L’Empire des Safavides naît en 1501 lorsque Chah Ismaïl choisit Tabriz comme sa capitale. Il y sera couronné premier chah de la dynastie safavide.
L’empire des Safavides aura la particularité de déclarer le Chiisme duodécimain comme religion d’État. Cela peut sembler surprenant, étant donné que la nouvelle dynastie est issue de confréries soufies turques d’Asie centrale, appartenant donc au monde sunnite. Plusieurs hypothèses furent proposées pour expliquer cet événement. Certains y voient une tentative d’établir un équilibre religieux face au sunnisme qui prévaut alors dans le monde islamique et dont les Ottomans font la promotion. D’autres ont supposé que les nouveaux dirigeants, grâce au Chiisme, cherchaient à unifier religieusement l’empire qu’ils venaient de fonder pour renforcer sa cohésion et contribuer ainsi à son unité.
En Iran, bien que les Chiites fussent nombreux depuis longtemps, une grande partie de la population restait sunnite. Les Safavides n’hésitèrent guère à faire appel à des missionnaires venus des anciennes terres chiites d’Irak ou de Bahrein. En dépit de ces efforts, des minorités sunnites turkmène, kurde, baloutche ou arabe se maintinrent en périphérie de l’empire. Bien que la conversion au Chiisme ne fût totale, l’adhésion de la majorité de la population initia un processus d’identification entre le Chiisme et l’iranité qui s’était développé sous différentes formes depuis deux millénaires.
Chronologie de l’Empire safavide
1503 :Ismaïl, devenu le dirigeant des Safavides, remporte une victoire décisive contre Murad des Akkonyulu, lui assurant ainsi le contrôle de l’Iran central et méridional.
1508 : Chah Ismaïl conquiert Bagdad et s’empare du Fars. Après avoir remporté une victoire contre les Ouzbeks en 1510, il annexe le Khorassan et devient le souverain de tout l’Iran.
1510 : Chah Ismaïl s’empare de la ville afghane d’Hérat et introduit le Chiisme dans l’ouest de l’Afghanistan.
1512 : Chah Ismaïl conclut une trêve pour mettre fin aux hostilités des Ouzbeks vainqueurs à Mashhad.
1514 : L’armée des Ottomans dirigée par le sultan Sélim Ier remporte la bataille de Tchaldiran contre les Iraniens sous Chah Ismaïl, les privant ainsi de leur contrôle sur la Mésopotamie. Les Ottomans occupent ensuite Tabriz, puis le Kurdistan. En conséquence, l’Iran chiite se retrouve pris en étau entre les menaces sunnites ottomane à l’ouest et ouzbèke à l’est.
1517 : Le sultan ottoman Sélim Ier entre en vainqueur au Caire après avoir vaincu les Mamelouks.
La succession de Chah Ismaïl
1524 : Après la mort de Chah Ismaïl, son fils Tahmasp lui succède, bien qu’il ne soit âgé que de dix ans. Ce n’est qu’à partir de 1533 qu’il exerce réellement le pouvoir. Cette période de dix ans est caractérisée par les luttes qui se déroulent entre les différents clans Kizilbash (« Têtes rouges »).
1526 : Babûr crée l’Empire moghol, qui englobe Kaboul et l’est de l’Afghanistan. En parallèle, les Iraniens contrôlent Hérat et le Sistan, tout en rivalisant avec les Moghols pour le contrôle de Kandahar. De leur côté, les Ouzbeks occupent le nord de l’Afghanistan, situé au-delà de la chaîne montagneuse de l’Hindou Kouch.
1534 : Les Ottomans conquièrent l’Irak et s’emparent de Bagdad. Thamasp déplace sa capitale de Tabriz à Ghazvin et réprime les rébellions fomentées par ses frères.
De 1548 à 1549 : Les Ottomans lancent une campagne militaire contre l’Iran, aboutissant à l’occupation de l’Azerbaïdjan et à la prise de Van.
1555 : Un traité de paix appelé « paix d’Amasya » est signé entre les Ottomans et les Safavides. Elle restera en vigueur pendant près d’un quart de siècle.
1558 :Tahmasp prend le contrôle de Kandahar, qui reste sous le contrôle de l’Iran pendant environ quarante ans. La ville sera ensuite disputée entre les Moghols jusqu’en 1637, lorsque le Grand Moghol Chah Djahan la reprend. Cependant, en 1648, le Safavide Abbas II s’en empare de nouveau.
Milieu du XVIème siècle : Les arts iraniens, tels que la peinture, l’enluminure, la céramique, les textiles et les tapis, connaissent une renaissance. Dans les décennies suivantes, la culture iranienne exercera une influence considérable sur la civilisation moghole en Inde. C’est également la période d’excellence de la pensée spirituelle avec l’École d’Ispahan.
1576 : Mort de Thamasp.
De 1578 à 1588 : Règne de Mohammad Chah.
Guerre d’empire entre les Ottomans et les Safavides
1578 :Expédition ottomane contre l’Iran et prise de Tiflis.
1585 : Les Ottomans occupent Tabriz et annexent l’Azerbaïdjan.
1587 : Mort du célèbre poète Muhtacham de. Il est connu pour ses œuvres qui honorent Ali et les martyrs du Chiisme.
De 1588 à 1629 : Règne de Chah Abbas Ier, correspondant à l’apogée de la dynastie safavide. Sur le plan économique, l’Iran profite des richesses provenant du grand commerce caravanier reliant l’Inde et la Chine à l’Orient arabe et turc.
1589 :Création d’une armée permanente. De nombreuses terres deviennent propriétés de la Couronne.
1590 :Une nouvelle paix est instaurée entre l’Empire ottoman et l’Iran. Cependant, celle-ci s’avère plus favorable aux Turcs.
1598 : Les Iraniens remportent une victoire contre les Ouzbeks et reprennent le contrôle de Hérat. En conséquence, la capitale iranienne est déplacée de Qazvin à Ispahan, où un vaste programme de travaux publics est lancé.
L’empire des Safavides au XVIIème siècle
1603 :Les Iraniens et les Ottomans reprennent leur conflit. Les Safavides parviennent à prendre le contrôle de Tabriz. La même année marque également le début de la construction à Ispahan de la mosquée du Sheikh Lotfollah.
1607 : Ispahan voit l’arrivée des ambassadeurs espagnol, portugais et anglais. En parallèle, des ordres religieux européens fondent des couvents dans la ville.
1612 : Une nouvelle période de paix est établie entre les Ottomans et les Iraniens.
1612 :Début de la construction de la mosquée royale d’Ispahan.
De 1615 à 1618 : Une nouvelle guerre éclate au cours de laquelle la ville d’Erevan résiste aux Ottomans.
1624 : Les Iraniens occupent l’Irak et s’emparent de Bagdad. Ils perdront ces territoires en 1638.
De 1629 à 1642 :Règne de Safi Ier.
1639 : La paix de Qasr-é Shirin est signée entre les Turcs et les Iraniens. Selon les termes de l’accord, l’Irak et Tabriz restent sous la domination du sultan ottoman, tandis qu’Erevan et une partie du Caucase reviennent aux Iraniens.
De 1642 à 1666 : Règne de Chah Abbas II.
Entre 1666 et 1694 : Règne de Shah Soleyman. La corruption affecte l’État et les intrigues du harem influence le gouvernement, tandis que l’armée perd en puissance.
L’empire des Safavides au XVIIIème siècle
De 1694 à 1722 : Règne de Sultan Hossein.
1706 : La madrasa Madar-é Shah et le caravansérail adjacent sont construits à Ispahan.
L’invasion afghane de l’Iran
1709 : Les Afghans de la tribu Ghalzay s’emparent de Kandahar, une ville détenue par les Safavides depuis 1648, tandis que les Afghans de la tribu Abdâli ravagent le Khorassan.
1716 : Les Afghans de la tribu Abdâli s’emparent de la ville de Hérat et de ses environs, conséquemment séparés de l’Iran.
1719 :Mahmoud, un Afghan de la tribu Ghalzay, prend le contrôle de la région de Kerman.
Entre 1722 et 1729 : Les Afghans occupe Ispahan.
1723 : Chah Tahmasp II se proclame souverain à Qazvin.
De 1723 à 1727 : Une nouvelle guerre éclate entre les Turcs et les Iraniens, lancée par les premiers. Le traité de paix de Hamadan consacre la victoire des Ottomans, entraînant pour les Iraniens la perte de territoires en Iran occidental et dans le Caucase méridional. Le souverain afghan Achraf est contraint de reconnaître la domination ottomane sur l’ouest et le nord de l’Iran.
Les Safavides rétablissent leur empire
1729 : Nadir Khan, un chef afchâr, expulse les Afghans d’Ispahan et rétablit la monarchie safavide avec Tahmasp II.
De 1731 à 1737 : Une guerre entre la Turquie et l’Iran aboutit à l’établissement de la rivière Araxe en tant que frontière entre les deux États dans le sud du Caucase.
