuteurs persans.

En parcourant l’Iran, on remarquera que, bien que le persan soit la langue officielle du pays, il n’est pas la langue maternelle de tous les Iraniens. En effet, il existe de nombreux dialectes, notamment ceux des tribus nomades dominantes comme le bakhtyari, le baloutch, le lore, ainsi que ceux du nord, comme le gilaki, le semnáni, etc. On y parle également le turc azéri, le turkmène, le kurde (autre langue iranienne) et l’arabe.

Apprendre le persan avec Razva

Vous souhaitez apprendre le persan (farsi) ? Les cours de persan en ligne de l’institut Razva sont l’option parfaite pour vous.

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Avec l’aide de professeurs expérimentés et compétents, vous pourrez acquérir les compétences linguistiques nécessaires pour maîtriser cette belle langue.

Que vous soyez débutant ou que vous souhaitiez approfondir vos connaissances existantes, les cours de persan de Razva vous offrent une expérience d’apprentissage en ligne accessible et efficace.

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Géopolitique et DiplomatieHistoire

Les Houthis et Ansarallah au Yémen

Qui sont les Houthis au Yémen et qu’est-ce leur mouvement Ansarallah ?

Peu d’études approfondies sont menées sur ce sujet qui semble n’intéresser que peu de gens. Comme si la guerre au Yémen qui dure depuis 2014 n’avait aucune importance. Morgan Lotz y consacre pourtant un chapitre de son ouvrage Comprendre les Gardiens de la Révolution islamique, paru aux édition L’Harmattan en mars 2022.

rassemblement Houthis Yémen

Ansârollâh (أنصار الله) signifie « Partisans de Dieu ». Ce mouvement est fondé en 1994 sous le nom al-Shabâb al-Mo’aman (« Organisation de la jeunesse pieuse ») par Seyed Hossein Badraldin Houthi, chef de la tribu des Houthis.

En raison de son engagement pour défendre les opprimés et les déshérités, les Houthis du Yémen et leur mouvement Ansarallah sont une composante historique de l’Axe de la Résistance.

Qui sont les Houthis du Yémen ?

La tribu arabe Houthi descend des Banu Hamdan qui ont régné sur le Yémen de 1099 à 1174. Dans ce pays où la majorité de la population est sunnite, il existe une importante minorité de confession chiite zaydite. Celle-ci est principalement présente dans les montagnes du nord-ouest et dans la province de Sa’dah depuis le 8ème siècle.

Il est important de noter que sa présence est spécifique au Yémen et détient une histoire et une identité distinctes.

drapeau Ansarallah Houthis (Yémen)
Bannière des Houthis

Pendant une longue période, un imâmat zaydite régna d’ailleurs sur ces régions jusqu’à la fondation du royaume mutawakilite en 1918. Celui-ci prit fin en 1962.

Bien que leur nom médiatique d’Ansarallah fasse référence aux Houthis, des membres d’autres tribus telles que les Bakil se sont également joints au mouvement. Ansarallah compte également des alliés sunnites, notamment des Shaféites.

Le mouvement Ansarallah au Yémen

Le parti Hezb al-Haq, fondé en 1990 et dont Ansarallah est issu, rompt avec la tradition de l’imâmat. Il défend notamment le projet d’un régime républicain. Cette position représente une véritable révolution politique dans un Yémen où la logique tribale joue un rôle central dans la construction et le fonctionnement de l’État.

logo Ansarallah avant 2015
Iconographie d’Ansârollâh utilisée jusqu’en 2015

Les Houthis et Ansarallah ont établi un mouvement intellectuel et religieux modéré, aspirant à une vision inclusive du Yémen incluant tous les acteurs du pays. Leur objectif est de promouvoir un modèle de gouvernance qui transcende les clivages tribaux et religieux, en engageant tous les segments de la société yéménite. Ils combattirent à plusieurs reprises le gouvernement central yéménite et s’opposèrent au wahhabisme saoudien.

logo Ansarallah après 2015
Iconographie d’Ansârollâh utilisée à partir de 2015

Contrairement à ce que prétendent leurs opposants, les Houthis n’ont pas l’intention d’établir un régime politique similaire à la République islamique d’Iran. Cette vision est impossible à réaliser puisque les sunnites représentent 75% de la population, tandis que les Zaydites sont environ 25%. Les Houthis défendent une pensée nationaliste et religieuse spécifique au Yémen et se considèrent comme une force de résistance contre toutes les formes d’agressions étrangères. À ce titre, ils s’opposent à l’hégémonie américaine et au sionisme d’Israël.

