Découvrir et comprendre l'Iran d'aujourd'hui à travers son histoire et sa culture
Catégorie :Histoire
Voyagez à travers les millénaires et explorez l’histoire fascinante et l’héritage culturel captivant de l’Iran, le « pays des Aryens », qui fut de tout temps une lumière pour le monde.
Remontant à plusieurs milliers d’années, l’histoire de l’Iran débute avec la naissance de sa civilisation et l’établissement de l’Empire achéménide au VIème siècle avant Jésus-Christ. L’Iran était en ce temps le plus grand empire du monde antique, rayonnant dans tous les domaines.
La dynastie des Sassanides au IIIème siècle fonda un empire admiré et puissant, que même l’Empire byzantin ne put conquérir. L’invasion des arabo-musulmans en 651 bouleversa la spiritualité du pays mais ne fut aucunement capable d’en perturber l’identité et l’exception.
Au XIème siècle, les Seljoukides régnèrent sur l’Iran avant d’être renversés par les Mongols au XIIIème siècle. Les Safavides ressuscitèrent ensuite un nouvel empire au XVème siècle, redonnant au pays l’importance qu’il a toujours eu.
Cependant, au XIXèmesiècle, le pays souffrit de l’impérialisme européen et vit son indépendance limitée d’abord par l’influence croissante de la Russie et du Royaume-Uni, et plus tard par l’impérialisme des États-Unis.
Le XXème siècle fut le témoin de changements politiques majeurs en Iran. Le pays se transforma en une nation moderne et indépendante, marquée notamment par la chute de la dynastie Pahlavi et la révolution de 1979 qui donna naissance à la République islamique.
Aujourd’hui, l’Iran retrouve sa place en tant que puissance régionale influente, renouant avec son passé glorieux et conscient de son histoire prestigieuse et complexe.
Le chef d’état-major des forces armées iraniennes a récemment prononcé des paroles fortes concernant la poursuite des engagements de l’Iran dans la lutte contre le terrorisme, et notamment celui des moudjahiddines du peuple.
Il a souligné l’importance de cette situation en tant que leçon pour les groupes terroristes qui, soutenus par des forces étrangères, attaquent l’Iran. Ces déclarations font suite à une série d’attaques terroristes perpétrées par l’OMK depuis la victoire de la Révolution islamique en Iran en 1979.
Qui sont les terroristes des moudjahiddines du peuple ?
L’Organisation des Moudjahiddines du Peuple iranien(OMPI, en persan sâzemân-é moudjâhedin-é khalq-é irân, donnant l’acronyme OMK) est un groupe terroriste qui a longtemps mené des actions terroristes contre le peuple iranien. Elle fut d’ailleurs désignée comme tel par de nombreux pays, y compris les États-Unis jusqu’en 2012.
Les crimes de guerres, les crimes contre l’humanité et les génocides perpétrés par les moudjahiddines du peuple n’ont pas empêché des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Albanie de les soutenir et les accueillir sur leurs territoires. Ce groupe terroriste possède d’ailleurs une base en Albanie et en France.
Des ministres comme Rama Yade, Michelle Alliot-Marie, Bernard Kouchner, des élus comme Alain Vivien, Michèle de Vaucouleurs, Hervé Saulignac, Jean-François Legaret, Pierre Berci, et même Yves Bonnet, ancien directeur de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) entre 1982 et 1985, les soutiennent et participent à leurs activités.
Depuis sa création en 1965, l’OMK est responsable de nombreuses attaques terroristes en Iran. Le groupe a ciblé des civils et des représentants du gouvernement, semant la terreur et causant des pertes humaines tragiques. Ces actions délibérées ont été perpétrées dans le but de déstabiliser le pays et de renverser les institutions.
L’OMPI est devenue au fil des années une secte vouant un culte de la personnalité au « soleil de la Révolution » (sic !) Maryam Radjavi. Certains de ses membres n’hésiteront pas à s’immoler par le feu lors de perquisitions menées à leur siège en région parisienne le 17 juin 2003.
Des crimes contre l’humanité commis par les moudjahiddines du peuple
Les terroristes des moudjahiddines du peuple sont responsables de la mort de plus de 17 000 Iraniens au cours d’attentats sanglants et d’assassinats ciblés. Leur alliance avec l’Irak en 1988 entraînera les condamnations à mort et les exécutions des moudjahiddines prisonniers en Iran.
Contrairement aux allégations de cette organisation terroriste de type islamiste marxiste qui prétend que 33 000 prisonniers furent exécutés, le nombre de morts est estimé à 2500 par Amnesty International. Bien qu’il s’agisse d’un sujet sensible encore aujourd’hui en Iran, il est pourtant un secret de Polichinelle et le nombre réel de personnes exécutées est parfaitement connu de tous. Il s’élève à environ 3000 en comptant l’ensemble des condamnés et non seulement les susmentionnés.
Ce groupe terroriste mène encore aujourd’hui des actions contre l’Iran, en s’alliant notamment avec ses ennemis et en infiltrant les sphères médiatiques et politiques occidentales, s’attirant de la sorte la haine la plus farouche et unanime du peuple iranien. Ils sont pour la population iranienne ce que furent les engagés volontaires français dans la Waffen-SS pour les Français de 1945.
