Catégories
Religion et SpiritualitéSociété

La jurisprudence islamique (fiqh)

Toutes les religions disposent de leur propre législation. L’Islam n’échappe pas à cette règle avec la jurisprudence islamique (en arabe فقه, fiqh), équivalente au droit canonique chrétien.

Qu’est-ce que le fiqh ?

Le fiqh, dérivant du verbe arabe signifiant « comprendre », représente l’interprétation temporelle des règles du droit musulman. Traduit en français par « jurisprudence islamique », le fiqhenglobe avant tout une compréhension des aspects juridiques du message de l’Islam délivré par les Quatorze Immaculés. Toutefois, il ne se limite pas à cela et constitue une science vivante et évolutive sur laquelle travaillent les faqih(فقيه), les érudits du fiqh.

répartition géographique école jurisprudence islamique (fiqh)

L’histoire de la jurisprudence islamique (fiqh) demeure, et ce depuis ses origines, marquée par des tensions entre, d’une part, la révélation (naql), et d’autre part, la raison (‘aql). C’est à la fois une théorie idéalisée, construite à partir de principes et de méthodes complexes, et une pratique juridique souple et évolutive.

Diverses écoles ou madhhabs (au singulier مذهب [maḏhab] et au pluriel : مذاهب [maḏâhib], se traduisant en français par « voies ») existent selon les branches de l’Islam. Le sunnisme se divise en quatre rites juridiques : le chaféisme, le hanafisme, le hanbalisme et le malékisme.

Apprendre la jurisprudence islamique

La jurisprudence islamique peut sembler complexe d’un premier abord. Il est toutefois possible de l’apprendre, que l’on soit passionné, étudiant ou tout simplement curieux. L’institut islamique en ligne Razva a conçu des cours de fiqh pour répondre aux besoins des débutants ainsi que des professionnels qui souhaitent étudier la jurisprudence islamique.

Razva propose des cours de fiqh en ligne adaptés à tous les niveaux et à toutes les branches de l’Islam. Les cours se divisent en deux catégories :

Cours de fiqh non déductif

Ces cours se destinent aux débutants qui souhaitent acquérir une compréhension globale de la jurisprudence islamique. Dans ces cours, les professeurs se concentrent principalement sur les avis juridiques, sans entrer dans les détails des argumentations et des déductions.

Cours de fiqh déductif

Ces cours plus avancés s’adressent aux étudiants qui souhaitent approfondir leurs connaissances en matière de jurisprudence islamique. Ces cours se concentrent sur l’analyse des textes juridiques et des arguments pour parvenir à des conclusions juridiques.

Institut islamique en ligne Razva cours de jurisprudence islamique (fiqh)

Que vous soyez débutant ou avancé dans vos études de fiqh, les cours en ligne de Razva vous offrent une opportunité d’apprentissage pratique et approfondie de la jurisprudence islamique.

Catégories
Bibliotheca iranicaReligion et SpiritualitéSociété

Les Juifs en Iran, au-delà des idées reçues

Les Juifs en Iran ont une longue histoire et une présence significative dans le pays depuis plus de deux mille ans. Situé au carrefour de plusieurs mondes, la culture iranienne demeure fortement méconnue et sujette à des stéréotypes et des idées reçues. Ainsi, l’actualité géopolitique des relations entre l’Iran et Israël rendent invisible l’histoire du judaïsme et des Juifs en Iran, au grand dam de ces derniers.

Iranienne juive
Une électrice juive iranienne

Les Juifs en Iran, une présence méconnue

Nombreuses sont les idées reçues sur les Juifs iraniens et la désinformation ne manque malheureusement guère à ce sujet. Le public occidental imagine souvent l’Iran comme un pays hostile aux Israélites en raison de la situation géopolitique entre l’Iran et Israël. Un tel cliché est en réalité totalement faux et mensongers.

Téhéran synagogue
Une synagogue à Téhéran

L’Iran fut de tout temps une terre de spiritualité où se côtoient encore aujourd’hui différentes religions. Les Juifs ne font pas exception et ils demeurent présents en Iran depuis plus de 2000 ans, sans que leur présence ne soit remise en question. Ils jouissent des mêmes droits que les autres minorités religieuses, notamment au parlement au sein duquel ils disposent d’un député pour les représenter. Dénommé Assemblée consultative islamique, celui-ci accueille d’ailleurs un député pour chaque minorité religieuse, à savoir les Zoroastriens, les Chrétiens assyriens, chaldéens et arméniens.