1732 : Tahmasp II est déposé de son trône et Abbas II accède au pouvoir, avec Nadir Khan comme régent.
1733 : Victoire iranienne sur les Ottomans.
1736 : Après la déposition de Abbas II, Nâder Khân devient le nouveau roi et change son nom en Nâder Shâh, fondant ainsi la dynastie des Afchâr. Sous son règne, qui dure de 1736 à 1747, l’Iran connaît une restauration de sa puissance et de son prestige. Cependant, cette progression s’accompagne d’une forte pression fiscale, d’un appauvrissement du pays et d’une décadence de l’administration.
1738 : Les Iraniens prennent Kandahar, Ghazni et Peshawar.
1739 : La capitale iranienne est déplacée d’Ispahan à Machhad. La même année, Nâder Shâh remporte une victoire contre l’armée moghole, pénètre à Delhi et annexe tous les territoires à l’ouest de l’Indus. Ensuite, il envahit le Turkestan et le Khwarezm, mais échoue dans sa campagne de 1741 au Daghestan.
1746 : Nouvelle paix entre les Ottomans et les Safavides, marquée par le retour aux frontières de 1639.
La fin des Safavides
Deuxième quart du XVIIIème siècle : À Ispahan, une nouvelle école poétique émerge, marquée par un retour aux formes littéraires traditionnelles, avec des figures telles que Muchtâk. À Chiraz, c’est Chu’la (mort en 1747) qui représente cette tendance. En 1766 disparaît Ali Hazîn, l’auteur du Tadkhirat al-Ahwâl, une description de l’Iran au début du XVIIIème siècle.
1747 : Après l’assassinat de Nâder Shâh par des officiers, le pays sombre dans l’anarchie et la guerre civile. Les Zand prennent le contrôle de la partie sud du pays. Les Afghans Abdâli proclament Ahmed Durani souverain d’Afghanistan, avec Kandahar comme capitale, et étendent leur autorité sur Ghazni, Kaboul et Peshawar.
Le Moyen-Âge en Iran correspond à la période comprise entre l’islamisation du pays et l’avènement de l’Empire safavide, marquant par là son passage dans la Renaissance. Désormais, l’histoire de l’Iran médiéval sera pour plusieurs siècles étroitement liée à celle du monde islamique.
Le début du Moyen-Âge en Iran : le califat omeyade
660 : Suite à l’arbitrage d’Adhroh, l’omeyade Mo’awiya devient calife. Il est reconnu en Syrie, en Palestine, en Égypte et au Hedjaz, tandis qu’Ali, le gendre du Prophète, est reconnu en Irak et en Iran.
661 :Ali est assassiné à Kufa par un kharidjite s’opposant à son désir de compromis avec les Omeyyades après la bataille indécise de Siffin survenue en 657. Cette tragédie divise la communauté musulmane en sunnites, favorables à Mo’awiya, chiites, partisans d’Ali et de sa descendance, et kharidjites, qui rejettent les deux autres factions. Au début, Hassan et Hossein, les fils d’Ali, acceptent de reconnaître Mo’awiya. Celui-ci se garde bien de revendiquer une autorité religieuse et gouverne en tant que chef tribal soutenu par l’armée de Syrie. Cependant, dès 671, Ali est publiquement maudit et ses partisans exécutés. En 678, Mo’awiya insiste pour que son fils aîné Yazid lui succède, ravivant ainsi les tensions entre les Omeyyades et les Chiites menés par Hossein.
665 : Ziyad ben Abou Sufyan devient gouverneur de Bassorah et des régions iraniennes. Cinquante mille familles arabes colonisent la province du Khorassan, à l’est de l’Iran.
Début du VIIIème siècle : Émergence au sein des communautés musulmanes, en particulier chez les chiites, d’une eschatologie basée sur les notions de ghayba (« occultation ») et de radj’a (« retour ») du Mahdi.
Sous la domination arabe
Entre 706 et 715 : À partir de l’oasis de Merv, Qutayba ben Muslim conquiert la Transoxiane. Samarcande et le Khwarezm tombent sous son contrôle en 712, suivis par le Ferghana en 714.
710 : L’expansion arabo-musulmane s’étend jusqu’au delta de l’Indus à l’est.
716 : Le mouvement abbasside (da’wa) est créé pour soutenir les descendants de la famille du Prophète.
716 : Les Parsis (zoroastriens) émigrent de l’Iran vers le Gudjurat, une région située au nord de l’Inde.
733 : La révolte des Arabes du Khorassan est encouragée par la limitation du nombre de soldats pensionnés imposée par le califat.
736 : La da’wa s’établit dans la région du Khorassan, à l’est du plateau iranien, sous laquelle les chiites se rapprochent des Abbassides et les soutiennent dans leur lutte contre le califat omeyyade.
745 : Abou Muslim prend le commandement militaire de la dissidence formée au Khorassan.
747 : Ibrahim, dont le nom est associé à la propagation de la da’wa, est arrêté et meurt dans les geôles omeyyades. Le 9 juin, la révolte éclate au Khorassan au nom de « l’imam attendu ».
La naissance du califat abbasside
749 : La ville de Kufa est prise et Abdul Abbas est proclamé calife.
750 : Lors de la Bataille du Grand Zab, les Omeyyades subissent une défaite qui entraîne la mort de Marwan II. Cela mène au massacre de la lignée omeyyade.
751 : Les musulmans remportent une victoire sur les Chinois lors de la bataille de Talas, au cœur de l’Asie centrale.
755 : Abou Muslim est exécuté, rompant de fait l’alliance entre Abbassides et chiites. Les anciens partisans des Omeyyades reçoivent le pardon et un régime similaire à celui des Marwanides est réinstauré. En réaction, une révolte éclate au Khorassan au nom d’Abou Muslim, considéré comme « occulté ».
762 : Fondation de la ville de Bagdad. Elle devient le nouveau centre d’importance du monde musulman. Sous la dynastie abbasside, l’appareil d’État sassanide, en particulier sur le plan fiscal, va se reconstituer. Bien que les musulmans aient pris le dessus, cela ne signifie pas pour autant la disparition de l’identité iranienne proprement dite, ni le maintien d’un sentiment nationaliste qui se traduit également par un sentiment de supériorité envers les Arabes qualifiés de « mangeurs de lézards ». Une phrase attribuée à un noble iranien synthétise ce sentiment après la conquête arabo-musulmane : « Si vous cherchez le gouverneur qui a richesses, serviteurs, suite, majesté, gloire et belle vie, c’est l’Arabe Duwaï, dans la ville d’Amol. Mais si vous cherchez celui qui, jour et nuit, est avec ses faucons, ses guépards et ses chiens, alors c’est moi. ».
L’affirmation de l’identité iranienne
Un processus d’iranisation se développe rapidement parmi les conquérants sémites venus de l’ouest. Les Abbassides recrutent une grande partie de leurs forces en Iran, plus précisément dans le nord-est, au Khorassan. C’est également de cette région que provient leur personnel administratif et que la civilisation musulmane connaîtra certains de ses plus grands succès. Les anciennes élites iraniennes choisissent naturellement de s’intégrer à cette nouvelle civilisation en formation tout en conservant leur identité distincte. La proximité de Bagdad, considérée comme l’héritière de Ctésiphon, facilite cette fusion. Ainsi, ce sont les Tahirides du Khorassan, qui transfèrent leur capitale de Merv à Nichapour, qui dirigent les troupes du calife abbasside de Bagdad.
Il est également remarquable que les émirs locaux s’imposant à Sistan et à Boukhara, avec les dynasties saffaride et samanide, inventent une généalogie sassanide pour justifier leur pouvoir. Finalement, les émirs bouyides qui prennent le contrôle du calife de Bagdad revendiquent le titre de « roi des rois », renouant ainsi avec le passé sassanide.
L’Iran au Moyen-Âge : les VIIIème et IXème siècles
De 786 à 809 : Califat d’Haroun al-Rachid à Bagdad.
Début du IXème siècle : Montée en puissance du mouvement littéraire appelé « chu’ûbiyya » parmi les intellectuels d’origine iranienne.
De 809 à 813 : Le gouverneur du Khorassan, Ma’mûn, se révolte.
Entre 839 et 840 :Révolte du prince iranien Mazyar.
844 : En Iran, le calife abbasside ne détient plus qu’une autorité symbolique. C’est désormais les Tahirides qui exercent le pouvoir dans la région après avoir reçu ce territoire de la part du calife abbasside à partir de 820.
836 : Fondation de Samarra, la nouvelle capitale abbasside.
864 : Un premier émirat chiite se forme sur la côte de la mer Caspienne.
873 : Yakub al-Saffar renverse le gouvernement des Tahirides et prend le contrôle de Nichapour. À partir de 876, l’Iran est confié à son frère Amr, placé sous l’autorité des Saffarides, qui dirigent un émirat dissident affirmant l’identité iranienne. Cependant, le calife al Mu’tadid réussira à vaincre les Saffarides en 892.