Les moudjahiddines du peuple participèrent également aux opérations irakiennes Anfâl qui se déroulèrent de février à septembre 1988 durant lesquelles plus de 100 000 civils kurdes furent exterminés.
Au printemps 1991, l’OMPI mènera une nouvelle opération baptisée « opération Perle » durant laquelle ses membres incendièrent 400 villages dans la région de Kirkouk et exterminèrent 5000 Kurdes dont 2000 enfants qu’ils jetèrent dans des fosses communes avant de les enterrer vivants
L’Iran engagé dans la guerre contre le terrorisme des moudjahiddines du peuple
Le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général de division Mohammad Baqeri, a dénoncé l’utilisation de la violence et du terrorisme comme moyen de réaliser des objectifs politiques. Il insiste sur le fait que ces méthodes ne font que semer la destruction et la souffrance parmi la population.
Morgan Lotz, iranologue et juriste en droit international, a commenté cette affaire. L’OMPI est un exemple frappant de la manière dont certains groupes terroristes peuvent être manipulés et instrumentalisés par des forces étrangères. Aussi met-il en garde contre les conséquences néfastes de ces alliances utilisées dans le but de servir des intérêts particuliers.
L’affaire de l’OMK soulève donc des questions fondamentales sur les dangers de l’utilisation de la violence et du terrorisme par les États-Unis et l’Union européenne dans la poursuite de changements politiques.
L’Iran a connu de 1980 à 1988 une guerre de huit années durant laquelle l’ensemble de sa population participa activement à la défense nationale, et notamment les minorités religieuses zoroastrienne, juive et chrétienne.
L’Irak déclare la guerre à l’Iran le 22 septembre 1980. Cette guerre imposée par l’Irak baathiste de Saddam Hussein est connue en Iran sous le nom de « guerre imposée » (جنگ تحمیلی, djang-é tahmili) ou « Défense sacrée » (دفاع مقدس, defā’é moqadas). Il s’agit de la plus longue guerre du XXème siècle.
Pierre Razoux note à propos de ce conflit :
« Cet affrontement dantesque a mobilisé simultanément jusqu’à 2 millions de soldats, 10 000 blindés (dont une moitié de chars), 4 000 pièces d’artillerie et un millier d’aéronefs. Il symbolise à lui seul un condensé de la guerre au XXème siècle, car il comporte des éléments de ressemblance aussi bien avec la Première Guerre mondiale (combat de tranchées, recours aux vagues humaines et aux gaz de combat), qu’avec la Seconde Guerre mondiale (utilisation des blindés, bombardement des villes, guerre économique), ou bien encore avec le conflit israélo-arabe (batailles aériennes de jets au-dessus du désert, utilisation extensive des missiles) et les guerres insurrectionnelles de type Algérie et Vietnam (embuscades dans les djebels rocailleux, infiltration à travers les marécages). Les techniques de combat les plus prosaïques ont côtoyé les plus sophistiquées. »
Pierre Razoux, La guerre Iran-Irak 1980-1988, Perrin, col. Tempus, pp. 727-728.
Les minorités religieuses engagées pour défendre l’Iran
Le début du conflit a provoqué une mobilisation de la population iranienne, y compris parmi les différents groupes religieux présents dans le pays. L’archevêque Ardak Manoukian a exprimé son soutien à l’ayatollah Khomeyni et a déclaré être prêt à combattre l’ennemi. Malheureusement, cette guerre n’a pas épargné les communautés religieuses en Iran.
Parmi les victimes de la guerre, on compte 90 chrétiens tués, 295 blessés et 58 faits prisonniers. Les juifs ont également subi des pertes importantes, avec 11 personnes tuées, 328 blessées et 34 faits prisonniers. Les zoroastriens, une autre minorité religieuse en Iran, ont également souffert, avec 32 morts et 209 blessés.
Les conséquences humaines de ce conflit sont incommensurables. Près d’un million de vies ont été perdues, un nombre incalculable de familles détruites et d’individus handicapés à vie. De plus, l’Irak commis des crimes de guerre avec la bénédiction des pays occidentaux et la cécité des Nations-Unies. Notamment avec l’utilisation de gaz de combats contre la population civile iranienne ou bien encore la destruction par les Américains du vol civil Iran Air 655 le 3 juillet 1988. Ces crimes de guerre sont à l’heure actuelle toujours impunis.
Il est important de se rappeler ces chiffres et de reconnaître les sacrifices consentis lors de cette guerre. Les souffrances du peuple iranien, ainsi que des différentes communautés religieuses touchées, ne sont pas oubliées. La mémoire de ce conflit demeure présente parmi la population iranienne, en témoigne les obsèques de Djâni Bet Oshânâ en avril 2023.
Le 3 juin 1989, le décès l’ayatollah Rouhollah Mousavi Khomeyni, fondateur de la République islamique d’Iran, plongeait le monde dans le chagrin.
L’iranologue Morgan Lotz, spécialiste du Chiisme et de l’Iran, revient sur l’œuvre de l’ayatollah Khomeyni, son engagement et son héritage qui ne cessent d’influencer les aspirations de nombreux individus en Iran et au-delà.
Qui était l’ayatollah Khomeyni ?
Né en 1902 dans la ville de Khomeyn, en Iran, Rouhollah Mousavi Khomeyni est issu d’une famille religieuse. Il se tourne rapidement vers les études théologiques et devient clerc. Homme de Dieu, il devient également professeur de philosophie, admirant particulièrement Platon qui nourrira sa réflexion.
