Le livre L’Iran face à l’imposture de l’histoire publié en 1971 aux éditions de L’Herne par le Prince Mozaffar Firouz est un document capital pour comprendre l’Histoire de l’Iran.
Ancien ministre et vice-président du Conseil de l’Iran, ex-ambassadeur en Union Soviétique, le Prince Firouz aujourd’hui l’un des chefs de la lutte contre l’impérialisme, nous donne une histoire de l’Iran et de son peuple trop souvent ignorée du public européen. S’appuyant sur des documents incontestables, le Prince Firouz nous dit ce que la civilisation occidentale doit à l’Iran tant sur le plan religieux que philosophique. Contrairement à l’enseignement prévalant en occident, il prouve que la religion monothéiste et la pensée occidentale ont leurs racines en Iran et non en Grèce et en Israël.
Mêlé de très près, et durant de longues années, à la vie politique de son pays, il dévoile la mascarade du 2.500e anniversaire de la monarchie et de l’empire célébré à Persépolis. Il dénonce, documents à l’appui, les intrigues de l’impérialisme dans la politique iranienne.
Le Prince Firouz révèle aussi les dessous des tractations diplomatiques entre le gouvernement iranien et Staline qui aboutirent à l’évacuation par les troupes soviétiques du nord de l’Iran après la deuxième guerre mondiale. Il apporte enfin la lumière sur l’ascension et la chute de Mossadegh, héros national de l’Iran.
Quatrième de couverture
Cet ouvrage s’avère capital pour deux raisons. La première, c’est son rappel de certaines vérités historiques trop souvent occultées. La seconde, ce sont ses révélations sur les trahisons de Mohammad Reza Pahlavi envers l’Iran.
Le Prince Firouz rétablit la vérité concernant l’Histoire de l’Iran…
Dans son ouvrage, Mozaffar Firouz (1906-1988) offre une présentation exhaustive de l’histoire politique et philosophique de l’Iran. Il rappelle notamment que la conception monothéiste de la religion et l’éthique morale et sociale de la civilisation occidentale ne sont pas d’origine judéo-hellénique, en dépit de qui est sans cesse rabâché après des siècles de falsification de l’Histoire. Citant les plus éminents chercheurs de son temps, il rappelle que ces concepts sont en réalité purement inspirés de la tradition iranienne et aryenne. En effet, trois siècles avant Abraham, le prophète Zoroastre proclama en Iran l’unité de Dieu et une conception monothéiste de la religion. Il établit également le principe dialectique de la lutte constante entre deux contradictions représentées par le bien et le mal, constituant par là la base de tout progrès spirituel et matériel.
En effet, la pensée spirituelle iranienne inspira les religions occidentales, Ahura Mazda ayant inspiré l’idéal de Jéhovah. En 538 avant Jésus-Christ, la libération par Cyrus des Juifs alors en exil à Babylone permit cette rencontre du monothéisme iranien qui inspirera ses successeurs. Le rôle de l’Iran dans la civilisation islamique est également analysé en détail dans un chapitre où l’auteur met en évidence les liens secrets entre le Zoroastrismeet le Chiisme.
… et dénonce les mensonges du régime de Mohammad Reza Pahlavi
En ce qui concerne l’histoire récente de l’Iran, Mozaffar Firouz dresse un portrait détaillé de son siècle. Il dénonce la politique impérialiste britannique en Iran visant à diviser le pays en deux zones d’influence : russe au nord et britannique au sud. Cette dernière comprenait les champs pétroliers… Ces manœuvres entraînèrent conséquemment de graves difficultés pour l’Iran. Le prince Firouz souhaitait voir son pays recouvrer son indépendance nationale face aux influences anglaises et soviétiques. Il s’engage dans cette voie et s’implique dans l’épopée politique de Mossadegh. Il décrit avec précision ses objectifs, sa détermination et sa chute, qui marqueront la fin (du moins temporaire) de sa carrière politique.
Mozaffar Firouz rétablit également la vérité concernant le coup d’État de 1953. Citant l’historien américain de la CIA Andrew Tully, il rappelle que l’opération TP-AJAX fut entièrement l’œuvre des États-Unis. Cette position marque une rupture avec le Shah. En effet, ce dernier affirmera dans ses mémoires défier quiconque de prouver que le renversement de Mossadegh ne fut pas fondamentalement l’œuvre des Iraniens. Ce que Firouz relève avec brio, avant même les aveux étasuniens sur le sujet…
Enfin, le Prince Firouz démontre que la propagande du régime monarchique de Pahlavi ne repose sur aucune vérité historique. À commencer par la célébration des soi-disant 2500 ans de la monarchie iranienne à Persépolis en 1971.
« Sur les 2500 ans de monarchie et d’empire, comme le prétend la propagande officielle, l’Iran a été sous la domination arabe directe de 624 à 813, soit 171 ans, et sous domination arabe indirecte, gouverné par différentes dynasties mineures dans différentes parties du pays, de 820 à 1258, soit 438 ans. De 1258 à 1500, soit encore 424 ans, l’Iran fut sous le joug mongol et turc jusqu’à l’établissement de la dynastie Safavide en 1502, avec plus tard Ispahan comme capitale. Ainsi donc sur les prétendus 2500 ans d’empire, l’Iran a été en fait 851 ans sous le joug de la domination étrangère. Aucun peuple de l’histoire n’a probablement autant souffert de la domination étrangère et seules la maturité, les traditions et la vitalité de ce grand peuple ont permis sa libération du joug étranger et sa survie en tant qu’entité et état indépendant. »
P. 138.
Il dénonce également l’abandon par Mohammad Reza Pahlavi du territoire de Bahreïn, historiquement iranien. En effet, l’Iran détenait des droits et une réclamation justifiée sur Bahreïn que les Britanniques usurpèrent en 1970. Bahreïn proclame son indépendance le 14 août 1971 et signe un traité d’amitié avec les Britanniques dès le lendemain.
En conclusion
Mozaffar Firouz conclut son livre en s’interrogeant sur l’avenir du monde en général et de l’Iran en particulier. Il pense que seule une nation iranienne indépendante et souveraine peut apporter au monde les valeurs historiques et politiques qu’elle incarne depuis plus de mille ans. Cette attitude est comparable à celle du Général de Gaulle.