Juifs et Iraniens, une identité particulière

Juifs et Iraniens – La communauté judéo-persane depuis la Révolution en Iran et en Israël, est un livre d’Esther Parisi des plus intéressant pour comprendre l’identité juive en Iran après la Révolution de 1979.

Juifs et Iraniens Esther Parisi
Un livre à découvrir chez L’Harmattan.

La communauté juive en Iran, bien que numériquement faible, fait partie intégrante de l’identité nationale iranienne, caractérisée par la diversité ethnique, religieuse et linguistique héritée d’une histoire plurimillénaire. En Israël également, les Juifs d’origine iranienne font partie d’un mélange de migrants venus en différentes époques et pour diverses raisons. Ils sont à la fois Juifs et Iraniens. Cette identité complexe se trouve d’ailleurs mise à rude épreuve en Israël depuis 1979.

Juifs prière Iran

Cet ouvrage explore la complexité de cette identité, confrontée aux tensions géopolitiques. Mais il étudie surtout les stratégies quotidiennes adoptées par les Juifs en Iran et en Israël pour assumer leur double appartenance nationale et religieuse, tout en préservant leur culture dans des contextes très différents, qu’ils soient islamisés ou en exil.

L’Iran, une terre d’accueil et d’hospitalité pour les Juifs

Téhéran, refuge des Juifs – Étude des migrations juives en Iran de 1890 à 1979, est un livre de Marc Lobit rappelant que les Juifs purent vivre en sécurité, s’épanouir et s’intégrer en Iran.

Téhéran, refuge des Juifs Marc Lobit
Un livre à découvrir chez L’Harmattan.

Contrairement à certaines croyances répandues, l’Iran a accueilli de nombreux Juifs tout au long du 20ème siècle. Alors que leurs coreligionnaires européens subissaient la Shoah ou le régime stalinien et que ceux des pays arabes fuyaient en masse vers Israël, de nombreux Juifs venant de divers pays ont trouvé refuge à Téhéran. Plusieurs milliers d’entre eux furent même sauvés du nazisme par le consul d’Iran à Paris, Abdol-Hossein Sardari, surnommé le « Schindler iranien ».

Juif iranien synagogue

Ce livre explore entre autre un phénomène démographique souvent négligé : les migrations massives des Juifs venant des provinces vers Téhéran. Il documente une période importante durant laquelle les Juifs, malgré les bouleversements historiques, réussirent à trouver leur place au sein de la société iranienne. En s’appuyant sur une méthodologie précise centrée sur les raisons des migrations, cet ouvrage offre une opportunité de revisiter l’histoire tumultueuse de l’Iran, d’Israël et du judaïsme. Il permet également une meilleure compréhension des conflits récents en Asie du sud-ouest et des enjeux religieux et migratoires en général.

Catégories
Bibliotheca iranicaReligion et Spiritualité

En Islam iranien, le chef d’œuvre d’Henry Corbin

Henry Corbin livre dans son œuvre En Islam iranien un travail incontournable pour toute personne intéressée par la richesse et la diversité de la spiritualité en Iran.

Avec sa méthode phénoménologique et son engagement profond envers son objet d’étude, le philosophe permet de découvrir et de comprendre la tradition religieuse et mystique iranienne. Que l’on soit spécialiste en la matière ou simple curieux, ce livre ouvrira de nouvelles perspectives et nourrira l’âme de chaque lecteur en quête de vérité et de sagesse.

L’Iran, dès les premiers jours de la communauté islamique, a joué un rôle majeur en formant un monde propre, avec ses caractéristiques distinctes et une vocation particulière. Pour véritablement comprendre l’univers spirituel iranien, il est important de le considérer dans son ensemble, avant même l’avènement de l’Islam. En effet, l’Iran islamique est depuis toujours la terre natale des plus grands philosophes et mystiques de cette religion.

En Islam iranien, le chef d’œuvre d’Henry Corbin

Le travail d’Henry Corbin s’avère véritablement monumental. Composé de quatre volumes et sept livres, il est le fruit de plus de vingt années de recherches menées directement en Iran.