Cette même année, la disparition du XIIème Imam chiite marque le début de la « petite occultation ». Après la mort de l’Imam Dja’far al-Sadiq en 765, la dissidence chiite a donné naissance à une division entre l’ismaélisme, le zaydisme et l’imamisme. Ainsi, les chiites sont maintenant divisés en septimains (ismaéliens), qui restent fidèles à la mémoire du septième Imam, et en duodécimains, qui attendent le retour du XIIème Imam.
Vers 885 :Les Samanides commencent à établir leur indépendance à Nichapour.
892 : Les Abbassides sont de retour à Bagdad. Il connaîtront alors leur apogée.
L’Iran au Moyen-Âge : le Xème siècle
Au cours du Xème siècle, l’État abbasside traverse une crise. Pendant la seconde moitié de ce siècle, il tombe sous l’influence des Bouyides, qui détiennent réellement le pouvoir.
Entre 904 et 954 : Nichapour, la capitale des Samanides, atteint son apogée.
Au cours de la première moitié de ce siècle, la langue néo-persane atteint son apogée en intégrant une forte composante lexicographique arabe et en soumettant la poésie à la prosodie arabe.
De 930 à 935 : La révolte de Mardâwidj en Iran conduit au rétablissement du trône d’or et du titre de « roi des rois ».
940 :À la mort du quatrième représentant de l’Imâm caché des Chiites duodécimains, aucun successeur n’est désigné. Ainsi débute la « Grande Occultation ».
963 :Les Bouyides introduisent les festivités chiite d’Achoura et soutiennent par la suite régulièrement la communauté chiite.
Une période de changements
Fin du Xème siècle : La poésie iranienne commence à retrouver son éclat, notamment avec l’émergence de Daqîqî à la cour des Samanides.
De 977 à 997 : Sous le règne des Samanides, Sabüktekin gouverne Ghazni en Afghanistan et mène régulièrement des raids contre l’Inde. Ainsi débute l’histoire de la dynastie ghaznévide qui perdurera de 962 à 1186.
980 : Adud al-Dawla, de la dynastie Bouyide, entreprend la restauration des formes sassanides du pouvoir, incluant le titre de « roi des rois », le port du diadème traditionnel et l’utilisation des inscriptions pehlvies. Cela confère à la royauté une apparence iranienne, tandis que la dimension prophétique et religieuse reste du ressort du calife.
Entre 980 et 1037 : le médecin originaire du Khorassan Abou Ali Hossein ibn Sina, plus connu sous le nom d’Avicenne, écrit le Qânûn, une vaste encyclopédie médicale.
992 : Des émirs turcs islamisés occupent Boukhara, ce qui entraîne le remplacement des Samanides par les Qarakhanides en Asie centrale. Au cours du Xème siècle, les Samanides maintinrent des relations commerciales étroites avec la Chine et l’Inde, ainsi qu’avec les Scandinaves qui leur fournissaient des fourrures et des esclaves. En témoigne l’abondance des dirhams samanides découverts dans les trésors monétaires du cours supérieur de la Volga et des côtes baltiques.
999 :Le calife de Bagdad accorde sa reconnaissance aux conquêtes de Mahmûd de Ghazni, puis lui accorde son indépendance. Mahmûd fait ériger une magnifique capitale et mène de nombreux raids contre le Nord de l’Inde, qui subit régulièrement des pillages.
1004 : Le légendaire poète iranien Firdousi dédie à Mahmûd de Ghazni son œuvre légendaire intitulée Shâhnâmeh (« Le Livre des Rois »). Cette œuvre retraçant dans une langue persane minutieusement travaillée toute l’histoire de l’Iran et décrit son Imaginaire constitue l’un des chef-d’œuvre de la culture iranienne.
L’Iran au Moyen-Âge : le XIème siècle
Au début du XIème siècle, des grands centres de pèlerinage s’établissent en Irak et en Iran, notamment aux tombeaux des imâms chiites, tels que Karbala, Mashhad ou Qom.
1034 : Les Turcs Oghuz, sous le commandement de Seldjouk, pénètrent en Iran après avoir traversé l’Oxus (l’Amou Daria) dès 1025.
1040 : Lors de la bataille de Dandâniqân, les Seldjoukides repoussent les Ghaznévides qui perdent le contrôle du Khorassan, se retrouvant ainsi en dehors de l’Iran.
1050 : Le calife abbasside honore le chef seldjoukide Tughril beg avec les titres de « pilier de la foi » et de sultan. En 1055, il entre victorieusement à Bagdad, éliminant les Bouyides, avant d’épouser la fille du calife en 1062. Cela marque le début du sultanat seldjoukide en association avec le califat. Sous les règnes d’Alp Arslan puis de Malik Châh, les Seldjoukides s’imposent en Asie du sud-est en remportant des victoires contre les Fatimides chiites d’Égypte et en battant les Byzantins à Mantzikert en 1071.
1060 : Le décès de Nâsir-é Khosro, célèbre poète et philosophe iranien, marque la fin de son parcours en tant que figure de l’ismaélisme septimain.
L’apparition des Seldjoukides
1078 : La création du sultanat seldjoukide de Rûm en Asie Mineure. Son nom rappelle que ces territoires firent autrefois partie de l’Empire romain.
1088 : Construction de la Grande Mosquée d’Ispahan, sous le règne de Malik Shâh.
1090 : Hasan al-Sabbah lance une révolte et s’empare de la forteresse d’Alamut dans le nord de l’Iran. En 1092, les « assassins » de la secte chiite des Nizarites, appartenant à sa faction, assassinent le grand vizir Nizam al-Molk. Ces membres seront responsables de multiples actes de terreur dans l’Orient musulman et les royaumes des Croisés, durant les XIIème et XIIIème siècles, jusqu’à ce que leur repaire soit détruit par les Mongols. Durant le XIXème siècle, ils étaient communément appelés « hashshashins ». Cette étymologie est aujourd’hui remise en question malgré sa signification supposée, liée à l’usage de la drogue pour l’exécution de leurs attentats.
De 1098 à 1099 : Les croisés occidentaux se lancent dans une incursion en Orient. Ils conquièrent successivement Édesse, Antioche et Jérusalem, où Baudouin est couronné roi en 1100.
L’Iran au Moyen-Âge : le XIIème siècle
1126 : Décès d’Omar Khayyam de Nichapour. Ce disciple d’Avicenne est célèbre pour ses talents de mathématicien, de réformateur du calendrier iranien et de poète.
1153 : Le sultan seldjoukide Sandjar subit une défaite face aux Ouïghours, ce qui conduit au pillage du Khorassan.
1171 : Le fondateur de la dynastie kurde des Ayyubides, Saladin, abolit le califat fatimide en Égypte.
1187 : Saladin remporte la bataille de Hattîn contre les Croisés. Il capture ensuite Jérusalem, ce qui conduit à la troisième croisade.
1190 : Les Ghurides afghans s’emparent du Khorassan. Cette même année décède al-Anwari, poète et astrologue de la cour de Sandjar originaire du Khorassan.
1193 : À son tour, Ala al-Dîn, chef de la dynastie khwarezmienne, conquiert le Khorassan. Il expulse les Seldjoukides d’Iran l’année suivante. Les Turcs du Khwarezm envahissent le plateau iranien.
1206 : Le Mongol Temudjin adopte le titre de Gengis Khan et soumet le Turkestan en 1208.
1220 :Les Mongols conquièrent Balkh et Nichapour et s’emparent de Kaboul l’année suivante.
Entre 1235 et 1239 :Les Mongols achèvent la conquête de l’Iran.
De 1242 à 1258 :Règne d’al-Musta’sim, le dernier calife abbasside de Bagdad.
1243 : Les Seljoukides de Rûm, à l’apogée de leur puissance au début du siècle, subissent une défaite écrasante face aux Mongols à Köse Dagh. Ils seront une nouvelle fois vaincus en 1256 à Aksaray.
1244 :Chams al-Dîn Tabrîzî, un mystique iranien, arrive à Konya en Anatolie. Il exercera une influence considérable sur Djalâl al-Dîn Rûmi, qui deviendra le fondateur de l’ordre des derviches mevlevis.
Sous la domination des Mongols
1256 :Hulagu établit la dynastie mongole en Iran et conquiert la forteresse d’Alamut.
1257 : Le poète Sa’di de Chiraz rédige le Bustân (« Le Jardin »), puis écrit le Golestân (« La Roseraie ») l’année suivante.
1258 : Les Mongols capturent et détruisent Bagdad. Le dernier calife abbasside de al-Musta’sim sera étranglé.
1260 : Les Mamelouks d’Égypte battent les Mongols à Ayn Djalut.
1277 : Nouvelle victoire des Mamelouks d’Égypte, commandés par Baybars, sur les Mongols à Elbistan.