Le mouvement Houthi d’Ansarallah, un acteur clef au Yémen

À la suite des « Printemps arabes », Ansarallah s’engage dans la révolution qui débute par une manifestation en janvier 2011. Les principales causes de cette révolution sont l’augmentation du prix des carburants et la dénonciation de la corruption. Le président Ali Abdallah Saleh démissionne en février 2012 et des troubles éclatent entre différentes factions souhaitant prendre le pouvoir.

Drapeau d’Ansarallah

L’opposition envers le pouvoir et les institutions jugées obsolètes a attiré le soutien d’autres mouvements politiques en faveur des Houthis. Cela leur permit d’étendre leur influence jusqu’à la province d’Omran dans le nord-ouest du pays. Grâce à cette alliance, ils parvinrent à prendre la capitale en repoussant leurs rivaux. Ansarallah a ainsi gagné un véritable soutien de la population yéménite, dépassant la simple appartenance à la tribu des Houthis et incarnant un espoir pour le Yémen. En témoigne l’augmentation du nombre de leurs combattants, d’environ 2000 en 2005 à plus de 100 000 en 2010.[1]

Abdul-Malik al-Houthi, chef des Houthis depuis septembre 2004

Ansarallah est le mouvement yéménite qui possède le plus d’expérience à la fois militaire et politique. Il ambitionne de développer économiquement le Yémen afin qu’il devienne un pays reconnu. Il souhaite également instaurer des institutions dans lesquelles chaque minorité est respectée, de même que leurs droits et spécificités socio-culturelles. Ansarallah réclame également une autonomie locale basée sur la diversité ethno-religieuse du Yémen. Il promeut également l’égalité des droits et la participation des femmes dans la vie politique.

Au cours des années 2010, Ansarallah est devenu un mouvement politique organisé. Doté de compétences étatiques réelles, il a su profiter du vide laissé par un pouvoir épuisé. Son succès est également dû à l’effondrement de ses adversaires qui ne réussirent à proposer des projets politiques convaincants pour la population yéménite. Les Houthis soutiennent l’établissement d’un régime républicain et d’un gouvernement de transition composé de technocrates.

Guerre et génocide contre la population yéménite

La situation se dégrade au cours de l’année 2014. L’Arabie saoudite et Al-Qaïda refusent la volonté de souveraineté d’Ansarallah qui conteste un accord du Conseil de Coopération du Golfe divisant le Yémen en six régions. Ils attaquent les Houthis mais ces derniers parviennent à s’emparer du gouvernement en février 2015. Ils prononcent alors la dissolution du Parlement et proclament l’autorité du Comité révolutionnaire dirigé par Mohammad Ali al-Houthi. Cette situation force le président Abdrabbo Mansour Hadi à démissionner, celui-ci trouvant refuge en Arabie saoudite.

Clip musical intitulé Hymne du 21 septembre en référence au 21 septembre 2014, date de la prise de la capitale Sanaa. Cette vidéo fut censurée par YouTube.

Le 27 mars, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et le Soudan forment une coalition. Ils considèrent l’arrivée au pouvoir d’Ansarallah comme une menace pour leurs intérêts et prétendent vouloir rétablir le gouvernement légitime d’Hadi. Les États-Unis participent à cette coalition en fournissant des renseignements, une assistance logistique et en aidant à la planification des frappes aériennes. À leurs côtés, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne fournissent des équipements à cette coalition responsable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité :

« Les violations du droit humanitaire par la coalition ont eu lieu de façon « généralisée et systématique » depuis le début du conflit selon les Nations unies : attaques de civils et de biens civils (bombardements de marchés, hôpitaux, commerces ou écoles), conséquences tragiques du blocus sur les civils et utilisation d’armes prohibées telles que les bombes à sous-munitions. »

Armes au Yémen : la France mise en cause, Amnesty International, 20 mars 2018.

