Catégories
Art et LittératureReligion et Spiritualité

Le Soir d’Ashoura, chef-d’œuvre du peintre Mahmoud Farshtshian

Le Soir d’Ashoura est un tableau réalisé en 1976 par le grand maître Mahmoud Farshtshian. Figurant parmi les œuvres les plus célèbres de ce peintre renommé, Le Soir d’Ashourademeure une œuvre mystique qui ne cesse de fasciner et de bouleverser son admirateur.

Le Soir d’Ashoura - Mahmoud Farshtshian
Le Soir d’Ashoura
Mahmoud Farshtshiān
(1976)

Mahmoud Farshtshian, un maître de la peinture iranienne

Mahmoud Farshtshiân (محمود فرشچیان) naquit à Ispahan le 24 janvier 1930. Son père, représentant des tapis d’Ispahan, le conduisit un jour à l’atelier du peintre Mirzâ Aqâ Emâmi (1881-1955). Cet artiste remarqua ses prédispositions pour la peinture. Après avoir d’abord étudié avec lui et ‘Isa Bahâdori (1906-1986), il obtint son diplôme de l’école des beaux-arts d’Ispahan. Farshtshian se rendit ensuite en Europe pour parfaire ses compétences au conservatoire des beaux-arts. Il passa plusieurs années à étudier les œuvres d’artistes occidentaux dans les musées.

À son retour en Iran, Farshtshian intégra l’Administration générale des beaux-arts de Téhéran. Il fut nommé directeur de l’administration nationale et professeur à la faculté des beaux-arts de l’Université de Téhéran.

Mahmoud Farshtshian en novembre 2023.
(Sources : Persian miniature; Iranians’ exquisite art – Mehr News Agency)

Mahmoud Farshtshian est le créateur d’une école de peinture iranienne qui allie le respect des formes classiques à l’exploration de nouvelles techniques, permettant ainsi d’élargir l’horizon de cet art. En insufflant une nouvelle vie à la peinture iranienne, il enrichit la puissance de son expression en y intégrant la richesse de son histoire en lien avec la poésie et la littérature, lui conférant ainsi une autonomie longtemps négligée. Ses œuvres se caractérisent par leur dynamisme et leur vaste portée évocatrices, mêlant habilement des éléments traditionnels et contemporains à travers des combinaisons de styles uniques.

Farshtshian se distingue par un sens créatif remarquable, une maîtrise des motifs vivants, ainsi que la capacité de créer des espaces fluides et courbes, de dessiner des lignes à la fois douces et fortes, et de composer des couleurs vibrantes. Ses créations représentent une fusion harmonieuse d’originalité et d’innovation, influencées par la poésie classique, la littérature iranienne, le Coran, mais également par les écrits chrétiens et juifs.

Le Soir d’Ashoura de Mahmoud Farshtshian, une œuvre iconique de la peinture iranienne

Inscrit sur la liste des œuvres d’art de l’UNESCO, Le Soir d’Achoura (عصر عاشورا asr-é ashoura) illustre en une scène poignante le chagrin dévastateur de la famille de l’Imâm Hossein, dont le souvenir résonne à travers les âges. Alors que le cheval du IIIèmeImam chiite rentre seul de la bataille de Karbala, tout son être témoigne de la tragédie qui vient de se jouer. Son poil en désordre et la position abattue de sa tête traduisent la douleur et la désolation, tandis que des taches de sang sur son corps évoquent la violence du conflit. Les yeux du cheval, empreints d’une souffrance silencieuse, semblent pleurer la perte de son cavalier, un symbole de foi et de sacrifice.

Auprès de lui, des femmes et des jeunes filles, inclues dans un chœur de lamentations, expriment leur chagrin. Elles rendent ainsi hommage à cet homme qui incarne l’héroïsme et le martyre. La selle en désordre, avec des pigeons transpercés de flèches, souligne l’intensité de la bataille et le chaos qui l’entoura. Cette illustration populaire de l’art iranien trouve une résonance particulière, évoquant avant tout le souvenir sacré de l’Imam Hossein à travers la douleur et la tragédie de son martyre.

À la différence de ses autres créations, Mahmoud Farshtshian choisit d’adopter pour cette œuvre un format horizontal, transmettant une impression d’énergies statiques et évanescentes.