1291 : L’ilkhân Arghoun et le roi de France Philippe le Bel entretiennent une correspondance concernant un projet d’attaque conjointe contre les Mamelouks égyptiens.
1294 : Marco Polo traverse l’Iran au retour de son voyage en Chine.
1295 : Ghazan Khân, fils d’Arghoun, devient ilkhân et choisit Tabriz comme capitale. Après avoir embrassé l’islam, il met en place un gouvernement basé sur les principes de cette religion. En 1299, il remporte une victoire contre les Mamelouks d’Égypte à Hims.
L’Iran au Moyen-Âge : le XIVème siècle
1304 : Uldjaytu Khudâbanda (un autre fils d’Arghoun) devenu ilkhân d’Iran essaie d’officialiser le chiisme duodécimain.
1313 : Les Mongols inaugurent Sultâniyeh, leur nouvelle capitale iranienne.
De 1317 à 1335 : Règne d’Abou Saïd. Il est le premier souverain ilkhanide à porter un nom musulman.
1324 : Un résident vénitien s’installe à Tabriz.
1362 : Les Ottomans prennent la ville d’Andrinople.
1365 : Les conquêtes de Tamerlan (un turco-mongol) commencent. Il conquiert le Khorassan en 1369, puis le Khwarezm en 1378.
1380 :Tamerlan occupe Hérat. Il atteindra les rivages de la mer Caspienne en 1383.
De 1386 à 1387 : Tamerlan prend le contrôle d’Ispahan, de Chiraz et de Bagdad, puis occupe le Fars, le Louristan et l’Azerbaïdjan.
1390 : Décès du poète iranien Hâfez.
Le XVème siècle, la fin du Moyen-Âge en Iran
Entre 1400 et 1401 : Tamerlan met à sac Alep, Hama et Damas.
1402 :Tamerlan vainc et capture le sultan ottoman Bayezid Ier à Angora (anciennement Ancyre, actuellement Ankara).
1404 :Tamerlan, de retour à Samarcande, accueille le voyageur espagnol Ruy Gonzalez de Clavijo.
1405 : À la mort de Tamerlan, la tribu turcomane des Qaraqoyunlu (« Moutons noirs ») conquiert l’Azerbaïdjan aux Timourides. Au commencement du XVème siècle, la ville azérie d’Ardabil voit l’émergence d’un ordre mystique sunnite fondé par le cheikh Safi al-Dîn, qui sera connu sous le nom de Safavi. Ce mouvement spirituel rencontre un vif succès parmi les tribus turcomanes, avant de se tourner vers le chiisme. C’est en revendiquant cette identité religieuse distinctive que les tribus turcomanes réunies sous le nom de Kizilbach (« Têtes rouges ») entament une lutte qui les conduira, au XVIème siècle, à la tête de l’Iran.
1449 : Mort d’Ulugh Beg, petit-fils de Tamerlan. Son décès marque la fin de l’Empire timouride.
1453 : Prise de Constantinople par le sultan ottoman Mehmed II.
Milieu du XVème siècle : Construction de la Mosquée bleue de Tabriz.
Troisième quart du XVème siècle : La dynastie des Aqqoyunlu (« Moutons Blancs »), d’origine turcomane, connaît son apogée en gouvernant une partie de l’Iran.
1478 : Chah Ismaïl Safavi se révolte contre les Aqqoyunlu.
En 1499, Chah Ismaïl fonde la dynastie safavide en tant que guide spirituel et chef temporel des Qizil-bach (les « Têtes rouges », ainsi nommés d’après la couleur de leur turban caractéristique). Désormais, l’Iran va connaître sa Renaissance…
Les Sassanides vont marquer l’Histoire de l’Iran par la fondation d’un vaste empire. Successeurs des Arsacides dans le monde iranien, ils sont, tout comme les Achéménides, des Perses originaires du Fars. La lignée trouve son ancêtre éponyme en la personne de Sassan, prêtre du temple d’Anahita à Istakhr, la capitale religieuse de la Perside, héritière de l’ancienne Persépolis.
En 208, Pâbhagh, fils de Sassan, règne sur une partie du Fars, plus précisément sur l’actuelle région de Chiraz. Son fils cadet, Artakhchatr (Ardachîr), prend le contrôle de plusieurs autres villes du Fars. Il soumet la Susiane et le petit royaume de Mésène établi par des Arabes à l’embouchure du Tigre. Pendant ce temps, son père accroît sa puissance au point de revendiquer l’autorité sur les régions contrôlées par le roi parthe Artaban V, ainsi que le droit de les transmettre à son fils aîné, Chapour. Face au refus d’Artaban V, Pâbhagh se voit traité en rebelle.
À la mort de celui-ci, Châhpour lui succède. Toutefois, son frère Ardachir se rebelle contre lui et profite bientôt de la mort accidentelle de son aîné. Après avoir éliminé ses autres frères, Ardachir vainc et tue Artaban de sa propre main en 224, en Susiane, dans la plaine d’Hormizdaghan.
En prenant le pouvoir à Ctésiphon et en épousant une parente d’Artaban, Ardachir établit un nouvel État, mettant en œuvre une réaction nationale iranienne qui rejettera de nombreux éléments de la civilisation hellénistique. Cette réaction s’accompagne d’une nouvelle politique religieuse fondée sur l’adoption du mazdéisme comme religion d’État et la rupture avec la traditionnelle tolérance montrée jusqu’alors par les Perses ou les Parthes envers les diverses autres croyances.
Les Sassanides à la tête d’un empire parmi les plus puissants de l’Antiquité
L’empire des Sassanides, qui perdura pendant plus de quatre siècles, prospéra grâce à sa position stratégique le long des routes commerciales terrestres telles que la célèbre route de la soie, et maritimes avec le commerce de la mer Érythrée, dans l’océan Indien. Cela lui permettait d’importer des produits d’Asie de l’est vers le bassin méditerranéen. Cependant, cette position privilégiée fut menacée par les Romains qui cherchaient à ouvrir des voies commerciales directes vers l’est au-delà de Palmyre et de l’Euphrate.
En dépit de leur victoire éphémère contre l’empire indo-scythe des Kouchans, les Sassanides durent par la suite faire face aux peuples nomades d’Asie centrale, tels que les Alains et les Saces, qu’ils réussirent toutefois à contenir. Cependant, au début du VIIème siècle, ils furent brièvement vainqueurs de l’Empire romain d’Orient avant de devoir finalement abandonner leurs conquêtes face à l’expansion de l’islam, qui se propageait depuis le sud-ouest de leur empire de manière imprévisible.
La société sassanide
Le pouvoir de l’État sassanide repose sur un système de castes hérité de la tradition indo-iranienne. Au sommet de la hiérarchie sociale se trouve le chah, ou « roi des rois », résidant dans ses palais de Bishapour ou de Ctésiphon. Les dimensions de ces palais témoignent de la puissance du souverain sassanide. De même les grands reliefs rupestres commémorant ses victoires sur les Romains ou ses exploits de chasse.
Un grand mage, deuxième personnage le plus important de l’État après le roi, dirige la classe cléricale. Les mages mazdéens ou zoroastriens constituent une véritable institution religieuse nationale, regroupée en communautés dans des temples dotés de vastes ressources. Leur rôle consiste à entretenir le feu sacré, à pratiquer les rituels et à dispenser l’enseignement. La deuxième classe est celle des nobles, qui sont les propriétaires terriens, également en charge de superviser l’armée. La centralisation croissante du pouvoir les priva de l’autonomie considérable dont ils bénéficiaient à l’époque parthe.
L’empire des Sassanides, entre conquêtes et développement
La classe paysanne constitue la majorité de la population de l’empire des Sassanides. Toutefois, la royauté sassanide encourage le développement d’une importante bureaucratie de scribes dirigée par un « Grand Commandeur », qui servira de modèle ultérieur du vizir musulman, assisté de secrétaires d’État responsables de conseils spécialisés qui deviendront les diwans de l’époque abbasside. La fiscalité est rigoureusement organisée, avec la capitation (gezit) et l’impôt foncier (kharag) qui seront plus tard prélevés par les califes musulmans.
L’économie sassanide repose sur de grands monopoles d’État qui contrôlent l’extraction minière, la fabrication d’armes et la production de produits de luxe tels que la soie. Une administration conséquente organise l’entretien des routes et le bon fonctionnement d’un service postal similaire à celui existant sous les Achéménides.
Le Zoroastrisme comme religion d’État
Fondée par Zarathoustra au VIème siècle avant Jésus-Christ, le zoroastrisme devient la religion officielle et exclusive de l’Empire sassanide. C’est cette religion qui confère sa légitimité au souverain, désigné pour exercer le pouvoir selon la volonté du dieu suprême Ahura Mazda.
