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Géopolitique et Diplomatie

Accord nucléaire : rappel aux Nations Unies de la responsabilité US

Ce jeudi 6 juin 2024, l’Iran distribua une lettre lors l’Assemblée générale des Nations Unies dans laquelle le pays précise son point de vue concernant l’accord sur le nucléaire et le retrait unilatéral des États-Unis.

Cet accord sur le nucléaire fut signé à Vienne le 14 juillet 2015. Le 8 mai 2018, le président Donald Trump choisit de retirer les États-Unis de cet accord. Cela en dépit des protestations de la communauté internationale. Il annonce également le rétablissement des sanctions étasuniennes contre l’Iran.

Ses différentes appellations sont :

  • en persan برجام (bardjâm) pour برنامه جامع اقدام مشترک (barnâmeh-yé djâmeh-é eqdâm-é moshtarak) ;
  • en français, « Plan d’action global commun » (PAGC) ;
  • en anglais, « Joint Comprehensive Plan of Action » (JCPoA).

L’Iran rappelle qu’en vertu des paragraphes 26 et 36, les États-Unis n’avaient pas le droit de s’en retirer unilatéralement. De plus, le constat selon lequel l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni n’étaient plus en mesure d’abroger leurs sanctions dispensait l’Iran de ses engagements.

La lettre iranienne à propos de l’accord sur le nucléaire distribuée aux Nations Unies

« D’ordre de mon gouvernement et comme suite à la lettre que je vous ai adressée le 21 novembre 2023 (S/2023/899), je vous écris au sujet de la lettre conjointe datée du 3 juin 2024 que les Représentants permanents de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni auprès de l’Organisation des Nations Unies ont adressée au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité (S/2024/429). La République islamique d’Iran rejette toutes les allégations formulées dans cette lettre et réaffirme ses positions concernant son programme nucléaire pacifique et le Plan d’action global commun, comme suit :

1. Le groupe E3 continue d’accuser à tort la République islamique d’Iran de ne pas respecter les engagements pris dans le Plan d’action global commun, tout en ignorant délibérément l’origine de la situation actuelle. Comme cela a été rappelé à maintes occasions, la décision prise par l’Iran d’adopter des mesures correctives était pleinement conforme au droit que lui confèrent les paragraphes 26 et 36 du Plan d’action et faisait suite au retrait unilatéral illégal par les États-Unis de l’accord, le 8 mai 2018, et à l’incapacité subséquente du groupe E3 de respecter les engagements contractés. Par sa décision, prise une année après le retrait illégal des États-Unis et au vu du manquement du groupe E3/UE à ses obligations en matière de levée des sanctions, l’Iran visait un objectif qui était on ne peut plus clair, à savoir, rétablir un équilibre entre les engagements et les avantages réciproques au titre du Plan d’action global commun.

2. L’affirmation selon laquelle le groupe E3 a toujours respecté les engagements pris dans le Plan d’action global commun est tout simplement fausse. Bien au contraire, le groupe E3 a constamment manqué aux obligations que lui imposait le paragraphe 20 de l’annexe V du Plan d’action. Ce non-respect manifeste est toujours d’actualité. Le fait que le groupe E3 n’ait pas honoré ses engagements en matière de levée des sanctions énoncés au paragraphe 20 de l’annexe V du Plan d’action à la Date de transition (le 18 octobre 2023) constitue une action unilatérale injustifiable et un exemple clair du fait que le groupe a manifestement manqué à ses obligations, en violation du Plan d’action mais aussi de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité.

3. La République islamique d’Iran s’est toujours acquittée des obligations que lui imposaient les accords de garanties généralisées, notamment en coopérant le plus possible avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour lui permettre de mener efficacement ses activités de vérification dans le pays. À ce jour, l’Iran fait l’objet des mesures de vérification et de surveillance les plus rigoureuses de l’Agence.

4. En ce qui concerne les dispositions de la rubrique 3.1 modifiée des arrangements subsidiaires, il convient de rappeler que la mise en œuvre desdites dispositions faisait partie des mesures de transparence et de confiance, comme indiqué au paragraphe 65 de l’annexe I du Plan d’action global commun. C’est dans le cadre de la décision prise par l’Iran de cesser d’appliquer les mesures volontaires de transparence au-delà de son accord de garanties que la mise en œuvre des dispositions de la rubrique 3.1 modifiée a été interrompue. Cette décision a été prise en pleine conformité avec les paragraphes 26 et 36 du Plan d’action global commun, selon lesquels, en cas de rétablissement ou de reprise de l’imposition des sanctions liées au nucléaire par les États-Unis ou l’Union européenne, l’Iran a le droit de cesser de respecter tout ou partie de ses engagements au titre du Plan d’action.

5. De même, la décision de l’Iran d’enrichir de l’uranium à Fordou était une mesure corrective prise en réponse au non-respect, par les États-Unis et le groupe E3/UE, de leurs obligations juridiquement contraignantes au titre de la résolution 2231 (2025) et à leur non-respect manifeste des engagements pris dans le Plan d’action global commun. Cette décision a également été prise dans l’exercice des droits de l’Iran expressément énoncés aux paragraphes 26 et 36 du Plan d’action, et en pleine conformité avec les droits que lui confère le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et avec l’engagement pris dans les accords de garanties généralisées. Toutefois, toutes ces activités ont été et continuent d’être placées sous la supervision de l’AIEA.

6. La détermination de la République islamique d’Iran à respecter les obligations que lui impose le Traité de non-prolifération demeure inébranlable. Nul État partie au Traité ne peut être empêché d’exercer les droits inaliénables que lui confère le Traité de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination et en pleine conformité avec les articles premier et II du Traité. Toute allégation contraire est donc dénuée de fondement et catégoriquement rejetée. L’affirmation selon laquelle le programme nucléaire iranien aurait atteint un stade critique et irréversible ainsi que les assertions selon lesquelles les activités nucléaires pacifiques de l’Iran constitueraient une menace pour la paix et la sécurité internationales sont totalement fausses et infondées.