« Trois ans avant la révolution, le jour de l’Ashoura, ma mère m’a dit : « Va écouter le sanctuaire pour que tu puisses entendre quelques mots de jugement. » J’ai dit : « J’ai quelque chose à faire maintenant, et ensuite je partirai. » Je suis allé dans la chambre, mais j’étais moi-même contrarié. J’ai ressenti une sensation étrange, alors j’ai pris ma plume et j’ai commencé à peindre Le Soir d’Achoura. Quand j’ai pris le stylographe, c’est devenu le même tableau qu’il est maintenant, sans aucun changement. Maintenant, quand je regarde ce tableau après trente ans, je vois que si j’avais voulu faire ce travail aujourd’hui, le même tableau aurait toujours été créé, sans aucune modification. Il y a quelque chose dans cette peinture qui me fait pleurer moi-même. »

Interview de Mahmoud Farshtshian, محمود فرشچیان: تماشای «عصر عاشورا» خودم را هم به گریه می اندازد, Rahva, 7 décembre 2011 (https://web.archive.org/web/20120307224820/http://www.rahva.ir/102/23828-%D9%85%D8%AD%D9%85%D9%88%D8%AF-%D9%81%D8%B1%D8%B4%DA%86%DB%8C%D8%A7%D9%86-%D8%AA%D9%85%D8%A7%D8%B4%D8%A7%DB%8C-%C2%AB%D8%B9%D8%B5%D8%B1-%D8%B9%D8%A7%D8%B4%D9%88%D8%B1%D8%A7%C2%BB-%D8%AE%D9%88%D8%AF%D9%85-%D8%B1%D8%A7-%D9%87%D9%85-%D8%A8%D9%87-%DA%AF%D8%B1%DB%8C%D9%87-%D9%85%DB%8C-%D8%A7%D9%86%D8%AF%D8%A7%D8%B2%D8%AF.html).

En 1990, le peintre offrira son tableau au mausolée du VIIIème Imâm Rezâ, situé à Mashhad.

Site officiel de Mahmoud Farshtshian :https://www.farshchianart.com/

Catégories
Bibliotheca iranicaHistoireReligion et Spiritualité

L’Iran face à l’imposture de l’histoire, du Prince Mozaffar Firouz

Le livre L’Iran face à l’imposture de l’histoire publié en 1971 aux éditions de L’Herne par le Prince Mozaffar Firouz est un document capital pour comprendre l’Histoire de l’Iran.

Prince Mozaffar Firouz - L'Iran face à l'imposture de l'histoire

Ancien ministre et vice-président du Conseil de l’Iran, ex-ambassadeur en Union Soviétique, le Prince Firouz aujourd’hui l’un des chefs de la lutte contre l’impérialisme, nous donne une histoire de l’Iran et de son peuple trop souvent ignorée du public européen. S’appuyant sur des documents incontestables, le Prince Firouz nous dit ce que la civilisation occidentale doit à l’Iran tant sur le plan religieux que philosophique. Contrairement à l’enseignement prévalant en occident, il prouve que la religion monothéiste et la pensée occidentale ont leurs racines en Iran et non en Grèce et en Israël.

Mêlé de très près, et durant de longues années, à la vie politique de son pays, il dévoile la mascarade du 2.500e anniversaire de la monarchie et de l’empire célébré à Persépolis. Il dénonce, documents à l’appui, les intrigues de l’impérialisme dans la politique iranienne.

Le Prince Firouz révèle aussi les dessous des tractations diplomatiques entre le gouvernement iranien et Staline qui aboutirent à l’évacuation par les troupes soviétiques du nord de l’Iran après la deuxième guerre mondiale. Il apporte enfin la lumière sur l’ascension et la chute de Mossadegh, héros national de l’Iran.

Quatrième de couverture

Cet ouvrage s’avère capital pour deux raisons. La première, c’est son rappel de certaines vérités historiques trop souvent occultées. La seconde, ce sont ses révélations sur les trahisons de Mohammad Reza Pahlavi envers l’Iran.

Le Prince Firouz rétablit la vérité concernant l’Histoire de l’Iran…

Dans son ouvrage, Mozaffar Firouz (1906-1988) offre une présentation exhaustive de l’histoire politique et philosophique de l’Iran. Il rappelle notamment que la conception monothéiste de la religion et l’éthique morale et sociale de la civilisation occidentale ne sont pas d’origine judéo-hellénique, en dépit de qui est sans cesse rabâché après des siècles de falsification de l’Histoire. Citant les plus éminents chercheurs de son temps, il rappelle que ces concepts sont en réalité purement inspirés de la tradition iranienne et aryenne. En effet, trois siècles avant Abraham, le prophète Zoroastre proclama en Iran l’unité de Dieu et une conception monothéiste de la religion. Il établit également le principe dialectique de la lutte constante entre deux contradictions représentées par le bien et le mal, constituant par là la base de tout progrès spirituel et matériel.