Parallèlement, la religion désormais nationale ne tolère plus la pratique des autres cultes existants sous les Arsacides. Les persécutions, parfois violentes, touchent les Juifs, les bouddhistes, les chrétiens et les manichéens à différents moments. Par exemple, Manés, le fondateur du manichéisme, initialement bien accueilli par Chahpour Ier, finit par être exécuté.
Chronologie de l’Empire sassanide
226 :Ardachîr devient « roi des rois » à Ctésiphon. Située non loin de l’emplacement de la future Bagdad, il choisit cette ville comme capitale et règne jusqu’à sa mort en 241.
Entre 230 et 232 :Les Iraniens lancent leur première attaque en Mésopotamie, près de Nisibe et de Carrhes. Cependant, l’armée romaine parvient à rétablir la situation. Sévère Alexandre remporte la victoire et reçoit le titre de Persicus Maximus.
Le règne de Shapour Ier
241 :Shapour Ier accède au trône et est couronné à Ctésiphon le 20 mars 242. La même année, le nouvel empereur rencontre Mani, le fondateur du manichéisme, né en 216.
De 243 à 244 :Lors de sa première campagne contre les Romains, Chapour remporte une victoire à Misiché, sur la rive gauche de l’Euphrate. L’empereur Gordien IV y perd la vie et son successeur Philippe l’Arabe accepte de verser un tribut au vainqueur. Cette défaite marque probablement la fin de la domination romaine sur l’Arménie.
De 251 à 254 :Shapour intervient en Arménie. Le jeune arsacide Tiridate se réfugie en territoire romain.
253 :Shapour mène une seconde campagne sur l’Euphrate contre les Romains, qu’il bat à Barbalissos. Les Iraniens parviennent alors à occuper temporairement une partie de la Syrie, de la Cappadoce et de la Cilicie. Ils capturent Antioche en 253, puis Dura en 256. Toutefois, ils se heurtent à une résistance robuste des Romains à Émèse (actuelle Homs, en Syrie).
259 ou 260 : Lors de sa troisième campagne contre les Romains en Haute Mésopotamie, Shapour remporte une victoire écrasante à Edesse et capture l’empereur Valérien.
Des succès temporaires
De 261 à 267 : Le chef palmyrénien Odheinat reprend les régions frontalières perdues par Rome et se voit décerner par l’empereur Gallien le titre de Corrector Orientis. Il perd la vie en 267, un an avant la mort de Gallien.
De 268 à 271 :Claude II le Gothique succède à Gallien, avant d’être remplacé par Aurélien. Pendant ce temps, Palmyre voit son pouvoir grandir sous l’autorité de Zénobie, la veuve d’Odheinat, et de son fils Wahballat, qui revendiquent les titres royaux en 270.
270 :Zabdas, un général au service de Zénobie, conquiert Alexandrie et l’Égypte, provoquant une rupture entre Rome et le royaume de Palmyre.
De 272 à 273 : Aurélien mène une campagne contre Palmyre, prenant la ville en 272, puis la détruisant après une révolte.
272 :Mort de Chapour Ier.
Les successions incertaines menacent l’empire des Sassanides
274 : Aurélien remporte une victoire à Rome, où il érige le temple du dieu Sol Invictus et y installe la statue du dieu Bêl de Palmyre.
De 272 à 273 : Règne d’Hormizd Ier, fils de Châhpûhr.
De 273 à 276 : Règne de Vahram Ier, frère du précédent.
276 : Les persécutions dirigées contre le manichéisme par le clergé mazdéen conduisent à l’incarcération et à l’exécution de Mani en février 277.
De 276 à 293 :Sous le règne de Vahram II, Kartir, devenu grand prêtre mazdéen, ordonne l’expulsion des missionnaires des religions étrangères hors d’Iran.
283 : L’empereur romain Carus décède pendant la campagne qui conduisit à la capture de Ctésiphon.
L’Arménie et le christianisme au cœur des évènements
287 : Après un accord entre Vahram II et l’empereur romain Dioclétien, Tiridate est placé en tant que roi d’Arménie. Il demeure toutefois sous la suzeraineté romaine. Les Sassanides abandonnent la Mésopotamie.
293 :Règne durant quatre mois de Vahram III, sous le titre de Saghanchah, « Roi des Saces ».
De 293 à 302 :Narseh, fils de Châhpûhr et grand-oncle du jeune Vahram III, règne après avoir pris le trône à ce dernier.
De 296 à 297 :Une rupture se produit avec Rome. Narseh est finalement vaincu par Galère, le César de Dioclétien, et sa compagne Arsane est capturée. Suite au traité de Nisibe, le dirigeant sassanide se voit contraint de céder à Rome cinq districts de Petite Arménie.
297 : Dioclétien publie un édit à Alexandrie interdisant la diffusion de la propagande manichéenne dans l’Empire romain.
De 301 à 302 : Tiridate III et le peuple arménien se convertissent au christianisme sous l’influence de Grégoire l’Illuminateur. La même année, l’édit de Nicomédie initie une vague de persécution des chrétiens dans l’Empire romain.
De 303 à 309 : Hormizd II, fils de Narseh, règne et tente sans succès de reprendre le combat contre Rome. Pour contrer les menaces à l’est de son royaume, il contracte un mariage avec une princesse kouchane.
Le règne de Shapour II
De 309 à 379 : Règne de Chapour II qui accède au trône alors qu’il n’est encore qu’un enfant.
De 309 à 335 : Une longue période de régence s’achève par la conclusion d’une trêve avec l’Empire romain et le début de la persécution des chrétiens dans l’empire des Sassanides. La persécution des manichéens reprend également de plus belle. En 312, la conversion de l’empereur romain Constantin au christianisme et la proclamation de l’édit de Milan autorise la pratique de cette nouvelle religion, encourageant les chrétiens iraniens persécutés à rejoindre les territoires romains.
Sassanides et Romains s’affrontent pour l’Arménie
De 343 à 350 : Une période de tensions renouvelées émerge entre les Romains et les Iraniens, aboutissant à la reconquête de l’Arménie par ces derniers.
343 : Constance II envahit l’Adiabène.
346 :Shapour II échoue devant Nisibe et conclut un armistice.
348 : Bataille de Singara.
350 : Chapour II subit un nouveau revers face à Nisibe. Les Sassanides doivent également faire face à la menace des Huns le long de leur frontière orientale.
Entre 355 et 356 : Shapour II intervient en Arménie et en Mésopotamie, tandis que son frère Hormizd, vivant en exil auprès des Romains, accompagne Constance II lors de sa visite à Rome en 357.
356 : L’ambassade envoyée par Musonianus échoue. Chapour II persiste dans ses revendications territoriales sur l’Arménie et la Mésopotamie.
359 : Une nouvelle guerre éclate entre les Iraniens et les Romains, au cours de laquelle Shapour assiège et conquiert la forteresse d’Amida, située sur le cours supérieur du Tigre, à Diyarbakir dans la région kurde actuelle de Turquie.
Entre 362 et 363 :Une fois devenu empereur, Julien l’Apostat reprend l’offensive contre les Iraniens après la mort de Constance. Cependant, il trouve la mort en 363 en combattant sur le front de l’Euphrate, sans avoir réussi à capturer Ctésiphon. Son successeur, Jovien, décide de renoncer et conclut un traité avec Shapour, prévoyant la restitution des villes de Nisibe et de Singara, ainsi que des territoires situés au-delà du Tigre.
363 :Les Sassanides soumettent les tribus arabes du Sud-Ouest et établissent des alliances avec les Arabes Lakhmides de Hira, situés actuellement au sud de l’Irak.
De 371 à 377 : Les Iraniens lancent une nouvelle campagne contre l’Arménie, en réalité partagée les Romains.
La succession de Shapour II
De 379 à 383 :Règne d’Ardachîr II, frère présumé de Shapour II.
De 383 à 388 : Règne de Shapour III, fils de Shapour II.
De 388 à 399 :Règne de Vahram IV, un autre fils de Shapour II.
De 399 à 421 :Règne de Yazdgard Ier.
Le christianisme en Iran
410 : Lors du concile de Séleucie, les chrétiens d’Iran établissent une Église autocéphale et adoptent le Credo promulgué lors du concile de Nicée en 325.
Établie au-delà des frontières orientales de l’Empire romain, l’Église d’Iran devient une rivale de la chrétienté romaine en raison de l’hostilité entre les souverains romains et sassanides. À partir du Vème siècle, elle accueillera des dissidents de la chrétienté romaine, tels que les nestoriens et les monophysites.
Le christianisme ne devient solidement établi en Iran qu’aux IIIème et IVème siècles. Cependant, ses premières apparitions dans l’espace iranien remontent au premier siècle, notamment au sein de la communauté juive du royaume d’Adiabène, au nord-est de la Mésopotamie, et dans la région d’Édesse en Oshroène. Des sièges épiscopaux auraient été établis à Arbèles et dans la capitale de Séleucie-Ctésiphon à cette époque. Cependant, les informations sur cette période lointaine demeurent incertaines. Alors qu’ils étaient déjà présents en Iran avant la dynastie sassanide, les chrétiens deviennent bien plus nombreux au cours du IIIème siècle, période au cours de laquelle ils sont persécutés sur l’initiative du Grand Mage mazdéen Kartir.