Pendant des décennies, Khomeyni a été critique du régime Pahlavi qui gouvernait l’Iran de manière autoritaire avec le soutien des États-Unis. Il a été emprisonné à plusieurs reprises et exilé pendant quinze années en Irak et en France. Pourtant, sa popularité en tant que guide spirituel n’a cessé de croître.
En 1978, alors qu’il est en exil en France, Khomeyni dirige la Révolution islamique qui renverse le régime Pahlavi. En février 1979, il revient triomphalement en Iran où la population iranienne l’accueille triomphalement.
Khomeyni établi la République islamique en Iran et devient Guide de la Révolution. Il exercera cette fonction jusqu’à sa mort en 1989.
L’Iran a commémoré le 34ème anniversaire de sa disparition
À l’occasion du 34ème anniversaire de son décès, son successeur Ali Khamenei a prononcé un discours au mausolée de l’Imâm Khomeyni à Téhéran. Il décrit le fondateur de la République islamique comme un modèle à suivre pour défendre la justice et la souveraineté.
Il a salué sa mémoire, rappelant sa connaissance religieuse, sa jurisprudence, sa philosophie, son mysticisme, mais également sa foi et sa piété. Son influence ne se limite pas à la Révolution islamique en Iran mais dépasse les frontières du pays.
Trente-quatre ans après son décès, la vie et l’héritage de l’ayatollah Khomeyni continuent d’être une source d’inspiration pour de nombreuses personnes à travers le monde.
L’Iran étant la porte d’entrée vers l’Asie, il est tout à fait naturel que ces mondes entretiennent des relations depuis toujours. Il est d’ailleurs bon de se souvenir que les Iraniens ne se situent pas au Moyen-Orient – appellation d’origine occidentale – mais en Asie du sud-ouest.
L’Iran et la Russie ont franchi une étape majeure cette semaine en approfondissant leurs relations et en contournant les sanctions drastiques imposées à l’Iran. Les deux pays ont signé un accord ferroviaire ambitieux, démontrant ainsi leur volonté de renforcer leur coopération malgré les obstacles économiques.
En parallèle, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a entamé une visite officielle de deux jours à Jakarta, la capitale indonésienne. Cette visite a pour but de renforcer les liens politiques et économiques de la République islamique avec les pays asiatiques.
Quelles relations entre l’Iran et l’Asie ?
Cette politique tournée vers l’Est suscite de nombreuses interrogations. Trop souvent, l’Occident conserve cette image d’un Moyen-Orient strictement séparé de l’Asie. Or, l’Iran est géographiquementla jonction entre ces deux mondes qui ont toujours entretenu des relations et des échanges autant économiques – les Routes de la Soie – que culturelles et et spirituelles – l’invasion mongole du XIIIème siècle.
Morgan Lotz, iranologue et juriste en droit international, livre son analyse au micro de Press TV. L’Iran a longtemps été en proie à des sanctions économiques, principalement imposées par les pays occidentaux. Cette nouvelle politique vise à contourner ces sanctions et à ouvrir des opportunités économiques avec des pays asiatiques, notamment la Russie et l’Indonésie.
L’accord ferroviaire signé entre l’Iran et la Russie revêt une importance particulière. Il permettra de relier les réseaux ferroviaires des deux pays, facilitant ainsi le transport de marchandises entre l’Asie et l’Europe. Cet accord renforce la position géopolitique de l’Iran en tant que plaque tournante des échanges entre l’Est et l’Ouest. En effet, en renforçant sa coopération avec la Russie, l’Iran peut échapper à la dépendance économique vis-à-vis des pays occidentaux et diversifier ses sources de revenus.
Le président iranien en Indonésie
La visite du président iranien en Indonésie est également révélatrice de cette nouvelle politique. L’Indonésie est le plus grand pays musulman au monde et entretient d’étroites relations avec l’Iran depuis de nombreuses années. Cette visite vise à consolider les liens politiques et économiques entre l’Iran et l’Indonésie, mais elle s’inscrit également dans une démarche plus globale de renforcement des relations avec les pays asiatiques. En se rapprochant des pays asiatiques, l’Iran cherche à se positionner comme un acteur régional influent et à renforcer sa présence dans des zones politiquement et économiquement stratégiques.
Les accords économiques et politiques signés avec la Russie et l’Indonésie ouvrent de nouvelles perspectives pour le pays, lui permettant de contourner les sanctions et de renforcer ses partenariats régionaux. Alors que l’Iran continue de chercher des moyens de se développer économiquement malgré les obstacles, cette nouvelle politique poursuit l’ouverture du pays vers de nouveaux horizons.
La dépouille du martyr chrétien assyrien Johnny Bet Oshana a été retrouvée 38 ans après la guerre Iran-par l’Irak (1980-1988).
Âgé de 20 ans, Djâni (transcrit par Johnny) Bet Oshânâ est mort au combat en mars 1985 durant l’opération Badr. Il tomba en martyre à Hour al-Azim, la plus grande zone humide d’eau douce située à la frontière entre l’Iran et l’Irak.
Ses funérailles ont pu avoir lieu le samedi 29 avril 2023 à l’église de Hazrat Yusuf de Téhéran. Les Iraniens de toutes les confessions religieuses sont venus lui rendre hommage.