Le rôle de la France dans le massacre des Houthis

Une enquête menée par le média d’investigation français Disclose va révéler la responsabilité de la France dans cette guerre, documents de l’Armée française à l’appui :

« Depuis le printemps 2015, les bâtiments de guerre de la coalition filtrent les accès par la mer au port d’Al Hodeïda. Officiellement, les navires saoudiens et émiratis font respecter l’embargo de l’ONU sur les armes à destination des Houthis en inspectant des chargements suspects. Mais, en réalité, ils bloquent la nourriture, le carburant et les médicaments d’importation qui devraient approvisionner plus de 20 millions de Yéménites. Des entraves fondées sur une « base manifestement arbitraire », d’après un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés de l’ONU (HCR) publié en août 2018. »

Made in France, Disclose, 15 avril 2019.

Les ministres français de la Défense Jean-Yves Le Drian (de mai 2012 à juin 2017, puis ministre des Affaires étrangères de juin 2017 à mai 2022) et Florence Parly (de juin 2017 à mai 2022) ont nié la fourniture par la France d’armes utilisées par la Coalition contre la population civile yéménite. Ces déclarations sont cependant contredites par les faits. La France est bel et bien impliquée dans la fourniture d’armes utilisées dans les violences contre les civils yéménites :

« La France a continué ses livraisons de matériels de guerre (véhicules blindés de combats, intercepteurs maritimes, artillerie, missiles, matériel de ciblage équipant les avions de chasse saoudiens, etc.) à l’Arabie saoudite et aux EAU, malgré le fait qu’ils puissent être utilisés pour commettre ou faciliter des crimes de guerre par la coalition. La France a vraisemblablement continué à livrer des munitions et à assurer la maintenance de matériels bien qu’ils soient engagés au Yémen, à l’exemple des chars Leclerc. La France a aussi fourni une assistance technique sur les Mirages 2000-9 émiriens utilisés dans le cadre du conflit. »

Armes au Yémen : la France mise en cause, Amnesty International, 20 mars 2018.

L’enquête de Discloseest quant à elle sans appel :

« Notre enquête dévoile une véritable stratégie de la famine au Yémen. Une guerre de la faim conduite par les Saoudiens et les Émiratis grâce aux avions, aux systèmes de guidage des bombes et aux navires « made in France ». Ainsi qu’au soutien diplomatique sans faille du gouvernement français depuis le début du conflit. »

Made in France, Disclose, 15 avril 2019.

Les conséquences sont connues de l’ensemble des acteurs :

« Aujourd’hui, le pays fait face, selon l’ONU, à « l’une des plus graves crises humanitaires au monde ». 28 millions de Yéménites vivent toujours sous les bombardements et plus de 8 300 civils ont perdu la vie au cours des seules frappes aériennes de la coalition. Dont 1 283 enfants, d’après un recensement du Yémen data project, une ONG qui collecte et recoupe des informations sur les frappes de la coalition. »

Made in France, Disclose, 15 avril 2019.

En mai 2019, les journalistes d’investigation impliqués dans cette enquête sont convoqués et interrogés par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI).[2] Cette situation est préoccupante pour la liberté de la presse et de la recherche en France.

Les Houthis contre le reste du monde ?

D’autres acteurs entrent également en jeu. Les groupes terroristes Daech et al-Qaida profitent de la situation chaotique pour lancer à travers tous le Yémen des attaques terroristes contre les Houthis et les partisans d’Ansarallah.

Les Houthis font également face à la présence de mercenaires de la société Academi, engagés par l’Arabie saoudite.[3] Anciennement connue sous le nom de Blackwater, cette société militaire privée fondée en 1997 fournit ses services à la CIA ou au gouvernement fédéral des États-Unis. Ses agents sont notamment responsables du massacre de dix-sept civils irakiens sur la place Nisour à Bagdad en septembre 2007. Un « incident » parmi 163 autres en Irak entre 2005 et 2007. Ces criminels n’ont d’ailleurs jamais été jugés. En effet, l’administrateur de la coalition américaine en Irak, Paul Bremer, leur accorde une immunité en mars 2004. Depuis 2014, elle est devenue une filiale du groupe Constellis après sa fusion avec une autre société militaire privée appelée Triple Canopy.[4]


[1] Hakim Almasmari, Éditorial du Yemen Post Newspaper, 10 avril 2010.