En effet, la pensée spirituelle iranienne inspira les religions occidentales, Ahura Mazda ayant inspiré l’idéal de Jéhovah. En 538 avant Jésus-Christ, la libération par Cyrus des Juifs alors en exil à Babylone permit cette rencontre du monothéisme iranien qui inspirera ses successeurs. Le rôle de l’Iran dans la civilisation islamique est également analysé en détail dans un chapitre où l’auteur met en évidence les liens secrets entre le Zoroastrismeet le Chiisme.

… et dénonce les mensonges du régime de Mohammad Reza Pahlavi

En ce qui concerne l’histoire récente de l’Iran, Mozaffar Firouz dresse un portrait détaillé de son siècle. Il dénonce la politique impérialiste britannique en Iran visant à diviser le pays en deux zones d’influence : russe au nord et britannique au sud. Cette dernière comprenait les champs pétroliers… Ces manœuvres entraînèrent conséquemment de graves difficultés pour l’Iran. Le prince Firouz souhaitait voir son pays recouvrer son indépendance nationale face aux influences anglaises et soviétiques. Il s’engage dans cette voie et s’implique dans l’épopée politique de Mossadegh. Il décrit avec précision ses objectifs, sa détermination et sa chute, qui marqueront la fin (du moins temporaire) de sa carrière politique.

Mozaffar Firouz rétablit également la vérité concernant le coup d’État de 1953. Citant l’historien américain de la CIA Andrew Tully, il rappelle que l’opération TP-AJAX fut entièrement l’œuvre des États-Unis. Cette position marque une rupture avec le Shah. En effet, ce dernier affirmera dans ses mémoires défier quiconque de prouver que le renversement de Mossadegh ne fut pas fondamentalement l’œuvre des Iraniens. Ce que Firouz relève avec brio, avant même les aveux étasuniens sur le sujet…

Enfin, le Prince Firouz démontre que la propagande du régime monarchique de Pahlavi ne repose sur aucune vérité historique. À commencer par la célébration des soi-disant 2500 ans de la monarchie iranienne à Persépolis en 1971.

« Sur les 2500 ans de monarchie et d’empire, comme le prétend la propagande officielle, l’Iran a été sous la domination arabe directe de 624 à 813, soit 171 ans, et sous domination arabe indirecte, gouverné par différentes dynasties mineures dans différentes parties du pays, de 820 à 1258, soit 438 ans. De 1258 à 1500, soit encore 424 ans, l’Iran fut sous le joug mongol et turc jusqu’à l’établissement de la dynastie Safavide en 1502, avec plus tard Ispahan comme capitale. Ainsi donc sur les prétendus 2500 ans d’empire, l’Iran a été en fait 851 ans sous le joug de la domination étrangère. Aucun peuple de l’histoire n’a probablement autant souffert de la domination étrangère et seules la maturité, les traditions et la vitalité de ce grand peuple ont permis sa libération du joug étranger et sa survie en tant qu’entité et état indépendant. »

P. 138.

Il dénonce également l’abandon par Mohammad Reza Pahlavi du territoire de Bahreïn, historiquement iranien. En effet, l’Iran détenait des droits et une réclamation justifiée sur Bahreïn que les Britanniques usurpèrent en 1970. Bahreïn proclame son indépendance le 14 août 1971 et signe un traité d’amitié avec les Britanniques dès le lendemain.

En conclusion

Mozaffar Firouz conclut son livre en s’interrogeant sur l’avenir du monde en général et de l’Iran en particulier. Il pense que seule une nation iranienne indépendante et souveraine peut apporter au monde les valeurs historiques et politiques qu’elle incarne depuis plus de mille ans. Cette attitude est comparable à celle du Général de Gaulle.

Catégories
Religion et Spiritualité

Disparition de Yahia Gouasmi, figure spirituelle chiite en France

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris ce lundi 22 juillet 2024, la disparition de Seyed Yahia Gouasmi, à l’âge de 74 ans. Véritable figure spirituelle chiite en France, il fut aussi un infatigable défenseur des opprimés et des déshérités du monde entier.

Seyed Yahia Gouasmi

C’est avec émotion que Négâh® présente ses condoléances les plus sincères et s’associe à la douleur de sa famille.