Malheureusement, aucun de ses proches n’a pu être contacté pour les rites funéraires. Cependant, certains de ses cousins maternels et paternels ont exprimé leur soulagement et leur joie. Ils ont indiqué que ses parents attendirent toute leur vie leur fils et même sa dépouille depuis des années.
Selon la Fondation des martyrs et des anciens combattants, tous les membres de sa famille sont décédés, à l’exception de sa femme et de ses cousins.
Johnny Bet Oshana, un héros chrétien de la République islamique d’Iran
Les funérailles publiques furent organisées le mercredi à Téhéran, suivies d’une cérémonie d’enterrement le vendredi, conformément aux coutumes assyriennes. Une cérémonie eut lieu à l’église téhéranaise de Hazrat Yusuf. Sa dépouille fut ensuite transférée à Islamshahr pour y être inhumée.
L’ayatollah Seyed Ali Khamenei, alors président de la République islamique d’Iran, avait rendu visite aux parents affligés d’Oshana à leur domicile.
Dans un acte de compassion, la mère d’un défenseur des sanctuaires mort en Syrie dans la lutte contre le terrorisme a exprimé lors d’une interview à la télévision son souhait de combler le vide de la mère d’Oshânâ lors de ses funérailles. Elle a également encouragé la population à participer en grand nombre aux funérailles du martyr assyrien afin de compenser l’absence de ses parents et de ses frères et sœurs décédés.
Les minorités religieuses présentes en Iran (les zoroastriens, les juifs et les chrétiens) jouissent de toutes leurs libertés religieuses. Les articles 13 et 14 de la Constitution de la République islamique d’Iran illustrent parfaitement cette réalité.
Zurik Moradian, Vigen Karapetyan (chrétiens arméniens) et Robert Lazarus (chrétien assyrien) figurent parmi les martyrs chrétiens les plus célèbres. Un livre intitulé Martyrs chrétiens iraniens, publié en 2017, raconte la vie de vingt martyrs chrétiens iraniens.
L’armée de l’air iranienne se modernise et présente son aviation à l’occasion d’un défilé aérien ce 18 avril dans le ciel de Téhéran.
Selon le Commandant des Forces aériennes de la République islamique d’Iran, plus de 40 avions de chasse participeront à cet événement, qui marque la Journée nationale de l’armée en Iran. Cette démonstration de force est destinée à affirmer la puissance de la République islamique d’Iran sur la scène internationale.
Interrogé sur la signification de cette manifestation militaire, Morgan Lotz souligne la dimension symbolique de ce défilé aérien. Selon lui, cette démonstration de force militaire est destinée à montrer les capacités de défense de l’Iran. Elle est également un message à destination des adversaires de l’Iran, qui cherche à se faire respecter sur la scène internationale, notamment dans la région du Moyen-Orient, où les tensions géopolitiques sont fortes.
Toutefois, cette manifestation militaire doit être analysée dans un contexte plus large. Depuis plusieurs années, l’aviation iranienne a entrepris une modernisation de son matériel et de ses infrastructures. Cela lui permet de renforcer ses capacités militaires. Selon Morgan Lotz, ces investissements dans l’aviation militaire s’expliquent par le contexte régional instable.
En effet, celui-ci est marqué notamment par les guerres en Syrie et au Yémen. L’aviation russe est intervenue en soutien des Défenseurs du Sanctuaire qui luttaient contre Daech. En effet, les Iraniens maîtrisant le sol mais guère les airs. L’armée de l’air iranienne se modernise parce que le pays a conscience de son retard dans le domaine aérien. La défense iranienne doit être en mesure de se défendre face à d’éventuelles menaces extérieures.
L’armée de l’air iranienne se modernise et établit une dissuasion crédible
Pourtant, l’annonce de ce défilé aérien intervient également dans un contexte diplomatique tendu. Depuis la décision de Donald Trump de retirer les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, les relations entre les deux pays se sont nettement refroidies. Les sanctions économiques imposées par les États-Unis ont affectent l’économie iranienne et suscitent une certaine frustration au sein de la population iranienne qui ne croit plus en la parole des Occidentaux. La démonstration militaire du 18 avril peut s’interpréter comme une réponse à cette pression économique et diplomatique.
Considéré comme un chef-d’œuvre de l’architecture islamique, le dôme de Soltanieh est un magnifique édifice en brique turquoise se trouvant dans la ville de Zandjan. Il est reconnu comme le plus ancien dôme à double coque au monde.
Soltanieh, une ville historique de la province de Tabriz
Soltanieh, ou Sultaniya, (سلطانيه) est une ville située dans le nord-ouest de l’Iran, entre Tabriz et Téhéran. Arghoun, l’ilkhan de Perse, la fonde à la fin du XIIIème siècle. Son fils Oldjaïtou l’élève au statut de capitale en 1304. Cependant, après son décès, la ville perdra de son importance et son statut de capitale.
En 1624, le marchand russe Fédot Afanassiévitch Kotov décrit la ville et son monument dans son ouvrage intitulé Itinéraire de Moscou au royaume de Perse. Soltaniyeh est également la ville natale d’Oulough Beg, le célèbre prince-astronome de Samarcande et petit-fils de Tamerlan, qui y naquit en 1394.