[2] Alexandre Berteau, Armes françaises au Yémen : trois journalistes entendus par la DGSI, Le Monde, 16 mai 2019.

[3]Around 400 Blackwater Mercenaries Fighting for Saudi-Led Coalition, Sputnik International, 19 janvier 2016.

[4] À ce sujet, lire Blackwater, saga d’une armée privée, Le Monde, 11 février 2018 et Jeremy Scahill, Blackwater. L’ascension de l’armée privée la plus puissante du monde, Actes Sud, 2008.

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Rudaki, un grand poète iranien

Rudaki fut un grand poète iranien dont l’œuvre a marqué l’histoire de la pensée et de l’identité iraniennes. Il représentait notamment l’ère de grandeur de l’Iran islamique.

Rudaki, l’éclat de l’art poétique iranien

Rudaki, également connu sous le nom d’« Adam des poètes », était un poète iranien considéré comme le premier grand génie littéraire de la langue persane moderne. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la littérature persane classique. Né en 858 à Rudak, qui fait aujourd’hui partie du Tadjikistan, Rudaki a composé des poèmes dans l’alphabet persan moderne. Bien que seule une petite partie de sa vaste poésie ait survécu, sa contribution à la littérature persane est inestimable.

Statue du poète iranien Rudaki à Douchanbé
Statue de Rudaki dans le parc Rudaki à Douchanbé (Tadjikistan)

Rudaki est souvent appelé le père de la poésie persane. Il a mémorisé le Coran à l’âge de huit ans et a commencé à composer des poèmes. Son nom de famille, Rudaki, est dérivé du nom de son village natal, Rudak. Il est également connu sous des titres tels que « Maître de Samarkand », « Maître des poètes » et « Sultan des poètes ». Ces titres sont d’ailleurs mentionnés dans ses propres poèmes.

Sa contribution à la langue et à la culture persanes continue de toucher les cœurs et les esprits des Iraniens et de tous ceux qui apprécient la beauté de la poésie et de la littérature. La commémoration de Rudaki est un rappel de l’importance de préserver et de célébrer l’identité persane et l’héritage culturel iranien.

La langue persane, vecteur de civilisation

Rudaki eut une influence considérable sur la renaissance de la culture iranienne et de la langue persane. Il contribua à la période d’éclat de la civilisation islamique moderne, qui s’est déroulée entre le IXème et le XIème siècle. De grandes figures scientifiques de cette époque, telles que Birouni, Avicenne et Farabi, parlaient principalement le persan. L’éclat de la langue persane dans la géographie culturelle de l’Iran était essentielle pour son rayonnement dans des régions telles que l’Inde, le Tadjikistan et l’Afghanistan.

Lorsque des écrivains iraniens ont commencé à parler et à écrire en persan, la culture islamique a atteint sa grandeur actuelle. Sans la langue persane, la culture islamique n’aurait pas pu atteindre un tel niveau de grandeur et d’influence. Cela en particulier dans le domaine de la poésie, de la littérature mais également dans celui des sciences.

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La nuit de Yalda, une célébration aussi ancienne que l’Iran

Depuis des millénaires en Iran, les Iraniens célèbrent la nuit de Yalda. Il s’agit de la dernière nuit de l’automne, la plus longue de l’année solaire. Cette fête ancestrale est un symbole important de la culture et de la civilisation iraniennes. Les rituels et les coutumes de la nuit de Yalda représentent la richesse de l’identité culturelle des Iraniens.

La nuit de Yalda en Iran

La nuit Yalda est célébrée de différentes manières dans différentes villes et par différentes ethnies en Iran. Les rituels communs comprennent l’allumage d’un feu, la narration d’anecdotes, la consommation de noix, de pastèque ou de grenade, et la récitation de poèmes de Hafez. La lecture du Shahnameh, le Livre des rois de Ferdowsi, est également l’un des moments forts de la nuit Yalda.