Seyed Yahia Gouasmi, un gnostique en quête de Dieu

Yahia Gouasmi naquit le 27 novembre 1949 à Sidi-Bel-Abbès, en Algérie. C’est à l’âge de seize ans qu’il quitte son pays natal pour s’installer à Calais, en France, où il exerce le métier de boucher. Il aura la chance de rencontrer l’ayatollah Khomeyni à Neauphle-le-Château en 1978 et de prier avec lui. Cette rencontre sera déterminante pour lui et suscitera sa vocation spirituelle.

En 1996, il décide de se consacrer aux études religieuses et se rend pour cela à l’Institut al-Mountadhar, situé au Liban. Ses études seront couronnées de succès et Seyed Yahia Gouasmi rentre en France avec le noble dessein de transmettre à son tour un savoir ô combien méconnu. Il fonde pour cela à Grande-Synthe le centre Zahra en 2005.

Seyed Yahia Gouasmi n’a cessé de contribuer à l’étude et la méditation de la Révélation, apportant un regard inédit sur le Coran. Véritable gnostique en quête de sens et de compréhension, il développa également une vision avant-gardiste établissant une correspondance entre la géopolitique et l’eschatologie.

Il fut aussi un homme de conviction qui n’accepta jamais la fatalité et la soumission. Il défendra toute sa vie la cause palestinienne et le dialogue entre les religions, créant notamment l’Alliance stratégique et amicale du judaïsme et de l’islam contre le sionisme en juillet 2008 avec Madame et Monsieur Borreman du Cercle d’études rabbiniques d’Anvers, en Belgique.

Son engagement politique lui causera de nombreux problèmes, et particulièrement la création du Parti antisioniste en février 2009. Le Centre Zahra sera fermé en octobre 2018 et finalement dissout le 20 mars 2019 avec la Fédération chiite de France.

Sa chaîne YouTube :Yahia GOUASMI – YouTube

Son site internet :https://gouasmi.com/

Catégories
Religion et SpiritualitéSociété

La jurisprudence islamique (fiqh)

Toutes les religions disposent de leur propre législation. L’Islam n’échappe pas à cette règle avec la jurisprudence islamique (en arabe فقه, fiqh), équivalente au droit canonique chrétien.

Qu’est-ce que le fiqh ?

Le fiqh, dérivant du verbe arabe signifiant « comprendre », représente l’interprétation temporelle des règles du droit musulman. Traduit en français par « jurisprudence islamique », le fiqhenglobe avant tout une compréhension des aspects juridiques du message de l’Islam délivré par les Quatorze Immaculés. Toutefois, il ne se limite pas à cela et constitue une science vivante et évolutive sur laquelle travaillent les faqih(فقيه), les érudits du fiqh.

répartition géographique école jurisprudence islamique (fiqh)

L’histoire de la jurisprudence islamique (fiqh) demeure, et ce depuis ses origines, marquée par des tensions entre, d’une part, la révélation (naql), et d’autre part, la raison (‘aql). C’est à la fois une théorie idéalisée, construite à partir de principes et de méthodes complexes, et une pratique juridique souple et évolutive.

Diverses écoles ou madhhabs (au singulier مذهب [maḏhab] et au pluriel : مذاهب [maḏâhib], se traduisant en français par « voies ») existent selon les branches de l’Islam. Le sunnisme se divise en quatre rites juridiques : le chaféisme, le hanafisme, le hanbalisme et le malékisme.

Apprendre la jurisprudence islamique

La jurisprudence islamique peut sembler complexe d’un premier abord. Il est toutefois possible de l’apprendre, que l’on soit passionné, étudiant ou tout simplement curieux. L’institut islamique en ligne Razva a conçu des cours de fiqh pour répondre aux besoins des débutants ainsi que des professionnels qui souhaitent étudier la jurisprudence islamique.

Razva propose des cours de fiqh en ligne adaptés à tous les niveaux et à toutes les branches de l’Islam. Les cours se divisent en deux catégories :

Cours de fiqh non déductif

Ces cours se destinent aux débutants qui souhaitent acquérir une compréhension globale de la jurisprudence islamique. Dans ces cours, les professeurs se concentrent principalement sur les avis juridiques, sans entrer dans les détails des argumentations et des déductions.

Cours de fiqh déductif

Ces cours plus avancés s’adressent aux étudiants qui souhaitent approfondir leurs connaissances en matière de jurisprudence islamique. Ces cours se concentrent sur l’analyse des textes juridiques et des arguments pour parvenir à des conclusions juridiques.