7. La préoccupation exprimée quant à l’extinction des dispositions de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité le 18 octobre 2025 est trompeuse, malvenue et provocatrice, étant donné le caractère absolument pacifique du programme nucléaire de l’Iran. L’Iran a constamment démontré qu’il rejetait les armes nucléaires et qu’il était attaché au Traité sur la non-prolifération. Cette position de principe n’a pas changé. L’Iran rejette fermement toutes les formes d’armes de destruction massive, y compris les armes nucléaires, et ce rejet repose sur de solides enseignements idéologiques et des considérations stratégiques. L’Iran est déterminé à continuer de participer activement à toutes les initiatives internationales qui visent véritablement à sauver l’humanité de la menace des armes nucléaires.

8. La République islamique d’Iran réaffirme son engagement inébranlable en faveur de la diplomatie. Elle a manifesté à plusieurs reprises sa volonté de reprendre les pourparlers en vue de l’exécution intégrale du Plan d’action global commun par tous les participants. Le Plan d’action est un acquis diplomatique multilatéral obtenu de haute lutte ; il demeure la meilleure solution, et la seule. Témoin d’un dialogue fructueux et de la réussite de la démocratie, il a permis d’éviter une crise injustifiée. Le relancer est en effet dans l’intérêt de tous les participants.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire distribuer le texte de la présente lettre comme document du Conseil de sécurité. »

Lettre distribuée par l’Iran à l’Assemblée générale des Nations Unies, au sujet de l’accord sur le nucléaire, 6 juin 2024.

Les parties européennes de l’accord sur le nucléaire toujours alignées sur Washington

Les ministres des Affaires étrangères allemand, français et britannique publient le 15 juin un communiqué commun en réponse à l’Iran. Celui-ci s’avère une démonstration des plus culottées de leur hypocrisie et double-jeu.

« Les gouvernements de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni condamnent les dernières mesures de l’Iran, telle que rapportées par l’AIEA, visant une nouvelle expansion de son programme nucléaire.

L’Iran a pris des mesures supplémentaires qui vident le JCPoA de son contenu, en alimentant des dizaines de centrifugeuses avancées supplémentaires au site d’enrichissement de Natanz ainsi qu’en annonçant l’installation de plusieurs centaines de centrifugeuses supplémentaires dans les sites de Fordo et de Natanz. Ces mesures vont encore augmenter le stock d’uranium enrichi et les capacités d’enrichissement de l’Iran, dont les niveaux ont d’ores et déjà dépassé les limites fixées par le JCPoA. Cette décision représente une escalade supplémentaire du programme nucléaire de l’Iran, qui emporte des risques importants de prolifération. La décision de l’Iran d’augmenter significativement sa capacité de production dans l’installation souterraine de Fordo est particulièrement inquiétante.

Il n’est pas acceptable que l’Iran présente ces mesures comme une réaction à l’adoption par le Conseil des Gouverneurs de l’Agence internationale de l’Energie atomique d’une résolution appelant à la coopération, attendue de longue date, de l’Iran sur les garanties. L’Iran a une obligation légale au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de mettre pleinement en œuvre son accord de garanties, qui est distinct du JCPoA.

Nous restons attachés à une solution diplomatique empêchant l’Iran de développer une arme nucléaire. »

Iran / JCPoA – Déclaration conjointe des porte-parole des Ministères des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni (15 juin 2024), 15 juin 2024 (https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/iran/evenements/article/iran-jcpoa-declaration-conjointe-des-porte-parole-des-ministeres-des-affaires).

Ils affirment qu’indépendamment du PAGC, l’Iran est signataire du Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Il est, à ce titre, engagé à ne pas produire d’uranium enrichi à usage militaire. Pourtant, aucune preuve n’est fournie pour étayer ces accusations.

Il s’avère nécessaire de rappeler que le principe pacta sunt servanda constitue la pierre angulaire de la coutume en droit international et de l’engagement contraignant que représente un traité international. Ce n’est pas l’Iran qui a rompu cet accord diplomatique mais bien les États-Unis… Les pays européens n’ont quant à eux pas non plus respecté leurs engagements de lever leurs sanctions.

La passivité des pays européens partis à cette accord (l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni) s’avère la navrante démonstration de leur impuissance diplomatique et politique. Mais surtout de leur malhonnêteté démontrée par les rapports de l’AIEA (Agence internationale de l’Énergie atomique) qui attestent du respect par l’Iran de ses engagements.

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Géopolitique et Diplomatie

Libération du diplomate iranien Hamid Nouri otage en Suède

Hier samedi 15 juin 2024, la Suède libérait le diplomate iranien Hamid Nouri, illégalement emprisonné depuis plus de 5 ans, en pleine violation du droit international sur les relations diplomatiques.

L’affaire Hamid Nouri, un diplomate iranien retenu en otage en Suède

Le diplomate iranien Hamid Nouri fut arrêté dès son arrivée à l’aéroport de Stockholm en novembre 2019. L’organisation terroriste des Moudjahidines du Peuple (OMPI) avait fabriqué un faux dossier dans le but de lui faire endosser la responsabilité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qu’il n’avait aucunement commis.

diplomate iranien Hamid Nouri otage en Suède
Le diplomate iranien Hamid Nouri

La « justice » suédoise l’a condamné à la prison à perpétuité lors d’un procès truqué en juillet 2022. La Cour d’appel suédoise confirmera ensuite ce verdict le 19 décembre 2023. Ses conditions de détention violèrent les droits de l’Homme : isolement complet, contact familial interdit et refus de soin médicaux.

En effet, Hamid Nouri souffrait en janvier ou février 2024 d’une fracture de la jambe. L’administration pénitentiaire suédoise refusa sa consultation par un médecin durant une semaine. Seule une radiographie fut réalisée. De plus, les autorités suédoises ne présentèrent aucune explication concernant l’origine de cette fracture.