La présence chrétienne dans l’empire des Sassanides
L’augmentation de la communauté chrétienne en Iran, en particulier en Susiane, est en partie due au transfert de nombreux prisonniers capturés dans la région d’Antioche et dans les provinces frontalières de l’Empire romain. Les persécutions se déroulent principalement sous les règnes de Bahram II et Chapour II. Quelquefois aussi par intermittence au cours des siècles suivants, généralement pendant les périodes de guerre contre les Byzantins. Ces périodes de persécution sont entrecoupées de longues périodes de paix, décrites par les sources chrétiennes décrivent, au cours desquelles les disciples du Christ prêtent allégeance au souverain sassanide.
Cependant, même en conservant sa langue et ses traditions syriaques, cette Église n’adopta pas pleinement la culture iranienne et ne s’assimila guère à la société sassanide. Le concile de Séleucie en 410 établit la hiérarchie des différents évêchés, plaçant ces derniers sous l’autorité de l’évêque de la capitale, le « grand métropolitain et chef de tous les évêques ». Le concile reconnaît également au roi des pouvoirs étendus sur l’Église iranienne. Il lui permet notamment de décider de la tenue des conciles, de les faire diriger par des fonctionnaires séculiers et d’assurer que les décisions conciliaires aient force de loi.
L’empire des Sassanides au Vème siècle
De 421 à 439 :Durant le règne de Vahram V, fils de Yazdgard. Il accéda au pouvoir avec l’aide militaire du prince arabe de Hira et adopta une attitude de tolérance en matière religieuse.
422 :Après une brève guerre, un traité de paix est conclu avec Byzance. Il garantit la liberté de culte aux chrétiens vivant dans l’Empire sassanide.
427 :Les Huns Hephtalites pénètrent dans l’est de l’Iran et deviennent désormais une menace permanente.
De 439 à 457 :Règne de Yazdgard II, très attaché au zoroastrisme.
442 :En guerre avec l’Empire romain d’Orient (plus tard désigné sous le nom d’« Empire byzantin » en référence à la cité grecque qui avait précédé Constantinople), les Sassanides doivent également faire face aux tribus hunniques des Kidarites dans le nord-est.
De 457 à 459 : Règne d’Hormizd III.
De 459 à 484 :Péroz Ier, frère d’Hormizd, se révolte contre lui pendant son règne et prend le pouvoir. Il persécute les juifs tandis que les chrétiens d’Iran se divisent entre nestoriens et monophysites. Il enverra notamment une délégation en Chine.
La menace des Huns
465 : Les Huns Hephtalites (aussi appelés les « Huns blancs ») remportent une victoire contre Péroz.
484 :Péroz trouve la mort au cours d’une campagne militaire contre les Huns Hephtalites.
De 484 à 488 :Règne de Valash.
De 488 à 531 :Règne de Kavadh, fils de Péroz. Il met en œuvre une partie du programme révolutionnaire de la secte mazdakite, suscitant ainsi l’opposition de la noblesse. Une rébellion populaire se rallie à Mazdak, qui réclame une répartition plus équitable des biens. Dans un premier temps, le roi soutient cette insurrection. Cependant, en 496, il est destitué et remplacé par son frère Zamasp. Kavadh revient au pouvoir en 499, soutenu par les Hephtalites. Il se retourne ensuite contre les insurgés et réprime violemment la révolte avec l’aide de son fils, le futur Khosro Ier.
500 : Le nestorianisme devient la seule Église chrétienne acceptée en Iran.
La reprise des guerres entre les empires byzantins et sassanides
De 503 à 505 : La paix avec l’Empire romain d’Orient est rompue. Bien que les deux empires aient conclu une première paix en 505, l’Empire romain doit faire face à l’est aux invasions des Huns Hephtalites.
518 :L’Iran envoie une première ambassade en Chine. Deux autres suivront en 528 et 531.
De 527 à 528 : Un nouveau conflit éclate avec l’Empire romain concernant le statut des chrétiens d’Iran.
De 531 à 579 : Règne de Khosro Ier, fils de Kavadh. L’accord établi par son père avec les mazdakites est rompu. Il met en place de nombreuses réformes économiques et militaires qui requièrent une plus grande centralisation.
532 : La première guerre menée par Khosro contre l’Empire romain se solde par une « paix éternelle » conclue avec Justinien.
De 540 à 557 : La guerre reprend contre l’empereur Justinien, cette fois-ci concernant l’Arménie et le contrôle du pays des Lazes, situé sur la côte est de la mer Noire. En 540, Khosro Ier s’empare d’Antioche en Syrie, la détruit et déporte ses habitants. Trois ans plus tard, il remporte une victoire contre les troupes de l’empereur en Arménie.
Les Sassanides confrontés à la menace des Huns
De 558 à 562 : Avec le soutien des Turcs occidentaux, Khosro réussit à éradiquer le royaume des Huns Hephtalites.
562 : Une « paix de cinquante ans » est conclue avec l’Empire romain. Celle-ci implique premièrement le paiement des tributs aux Sassanides et assure secondement la liberté de culte pour les chrétiens en Iran et pour les mazdéens dans l’Empire romain d’Orient.
571 : Les Sassanides conquièrent l’Arabie du Sud et chassent ensuite les Ethiopiens axoumites, alliés de l’Empire romain.
De 572 à 579 : Une nouvelle guerre éclate avec l’Empire romain. Khosro subit une importante défaite à Mélitène en 575.
578 :Une nouvelle ambassade iranienne est envoyée en Chine. La même année, une expédition maritime iranienne atteint Ceylan.
De 579 à 590 : Règne d’Hormizd IV, fils de Khosro Ier. Il poursuit la guerre avec l’Empire romain jusqu’en 582. En 581, l’empereur Maurice s’approche dangereusement de Ctésiphon, la capitale sassanide, alors menacée.
588 : L’émergence des Turcs en Asie centrale constitue une nouvelle menace pour les Sassanides.
L’empire des Sassanides et les Byzantins, entre alliances et conflits
De 591 à 628 :Règne de Khosro II. L’empereur de Constantinople le soutenant, il lui cède une partie de l’Arménie jusqu’alors contrôlée par les Iraniens. La frontière se rapproche ainsi du lac de Van. L’Empire romain a permis à Khosro II de se débarrasser d’un prétendant, Vahram VI Tchobin.
602 : Après la chute de son allié Maurice, renversé par Phocas, Khosro II reprend la lutte contre l’Empire romain.
De 604 à 609 : Les Iraniens remportent plusieurs victoires successives qui les conduisent d’Édesse jusqu’à Chalcédoine. Ils menacent ainsi Constantinople également confrontée aux attaques des Avars. Parallèlement, une nouvelle ambassade iranienne part en Chine en 605.
610 : Une révolution éclate à Constantinople, entraînant le couronnement d’Héraclius. Sous son règne, l’Empire romain d’Orient redouble d’efforts dans la guerre contre l’Iran. Motivé à la fois par des raisons politiques, territoriales et religieuses, il l’est également par la défense des chrétiens d’Iran.
614 :Khosro II conquiert Jérusalem. Le souverain sassanide emmène les reliques de la Sainte Croix à Ctésiphon. Cet événement sera immortalisé par les fresques réalisées à Arezzo par Piero della Francesca.
616 : Une nouvelle ambassade iranienne se rend en Chine.
619 : Khosro II conquiert l’Égypte et achève ainsi de restaurer l’ancien territoire achéménide.
De 622 à 626 : Héraclius mène plusieurs campagnes victorieuses jusqu’en Médie. Les Iraniens contre-attaquent et se retrouvent en 626 près de Constantinople. Héraclius reprend l’initiative et regagne tous les territoires perdus précédemment. Lors d’une révolte nobiliaire en 628, Khosro est renversé et assassiné par son fils Siroy.
La fin de l’Empire sassanide et la conquête des arabo-musulmans
Entre 628 et 632, l’Empire sassanide sombre dans l’anarchie. Des usurpateurs non-sassanides alternent le pouvoir avec des princes légitimes trop faibles pour établir une autorité stable. On voit ainsi Kavadh II Shéroé (628), Ardachîr III, un enfant tué après un règne d’un an et demi placé sous la tutelle d’un échanson, Khosro III, la reine Bourân de 629 à 630, Hormizd V et, enfin, Khosro IV (631-632) se succéder. La noblesse, dirigée par Rostam, installe Yazdgard III sur le trône. Depuis la mort de Khosro II, une douzaine de souverains éphémères se sont succédé.