Institut islamique en ligne Razva cours de jurisprudence islamique (fiqh)

Que vous soyez débutant ou avancé dans vos études de fiqh, les cours en ligne de Razva vous offrent une opportunité d’apprentissage pratique et approfondie de la jurisprudence islamique.

Catégories
Bibliotheca iranicaReligion et SpiritualitéSociété

Les Juifs en Iran, au-delà des idées reçues

Les Juifs en Iran ont une longue histoire et une présence significative dans le pays depuis plus de deux mille ans. Situé au carrefour de plusieurs mondes, la culture iranienne demeure fortement méconnue et sujette à des stéréotypes et des idées reçues. Ainsi, l’actualité géopolitique des relations entre l’Iran et Israël rendent invisible l’histoire du judaïsme et des Juifs en Iran, au grand dam de ces derniers.

Iranienne juive
Une électrice juive iranienne

Les Juifs en Iran, une présence méconnue

Nombreuses sont les idées reçues sur les Juifs iraniens et la désinformation ne manque malheureusement guère à ce sujet. Le public occidental imagine souvent l’Iran comme un pays hostile aux Israélites en raison de la situation géopolitique entre l’Iran et Israël. Un tel cliché est en réalité totalement faux et mensongers.

Téhéran synagogue
Une synagogue à Téhéran

L’Iran fut de tout temps une terre de spiritualité où se côtoient encore aujourd’hui différentes religions. Les Juifs ne font pas exception et ils demeurent présents en Iran depuis plus de 2000 ans, sans que leur présence ne soit remise en question. Ils jouissent des mêmes droits que les autres minorités religieuses, notamment au parlement au sein duquel ils disposent d’un député pour les représenter. Dénommé Assemblée consultative islamique, celui-ci accueille d’ailleurs un député pour chaque minorité religieuse, à savoir les Zoroastriens, les Chrétiens assyriens, chaldéens et arméniens.

Juifs et Iraniens, une identité particulière

Juifs et Iraniens – La communauté judéo-persane depuis la Révolution en Iran et en Israël, est un livre d’Esther Parisi des plus intéressant pour comprendre l’identité juive en Iran après la Révolution de 1979.

Juifs et Iraniens Esther Parisi
Un livre à découvrir chez L’Harmattan.

La communauté juive en Iran, bien que numériquement faible, fait partie intégrante de l’identité nationale iranienne, caractérisée par la diversité ethnique, religieuse et linguistique héritée d’une histoire plurimillénaire. En Israël également, les Juifs d’origine iranienne font partie d’un mélange de migrants venus en différentes époques et pour diverses raisons. Ils sont à la fois Juifs et Iraniens. Cette identité complexe se trouve d’ailleurs mise à rude épreuve en Israël depuis 1979.

Juifs prière Iran

Cet ouvrage explore la complexité de cette identité, confrontée aux tensions géopolitiques. Mais il étudie surtout les stratégies quotidiennes adoptées par les Juifs en Iran et en Israël pour assumer leur double appartenance nationale et religieuse, tout en préservant leur culture dans des contextes très différents, qu’ils soient islamisés ou en exil.

L’Iran, une terre d’accueil et d’hospitalité pour les Juifs

Téhéran, refuge des Juifs – Étude des migrations juives en Iran de 1890 à 1979, est un livre de Marc Lobit rappelant que les Juifs purent vivre en sécurité, s’épanouir et s’intégrer en Iran.

Téhéran, refuge des Juifs Marc Lobit
Un livre à découvrir chez L’Harmattan.

Contrairement à certaines croyances répandues, l’Iran a accueilli de nombreux Juifs tout au long du 20ème siècle. Alors que leurs coreligionnaires européens subissaient la Shoah ou le régime stalinien et que ceux des pays arabes fuyaient en masse vers Israël, de nombreux Juifs venant de divers pays ont trouvé refuge à Téhéran. Plusieurs milliers d’entre eux furent même sauvés du nazisme par le consul d’Iran à Paris, Abdol-Hossein Sardari, surnommé le « Schindler iranien ».

Juif iranien synagogue

Ce livre explore entre autre un phénomène démographique souvent négligé : les migrations massives des Juifs venant des provinces vers Téhéran. Il documente une période importante durant laquelle les Juifs, malgré les bouleversements historiques, réussirent à trouver leur place au sein de la société iranienne. En s’appuyant sur une méthodologie précise centrée sur les raisons des migrations, cet ouvrage offre une opportunité de revisiter l’histoire tumultueuse de l’Iran, d’Israël et du judaïsme. Il permet également une meilleure compréhension des conflits récents en Asie du sud-ouest et des enjeux religieux et migratoires en général.