Le diplomate Hamid Nouri accueilli à Téhéran après sa libération

Le 29 mars 2024, la police suédoise arrête également son fils Madjid qui tentait d’obtenir plus d’informations sur l’état de santé de son père, avant de le libérer.

Des relations diplomatiques à géométrie variable

Kazem Gharibabadi, secrétaire du Haut Conseil iranien des droits de l’Homme, déclare à propos de cette libération :

« Hamid Nouri, détenu illégalement en Suède depuis 2019, est libre et rentrera dans le pays dans quelques heures. Ce succès est dû aux efforts de mes collègues du pouvoir judiciaire, du ministère de l’Information, du ministère des Affaires étrangères, en particulier de mon frère martyr Amir Abdollahian. »

Son fils Madjid Nouri s’est également exprimé sur la libération de son père :

« À la veille des fêtes de l’Aïd al-Adha et de l’Aïd al-Ghadir, après 1 680 jours de captivité, les efforts inlassables de nos responsables résolus et courageux ont porté leurs fruits, et mon père, Hamid Nouri, est sur le point de retourner en Iran. »

L’ancien responsable iranien Hamid Nouri libéré de prison en Suède, PressTV, 15 juin 2024 (https://french.presstv.ir/Detail/2024/06/15/727522/Su%C3%A8de—l-ex-responsable-iranien-Hamid-Nouri-lib%C3%A9r%C3%A9-de-prison).

De son côté, la Suède annonçait les libérations de Johan Floderus, un agent de renseignement suédois présenté comme un « diplomate de l’Union européenne (UE) » arrêté en avril 2022 et de Sa’id Azizi, un ressortissant irano-suédois arrêté en novembre 2023 pour des faits d’atteinte à la sécurité nationale. Quelques jours plus tôt, le mercredi 12 juin, l’Iran libérait Louis Arnaud, un probable agent de la DGSE arrêté en septembre 2022.

Les pays européens sont coutumiers de la violation du droit international : un autre diplomate iranien, Assadollah Assadi, fut précédemment arrêté en Allemagne en 2018 avant d’être libéré de Belgique en mai 2023. Il demeure encore un otage iranien retenu en France, le journaliste Bashir Biazar arrêté le 5 juin 2024.

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Géopolitique et DiplomatieQassem Soleimani

Il y a 10 ans étaient fondés les Hachd al-Chaabi

Il y a 10 ans jour pour jour, le 15 juin 2014, était fondée la résistance contre Daech en Irak : les Hachd al-Chaabi. Placés sous le commandement du général iranien Qassem Soleimani et de son adjoint irakien Abou Mahdi al-Mouhandis, ces milliers de combattants venus de tous les horizons allaient combattre l’entreprise de mort qui s’abattait sur ce pays.

Hachd al-Chaabi Irak

Leur histoire et leur combat firent l’objet d’une étude détaillée dans le livre Comprendre les Gardiens de la Révolution islamique, publié aux éditions L’Harmattan en mars 2022. Cet ouvrage présente également de nombreux documents intégralement retranscrits. Parmi ceux-ci figurent notamment l’appel de l’ayatollah al-Sistani à la résistance et ses recommandations aux combattants.

Le massacre du camp Speicher et la fatwa de l’ayatollah Sistani

Le 13 juin 2014, l’organisation terroristeDaech conquiert la ville irakienne de Mossoul. Elle y commet le massacre de près de 1700 cadets chiites et non musulmans de l’armée irakienne au camp Speicher. Devant l’horreur et la tragédie qui frappe l’Irak après la Syrie, le grand ayatollah Ali al-Sistani émet une fatwa appelant à la guerre sainte (djihad) contre Daesh qui visait l’Irak tout entière et l’Iran.

ayatollah Sistani pape François 6 mars 2021 Nadjaf Irak
Rencontre l’ayatollah Ali al-Sistani et le pape François Ier à Nadjaf le 6 mars 2021. Ce sont d’ailleurs les Hachd al-Chaabi qui assurèrent la sécurité du Souverain pontife lors de son voyage officielle en Irak.

Les minorités religieuses présentes en Irak vivaient désormais sous la menace de la machine d’épuration ethnico-religieuse daeshienne. De plus, une victoire irakienne de Daesh lui aurait ouvert la voie au territoire iranien.

Cette fatwaest une wâdjeb al-kifâi, c’est-à-dire une obligation collective. Elle fut prononcée le 13 juin 2014 lors de la prière du vendredi par Sheykh Abdoul Mahdi al-Karbalâ’i, représentant de l’ayatollâh ‘Ali al-Sistâni à Karbalâ’.

Les Hachd al-Chaabi, mobilisation populaire et résistance

Hashd al-Sha’bi (الحشد الشعبي) se traduit en français par « mobilisation populaire », al-hashd signifiant « mobilisation » et al-sha’bi « peuple » ou « populaire ». Cette résistance va dès lors regrouper plusieurs dizaines de formations combattantes afin de constituer une force luttant contre Daesh.

Les dernières heures de la Bataille du désert avec les milices chiites en Irak (censuré par YouTube)

Placé sous la supervision du Conseil suprême de Sécurité nationale de l’Irak et la tutelle du ministère de l’Intérieur, le Premier ministre en assure le commandement en chef. Abou Mahdi al-Mouhandis, fondateur des Kataeb Hezbollah, assure quant à lui le commandement opérationnel sur le théâtre d’opération.

Sept forces composent la première esquisse de cette alliance de formations combattantes : Liwa Badr, Asaeb Ahl al-Haq, Kataeb Hezbollah, Kataeb Seyed al-Shohada, Harakat Hezbollah al-Nudjaba, Kataeb Imam Ali et Kataeb Djund al-Imam.

Abu Azrael, le milicien chiite aux allures de Rambo (censuré par YouTube)

S’y adjoignent ensuite plusieurs dizaines de formations, principalement chiites, mais également chrétiennes, yézidies, sunnites, turkmènes chiites et kurdes Feylis pour atteindre un effectif estimé entre 200 000 et 300 000 combattants.