De 632 à 651 :Règne de Yazdgard III, le dernier souverain sassanide. Bien qu’il semble destiné à restaurer l’autorité royale, il doit faire face à la menace arabo-musulmane. Lorsque l’Iran tombera sous leur contrôle, l’avènement de Yazdgard III sera considéré comme le début d’une ère nouvelle pour les sectes zoroastriennes.
635 :Les arabo-musulmans battent les Sassanides à Buwayb.
Novembre 636 :Bataille d’al-Qadisiyya (ou Cadésie) et défaite iranienne.
637 :Ctésiphon est prise en août. Par la suite, Ahwaz et le Khûzistân sont occupés en 639.
642 :Les troupes sassanides subissent des défaites à Djalula et à Nehavend face à l’armée arabe envoyée par le calife Omar, deuxième successeur du Prophète. Les musulmans prennent le contrôle de la Mésopotamie et de l’Iran occidental. Yazdgard III s’enfuit vers l’est et se réfugie à Merv, anciennement Alexandrie de Margiane, où il périt assassiné en 651. Son fils, Peroz, trouve quant à lui refuge à la cour chinoise où il décédera en 672. À ce stade, l’Iran fait désormais partie califat omeyyade établi à Damas.
Les empires des Séleucides, des Parthes et des Arsacides marquèrent de manière significative l’histoire de l’Iran durant l’Antiquité.
Les Séleucides, héritiers du puissant empire d’Alexandre le Grand, favorisèrent l’hellénisme avec la diffusion de la culture grecque en Iran. Les Parthes leur succédèrent pour établir leur propre empire dans la région. Connus pour leur stratégie militaire habile, en particulier leur cavalerie redoutable, ils surent préserver leur identité culturelle iranienne tout en s’adaptant aux influences hellénistiques. L’empire des Arsacides, pour sa part, résista avec succès à l’expansion romaine et devint un acteur majeur dans la région.
Les Séleucides règnent sur l’Iran
-312 : Après sa conquête de Babylone, Séleucos IerNikator, qui fut auparavant le compagnon d’Alexandre et le satrape de Babylone, choisit de s’y installer et apporte avec lui les influences culturelles de la Grèce antique en Iran. C’est à cette époque qu’il épouse Apamée, une noble iranienne, héritant ainsi des terres des Achéménides, dont sont toutefois exclus l’Égypte, la Palestine, le sud de la Syrie et une partie de l’Asie Mineure.
-311 : Séleucos mène une campagne militaire contre le souverain indien Chandragupta, fondateur de la dynastie des Mauryas. La guerre se conclut par un traité de paix en -304, Séleucos cédant l’actuel Afghanistan.
-301 : La bataille d’Ipsos marque un tournant décisif dans l’histoire de l’empire d’Alexandre le Grand et entraîne son partage en trois grandes régions. Les Antigonides obtiennent la Grèce et la Macédoine, les Ptolémées (ou Lagides) dominent en Égypte et les Séleucides règnent sur la Syrie et l’Iran. À l’est, Séleucos doit céder au roi indien Chandragupta des territoires pris aux provinces de Gédrosie et d’Arachosie. Pour gouverner son royaume, Séleucos fonde deux capitales : Séleucie, située sur le Tigre et qui englobe l’ancienne Babylone, et Antioche, établie sur l’Oronte. Ce royaume séleucide comprend donc deux ensembles de territoires distincts, dont le premier sera conquis un siècle et demi plus tard par les Parthes et les Arsacides, tandis que le second, la Syrie, sera rapidement absorbé par Rome.
De -281 à -262 : Pendant le règne d’Antiochos Ier Sôter, la Perside, devenue le centre territorial de la dynastie, commence progressivement à s’émanciper de la Syrie en raison de la distance qui les sépare.
L’émergence des Parthes et des Arsacides face aux Séleucides
Entre -260 et -246 : Au cours du règne d’Antiochos II, la Bactriane, la Parthie et l’Hyrcanie se détachent de l’autorité du souverain vers -250. Diodote fonde un royaume gréco-bactrien indépendant qui perdurera jusqu’à la fin du IIème siècle avant Jésus-Christ. Au même moment, le satrape de Parthie, Andragoras, se rebelle contre le souverain séleucide. Il est toutefois vaincu en -239 par l’invasion des Parnes dirigés par Arsace. Ces Iraniens semi-nomades, installés au nord du Kopet Dag, conquièrent alors l’Hyrcanie. Ils s’assimilent rapidement aux populations locales, adoptant leur langue et leur nom pour devenir les Parthes. Désormais, les Séleucides vont devoir compter avec les Parthes et les Arsacides.
De -246 à -227 : Pendant son règne, Séleucos II Kallinikos doit faire face à la menace parthe à l’est et perd l’Asie Mineure à l’ouest.
Entre Rome et les Parthes
De -227 à -223 : Règne de Séleucos III Sôter.
Entre -223 et -187 : Sous le règne d’Antiochos III le Grand, la dynastie séleucide parvient à rétablir temporairement sa position. Le satrape rebelle de Médie, Molon, connaît une défaite près d’Apollonia, en Babylonie, en -220. Les Parthes sont quant à eux maintenus sous contrôle. Au cours d’une longue campagne qui dure huit ans, le souverain contraint le roi d’Arménie à reconnaître son autorité et parcourt l’Iran, de Suse à Ecbatane, pour restaurer son pouvoir. Le Parthe Arsace II (Artaban) est contraint de se soumettre.
Antiochos III pénètre également en Bactriane, où la dynastie grecque fondée par Diodote fut remplacée par une autre lignée royale apparue avec Euthydème, qui sera lui aussi contraint de se soumettre. Le mariage de Démétrios, fils d’Euthydème, avec la fille d’Antiochos marque le retour des Séleucides dans cette région. Franchissant l’Hindou Kouch, Antiochos III parvient traiter avec le souverain maurya qui contrôle alors toute l’Inde du Nord.
-205 : Antiochos III prend le titre de « Grand Roi » et reconquiert les régions occidentales de son empire en traversant l’Iran. Il visite également les pôles commerciaux du golfe Persique.
L’Empire séleucide fragilisé par les Parthes et les Arsacides
-190 : Entraîné dans les affaires de Rhodes et de Pergame, Antiochos III subit une défaite face aux Romains lors de la bataille de Magnésie.
-188 : Le traité de paix d’Apamée consacre la défaite du roi séleucide face à Rome, soutien du royaume attalide de Pergame. Il doit abandonner ses possessions en Asie Mineure et payer un lourd tribut. Désormais, la puissance séleucide est en position défensive et Antiochos meurt lors d’une révolte en Susiane l’année suivante. Le pouvoir des Séleucides se limite désormais à la Syrie et à la Cilicie.
De -187 à -176 : Règne de Séleucos IV Philopator.
De -175 à -164 : Règne d’Antiochos IV Épiphane, le dernier grand souverain séleucide. En dépit de ses efforts, il ne parvient guère à stopper la dislocation de son royaume. Les Parthes et les Arsacides prennent le contrôle de la Mésopotamie aux Séleucides peu après sa disparition et les satrapes des différentes provinces parviennent à obtenir une autonomie presque complète. L’État séleucide se réduit peu à peu à la seule Syrie.
Les Séleucides vont laisser la place aux Parthes et aux Arsacides
Pendant près de deux siècles et demi, les Séleucides établirent une administration régulière qui leur permit de bénéficier de ressources fiscales importantes, grâce à l’héritage laissé par les Achéménides. La langue officielle passe de l’araméen au grec. Sur le plan culturel, cette période témoigne d’une influence hellénistique incontestable en Orient. Cependant, les Grecs s’ouvrent également aux traditions iraniennes, adoptant par exemple la déification des souverains. L’économie, prospère au début de la période des Séleucides, se détériore avec les menaces croissantes venant de l’ouest avec l’expansion romaine et de l’est avec la présence des Parthes et des Arsacides.
De -163 à -125 :Règnes d’Antiochos V Eupator de -163 à -162, Démétrios Ier Sôter de -162 à -150, Alexandre Bala de -150 à -145 et Démétrios II Nicator de -145 à -125.
Séleucides et Arsacides à l’ombre de l’ascension des Parthes
Vers -145 : Les envahisseurs nomades venus du Nord détruisent Aï Khanoum, avant-poste de la civilisation hellénique au cœur de l’Asie centrale.
Les Parthes, nomades installés à l’est de l’Iran et apparentés aux populations scythiques, constituaient déjà une menace pour l’Empire achéménide sur sa frontière nord-orientale. Vers -250, ils occupaient la Parthie (aussi dénommée Parthiène) et fondèrent une dynastie dirigée par Arsace et puis par son frère Tiridate. Les Parthes conservent la structure territoriale héritée de l’époque achéménide et sept grandes familles nobles se partagent les meilleures terres, mettant en péril l’autorité royale. Ils firent face aux Romains sur l’Euphrate et en Arménie, ainsi qu’aux menaces venant des confins nord et est de leur empire. Des luttes de succession et des conflits internes dominèrent l’histoire de cette dynastie.