En islam iranien – tome I : Le Shî'isme duodécimain
En islam iranien – tome I :
Le Shî’isme duodécimain

La méthode de Corbin se veut essentiellement phénoménologique, sans s’attacher à une école doctrinale spécifique. Son objectif est de rencontrer la réalité religieuse en permettant à l’objet religieux de se dévoiler tel qu’il se présente à ceux qui en font l’expérience. Le phénoménologue doit donc devenir l’hôte spirituel de ces personnes et partager avec elles le fardeau de cette expérience. Toute considération historique doit rester ici immanente à cet objet, sans imposer de l’extérieur des catégories étrangères, que ce soit une vision dialectique ou autre.

En islam iranien – tome II : Sohrawardî et les Platoniciens de Perse
En islam iranien – tome II : Sohrawardî et les Platoniciens de Perse

Le premier tome plonge d’abord le lecteur dans l’univers duodécimaindu Shî’isme, l’une des branches principales de l’Islam en Iran. Le deuxième tome explore ensuite l’influence de Sohrawardî et des penseurs platoniciens sur la philosophie et la mystique iraniennes.

En islam iranien – tome III : Les Fidèles d'amour - Shî'isme et soufisme
En islam iranien – tome III : Les Fidèles d’amour – Shî’isme et soufisme

Le troisième tome traite quant à lui de l’interconnexion entre le Shî’isme et le soufisme, deux courants mystiques qui ont profondément marqué l’Iran. Le dernier tome, enfin, met en lumière le rôle de l’école d’Ispahan et de l’école shaykhie dans la spiritualité iranienne. De même, il livre une étude des plus complètes sur la figure du XIIème Imâm.

En islam iranien – tome IV : L'École d'Ispahan - L'École shaykhie - Le Douzième Imâm
En islam iranien – tome IV : L’École d’Ispahan – L’École shaykhie – Le Douzième Imâm

En révélant les racines profondes de la tradition mystique en Iran, Henry Corbin permet aux lecteurs de plonger dans un monde complexe et fascinant, nourri de philosophie, de spiritualité et de poésie.

Catégories
Bibliotheca iranicaFrance-IranReligion et Spiritualité

Le philosophe Christian Jambet élu à l’Académie française

Le philosophe spécialiste du Chiisme Christian Jambet est élu le 8 février 2024 à l’Académie française. Il occupe désormais le 6ème fauteuil, succédant à Marc Fumaroli.

Cette reconnaissance ultime de ses pairs témoigne de son influence et de sa contribution remarquable à la philosophie et aux études islamiques. Christian Jambet continuera ainsi à partager son savoir et son expertise au sein de cette prestigieuse institution, tout en favorisant le dialogue interculturel et en enrichissant les échanges intellectuels entre la France et le monde iranien.

Christian Jambet, du Chiisme à l’Académie française

Né le 23 avril 1949 à Alger, Christian Jambet est un philosophe français reconnu pour ses travaux sur la philosophie islamique, et particulièrement chiite.

Agrégé de philosophie en 1974, il décide ensuite de se former aux sciences religieuses à l’École Pratique des Hautes Études, sous la tutelle de figures éminentes telles que Henry Corbin, Guy Monnot et René Roques. Un séjour en Iran, aux côtés de son maître Henry Corbin, marque un tournant décisif dans sa carrière. Il se consacre alors à l’étude des littératures et des philosophies de langue arabe et persane.

Christian Jambet élu à l'Académie française le 8 février 2024

En 2008, il reçoit le prestigieux World Prize décerné par l’Académie iranienne de philosophie, une reconnaissance notable de son travail et de son engagement. En 2011, il est élu directeur d’études dans la section des sciences religieuses, occupant la chaire de Philosophie en islam. Son expertise est également mise à contribution en tant que membre du Laboratoire d’études des monothéismes du CNRS.

En tant qu’éditeur, il a fondé la collection Islam spirituel aux éditions Verdier, contribuant ainsi à la diffusion d’ouvrages majeurs dans le domaine des études islamiques.

Christian Jambet fut également récipiendaire du Grand Prix de philosophie de l’Académie française en 2017, une distinction honorifique pour l’ensemble de son œuvre. Son travail est salué pour sa profondeur intellectuelle et sa contribution à la compréhension des traditions philosophiques et religieuses de l’Islam.

Catégories
Bibliotheca iranicaReligion et Spiritualité

La sagesse de Jésus-Christ dans la tradition chiite

S’il existe un domaine complètement ignoré en Occident, c’est bien la sagesse de Jésus-Christ rapportée par la tradition chiite. Le livre intitulé Sagesses de Jésus fils de Marie est un recueil de hadiths chiites rapportés par les Quatorze Immaculés. Il offre une perspective unique sur les enseignements et les conseils de Jésus, souvent associés au christianisme mais également présents dans l’Islam chiite.