Intégrés à l’armée irakienne en 2017, les Hachd al-Chaabi font partie intégrante de l’Axe de la Résistance.

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L’Inde et l’Iran signent un accord concernant le port de Chabahar

L’Inde et l’Iran viennent de signer un accord concernant le port de Chabahar. Son potentiel économique s’avère prometteur, non seulement pour les deux pays, mais également pour l’Asie centrale.

Le contrat bilatéral à long terme pour l’exploitation du port de Chabahar, seul port maritime iranien, a été officiellement signé hier, le lundi 13 mai 2024. Les parties sont l’Indian Ports Global Limited (IPGL) et l’Organisation portuaire et maritime (PMO) d’Iran.

Le port de Chabahar, un potentiel économique prometteur pour l’Inde et l’Iran

Selon le contrat, le port de Shahid-Behesti sera exploité dans le cadre du projet de développement du port de Chabahar pour une durée de 10 ans. Dans le cadre de cette location, IPGL investira environ 120 millions de dollars pour améliorer les infrastructures portuaires. De plus, l’Inde a octroyé un crédit de 250 millions de dollars pour des projets d’infrastructure associés à Chabahar.

Chabahar est un point d’accès majeur pour l’Inde vers l’Afghanistan et l’Asie centrale. Il permet notamment d’éviter les ports pakistanais de Karachi et de Gwadar. En tant que coentreprise indo-iranienne, le port joue également un rôle clé dans le corridor de transport international Nord-Sud (INSTC).

L’INSTC, qui implique l’Iran, l’Inde et la Russie, vise à relier l’océan Indien et le golfe Persique à la mer Caspienne via l’Iran. De plus, son emplacement géostratégique permet une extension potentielle jusqu’en Europe via la Russie.

Ingérences et menaces des États-Unis

En dépit des progrès réalisés à Chabahar, la situation fut bloquée par les sanctions américaines réimposées après le retrait unilatéral de Washington de l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran.

Quelques heures seulement après la signature de cet accord, les États-Unis avertirent New Delhi des possibles sanctions pour tout accord commercial avec Téhéran.

Lors d’une conférence de presse le 13 mai, le porte-parole du département d’État américain, Vedant Patel, se permit de mettre en garde New Delhi sur les conséquences de son accord avec Téhéran. Les menaces étatsuniennes sont on ne peut plus clair :

« Toute entité ou toute personne envisageant des accords commerciaux avec l’Iran doit être consciente du risque potentiel de sanctions. […] Les sanctions américaines contre l’Iran restent en vigueur et nous continuerons à les appliquer »

Déclarations de Vedant Patel, porte-parole du département d’État américain, le 13 mai 2024.

Cette obsession des États-Unis pour les sanctions fait intrinsèquement partie de son logiciel diplomatique depuis fort longtemps. Cette menace continue de sanctions s’inscrit dans la stratégie étatsunienne à l’encontre de l’Iran. Téhéran fait l’objet depuis 45 ans d’un acharnement de Washington contre ses efforts visant à développer le pays et assurer sa souveraineté. Cependant, cette vision des relations internationales fait de plus en plus l’objet de critiques. De nombreux pays font désormais le choix de s’affranchir de cette domination.

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Visite officielle du président du Kurdistan irakien en Iran

Le président de la région du Kurdistan irakien, Nichervan Barzani, était en visite officielle en Iran le dimanche 5 et le lundi 6 mai 2024.

Il a notamment rencontré le Guide de la Révolution Ali Khamenei, le président de la République islamique d’Iran Ibrahim Raïssi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, et le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale d’Iran, Ali Akbar Ahmadian.

Rencontre avec Hossein Amirabdollahian

Le ministre iranien des Affaires étrangères s’est dit satisfait de la visite de Barzani à Téhéran et décrit les relations entre Téhéran et la région du Kurdistan comme « amicales et incassables ». Il considère la visite de Barzani comme une opportunité de renforcer les liens entre Téhéran et Erbil. En particulier dans les domaines économique et commercial. Il exprime également l’espoir que les relations progresseront plus rapidement à l’avenir.

président Kurdistan irakien Nichervan Barzani rencontre Hossein Amirabdollahian 6 mai 2024

Lors de la réunion, le président de la région du Kurdistan irakien a souligné le rôle de l’Iran dans les développements historiques importants. Il a notamment salué le général martyr Qassem Soleimani pour son rôle dans le renforcement de la sécurité de la région.

« À notre avis, la sécurité de l’Iran est la sécurité de l’Irak et de la région du Kurdistan, le territoire autonome ne sera jamais un point de menace contre la République islamique »

Nichervan Barzani, président de la région du Kurdistan irakien (Les relations de l’Iran avec le Kurdistan irakien sont indéfectibles, selon Amirabdollahian – IRNA English)

Il a également fait référence à l’accord de sécurité et à la création d’un comité de sécurité conjoint entre l’Iran et l’Irak, affirmant que la région du Kurdistan veillera scrupuleusement à la mise en œuvre intégrale de cet accord.

Rencontre avec Ebrahim Raïssi

Selon un compte rendu de la réunion fourni par le conseiller politique en chef su président iranien, Mohammad Jamshidi, Nichervan Barzani a déclaré lors de sa rencontre avec Ebrahim Raïssi que l’Iran et ses hauts dirigeants politiques et militaires jouèrent un rôle crucial en soutenant le mouvement kurde en Irak.

président Kurdistan irakien Nichervan Barzani rencontre Ebrahim Raïssi 6 mai 2024

Ebrahim Raïssi a souligné que la nation et le gouvernement iraniens considèrent la sécurité de l’Irak comme la leur, tout en exprimant leur confiance dans la bonne volonté et l’amitié de leurs « frères irakiens et kurdes ». Il a notamment rappelé que la République islamique d’Iran a toujours soutenu l’importance de l’unité et de la cohésion en Irak. Il n’a de plus pas manqué de saluer les efforts du gouvernement irakien et de la région du Kurdistan pour mettre en place un accord de sécurité avec l’Iran, appelant à sa mise en œuvre complète et stricte.