Catégories
Bibliotheca iranicaReligion et Spiritualité

En Islam iranien, le chef d’œuvre d’Henry Corbin

Henry Corbin livre dans son œuvre En Islam iranien un travail incontournable pour toute personne intéressée par la richesse et la diversité de la spiritualité en Iran.

Avec sa méthode phénoménologique et son engagement profond envers son objet d’étude, le philosophe permet de découvrir et de comprendre la tradition religieuse et mystique iranienne. Que l’on soit spécialiste en la matière ou simple curieux, ce livre ouvrira de nouvelles perspectives et nourrira l’âme de chaque lecteur en quête de vérité et de sagesse.

L’Iran, dès les premiers jours de la communauté islamique, a joué un rôle majeur en formant un monde propre, avec ses caractéristiques distinctes et une vocation particulière. Pour véritablement comprendre l’univers spirituel iranien, il est important de le considérer dans son ensemble, avant même l’avènement de l’Islam. En effet, l’Iran islamique est depuis toujours la terre natale des plus grands philosophes et mystiques de cette religion.

En Islam iranien, le chef d’œuvre d’Henry Corbin

Le travail d’Henry Corbin s’avère véritablement monumental. Composé de quatre volumes et sept livres, il est le fruit de plus de vingt années de recherches menées directement en Iran.

En islam iranien – tome I : Le Shî'isme duodécimain
En islam iranien – tome I :
Le Shî’isme duodécimain

La méthode de Corbin se veut essentiellement phénoménologique, sans s’attacher à une école doctrinale spécifique. Son objectif est de rencontrer la réalité religieuse en permettant à l’objet religieux de se dévoiler tel qu’il se présente à ceux qui en font l’expérience. Le phénoménologue doit donc devenir l’hôte spirituel de ces personnes et partager avec elles le fardeau de cette expérience. Toute considération historique doit rester ici immanente à cet objet, sans imposer de l’extérieur des catégories étrangères, que ce soit une vision dialectique ou autre.

En islam iranien – tome II : Sohrawardî et les Platoniciens de Perse
En islam iranien – tome II : Sohrawardî et les Platoniciens de Perse

Le premier tome plonge d’abord le lecteur dans l’univers duodécimaindu Shî’isme, l’une des branches principales de l’Islam en Iran. Le deuxième tome explore ensuite l’influence de Sohrawardî et des penseurs platoniciens sur la philosophie et la mystique iraniennes.

En islam iranien – tome III : Les Fidèles d'amour - Shî'isme et soufisme
En islam iranien – tome III : Les Fidèles d’amour – Shî’isme et soufisme

Le troisième tome traite quant à lui de l’interconnexion entre le Shî’isme et le soufisme, deux courants mystiques qui ont profondément marqué l’Iran. Le dernier tome, enfin, met en lumière le rôle de l’école d’Ispahan et de l’école shaykhie dans la spiritualité iranienne. De même, il livre une étude des plus complètes sur la figure du XIIème Imâm.

En islam iranien – tome IV : L'École d'Ispahan - L'École shaykhie - Le Douzième Imâm
En islam iranien – tome IV : L’École d’Ispahan – L’École shaykhie – Le Douzième Imâm

En révélant les racines profondes de la tradition mystique en Iran, Henry Corbin permet aux lecteurs de plonger dans un monde complexe et fascinant, nourri de philosophie, de spiritualité et de poésie.

Catégories
Bibliotheca iranicaFrance-IranReligion et Spiritualité

Le philosophe Christian Jambet élu à l’Académie française

Le philosophe spécialiste du Chiisme Christian Jambet est élu le 8 février 2024 à l’Académie française. Il occupe désormais le 6ème fauteuil, succédant à Marc Fumaroli.

Cette reconnaissance ultime de ses pairs témoigne de son influence et de sa contribution remarquable à la philosophie et aux études islamiques. Christian Jambet continuera ainsi à partager son savoir et son expertise au sein de cette prestigieuse institution, tout en favorisant le dialogue interculturel et en enrichissant les échanges intellectuels entre la France et le monde iranien.

Christian Jambet, du Chiisme à l’Académie française

Né le 23 avril 1949 à Alger, Christian Jambet est un philosophe français reconnu pour ses travaux sur la philosophie islamique, et particulièrement chiite.