La nuit Yalda a également eu une grande influence dans la littérature persane et l’art iranien. Notamment avec des poètes tels que Molana Rumi, Rudaki, Hafez, Saadi, Attar et Nasser Khosro qui célébrèrent Yaldadans leurs œuvres.

La fête de Yalda reflète la vision culturelle des Iraniens sur un événement scientifique et astral. Elle souligne également leur relation étroite avec la nature et l’environnement. Cette nuit est une occasion de préserver l’unité et la coexistence de toutes les ethnies en Iran.

Yalda, un symbole de la culture iranienne

Il est intéressant de noter que d’autres civilisations du monde ont également célébré la dernière nuit d’automne pour marquer l’anniversaire du soleil. Les rituels de ces célébrations non-iraniennes présentent de nombreuses similitudes avec la cérémonie de Yalda. Cela témoigne de l’influence de l’ancienne culture perse au-delà des frontières de l’Iran. Par exemple, en Égypte ancienne, la renaissance du soleil était célébrée pendant la nuit Yalda.

De nos jours, la célébration de Yalda a également gagné en popularité dans d’autres pays tels que le Tadjikistan, la Turquie, le Pakistan, l’Afghanistan, le Japon, la Chine, la Corée du Sud, l’Écosse, la Russie, la Bolivie, le Pérou, l’Équateur, l’Afrique et d’autres régions.

Cette célébration internationale et universelle de la nuit Yalda a été officiellement reconnue par l’UNESCO qui l’a classée comme un patrimoine culturel de l’humanité en 2022. Ainsi, en plus d’être une festivité iranienne, la nuit de Yalda est devenue un moyen important de renforcer la cohésion nationale en Iran et promouvoir l’amitié et la paix régionales.

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L’« Axe de la Résistance » : de quoi s’agit-il ?

L’Axe de la Résistance, également connu sous le nom de mehvar-é moqâvemat en persan et mehvar al-muqâwamah en arabe, fait référence à une alliance de pays orientaux et asiatiques qui refusent de se soumettre à la domination arabo-occidentale composée par l’Arabie saoudite, Israël, les États-Unis et l’Union européenne.

L’Axe de la Résistance regroupe l’Iran, le Hezbollah libanais, la Syrie, les Hachd al-Chaabi irakiens, ainsi que les combattants yéménites d’Ansarallah.

illustration des membres de l'Axe de la Résistance

Morgan Lotz livre dans son ouvrage Comprendre les Gardiens de la Révolution islamique une étude parmi les plus complètes et sérieuses sur ce sujet trop rarement abordé.

D’où vient le nom « Axe de la Résistance » ?

Le terme est apparu en 2002 dans le quotidien libyen al-Zahf al-Akhdar (« La Marche verte ») en réponse à la déclaration du président américain George W. Bush qualifiant l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord d’« axe du Mal ». Dans un article intitulé Axe du Mal ou axe de la Résistance, il est affirmé que « le seul dénominateur commun entre l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord est leur résistance à l’hégémonie américaine ».

En 2004, lors de l’insurrection chiite en Irak, le terme est repris par le journal iranien Djomhouri-yé eslâmi en ces termes :

« si la ligne des shî’ites irakiens doit être liée, unie et consolidée, cette unité devrait être réalisée sur l’axe de la résistance et de la lutte contre les occupants ».

Ce terme gagne en officialité en août 2010 lorsque ‘Ali Akbar Velâyati, conseiller du Guide de la Révolution pour les affaires étrangères, énonce :

« La chaîne de résistance contre Israël par l’Iran, la Syrie, le Hezbollah, le nouveau gouvernement irakien et le Hamas passe par l’autoroute syrienne… La Syrie est l’anneau d’or de la chaîne de résistance contre Israël. »

Lors d’une réunion en août 2012, en présence de Sa’id Djalili, secrétaire du Conseil suprême de la Sécurité nationale iranienne, Bachar al-Assad reprend publiquement ce terme :

« Ce qui se passe en Syrie n’est pas une question intérieure, mais un conflit entre l’axe de la résistance et ses ennemis dans la région et dans le monde. L’Iran ne tolérera, sous quelque forme que ce soit, la rupture de l’axe de résistance, dont la Syrie fait partie intégrante. »

L’agence de presse SANA (Syrian Arab News Agency) reprendra ce terme dans sa dépêche dénonçant les « tentatives de certains pays occidentaux et de leurs alliés de frapper l’axe de la résistance en ciblant la Syrie et en y soutenant le terrorisme. »

Quelle est sa pensée et quels sont ses objectifs ?