« Nous considérons les longues frontières entre les deux parties comme une opportunité précieuse d’améliorer le niveau des relations, cependant la sécurité est la base essentielle pour tout type de coopération ou d’expansion des interactions »

Ebrahim Raïssi, président de la République islamique d’Iran (« Ne laissez pas Israël et les éléments anti-iraniens abuser de la région du Kurdistan » (Président Raïssi) (presstv.ir))

En outre, Ebrahim Raïssi a souligné la nécessité d’un désarmement complet et de la fin de la présence d’éléments anti-révolutionnaires sur le territoire irakien.

Nichervan Barzani Ebrahim Raïssi

Nichervan Barzani affirme que le gouvernement régional du Kurdistan considère sa coopération avec l’Iran comme un engagement à ne jamais abandonner. Il a déclaré que le gouvernement régional du Kurdistan ne privilégierait pas les relations avec Israël par rapport aux liens avec un pays fort et ami tel que l’Iran. Il a également réaffirmé l’engagement de la région du Kurdistan à respecter pleinement la mise en œuvre de l’accord de sécurité entre l’Iran et l’Irak.

À l’occasion de cette entretien, Nichervan Barzani rappela la déclaration de l’ancien président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, sur le général iranien Qassem Soleimani. En effet, le commandant de la force Qods fut la première personne à venir en aide aux Kurdes après leur attaque par les terroristes de Daesh en 2014.

Rencontre avec Ali Akbar Ahmadian

Lors de sa rencontre avec le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale d’Iran, Ali Akbar Ahmadian, Nichervan Barzani souligna que la sécurité de l’Iran est étroitement liée à celle du Kurdistan irakien. Il déclara notamment qu’aucune aucune entité extérieure ne sera autorisée à compromettre la sécurité de la République islamique d’Iran depuis la région du Kurdistan irakien.

« La sécurité de l’Iran est notre sécurité, et nous ne permettrons à aucune tierce partie de nuire à la sécurité de la République islamique d’Iran depuis la région du Kurdistan irakien. »

Nichervan Barzani, président de la région du Kurdistan irakien (Le Kurdistan irakien ne sera pas utilisé pour nuire à la sécurité de l’Iran, selon Barzani – IRNA English)

Barzani a exprimé sa reconnaissance pour le soutien apporté par la République islamique à la région du Kurdistan, à la fois pendant la lutte contre l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein et dans l’Irak actuel. Il a également exprimé l’espoir que les relations entre la région du Kurdistan et la République islamique se développeraient dans divers domaines, y compris la sécurité et l’économie.

visite officielle Iran président du Kurdistan irakien Nichervan Barzani rencontre Ali Akbar Ahmadian 6 mai 2024

Le chef de la sécurité iranienne a souligné que les relations entre l’Iran et le Kurdistan irakien sont profondément enracinées dans l’histoire et sont basées sur des idéaux communs qui se sont renforcés au fil du temps. Ahmadian insista sur le fait qu’aucune entité, y compris Israël et les opposants à l’Iran, ne devrait être autorisée à compromettre cette relation. Il a également souligné que l’Iran était prêt à soutenir et coopérer avec la région du Kurdistan irakien dans le cadre de la constitution irakienne.

Les deux parties ont également appelé à la pleine mise en œuvre de l’accord de sécurité signé entre l’Iran et l’Irak, afin de désarmer et de démanteler les groupes terroristes hostiles à l’Iran dans les régions frontalières.

Le président du Kurdistan irakien rencontre le Guide de la Révolution lors de sa visite

Lors de sa visite officielle en Iran, le président du Kurdistan irakien Nichervan Barzani s’est également entretenu avec le Guide de la Révolution, Ali Khamenei.

visite officielle Iran président du Kurdistan irakien Nichervan Barzani rencontre Ali Khamenei 6 mai 2024

Hossein Jaberi Ansari, diplomate et ancien fonctionnaire du ministère iranien des affaires étrangères, analyse cette rencontre :

« La réunion de M. Barzani ne s’est pas tenue dans la salle de réunion avec des fonctionnaires étrangers, mais dans la salle de réunion avec des fonctionnaires iraniens. Cela signifie que les Kurdes irakiens sont plus que des étrangers ou de bons voisins. C’est tout. Les Kurdes comptent parmi les plus anciens habitants du plateau iranien. C’est intelligent, beau, louable et plein d’espoir. »

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La Journée du golfe Persique

Le 29 avril marque la Journée du golfe Persique, commémorant l’expulsion de la marine portugaise du détroit d’Hormuz en 1622 par Shah Abbas Ier, un souverain de la dynastie safavide.

carte golfe Persique

Le golfe Persique, entouré de huit pays, est connu comme une voie navigable stratégique et le plus grand réservoir de pétrole et de gaz au monde.

Le golfe Persique, depuis toujours lié à l’Iran

Localisé dans le sud-ouest de l’Asie et servant de prolongement à l’océan Indien, le golfe Persique s’étend entre les côtes du sud-ouest de l’Iran et la péninsule arabique. Ce plan d’eau stratégique tire son appellation de l’empire achéménide. En effet, il s’appelait Hakhamanishiya aux alentours de 330 avant Jésus-Christ selon des récits historiques.

Des géographes célèbres comme le grec Strabon et le romain Ptolémée désignèrent clairement cette étendue d’eau sous le nom de « golfe Persique ». Ce toponyme fut également utilisé sur les cartes du monde qu’ils ont dessinées. Des historiens, explorateurs et géographes arabes, dont l’écrivain Agapius du Xème siècle, firent également référence à ce lieu en tant que « golfe Persique » dans leurs travaux. Abdel Khaleq al-Janabi, un spécialiste de l’histoire saoudienne, affirme que des historiens renommés tels qu’Ibn Khaldoun et Ibn al Athir utilisèrent également ce nom.