Le dôme de Soltanieh, chef-d’œuvre architecturale de Zandjan
Le principal vestige de Sultanieh est le mausolée de l’Il-Khan Oldjaïtou, connu sous le nom de « Dôme de Soltaniyeh ». Cette structure, construite entre 1302 et 1312, abrite l’un des plus anciens dômes à double coque du monde. Il pèse près de 200 tonnes et s’élève à 49 mètres de sa base.
Son importance dans le monde musulman peut être comparée à celle de la coupole de Brunelleschi à Florence dans l’architecture chrétienne.
Le dôme de Soltaniyeh a ouvert la voie à des constructions en coupole plus audacieuses, comme le mausolée de Khoja Ahmed Yasavi et le Taj Mahal. Bien que la majeure partie de la décoration extérieure soit perdue, l’intérieur conserve de magnifiques mosaïques, faïences et peintures murales.
À l’origine, ce mausolée fut conçu pour abriter les tombeaux des Imams Ali et Hossein, respectivement inhumés à Nadjaf et Karbala. Oldjaïtou voulait ainsi démontrer sa puissance après sa conversion à l’Islam. Cependant, face à l’opposition des religieux, il abandonna ce projet et fit de ce monument son propre mausolée.
En 2005, l’UNESCO inscrit Soltaniyeh comme un site appartenant au Patrimoine mondial.
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Taq-é Bostan est un site historique incontournable témoignant de la splendeur architecturale des Sassanides. Datant des IVème et Vème siècles, ce site remarquable se situe dans la région de Kermanshah. Il comprend deux grottes sculptées, un bas-relief et une source naturelle.
Taq-é Bostan, l’un des nombreux héritages sassanides en Iran
Tâq-é Bostân (تاق بستان) signifie en persan « arche du jardin ». En effet, tâq se traduit par « voûte » ou « arche » et bostân par « jardin ». Niché au pied d’une montagne dans la région de Kermanshah, dans la chaîne du Zagros, son nom provient d’une légende kurde fort célèbre issue du poème de Nizami mettant en scène l’histoire d’amour tragique entre Khosro et Shirin. D’après la légende, les grottes furent sculptées par Farhad, l’amant éperdu de la belle Shirin.
Le site de Taq-é Bostan, marqué par la coexistence d’une source naturelle et d’une montagne, semble avoir toujours revêtu une importance religieuse. Des découvertes archéologiques révélèrent des cimetières préhistoriques sur une colline avoisinante, ainsi que des vestiges parthes sur le sommet de la colline.
La première représentation sculptée s’avère un bas-relief conventionnel d’investiture. Il remonte au règne d’Ardachir II (379-383). Sous son successeur Shapour III (383-388), l’architecture du site s’enrichit avec la construction d’une petite grotte. Cependant, l’œuvre majeure, la grotte principale, date de la fin de la période sassanide, sous le règne de Khosro II (590-628). Il demeure cependant possible que Péroz Ier (459-484) soit le personnage représenté.
Après la domination arabe, les bas-reliefs royaux en Iran ne furent plus réalisés. Cette pratique renaîtra durant l’époque des Qadjars, qui cherchaient à perpétuer les traditions des anciennes dynasties iraniennes. Ainsi, en 1822, un gouverneur local fit graver un bas-relief le représentant à l’intérieur de la grotte principale.
Une restauration de l’entrée de la grotte principale est entreprise au cours du XXème siècle. Le site fut également aménagé avec l’ajout d’un bassin décoratif et d’un jardin mettant en valeur des chapiteaux sassanides provenant de Behistoun.
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Anthologie de la poésie persane (XIème – XXème siècle), de Zabihollah Safâ, est certainement le livre qui nous révèle le mieux ce qu’est véritablement la poésie persane : le Génie et la Beauté.
L’Iran, après son invasion par les Arabes au VIIème siècle, trouve refuge dans l’expression poétique qui est devenue le moyen d’expression le plus approprié à son génie. Originaire du Khorassan, province orientale de l’Iran, la poésie iranienne a prospéré sans interruption depuis plus de mille ans. Dès le XIème siècle, elle transcende les frontières du plateau iranien, influençant les Indes et atteignant même les confins de la Chine, ainsi que l’Asie Mineure. Fusionnant les traditions littéraires préislamiques avec la culture musulmane, elle est devenue l’art le plus accompli de l’Iran islamique.
Cette poésie, d’une diversité épique, lyrique, didactique et narrative, se manifeste à travers de multiples formes. Qu’elle soit légère ou grave, qu’elle narre de grandes histoires ou révèle des confidences intimes, elle révèle, avec une remarquable constance, une certaine manière de percevoir le monde, qui est l’esprit d’un peuple. Présente dans tous les aspects de la vie, elle est également le véhicule de la méditation philosophique. C’est par le langage poétique que les Iraniens ont exprimé leurs idées les plus intérieures.
Anthologie de la poésie persane de Zabihollah Safâ, un ouvrage indispensable
Pendant des siècles, cette poésie a enchanté les cours des princes tout en enflammant les foules mystiques. Chaque Iranien, s’il n’est pas poète lui-même, sait apprécier les vers. Un paradoxe saisissant réside dans le fait que les poètes iraniens les plus raffinés sont également les plus populaires. De nombreux extraits traduits présents dans cet ouvrage sont sur toutes les lèvres et touchent les cœurs. Cette anthologie, classée par ordre chronologique, s’étend sur plus d’un millénaire et présente les poètes iraniens les plus renommés.