L’Axe de la Résistance partage des objectifs politiques similaires pour la région de l’Asie du sud-ouest : libérer cette région de la domination impérialiste des États-Unis et d’Israël. Ce dernier qu’il désigne par le terme « entité sioniste », en référence à l’idéologie qui conduisit à la création de l’État hébreux en 1948.

L’Axe de la Résistance est lié par une solidarité se renforçant sans cesse face aux attaques occidentales qu’il subit. Les identités religieuses sont d’ailleurs intrinsèques à cette alliance : chiite duodécimaine pour l’Iran, le Hezbollah et les Hachd al-Chaabi, chiite zaydite pour les Houthis du Yémen et alaouite pour les Syriens.

En effet, les Chiites ont trop souvent souffert de persécutions. D’une part, les sunnites dominants tout au long de l’histoire les ont opprimé. D’autre part, les puissances coloniales ont favorisé les partis sunnites pendant leur occupation pour consolider leur contrôle sur les territoires. Sur ce sujet, Théo Nencini explique la situation d’exclusion des Chiites en Irak dans son livre L’Irak chiite parle persan. Le lecteur pourra également consulter l’ouvrage de Ameer Jajé, Le Chiisme – Clés historiques et théologiques. Il présente la condition des Chiites à travers les célébrations de leur liturgie en Irak, soumise à la tolérance limitée du pouvoir sunnite.

Quelle place pour d’autres acteurs ?

Bien que le Hamas s’intègre dans cette alliance de lui-même sans demander l’avis des acteurs concernés, il n’en est cependant pas une composante historique. Il est même très éloigné de ses objectifs. Le mouvement palestinien sunnite soutint l’opposition syrienne contre Bachar al-Assad lors de la guerre éclatant en 2011. De même, il soutint l’intervention saoudienne au Yémen contre Ansarallah. Pilotée par l’Arabie saoudite, celle-ci fut un véritable génocide contre les Houthis, une tribu yéménite de confession chiite zaydite.

Le Hamas n’hésita guère non plus à chasser le mouvement chiite palestinien Harakat al-Sâbarin de la bande de Gaza en 2019 après avoir arrêté plusieurs dizaines de ses membres.

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Le vieux bazar d’Arak

Le vieux bazar d’Arak, un complexe commercial aux multiples facettes, est un joyau historique. Situé au cœur de la ville, il fut construit sous le règne de Fath-Ali Shah Qâdjâr.

artiste iranienne vieux bazar Arak

Le bazar a toujours joué un rôle central dans l’économie et le commerce de la région. Et particulièrement dans le domaine du tapis, parmi les principales industries de la ville d’Arak (اراک), située dans la province de Markazi (استان مرکزی).

Le vieux bazar d’Arak, héritage de l’époque qadjare

vieux bazar d'Arak (Iran)

La ville de Sultan Abad, aujourd’hui nommée Arak, est contemporaine du bazar qui l’accompagne. Yusef Khân-é Gordji dirigea sa construction sur ordre du gouverneur de l’époque, Sepahdar Aazm. Ce dernier laissa également son nom à une mosquée et une école qui font partie du complexe du bazar.