Dans son ouvrage réputé Le Golfe Persique paru en 1928, Sir Arnold Wilson met en avant l’importance de cette voie navigable pour les géologues, les archéologues, les géographes, les commerçants et les voyageurs. Depuis plus de 2 200 ans, cette voie navigable séparant le plateau iranien de la plaque arabique conserve une identité iranienne. Le golfe Persique fut notamment le sujet de récits de voyage. Parmi eux se trouvent des personnages tels qu’Ibn Battuta, Pythagore et le roi Darius.

La fausse appellation de « golfe Arabique »

Il y avait un consensus sur le nom de cette étendue d’eau stratégique jusqu’aux années 1960. L’émergence du panarabisme et du nationalisme arabe suscitèrent ainsi la controverse. Certains États arabes, ignorant délibérément les documents historiques et animés par des ambitions géopolitiques, commencèrent à l’appeler « golfe Arabique » ou « al-Khaleej al-Arabi ».

Certains rapports mirent également en cause des agents du gouvernement britannique tels que Charles Belgrave et Roderick Oven. Ces derniers furent parmi les premiers à utiliser le terme « golfe Arabique » dans leurs écrits avant qu’il ne devienne courant dans le monde arabe. Néanmoins, les Nations Unies et d’autres organisations internationales ont souligné que le nom de cette importante étendue d’eau reste le « golfe Persique » et non le « golfe Arabique ».

Les origines de la Journée du golfe Persique

Chaque année, le 29 ou le 30 avril, l’Iran célèbre la Journée du Golfe Persique. Celle-ci commémore la campagne militaire menée par Shah Abbas Ier en 1622, durant laquelle il chassa les forces coloniales portugaises du détroit d’Hormuz. Le Haut Conseil iranien de la révolution culturelle institua cette journée en 2005. Des événements nationaux sont organisés, en particulier dans les provinces côtières du golfe Persique.

Les responsables utilisent cette occasion pour réaffirmer leur engagement envers la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Il s’agit aussi d’une réponse aux tentatives de déstabilisation des eaux régionales par certaines puissances occidentales et leurs alliés régionaux. En 2010, la Journée du Golfe Persique fut inscrite au patrimoine national de l’Iran en réponse à une initiative lancée par les États arabes pour renommer la voie navigable « Golfe Arabique ».

L’importance stratégique de ce détroit

Entouré par des pays tels que l’Iran, l’Irak, le Koweït, l’Arabie saoudite, le Qatar, Bahreïn, les Émirats arabes unis et Oman, le golfe Persique est un lieu clé. D’un côté se trouve l’Iran, de l’autre les États arabes. Le point le plus profond de cette voie navigable se trouve dans le détroit d’Hormuz.

Le détroit d’Hormuz est une étroite bande de 39 kilomètres située entre l’Iran et Oman. Il constitue le seul passage pour plus d’un sixième de la production mondiale de pétrole, ce qui renforce encore davantage son importance stratégique.

Par là transitent plus de 17 millions de barils de pétrole chaque jour, dont une grande partie produite par les pays de l’OPEP. Les ports iraniens majeurs du golfe Persique incluent Bandar Abbas, Boushehr et Asaluyeh. Les îles de Kish, Gheshm, Hormuz et Hengam sont quant à elles des destinations touristiques populaires.

La production pétrolière, un enjeux essentiel

Cette voie navigable stratégique est d’une grande importance pour plusieurs raisons. Premièrement en raison de ses vastes réserves de pétrole et de gaz, lui valant le surnom de « réservoir du pétrole mondial ». C’est notamment pour cela que les puissances occidentales, en particulier les États-Unis, cherchent à étendre leur influence de manière ambitieuse sur ces voies navigables.

Le golfe Persique abrite environ les deux tiers des réserves mondiales de pétrole et la moitié des réserves mondiales de pétrole brut. L’ampleur des gisements pétroliers présents renforcent la taille de ses réserves naturelles. Cette voie navigable sert également de passage pour le pétrole produit par les pays de la région. Le détroit d’Hormuz constitue le principal itinéraire de transit.

Selon des estimations approximatives, la région du golfe Persique renferme plus de 730 milliards de barils de pétrole et plus de 70 000 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Une grande partie de ces ressources est raffinée sur place. En effet, les pays côtiers ont établi d’importantes raffineries pétrolières au cours des dernières années. Parmi les ports stratégiques le long des côtes du golfe Persique figurent Bandar Abbas, Boushehr, Bandar Lengeh, Kish, Khorramshahr et Mahshahr (Iran), Sharjah, Dubaï et Abou Dhabi (EAU), Bassora et Al-Faw (Irak).

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Géopolitique et Diplomatie

Israël attaque l’ambassade d’Iran à Damas

Le lundi 1er avril 2024, Israël s’est rendu coupable d’une attaque contre l’ambassade et le consulat d’Iran situés à Damas, en Syrie.

attaque israélienne contre l'ambassade d'Iran à Damas 1er avril 2024

Israël attaque l’ambassade d’Iran en Syrie : les faits

Six missiles israéliens ont visé un bâtiment du quartier damascène de Mezzeh à Damas vers 16 heures le lundi 1er avril 2024.

attaque israélienne contre l'ambassade d'Iran à Damas 1er avril 2024

La défense aérienne syrienne aurait réussi à intercepter certains missiles israéliens.

Des sources iraniennes précisent que les membres de la mission diplomatique iranienne à Damas sont sains et saufs. Le bâtiment du consulat est pour sa part en ruine.

Fayçal Meqdad, ministre syrien des Affaires étrangères, s’est rendu sur place pour présenter ses condoléances à l’ambassadeur iranien, Hossein Akbari. Il s’est également entretenu par téléphone avec son homologue Hossein Amir Abdollahian.