L’ayatollah Ray Shahri a entrepris un travail de recherche approfondi pour rassembler ces hadiths. Ceux-ci sont des paroles et des actes rapportés par le prophète Mohammad et les Imams chiites. Ces récits permettent de découvrir un aspect moins connu de la figure de Jésus-Christ et de se plonger dans sa sagesse et sa spiritualité.

Sagesse de Jésus-Christ tradition chiite ayatollah Ray Shahri

Les conseils de Jésus, présentés dans ce livre, ont été catégorisés en différentes thématiques. On y retrouve notamment l’unicité (tawhid) l’éthique, la morale, l’adoration et les convictions. Ces catégories permettent aux lecteurs de mieux appréhender et comprendre ses enseignements sur différents aspects de la vie spirituelle.

La tradition chiite rapporte une part méconnue de la sagesse de Jésus-Christ

L’éthique et la morale occupent une place centrale dans les enseignements de Jésus. Ses conseils nous rappellent l’importance de la compassion, de la générosité et de la justice. Il invite à aimer son prochain, à cultiver la bienveillance et à prendre soin des plus vulnérables de la société. Cette sagesse de Jésus-Christ et ses principes éthiques sont universels. Ils trouvent un écho tant dans les enseignements chrétiens que dans la tradition chiite.

Ce livre aborde également l’adoration, un thème essentiel de la foi. Jésus encourage avant tout les croyants à établir une relation intime avec Dieu en se tournant vers Lui avec dévotion et sincérité. Il souligne l’importance de la prière, de la méditation et de la recherche de la proximité divine. Ces conseils rappellent enfin l’importance de la spiritualité dans la vie quotidienne. Ainsi que son impact bénéfique sur notre relation avec le divin.

Le livre Sagesses de Jésus fils de Marie nous offre une plongée fascinante dans les enseignements de Jésus, tels qu’ils sont rapportés par les Imams chiites. Il nous permet de découvrir une facette moins connue du Christ et d’en tirer des leçons intemporelles sur l’éthique, la spiritualité et la foi.

Catégories
Bibliotheca iranicaReligion et Spiritualité

Les Gathas de Zoroastre, par Khosro Khazai Pardis

Khosro Khazai Pardis présente dans son livre Les Gathas – Le livre sublime de Zarathoustra des textes surgis du plus lointain passé de l’Iran et non des moindre : les paroles de Zoroastre.

Les Gathas Le livre sublime de Zarathoustra Khosro Khazai Pardis

L’histoire des religions nous mène à travers les rituels et les croyances de chaque culture. Parmi les religions du monde, l’une des plus anciennes est le zoroastrisme, fondée par Zarathoustra. Bien que sa présence dans l’histoire des religions soit souvent liée à Nietzsche, Zarathoustra est une figure importante qui laissa une marque indélébile dans l’histoire de la pensée humaine.

Les Gathas, la parole retrouvée de Zoroastre, présentée par Khosro Khazai Pardis

Les Gathas sont les textes sacrés de Zarathoustra, connus également sous le nom de Zoroastre dans la tradition grecque. Ils apportent des éclaircissements quant à l’ampleur de la philosophie zoroastrienne. Khosro Khazai Pardis présente ces textes dans une édition fascinante qui permet de découvrir des aspects essentiels de la foi zoroastrienne.

Zoroastre est considéré comme l’inventeur du monothéisme. Il y a 3700 ans, il prône l’idée d’un Dieu unique qu’il appelle Ahura Mazda. Les Gathas sont construits autour de ce concept. Ils encouragent les hommes et les femmes à s’engager dans une vie juste. Zarathoustra dénonce également la corruption des élites politiques et religieuses, les faux dieux et les sacrifices sanglants, faisant de lui un prophète qui prône l’amour et la simplicité de l’existence.

Malgré l’impact qu’a eu Zarathoustra sur l’histoire des religions et la philosophie, il fut presque ignoré par la plupart des cultures. Les Gathas furent ainsi oubliés, notamment en raison de la complexité de leur langue.

France Culture, For Intérieur, émission du 3 juin 2011. Avec Khosro Khazaï Pardis, historien directeur du Centre Européen d’Etudes Zoroastriennes à Bruxelles.