Ce site historique regorge de divers commerces, de timches (espaces clos avec des magasins), de mosquées, de bains, de citernes, de passages, d’auberges et même d’une école historique, le séminaire Imam Khomeyni. L’architecture du bazar est fascinante, avec ses arches en forme de dôme et ses façades en briques. Le plafond en forme de dôme est recouvert de torchis et orné dans un style typique de l’architecture iranienne, le Rasmi Bandi.

tar instrument musique bazar d'Arak en Iran

Le bazar d’Arak abrite deux marchés remarquables, situés à l’intersection de deux axes principaux. Leur impressionnant dôme est le plus haut et le plus massif de tous. Des trappes ingénieusement intégrées au centre des dômes assurent aussi bien l’éclairage naturel des couloirs que la climatisation naturelle. Parmi les couloirs les plus importants du bazar se trouvent les couloirs Nozari, Booksellers et Kashani.

vieux bazar d'Arak passage de Mehr
La passage de Mehr

Autrefois, le bazar d’Arak abritait un réservoir d’eau vieux de deux siècles. Malheureusement, la municipalité d’Arak a décidé de le démolir afin de construire une nouvelle école. Ce réservoir, doté d’un double plafond unique en son genre, était l’un des rares bâtiments de ce type en Iran.

Le vieux bazar d’Arak est bien plus qu’un simple centre commercial traditionnel. Il est avant tout un témoignage vivant de l’histoire, de l’architecture et de la culture iraniennes, offrant aux visiteurs une expérience unique et immersive.

Un magnifique album de photographies de Fateme Abedi à découvrir :

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Histoire

102ème anniversaire du martyre de Mirza Kuchak Khan à Rasht

Le samedi 2 décembre 2023 fut célébré à Rasht le 102ème anniversaire du martyre de Mirza Kuchak Khan. Cet important révolutionnaire iranien consacra sa vie à la lutte pour la justice et la liberté de son peuple. Son martyre à Rasht fut un moment tragique mais glorieux de l’histoire moderne de l’Iran.

buste de Mirza Kuchak Khan

Lors de cette commémoration, la population locale, les militants, les intellectuels et les chercheurs se sont rassemblés pour rendre hommage à son sacrifice et pour rappeler son héritage inspirant.

Des récits de ses actes héroïques furent notamment partagés. Ils rappellent à tous sa résistance courageuse face à l’oppression et son engagement en faveur de la justice sociale. Cette cérémonie fut notamment l’occasion de se souvenir de son héritage et de rappeler son engagement envers les idéaux pour lesquels il sacrifia sa vie.

Qui était Mirza Kuchak Khan ?

Mirza Kuchak Khan (میرزا كوچک خان), de son vrai nom Younès, naquit en 1878 à Rasht dans le quartier d’Ostad-Sara. Il fonda notamment le mouvement révolutionnaire Nehzat-é Djangal (« le mouvement de la jungle ») dans les forêts du Gilan, au nord de l’Iran.

Il fut également un militant actif de la Révolution constitutionnelle, rejoignant en 1911 le Mouvement de Libération du Gilan pour y apporter son aide.

Le mouvement se poursuivit jusqu’en 1921 et résista aux ennemis intérieurs et étrangers jusqu’à la disparition de Mirza Kuchak Khan. Ce mouvement forestier a marqué une période très importante de l’histoire iranienne, celle d’un soulèvement populaire dans des temps tumultueux.

C’est dans les montagnes de Talesh qu’il périt le 2 décembre 1921. Mirza Kuchak Khan et son compagnon Gaouk, un aventurier révolutionnaire russo-allemand, restèrent seuls autour de « Masal ». Ils y moururent tous les deux d’engelures.

tombeau de Mirza Kuchak Khan (Racht, Iran)

Un propriétaire local décapita son corps et exposa sa tête à Rasht. Sa dépouille sera dans un premier temps enterrée à Suleiman-Darab. Sa tête coupée fut quant à elle envoyée à Téhéran au commandant cosaque Reza Khan. Ce dernier deviendra le premier souverain de la dynastie Pahlavi après un coup d’État en 1925.

Après le départ de Reza Shah en exil en 1941, des amis de Mirza Kuchak récupérèrent sa tête à Téhéran pour enfin l’inhumer dans sa tombe. Son tombeau ne sera reconstruit qu’après la Révolution de 1979. Il se situe encore aujourd’hui dans le quartier de Suleiman-Darab, au sud de Rasht.

tombe de Mirza Kuchak Khan (Racht, Iran)

Un magnifique album de photographies de Mojtaba Mohammadi à découvrir :