Un premier bilan communiqué à 19 heures fait état de 8 morts iraniens. Parmi les victimes figurent le général de brigade Mohammad Reza Zahedi, commandant de la force Qods du CGRI en Syrie et au Liban, et son adjoint. Les bâtiments situés aux alentours furent également touchés, provoquant la mort de plusieurs civils syriens. Ce bilan est à l’heure où nous écrivons susceptible d’évoluer.

général Mohammad Reza Zahedi
Le général Mohammad Reza Zahedi

Que dit le droit international sur les ambassades ?

La présence d’une représentation diplomatique dans un pays est une concession accordée par le pays d’accueil (appelé « pays accréditaire ») au pays d’origine des diplomates (le « pays accréditant »). Au sein de l’ambassade, le droit du pays accréditant est en vigueur. Il s’avère strictement interdit aux autorités du pays d’accueil de violer ce territoire, conformément au principe d’inviolabilité.

L’ambassade est considérée comme inviolable et cette inviolabilité s’applique à la fois aux locaux et aux personnes. Initialement basé sur la pratique, ce principe d’inviolabilité fut par la suite officialisé par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques en 1961. L’article 22 de cette convention déclare les locaux de la mission diplomatique inviolables. Cela signifie que les agents de l’État d’accueil ne disposent d’aucune autorisation pour y entrer sans le consentement du chef de la mission. En raison de cette protection, les ambassades firent office pendant longtemps, et continuent de servir, comme des lieux d’asile.

crime israélien contre l'ambassade d'Iran à Damas

L’attaque menée par Israël contre les représentations diplomatiques de la République islamique d’Iran constitue une violation du droit international. Il s’agit également d’une action hostile gravissime et dangereuse pour la situation régionale.

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Géopolitique et Diplomatie

Les États-Unis s’opposent au gazoduc Iran-Pakistan

L’opposition des États-Unis au projet de gazoduc Iran-Pakistan (IP) continue de faire des vagues. Lors d’une audition devant les membres du Congrès à Washington, le secrétaire d’État adjoint américain pour l’Asie du Sud et l’Asie centrale, Donald Lu, a clairement fait savoir que les États-Unis s’opposaient fermement à la construction de ce projet.

Un projet de gazoduc reliant l’Iran et le Pakistan

Le projet de gazoduc IP fut approuvé par le Pakistan en février de cette année. La Commission du Cabinet pakistanais chargée de l’énergie a donné son aval pour le lancement de la construction du pipeline reliant la frontière Pakistan-Iran à Gwadar. Il s’agit d’une décision économique importante qui renforce la coopération énergétique entre les deux pays.

Néanmoins, les États-Unis restent déterminés à empêcher la réalisation de ce projet. Donald Lu a fait valoir que le projet n’était pas dans l’intérêt du Pakistan. De quel droit les États-Unis se permettent-ils d’interdire à des pays de se développer économiquement et énergétiquement ? Lu rajoute que les sociétés internationales ne seraient pas prêtes à investir dans ce projet. Ses propos sont une menace à peine voilée adressée aux pays intéressés par ce gazoduc…

En raison des sanctions internationales visant l’Iran, la construction du gazoduc a connu certains retards. Cependant, le Pakistan risque une amende de 18 milliards de dollars s’il met fin à l’accord bilatéral sur le projet.

Les États-Unis tentent d’empêcher le développement de la région

Il est clair que les États-Unis et le Pakistan sont en désaccord sur ce projet de gazoduc. Alors que les États-Unis cherchent à exercer une pression pour empêcher sa construction, le Pakistan reste déterminé à poursuivre ce projet qui, selon lui, est crucial pour répondre à ses besoins énergétiques croissants. L’avenir du projet IP reste incertain. En revanche, une chose est certaine : le bras de fer entre les États-Unis et le Pakistan concernant ce projet n’est pas près de se terminer.

Le diplomate américain souligne que les États-Unis seraient préoccupés par les tensions existantes entre l’Iran et le Pakistan. En particulier en ce qui concerne le projet de gazoduc IP. Il informe que Washington est en contact avec Islamabad à ce sujet.

Cependant, cette affirmation est réfutée par le ministère pakistanais des Affaires étrangères. Lors d’une conférence de presse, la porte-parole du ministère, Momtaz Zahra, déclare que le Pakistan reste déterminé à mener à bien ce projet de transfert de gaz en provenance de l’Iran. Elle ajoute que le Pakistan n’a guère besoin des recommandations des autres pays et qu’il était prêt à aller de l’avant avec ce projet.

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Géopolitique et Diplomatie

Les relations entre l’Iran et l’Arménie se renforcent

Les relations entre l’Iran et l’Arménie furent de tous temps des plus indéfectibles. Le samedi 9 mars 2024, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a rencontré à Téhéran le vice-ministre arménien des Affaires étrangères, Vahan Kostanyan.

Ils ont notamment abordé le renforcement des relations entre l’Iran et l’Arménie, deux pays aux liens historiques privilégiés. Les deux parties plaidèrent également pour une collaboration accrue dans les domaines politique, économique, commercial, scientifique et culturel.

L’Iran et l’Arménie, des relations privilégiées

Le ministre iranien a souligné l’importance de poursuivre les efforts communs pour donner un nouvel élan à la coopération entre l’Iran et l’Arménie. Il a également souligné que le développement des relations entre les deux pays avait une incidence positive sur la paix et la sécurité dans la région.

De son côté, Vahan Kostanyan a transmis les salutations du ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan. Il réitéra également l’importance de l’expansion des relations avec l’Iran pour garantir la stabilité et la sécurité régionales.

Le vice-ministre arménien a également présenté un rapport sur ses entretiens précédents avec son homologue iranien, Ali Bagheri Kani, qui ont eu lieu dans le cadre du nouveau cycle de consultations politiques entre les vice-ministres des Affaires étrangères des deux pays. Il a qualifié ces discussions de fructueuses.

L’Iran, un soutien essentiel pour les Arméniens

Kostanyan a salué la participation des entreprises iraniennes dans les projets d’infrastructures en Arménie et a loué les positions de l’Iran sur le maintien de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de la non-remise en question des frontières internationalement reconnues.