La poésie persane demeure donc un trésor inestimable, nourrissant l’âme iranienne depuis des siècles. Elle témoigne de l’essence même du peuple et transcende les barrières temporelles et géographiques.
L’histoire de Maryam Malek Arâ nous dévoile une facette méconnue de l’Iran sur un sujet surprenant pour le lecteur occidental : être transsexuel en Iran.
Le transsexualisme se définit comme le « sentiment éprouvé par le transsexuel d’appartenir au sexe opposé à celui de sa morphologie et de sa physiologie, le menant au désir de changer de sexe. »[1] Juridiquement, il est un « trouble de l’identité sexuelle, caractérisé par une opposition entre d’une part le sexe anatomique, chromosomique et hormonal, et d’autre part, le sexe psychologique et psycho-social. Plus précisément, ce syndrome a été défini par le professeur Küss comme « le sentiment profond inébranlable d’appartenir au sexe opposé », révélant une discordance indépassable entre la dimension subjective du sexe et sa réalité objective. »[2]
Contrairement à ce qui peut être imaginé en Occident, la pratique de la chirurgie de changement de sexe est parfaitement légale en Iran, celle-ci ayant été autorisée par une fatwa de l’ayatollah Khomeyni émise en 1986 et répondant comme remède à ce qui est considéré comme une maladie mentale. Cette fatwa est avant tout une émouvante histoire qui mérite d’être raconté, bien évidemment par nécessité du sérieux scientifique qui encadre la recherche, mais également par son aspect méconnu qui éclaire la figure de l’ayatollah Khomeyni qui demeure encore trop souvent occultée et calomniée.
Maryam Malek Arâ, le premier transsexuel en Iran
Feridoun Malek Arâ naquit à Abkenâr, un village situé près de Bandar Anzali, en 1950. Il devient journaliste à la Radio-télévision nationale iranienne (RTNI) en 1974 et porte déjà à cette époque du maquillage et des vêtements féminins. Il expliquera plus tard :
« J’étais très heureux, mais j’avais une errance mentale et intellectuelle. Parce que j’avais des racines religieuses, je voulais connaître religieusement les conditions et les enjeux de ce travail. [ …] Grâce à mes amis et connaissances de l’IRIB, j’ai pu aller voir la Shahbânou Farah Pahlavi. Elle m’a proposé de rassembler un certain nombre de transsexuels iraniens afin qu’on leur accorde des droits spéciaux, ce que je n’ai malheureusement pas fait. »[3] En réalité, une telle opération fut empêchée par les autorités monarchiques.[4]
Étant une personne religieuse, Malek Arâ souhaite obtenir l’avis d’un clerc qualifié sur la question, il décide alors de rencontrer l’ayatollâh Behbahâni qui effectue une prière dite de l’« istikhâreh », une cérémonie religieuse traditionnelle en Iran qui consiste à ouvrir le Qorân au hasard et interpréter le texte ainsi découvert. Le livre saint s’ouvre sur la 19ème sourate intitulée Maryam, celle-ci contant l’histoire de la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ.[5] Pour l’ayatollâh, c’est le présage que la vie de Feridoun sera une vie semblable à celle de la Vierge, c’est-à-dire une vie de lutte et d’épreuves.
Sur les conseils de l’ayatollah Behbahâni, Feridoun écrit donc à l’ayatollah Khomeyni alors exilé en Irak une lettre en 1975, à propos de laquelle il déclare :
« Je lui ai dit que j’avais toujours eu le sentiment d’être une femme. J’avais écrit que ma mère m’avait dit que même à l’âge de deux ans, elle m’avait trouvé devant le miroir en train de me mettre de la craie sur le visage de la même manière qu’une femme se maquille. Il m’a répondu en disant que je devais suivre les obligations islamiques d’une femme. »[6]
Cette réponse ne le convainc guère, expliquant plus tard : « Mon impression était que la fatwa appartenait à 47 chromosomes (qui ont à l’heure de leur naissance deux sexes). »[7] Il faut comprendre par cette expression les hermaphrodites.
Feridoun se rend à Paris en 1978 dans l’espoir de rencontrer l’ayatollâh Khomeyni alors en exil en France ; il n’y parviendra guère et rentre alors en Iran où, après s’être fait licencié de son emploi, il suivra des traitements hormonaux prodigués par des psychiatres qui tentent alors de le faire revenir à une psychologie d’homme. Cela n’empêche pourtant pas Feridoun de s’acquitter de ses obligations civiques et nationales en participant à l’effort de guerre à partir de 1980 lorsque l’Irak attaque l’Iran. À ce propos, il déclare :
« Quand la guerre a commencé, j’ai fait du bénévolat en soins infirmiers près de la ligne de front. Quand je bandais des hommes blessés, ils avaient parfois l’impression qu’une femme le faisait parce que j’étais plus doux et je les entendais se demander quel genre de personne j’étais. Certains des patients blessés chimiquement avaient des plaies qui devaient être pansées près de leurs aines, et parfois ils laissaient entendre qu’ils avaient des sentiments sexuels pour moi. »[8]
Son dévouement sera remarqué, lui permettant de rencontrer des personnalités susceptibles de l’aider, notamment ‘Ali Akbar Hâshemi Rafsandjâni, à cette époque président de l’Assemblée consultative islamique qui deviendra président de la République islamique d’Iran de 1989 à 1997.