Agrégé de philosophie en 1974, il décide ensuite de se former aux sciences religieuses à l’École Pratique des Hautes Études, sous la tutelle de figures éminentes telles que Henry Corbin, Guy Monnot et René Roques. Un séjour en Iran, aux côtés de son maître Henry Corbin, marque un tournant décisif dans sa carrière. Il se consacre alors à l’étude des littératures et des philosophies de langue arabe et persane.

Christian Jambet élu à l'Académie française le 8 février 2024

En 2008, il reçoit le prestigieux World Prize décerné par l’Académie iranienne de philosophie, une reconnaissance notable de son travail et de son engagement. En 2011, il est élu directeur d’études dans la section des sciences religieuses, occupant la chaire de Philosophie en islam. Son expertise est également mise à contribution en tant que membre du Laboratoire d’études des monothéismes du CNRS.

En tant qu’éditeur, il a fondé la collection Islam spirituel aux éditions Verdier, contribuant ainsi à la diffusion d’ouvrages majeurs dans le domaine des études islamiques.

Christian Jambet fut également récipiendaire du Grand Prix de philosophie de l’Académie française en 2017, une distinction honorifique pour l’ensemble de son œuvre. Son travail est salué pour sa profondeur intellectuelle et sa contribution à la compréhension des traditions philosophiques et religieuses de l’Islam.

Catégories
Bibliotheca iranicaReligion et Spiritualité

La sagesse de Jésus-Christ dans la tradition chiite

S’il existe un domaine complètement ignoré en Occident, c’est bien la sagesse de Jésus-Christ rapportée par la tradition chiite. Le livre intitulé Sagesses de Jésus fils de Marie est un recueil de hadiths chiites rapportés par les Quatorze Immaculés. Il offre une perspective unique sur les enseignements et les conseils de Jésus, souvent associés au christianisme mais également présents dans l’Islam chiite.

L’ayatollah Ray Shahri a entrepris un travail de recherche approfondi pour rassembler ces hadiths. Ceux-ci sont des paroles et des actes rapportés par le prophète Mohammad et les Imams chiites. Ces récits permettent de découvrir un aspect moins connu de la figure de Jésus-Christ et de se plonger dans sa sagesse et sa spiritualité.

Sagesse de Jésus-Christ tradition chiite ayatollah Ray Shahri

Les conseils de Jésus, présentés dans ce livre, ont été catégorisés en différentes thématiques. On y retrouve notamment l’unicité (tawhid) l’éthique, la morale, l’adoration et les convictions. Ces catégories permettent aux lecteurs de mieux appréhender et comprendre ses enseignements sur différents aspects de la vie spirituelle.

La tradition chiite rapporte une part méconnue de la sagesse de Jésus-Christ

L’éthique et la morale occupent une place centrale dans les enseignements de Jésus. Ses conseils nous rappellent l’importance de la compassion, de la générosité et de la justice. Il invite à aimer son prochain, à cultiver la bienveillance et à prendre soin des plus vulnérables de la société. Cette sagesse de Jésus-Christ et ses principes éthiques sont universels. Ils trouvent un écho tant dans les enseignements chrétiens que dans la tradition chiite.

Ce livre aborde également l’adoration, un thème essentiel de la foi. Jésus encourage avant tout les croyants à établir une relation intime avec Dieu en se tournant vers Lui avec dévotion et sincérité. Il souligne l’importance de la prière, de la méditation et de la recherche de la proximité divine. Ces conseils rappellent enfin l’importance de la spiritualité dans la vie quotidienne. Ainsi que son impact bénéfique sur notre relation avec le divin.

Le livre Sagesses de Jésus fils de Marie nous offre une plongée fascinante dans les enseignements de Jésus, tels qu’ils sont rapportés par les Imams chiites. Il nous permet de découvrir une facette moins connue du Christ et d’en tirer des leçons intemporelles sur l’éthique, la spiritualité et la foi.

Catégories
Nature et GéographieReligion et Spiritualité

Le Takyeh Moaven al-Molk à Kermanchah

Parmi les monuments religieux de Kermanchah se trouve le Takyeh Moaven al-Molk. Cette ville située dans l’ouest de l’Iran est emblématique de l’histoire et de la culture iraniennes.

Takyeh Moaven al-Molk (Kermanchah)

Kermanchah, une ville iranienne historique

Kermânshâh (کرمانشاه) est l’une des destinations touristiques les plus captivantes de l’ouest de l’Iran. Cette ville, parmi les plus anciennes du pays, se trouve au pied des majestueuses montagnes du Zagros, à une altitude d’environ 1200 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui lui confère un climat tempéré et montagnard.