Les Gathas offrent un regard moderne sur le zoroastrisme et sa philosophie. Ils abordent les notions fondamentales de paradis, d’enfer et de royaume de Dieu. Celles-ci inspirèrent notamment des philosophes grecs comme Platon. Le judaïsme et le christianisme ont également puisé dans les textes sacrés de Zarathoustra. À travers cette édition des Gathas, Khazai Pardis livre son expertise afin d’expliquer l’histoire, la philosophie et l’influence de la religion zoroastrienne à travers les siècles.

À découvrir : En Iran, la lumineuse ferveur des Zoroastriens

Catégories
HistoireReligion et SpiritualitéSociété

La célébration d’Achoura en 2023

La célébration d’Achoura a lieu cette année 2023 le 28 juillet. Il s’agit d’un temps chargé de sens pour les Chiites. En effet, le mois de moharramest marqué par la commémoration du martyre de l’Imâm Hossein ibn Ali, le petit-fils du Prophète Mohammad, et de ses compagnons à Karbala, en l’an 680.

C’est l’occasion pour l’iranologue et spécialiste du Chiisme Morgan Lotz de revenir sur cet évènement au micro de Press TV. L’événement tragique qui eut lieu à Karbala a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’Islam et revêt une importance particulière.

célébration Achoura à Karbala en 2014
Célébration d’Achoura devant le mausolée de l’Imâm Hossein situé à Karbala (Irak)

Morgan est l’auteur de plusieurs travaux sur la foi et plus particulièrement le Chiisme. Son livre La Voie vers le Divin étudie notamment les notions du vocabulaire spirituel dans philosophie occidentale. D’autres de ses travaux éclairent des aspects de la spiritualité chiite comme la symbolique du martyre de l’Imâm Hossein.

Que signifie la célébration d’Achoura en 2023 ?

Ces cérémonies sont tout d’abord l’occasion de se rappeler avec émotion les souffrances subies par l’Imâm Hossein et sa famille. Ils rappellent les leçons de courage, de sacrifice et de résistance face à l’injustice.

Les principales cérémonies de cette journée de célébration d’Achoura sont marquées par des expressions publiques de deuil. Les processions s’accompagnent notamment des chants de lamentation et des mistères retraçant les événements tragiques de Karbala.

La lutte pour la justice et la vérité menée par le IIIème Imâm et ses compagnons contre le régime tyrannique de Yazid, le dirigeant omeyyade corrompu de l’époque, est un exemple vivant des valeurs profondes de l’Islam. Les Chiites, dont Henry Corbin étudia la religion, se rappellent avec émotion les sacrifices consentis par le Prince des Martyrs et ses compagnons. Commémorer cet évènement permet de réaffirmer leur engagement envers les principes d’équité, de justice et de vérité qu’ils ont défendus.

Catégories
HistoireReligion et SpiritualitéSociété

Les minorités religieuses pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988)

L’Iran a connu de 1980 à 1988 une guerre de huit années durant laquelle l’ensemble de sa population participa activement à la défense nationale, et notamment les minorités religieuses zoroastrienne, juive et chrétienne.

L’Irak déclare la guerre à l’Iran le 22 septembre 1980. Cette guerre imposée par l’Irak baathiste de Saddam Hussein est connue en Iran sous le nom de « guerre imposée » (جنگ تحمیلی, djang-é tahmili) ou « Défense sacrée » (دفاع مقدس, defā’é moqadas). Il s’agit de la plus longue guerre du XXème siècle.

Pierre Razoux note à propos de ce conflit :

« Cet affrontement dantesque a mobilisé simultanément jusqu’à 2 millions de soldats, 10 000 blindés (dont une moitié de chars), 4 000 pièces d’artillerie et un millier d’aéronefs. Il symbolise à lui seul un condensé de la guerre au XXème siècle, car il comporte des éléments de ressemblance aussi bien avec la Première Guerre mondiale (combat de tranchées, recours aux vagues humaines et aux gaz de combat), qu’avec la Seconde Guerre mondiale (utilisation des blindés, bombardement des villes, guerre économique), ou bien encore avec le conflit israélo-arabe (batailles aériennes de jets au-dessus du désert, utilisation extensive des missiles) et les guerres insurrectionnelles de type Algérie et Vietnam (embuscades dans les djebels rocailleux, infiltration à travers les marécages). Les techniques de combat les plus prosaïques ont côtoyé les plus sophistiquées. »

Pierre Razoux, La guerre Iran-Irak 1980-1988, Perrin, col. Tempus, pp. 727-728.