L’Iran et l’Arménie entretiennent depuis longtemps des relations étroites, en particulier dans les domaines de l’énergie, du transport et de la culture. Cette réunion a permis de renforcer les liens entre les deux pays et de faciliter la coopération bilatérale.

Les deux parties ont convenu que cette collaboration accrue serait bénéfique pour la région et témoigne de leur volonté de renforcer encore leur partenariat.

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Géopolitique et Diplomatie

Frappes de missiles balistiques iraniens en Syrie et en Irak

Des tirs de missiles balistiques se sont produits dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 janvier 2024, ciblant des positions terroristes en Syrie et en Irak.

Le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) revendique ces frappes visant des bases de l’organisation terroriste Daech en Syrie, ainsi qu’un centre d’espionnage israélien dans la région du Kurdistan irakien.

Pourquoi des frappes de missiles balistiques en Syrie et en Irak ?

Le 3 janvier, les Iraniens commémoraient le quatrième anniversaire du martyre du général Qassem Soleimani, héros de la lutte contre le terrorisme assassiné par les États-Unis en 2020. À Kerman, ville où il est inhumé, un double attentat terroriste eut lieu. Ces attaques, durant lesquelles 89 personnes trouvent la mort, sont alors revendiquées par le groupe takfiriste Daech.

Mention manuscrite sur un missile faisant référence à Reyhaneh Soltaninejad, une petite fille âgée de 1 an tuée lors de l’attentat de Kerman.

Le 10 janvier, une autre attaque terroriste se produit dans le Baloutchistan, région située dans le sud-ouest du pays. Celle-ci vise le commissariat de police de Rask et provoque 11 morts et 6 blessés parmi les policiers.

Quelles furent les cibles des frappes de missiles balistiques ?

Il s’agit d’une double opération menée par les Gardiens de la Révolution. D’abord contre les agents israéliens du Mossad présents en Irak, ensuite contre les terroristes de Daech présents en Syrie.

« Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

À la nation islamique d’Iran, qui a confiance en Dieu Tout-Puissant, et avec la bénédiction de nôtre Maître, Son Éminence Sahib al-Zaman (le Maître de l’époque), que la paix soit sur lui, et en réponse aux récents crimes commis par les ennemis contre la République islamique, nous annonçons que le quartier général des espions anti-iraniens et des rassemblements terroristes dans certaines parties de la région ont été visés au milieu de la nuit par plusieurs missiles balistiques. Les cibles ont été détruites, et les détails seront annoncés plus tard. »

Communiqué officiel du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI)

Selon les déclarations du CGRI, 24 missiles balistiques de différentes modèles furent utilisés au cours de ces frappes.

Le Mossad ciblé à Erbil, dans le Kurdistan irakien

Les frappes de missile survenue à Erbil visaient le centre principal du Mossad. L’agence de renseignement israélienne est notamment implantée dans la région du Kurdistan irakien. Quatre missiles furent tirés depuis l’ouest et sept autres depuis le nord-ouest de l’Iran en direction de cette cible.

Selon l’appareil de sécurité de la région du Kurdistan irakien, quatre personnes ont été tuées et six autres blessées.

Un missile balistique passe à travers le système de défense anti-aérienne C-RAM et atteint sa cible. 

Des sources de sécurité irakiennes ont indiqué que l’homme d’affaires Peshraw Dizayee, un multimillionnaire kurde, ainsi que plusieurs membres de sa famille, figurent parmi les victimes. Dizayee, proche du clan Barzani au pouvoir, possédait des entreprises s’avèrant des partenaires commerciaux d’Israël. Il était également la principale source de financement des espions formés par le Mossad pour mener des missions de renseignement et d’actions armées en Iran.

Une roquette a également touché la maison d’un haut responsable des renseignements kurdes, tandis qu’une autre a endommagé un centre de renseignements kurde. Le trafic aérien à l’aéroport d’Erbil fut suspendu.

La base du Mossad ciblée, avant et après

La chaîne Telegram de Sabreeen News a rapporté qu’à la suite de cette attaque du CGRI contre le centre d’espionnage du Mossad, cinq soldats américains furent tués et secrètement évacués.

Daech ciblé à Idlib, en Syrie

Pendant cette opération, quatre missiles Kheibar Shekan furent tirés depuis la province de Khouzestan, dans le sud-ouest de l’Iran. Ceux-ci ont atteint le quartier général du groupe terroriste takfiriste Daech dans la région d’Idlib, en Syrie. Neuf autres missiles ont été tirés vers les positions d’autres groupuscules terroristes dans différentes régions de la Syrie.

Lancement des missiles en direction d’Erbil (Irak)

Les missiles balistiques du CGRI ont touché les positions des groupes terroristes Tahrir al-Sham et Hezb al-Turkestani dans la région d’Idlib, à l’ouest de la Syrie. Les terroristes connus sous le nom de Daesh Khorasan s’entraînent dans cette région avant d’être transférés en Afghanistan et en Azerbaïdjan par les États-Unis. Ceci dans le but de rentrer en Iran afin d’y commettre des activités terroristes.

La première frappe fut lancée après l’identification de points de rassemblement du groupe terroriste Daech dans les zones occupées en Syrie. Une des cibles principales était Azhi Amin, affilié à Al-Qaïda. Celui-ci aurait été tué lors de l’attaque.

Que retenir de ces frappes ?

Plusieurs éléments sont à retenir au sujet de cet évènement. Tout d’abord, la crédibilité et la dissuasion de l’Iran se renforcent considérablement. La distance entre la zone visée en Syrie et le point de tir des missiles du CGRI en Iran dépasse les 1 200 kilomètres. Cet évènement constitue l’opération balistique la plus ambitieuse menée jusqu’à présent par l’Iran.

tir missiles balistiques iraniens en Irak et en Syrie 15 janvier 2024

Enfin, cette action militaire s’avère un message clair de l’Iran adressé à ses ennemis israéliens, américains et daechistes présents dans la région. L’Iran dispose des moyens de se défendre et en a également le droit.