Kermanshah est réputée pour ses paysages montagneux, l’hospitalité de ses habitants kurdes, ses récits mythologiques iraniens et sa gastronomie savoureuse. Proche de la province du Kordestan, elle représente l’une des plus grandes agglomérations kurdes d’Iran.

Le Takyeh Moaven al-Molk, un monument religieux emblématique de Kermanchah

La ville est également un point de passage pour les pèlerins se rendant à Karbala, notamment durant le pèlerinage d’Arbaïn. Elle est célèbre pour ses mosquées et ses lieux de culte liés aux célébrations du mois de Muharram. Le Takyeh Mo’âven al-Molk (تکیه معاون الملک) se distingue des édifices religieux par sa splendeur. Similaire à un hosseinyeh ou un heyat, cet espace accueille les cérémonies commémoratives en l’honneur du IIIème Imâm Hossein.

Imam Hossein Takyeh Moaven al-Molk (Kermanchah)

L’architecture de ce Tekyeh, datant de l’époque qâdjâre, est remarquable. De magnifiques carreaux ornent les murs des salles de la hosseiniyeh. De plus, l’intérieur des arches est décoré de grands carrelages représentant les cérémonies de deuil de l’Imâm Hossein.

L’abbassiyeh est également un lieu d’une grande beauté. Son vaste espace abrite un bâtiment de deux étages à l’est ainsi qu’un iwan orné de deux colonnes en briques au sud. Ce site se distingue par des carreaux intrigants aux sept couleurs, illustrant des scènes saisissantes telles que le retour du prophète Joseph à Canaan ainsi que l’Imâm Ali et son fils l’Imâm Hossein.

Ce patrimoine historique, avec ses carrelages éblouissants et ses motifs admirables, attire les visiteurs tant d’Iran que des quatre coins du monde.

Catégories
Bibliotheca iranicaReligion et Spiritualité

Les Gathas de Zoroastre, par Khosro Khazai Pardis

Khosro Khazai Pardis présente dans son livre Les Gathas – Le livre sublime de Zarathoustra des textes surgis du plus lointain passé de l’Iran et non des moindre : les paroles de Zoroastre.

Les Gathas Le livre sublime de Zarathoustra Khosro Khazai Pardis

L’histoire des religions nous mène à travers les rituels et les croyances de chaque culture. Parmi les religions du monde, l’une des plus anciennes est le zoroastrisme, fondée par Zarathoustra. Bien que sa présence dans l’histoire des religions soit souvent liée à Nietzsche, Zarathoustra est une figure importante qui laissa une marque indélébile dans l’histoire de la pensée humaine.

Les Gathas, la parole retrouvée de Zoroastre, présentée par Khosro Khazai Pardis

Les Gathas sont les textes sacrés de Zarathoustra, connus également sous le nom de Zoroastre dans la tradition grecque. Ils apportent des éclaircissements quant à l’ampleur de la philosophie zoroastrienne. Khosro Khazai Pardis présente ces textes dans une édition fascinante qui permet de découvrir des aspects essentiels de la foi zoroastrienne.

Zoroastre est considéré comme l’inventeur du monothéisme. Il y a 3700 ans, il prône l’idée d’un Dieu unique qu’il appelle Ahura Mazda. Les Gathas sont construits autour de ce concept. Ils encouragent les hommes et les femmes à s’engager dans une vie juste. Zarathoustra dénonce également la corruption des élites politiques et religieuses, les faux dieux et les sacrifices sanglants, faisant de lui un prophète qui prône l’amour et la simplicité de l’existence.

Malgré l’impact qu’a eu Zarathoustra sur l’histoire des religions et la philosophie, il fut presque ignoré par la plupart des cultures. Les Gathas furent ainsi oubliés, notamment en raison de la complexité de leur langue.

France Culture, For Intérieur, émission du 3 juin 2011. Avec Khosro Khazaï Pardis, historien directeur du Centre Européen d’Etudes Zoroastriennes à Bruxelles.

Les Gathas offrent un regard moderne sur le zoroastrisme et sa philosophie. Ils abordent les notions fondamentales de paradis, d’enfer et de royaume de Dieu. Celles-ci inspirèrent notamment des philosophes grecs comme Platon. Le judaïsme et le christianisme ont également puisé dans les textes sacrés de Zarathoustra. À travers cette édition des Gathas, Khazai Pardis livre son expertise afin d’expliquer l’histoire, la philosophie et l’influence de la religion zoroastrienne à travers les siècles.

À découvrir : En Iran, la lumineuse ferveur des Zoroastriens