Les minorités religieuses engagées pour défendre l’Iran

Le début du conflit a provoqué une mobilisation de la population iranienne, y compris parmi les différents groupes religieux présents dans le pays. L’archevêque Ardak Manoukian a exprimé son soutien à l’ayatollah Khomeyni et a déclaré être prêt à combattre l’ennemi. Malheureusement, cette guerre n’a pas épargné les communautés religieuses en Iran.

Parmi les victimes de la guerre, on compte 90 chrétiens tués, 295 blessés et 58 faits prisonniers. Les juifs ont également subi des pertes importantes, avec 11 personnes tuées, 328 blessées et 34 faits prisonniers. Les zoroastriens, une autre minorité religieuse en Iran, ont également souffert, avec 32 morts et 209 blessés.

Cette vidéo fut censurée par YouTube.

Ces pertes parmi les différentes communautés religieuses témoignent de l’impact dévastateur de la guerre sur la société iranienne. Mais elles démontrent également l’unité des Iraniens au-delà de leurs confessions religieuses.

Les conséquences humaines de ce conflit sont incommensurables. Près d’un million de vies ont été perdues, un nombre incalculable de familles détruites et d’individus handicapés à vie. De plus, l’Irak commis des crimes de guerre avec la bénédiction des pays occidentaux et la cécité des Nations-Unies. Notamment avec l’utilisation de gaz de combats contre la population civile iranienne ou bien encore la destruction par les Américains du vol civil Iran Air 655 le 3 juillet 1988. Ces crimes de guerre sont à l’heure actuelle toujours impunis.

Il est important de se rappeler ces chiffres et de reconnaître les sacrifices consentis lors de cette guerre. Les souffrances du peuple iranien, ainsi que des différentes communautés religieuses touchées, ne sont pas oubliées. La mémoire de ce conflit demeure présente parmi la population iranienne, en témoigne les obsèques de Djâni Bet Oshânâ en avril 2023.

Catégories
HistoireReligion et SpiritualitéSociété

Le 3 juin 1989, décès de l’ayatollah Khomeyni

Le 3 juin 1989, le décès l’ayatollah Rouhollah Mousavi Khomeyni, fondateur de la République islamique d’Iran, plongeait le monde dans le chagrin.

Khomeyni, portrait de Mohammad Sayyad
L’ayatollah Khomeyni, photographié par Mohammad Sayyad.

L’iranologue Morgan Lotz, spécialiste du Chiisme et de l’Iran, revient sur l’œuvre de l’ayatollah Khomeyni, son engagement et son héritage qui ne cessent d’influencer les aspirations de nombreux individus en Iran et au-delà.

Qui était l’ayatollah Khomeyni ?

Né en 1902 dans la ville de Khomeyn, en Iran, Rouhollah Mousavi Khomeyni est issu d’une famille religieuse. Il se tourne rapidement vers les études théologiques et devient clerc. Homme de Dieu, il devient également professeur de philosophie, admirant particulièrement Platon qui nourrira sa réflexion.

Pendant des décennies, Khomeyni a été critique du régime Pahlavi qui gouvernait l’Iran de manière autoritaire avec le soutien des États-Unis. Il a été emprisonné à plusieurs reprises et exilé pendant quinze années en Irak et en France. Pourtant, sa popularité en tant que guide spirituel n’a cessé de croître.

En 1978, alors qu’il est en exil en France, Khomeyni dirige la Révolution islamique qui renverse le régime Pahlavi. En février 1979, il revient triomphalement en Iran où la population iranienne l’accueille triomphalement.

Khomeyni établi la République islamique en Iran et devient Guide de la Révolution. Il exercera cette fonction jusqu’à sa mort en 1989.

L’Iran a commémoré le 34ème anniversaire de sa disparition

À l’occasion du 34ème anniversaire de son décès, son successeur Ali Khamenei a prononcé un discours au mausolée de l’Imâm Khomeyni à Téhéran. Il décrit le fondateur de la République islamique comme un modèle à suivre pour défendre la justice et la souveraineté.

Il a salué sa mémoire, rappelant sa connaissance religieuse, sa jurisprudence, sa philosophie, son mysticisme, mais également sa foi et sa piété. Son influence ne se limite pas à la Révolution islamique en Iran mais dépasse les frontières du pays.