Maryam Malek Arâ et l’ayatollah Khomeyni, une rencontre bouleversante
L’histoire de la rencontre entre Malek Arâ et Khomeyni s’avère un évènement fort méconnu mais pourtant révélateur de la sagesse et de la bonté qu’éprouvait l’ayatollâh pour les gens. Alors que Feridoun écrit en 1984 une nouvelle lettre au guide de la révolution, soutenu par Ahmad Djanati (né en 1927) qui est à cette époque membre du Conseil des Gardiens de la Constitution, la réponse est la même que la précédente formulée en 1975. Feridoun décide donc de rencontrer directement l’ayatollâh Khomeyni afin de lui expliquer son cas.
Un soir durant l’année 1986, vêtu d’un costume d’homme et porteur d’une barbe et d’un Qorân enveloppé dans un drapeau iranien[9], il s’approche de Djamârân, un quartier résidentiel du nord de Téhéran où vit l’ayatollah Khomeyni sous la protection des gardiens de la révolution islamique. Détail qui a son importance, Feridoun porte ses chaussures nouées ensemble par les lacets autour de son cou, rappelant Hour ibn Yazid Riâhi, un compagnon de l’Imâm Hossein présent à Karbalâ’, qui cherchait un abri. Il est naturellement contrôlé par les gardes et c’est Seyed Morteza Shadandideh[10], qui n’est autre que le frère aîné de l’ayatollah Khomeyni, qui l’accompagne à l’intérieur du domicile.
Cependant, le service de sécurité l’attrape et le violente, suspectant que le volume de sa poitrine ne dissimule des explosifs destinés à assassiner le guide de la révolution alors que la guerre imposée par l’Irak à l’Iran dure depuis plusieurs années et que des tentatives d’assassinats contre sa personne ont déjà été déjouées. Il s’avère en fait que ce volume n’est autre qu’un soutien-gorge soutenant une poitrine féminine ; les femmes présentes dans la pièce lui donnent alors un tchador pour se couvrir. C’est alors qu’Ahmad Khomeyni, le fils de l’ayatollah, arrive et dialogue avec Feridoun, dont l’histoire l’émeut. Il décide alors de lui apporter son aide et l’emmène voir son père, devant qui Feridoun s’évanouit sous la pression dû à sa nervosité.
Feridoun, devenu ce soir-là Maryam, déclare à propos de cet évènement :
« C’était le paradis, l’espace, le moment et tout était le paradis pour moi. J’étais dans le couloir et j’ai entendu l’imâm Khomeyni en colère contre ceux qui l’entouraient et crier pourquoi vous traitiez quelqu’un qui s’était réfugié chez nous de cette manière et lui causiez du mal. L’imâm Khomeyni a dit : « C’est le serviteur de Dieu. » L’imâm a consulté trois de ses médecins de confiance et lui a posé des questions sur la différence entre les transsexuels et les problèmes neutres. Après cela, tout a changé pour moi. »[11]
L’ayatollâh Khâmenei, alors président de la République islamique d’Iran, est également présent ce soir-là d’après le témoignage de Maryam :
« Depuis lors, je suis entrée dans le hijab féminin, et le jour où il a émis la fatwa, l’ayatollah Khamenei (alors président) m’a taillé un tchador et m’a fait entrer dans le hijab islamique avec la salutation au Prophète et toutes les félicitations. »[12]
En quittant la maison de Djamârân, Maryam emporte avec elle une lettre de Khomeyni adressée au procureur en chef, cette fatwa lui indiquant l’autorisation religieuse de pouvoir procéder à la chirurgie de changement de sexe par ces mots qui la libérèrent :
« Au nom de Dieu. La chirurgie de changement de sexe n’est pas interdite dans la charia si des médecins fiables le recommandent. Si Dieu le veut (inshallâh), vous serez en sécurité et j’espère que les personnes que vous avez mentionnées pourront s’occuper de votre situation. »
Nous passons volontairement sous silence quelques informations concernant sa vie privée. Maryam Malek Arâ fonde en 1997 un organisme de bienfaisance, le Comité national de protection des malades du trouble de l’identité et des transgenres d’Iran (komiteh-yé keshvari-yé hemâyat âz bimârân-é ekhtelâl-é hoviyati va trâdjensi-yé irân), lui permettant notamment de faire financer son opération par l’État[13] via le Comité de secours de l’Imâm Khomeyni (komiteh-yé emdâd emâm Khomeyni), une organisation religieuse étatique fondée par l’ayatollâh afin de subvenir aux besoins des nécessiteux. Elle fera une seconde opération chirurgicale en Thaïlande en 2001.
Son organisme devient en 2007 la Société deprotection des malades souffrant du troubles de l’identité de genre en Iran(andjoman hemâyat âz bimârân mobtalâ bé ekhtelâlât-é hoviyat-é djensi-é irân)avec l’aide notamment de Zahrâ Shodjâ’i, vice-présidente iranienne des affaires féminines, et ‘Ali Râzini, chef du Tribunal spécial du Clergé.