Trente-quatre ans après son décès, la vie et l’héritage de l’ayatollah Khomeyni continuent d’être une source d’inspiration pour de nombreuses personnes à travers le monde.

Catégories
HistoireReligion et SpiritualitéSociété

Johnny Bet Oshana, martyr chrétien de la guerre Iran-Irak

La dépouille du martyr chrétien assyrien Johnny Bet Oshana a été retrouvée 38 ans après la guerre Iran-par l’Irak (1980-1988).

Âgé de 20 ans, Djâni (transcrit par Johnny) Bet Oshânâ est mort au combat en mars 1985 durant l’opération Badr. Il tomba en martyre à Hour al-Azim, la plus grande zone humide d’eau douce située à la frontière entre l’Iran et l’Irak.

Johnny Bet Oshana chrétien martyr guerre Iran Irak

Ses funérailles ont pu avoir lieu le samedi 29 avril 2023 à l’église de Hazrat Yusuf de Téhéran. Les Iraniens de toutes les confessions religieuses sont venus lui rendre hommage.

Malheureusement, aucun de ses proches n’a pu être contacté pour les rites funéraires. Cependant, certains de ses cousins maternels et paternels ont exprimé leur soulagement et leur joie. Ils ont indiqué que ses parents attendirent toute leur vie leur fils et même sa dépouille depuis des années.

Selon la Fondation des martyrs et des anciens combattants, tous les membres de sa famille sont décédés, à l’exception de sa femme et de ses cousins.

Johnny Bet Oshana, un héros chrétien de la République islamique d’Iran

Les funérailles publiques furent organisées le mercredi à Téhéran, suivies d’une cérémonie d’enterrement le vendredi, conformément aux coutumes assyriennes. Une cérémonie eut lieu à l’église téhéranaise de Hazrat Yusuf. Sa dépouille fut ensuite transférée à Islamshahr pour y être inhumée.

Cette vidéo fut censurée deux fois par YouTube.

Durant la guerre imposée à l’Iran par l’Irak, de nombreux Iraniens de toutes les confessions religieuses se sont portés volontaires pour combattre. Ils démontrent ainsi leur grand patriotisme et la solidarité nationale exemplaire des Iraniens.

L’ayatollah Seyed Ali Khamenei, alors président de la République islamique d’Iran, avait rendu visite aux parents affligés d’Oshana à leur domicile.

Dans un acte de compassion, la mère d’un défenseur des sanctuaires mort en Syrie dans la lutte contre le terrorisme a exprimé lors d’une interview à la télévision son souhait de combler le vide de la mère d’Oshânâ lors de ses funérailles. Elle a également encouragé la population à participer en grand nombre aux funérailles du martyr assyrien afin de compenser l’absence de ses parents et de ses frères et sœurs décédés.

Les minorités religieuses présentes en Iran (les zoroastriens, les juifs et les chrétiens) jouissent de toutes leurs libertés religieuses. Les articles 13 et 14 de la Constitution de la République islamique d’Iran illustrent parfaitement cette réalité.

Zurik Moradian, Vigen Karapetyan (chrétiens arméniens) et Robert Lazarus (chrétien assyrien) figurent parmi les martyrs chrétiens les plus célèbres. Un livre intitulé Martyrs chrétiens iraniens, publié en 2017, raconte la vie de vingt martyrs chrétiens iraniens.

Bibliographie :

Défense sacrée : retour de la dépouille d’un martyr chrétien iranien après 38 ans, PressTV, mercredi 26 avril 2023 (https://french.presstv.ir/Detail/2023/04/26/702226/Defense-sacree–retour-de-la-depouille-d-un-martyr-chretien-iranien-apres-38-ans)

Les Iraniens font leurs derniers adieux à un martyr chrétien de la Défense sacrée, PressTV, samedi 29 avril 2023 (https://french.presstv.ir/Detail/2023/04/29/702449/Les-Iraniens-font-leurs-derniers-adieux-%C3%A0-un-martyr-chr%C3%A9tien-de-la-D%C3%A9fense-sacr%C3%A9e-)

Iranian Christian martyr’s funeral procession attended by thousands, Al Mayadeen English, 30 avril 2023 (https://english.almayadeen.net/news/politics/iranian-christian-martyrs-funeral-procession-attended-by-tho).