Maryam Khâtoun Malek Arâ est emporté par un accident vasculaire cérébral le 25 mars 2012. Elle repose dans son village natal d’Abkenâr.
Les droits des transsexuels en Iran
Dans son ouvrage de jurisprudence islamique Tahrir al-vasileh paru en 1964, l’ayatollâh Khomeyni aborde pour la première fois dans la théologie shî’ite la question de la chirurgie de changement de sexe pour confirmer qu’il n’existe aucune restriction religieuse à son encontre :
« Il semble que la chirurgie de changement de sexe pour homme à femme ne soit pas interdite (haram) [dans l’Islam] et vice versa, et il n’est pas non plus interdit à un khuntha (hermaphrodite/intersexué) qui la subit d’être attaché à l’un des sexes [féminin ou masculin]. Et [si l’on demande] une femme/un homme est-il obligé de subir la chirurgie de changement de sexe si la femme trouve en elle-même des désirs [sensuels] similaires aux désirs des hommes ou une preuve de masculinité en elle-même – ou un homme trouve en lui-même des désirs [sensuels] similaires au sexe opposé ou une preuve de féminité en lui-même ? Il semble que [dans un tel cas] si une personne appartient vraiment [physiquement] à un sexe [déterminé], une chirurgie de changement de sexe n’est pas obligatoire (wajib), mais la personne est toujours éligible pour changer son sexe dans le sexe opposé. »[14]
Le changement n’est pas interdit car il ne modifie pas la personne en son essence mais seulement l’apparence physique. L’hodjatoleslâm Mohammad Mehdi Kariminiâ, qui rédigea sa thèse de doctorat sur ce sujet, déclare : « Je veux suggérer que le droit des transsexuels de changer de genre est un droit humain. J’essaie de présenter les transsexuels aux gens à travers mon travail et, en fait, d’éliminer la stigmatisation ou les insultes qui s’attachent parfois à ces personnes. »[15] De plus, M. Alipour souligne la maxime juridique islamique appelée « principe de dominante » (isalt al-taslit), qui édicte le droit et le contrôle de son corps et de ses biens par chacun. Il précise :
« […] il est important de savoir que ce droit dans l’Islam est limité à toutes les possessions qui sont considérées comme rationnelles chez les êtres humains. En effet, changer le corps par la chirurgie est généralement considéré comme rationnel. Sur la base de cette règle, tout le monde peut exercer son droit et, par conséquent, peut changer son corps par la chirurgie (Kharrazi, 1999, p. 24). »[16]
La législation sur les transsexuels en Iran, l’héritage de Maryam Malek Arâ
La loi de protection de la famille de 2012 précise que la demande de changement de sexe est à adressée au tribunal chargé des affaires familial (chapitre 1, paragraphe 18, article 4). La Cour suprême a rendu pour sa part un avis affirmant la compétence des tribunaux pour la modification de l’état civil. Ainsi, les personnes accomplissant une chirurgie de changement de sexe, sous réserve d’une approbation médicale, obtiennent consécutivement la modification de leurs certificat de naissance, papiers d’identité et permis de conduire.
Le Comité de secours de l’Imâm Khomeyni fourni des prêts équivalents à 1200 dollars afin de financer des opérations de changement de sexe, qui sont fréquentes en Iran et attirent même des transsexuels des pays arabes où cela est bien souvent interdit. À noter que le Guide de la Révolution ‘Ali Khâmenei, qui succéda à Rouhollâh Khomeyni en 1989, confirma cette fatwa. L’Iran est d’ailleurs le deuxième pays au monde en matière d’opérations de changement de sexe, après la Thaïlande.[17]
[1] Définition de Transsexualisme, Centre national de Ressources textuelles et lexicales (CNRTL).
[9] دیدار تاریخی یک دوجنس با امام خمینی(ره) + عکس و سند, op. cit.
[10] L’ayatollâh Khomeyni (24 septembre 1902 – 3 juin 1989), avait trois sœurs (Mouloudeh Aghâ Khânom, Fâtemeh Khânom et Aqâzâdeh Khânom) et deux frères : Seyed Morteza Shadandideh (1er avril 1896 – 12 novembre 1996), lui aussi religieux, et Seyed Nourâldin Hindi (19 février 1898 – 21 juillet 1976) qui fut avocat. Ce dernier avait été contraint de quitter son poste de président du palais de justice de Khomeyn sur ordre de Rezâ Shâh qui l’avait fait arrêter en 1924. Après la réforme du kafsh-é hedjâb en 1936 qui interdit les vêtements iraniens et impose par la force les habits occidentaux (Cf. notre livre Les Iraniennes, L’Harmattan, 2022) il sera contraint de porter un costume occidental et une cravate jusqu’à la fin de sa vie, en dépit de ses demandes répétées de pouvoir porter le turban et le ‘aba qui lui furent refusé en raison de son statut de laïc.
Leur différence de nom de famille provient du fait que la loi sur l’état civil, promulguées en 1918 et modifiée par Rezâ Shâh par décret du 10 juin 1928, n’autorisait pas la duplication de noms de famille identiques dans une ville. Mostafavi fut choisi en référence à leur père Seyed Mostafa Mousavi (1861 – assassiné en février 1903) et Hindi en référence à leur grand-père paternel, Seyed Ahmad Hindi, originaire d’Inde.