Les Parthes bâtissent un empire
La civilisation parthe fut marquée par l’hellénisme, en témoignent la numismatique et le surnom de « philhellène » des souverains. La fusion des éléments iraniens et grecs se manifesta dans des cités telles que Hatra ou Doura Europos. Sur le plan religieux, les Parthes adoptèrent les divinités et les croyances des régions qu’ils dominaient. C’est notamment durant cette période que le culte de Mithra connut un grand succès dans l’Empire romain. Le roi Vologèse fit construire Vologesocerta pour remplacer Séleucie et l’art parthe introduisit des innovations décisives en sculpture, notamment la représentation de face, ainsi que l’utilisation de l’iwan (un vaste vestibule) et de la voûte dans l’architecture.
De -248 à -214 : Sous le règne de Tiridate, les Parthes étendent leur influence sur toutes les régions s’étendant de la mer Caspienne à la mer d’Aral, incluant également l’Hyrcanie. Tiridate établit d’abord une capitale à Arsak, puis une seconde à Hécatompylos.
De -214 à -196 : Règne d’Artaban Ier. Battu par Antiochos III lors de la grande expédition que celui-ci conduit sur les marges orientales de son royaume, Artaban doit se soumettre. Toutefois, à la faveur des luttes opposant Séleucides et Romains, son fils Priapatios soumet la région de l’actuel Mazandaran.
De -196 à -180 : Règne de Phripatès.
De -180 à -174 : Règne de Phraate Ier.
Le déclin des Séleucides et l’avènements des Parthes et des Arsacides
De -174 à -136 : Profitant de la désintégration du Royaume séleucide en pleine crise, Mithridate Ier, surnommé « Philhellène », prend le titre de « Roi des rois ». Il annexe des territoires tels que la Médie, l’Elymaïde, la Perside, la Gédrosie et potentiellement une partie de l’Ariane. Les Parthes avancent alors vers l’ouest jusqu’à l’Euphrate mais échouent dans leur tentative de s’emparer de Séleucie sur le Tigre. Cependant, ils établissent une forteresse non loin de cette ville, sur la rive gauche du fleuve, appelée Ctésiphon, qui deviendra leur future capitale. Mithridate rencontre néanmoins une forte résistance et leur arrivée en Mésopotamie n’est guère perçue comme une libération par les populations locales. La résistance acharnée du prince séleucide Démétrios s’avère cependant vaine. Mithridate utilise sa finesse politique en le mariant à sa fille et en lui confiant le gouvernement de l’Hyrcanie.
Face aux Séleucides, Parthes et Arsacides s’organisent
De -136 à -127 : Phraate II succède à son père Mithridate Ier et règne sur un empire s’étendant de l’Euphrate à l’Ariane. Cependant, il doit faire face à une réaction de la part des Séleucides, car Antiochos VII Sidète tente de reconquérir les territoires perdus et de ramener son frère Démétrios. Antiochos parvient effectivement à reconquérir la Mésopotamie et bat plusieurs fois son adversaire avant de conclure un traité à Ecbatane. Phraate feint alors d’accepter sa défaite et de satisfaire les exigences du vainqueur. Cependant, il attaque Antiochos par surprise et lui inflige une défaite totale, entraînant la mort de ce dernier en -129.
Les Parthes ont ainsi récupéré tous les territoires perdus et menacent directement la Syrie. Cependant, Phraate doit faire face à une nouvelle menace : l’arrivée de populations scythiques venant d’Asie centrale qui envahissent tout l’est de son empire. Malheureusement pour Phraate, les batailles lui sont défavorables et il est tué, tout comme son oncle et successeur Artaban II.
De -127 à -124 :Règne d’Artaban II.
Alliances et guerres de territoires
De -124 à -91 :Pendant le règne de Mithridate II, la puissance des Parthes est contestée par de nombreuses révoltes à l’ouest et est de plus en plus menacée par les peuples nomades qui envahissent régulièrement les régions orientales. Ces invasions entraînent la destruction du Royaume gréco-bactrien par ces nouveaux venus. Mithridate parvient à contenir l’avancée de ces peuples nomades et à reprendre le contrôle de la Margiane, de l’Ariane et de la Gédrosie. Cependant, la menace persiste le long du cours de l’Oxus (Amou Daria). Cette menace provient des Scythes Sacarauques et des Tokhariens (Yué Tché), qui établiront diverses principautés ou royaumes dans le nord-ouest de l’Inde, liés aux Parthes mais restant indépendants de manière durable.
-115 :Mithridate II signe un traité avec Wu-ti, l’empereur Han de Chine, dans le but de favoriser le commerce le long de la célèbre Route de la Soie qui doit se développer à travers l’Asie centrale.
-113 :Mithridate II capture Doura sur l’Euphrate et ordonne la construction d’une nouvelle capitale à Nisa.
-112 : Mithridate Eupator fonde le royaume du Pont en Asie Mineure, devenant un adversaire redoutable pour les Romains de -89 à -63 lors de leur conquête de la région. Il forme une alliance avec Tigrane d’Arménie, en conflit avec son suzerain parthe, ce qui le mène à conquérir Ecbatane et à revendiquer le titre de « Roi des rois » en -83.
-96 :Rencontre l’envoyé parthe Orobazès et Sylla, le propréteur romain en Cilicie.
De -91 à -37 : Règnes de Gotarzès de 91 à -80, Orodès Ier de -80 à -76, Sinetrocès de -76 à -69, Phraate III de -69 à -60, Mithridate III de -60 à -56 et Orodès II de -56 à -37.
Les Parthes contre Rome
De -88 à -64 : En dépit des tensions internes, les Parthes maintiennent une position neutre pendant toute la durée du conflit entre les Romains et le roi du Pont, Mithridate.
Entre -69 et -66 : Les Parthes concluent des traités avec Lucullus et Pompée, qui établissent la frontière entre les domaines parthe et romain le long de l’Euphrate.
-53 : Lors de la bataille de Carrhae (Harran), les légions romaines commandées par Crassus sont défaites par les Parthes sous le commandement de Surena. Par la suite, le roi Orodès II fait exécuter Surena, le jugeant devenu une menace pour son autorité.
-40 : Orodès et son fils Pacorus envahissent d’abord la Syrie, puis étendent leur avantage en Asie Mineure et en Syrie, entraînant la perte d’une grande partie de l’Est romain. La réponse rapide des Romains, menée par C. Ventidius Bassus, conduit à la défaite des Parthes. Pacorus est tué à Gindarus en -39 et Orodès est assassiné par ses autres fils.
-37 : Phraate IV accède au pouvoir et règne jusqu’en 2 avant Jésus-Christ. Il doit faire face à un rival, Tiridate II, finalement rallié à Rome.
De -36 à -34 : Antoine pénètre dans le Caucase et soumet l’Arménie à la suzeraineté de Rome. Cependant, il avance trop loin en Médie Atropatène (actuel Azerbaïdjan) et est contraint de se retirer. L’année suivante, le rétablissement de l’alliance entre les Arméniens et les Parthes rend toute nouvelle tentative impossible.
-20 : Sous le règne d’Auguste, un traité de paix est conclu avec Phraate IV, qui restitue les aigles capturées par Crassus. Désormais, l’Arménie joue le rôle d’un État-tampon. La frontière avec la puissance romaine est stabilisée le long de l’Euphrate.
De 2 avant Jésus-Christ à 5 après Jésus-Christ : Règne de Phraate V, qui empoisonna son père et rechercha l’alliance romaine.
L’Empire parthe connaît une période de troubles
De 5 à 7 :Règne d’ Orodès III.
De 8 à 11 : Règne de Vononès Ier. La noblesse parthe se révolte contre ce souverain, formé à Rome. Il est remplacé par Artaban III.
De 11 à 40 : Durant le règne d’Artaban III, la langue pehlevie s’impose. Par la suite, Tiridate III, Cinnamus, Vardanès Ier, Gotarzès II et Vononès II se disputeront le pouvoir jusqu’en 51.
37 : Artaban et Vitellius, le gouverneur romain de Syrie, trouvent un accord sur la question arménienne.
De 51 à 75 : Règne de Vologèse Ier. L’Avesta aurait été rédigé à cette époque. Pacorus II, Artaban IV et Vologèse II lui succèdent, tandis que l’Iran oriental est occupé par les Kouchans, qui établissent un empire indo-scythe.
Entre 63 et 66 : Le traité de Rhandeia maintient l’Arménie sous le contrôle des Arsacides, mais soumise à la domination romaine. Tiridate, frère de Vologèse Ier, reçoit de Néron à Rome, la couronne des rois d’Arménie.
Après 75 :Les invasions des Alains, la sécession de l’Hyrcanie et les querelles dynastiques fragilisent l’Empire parthe.
De 106 à 129 :Règne d’Osroès.
114 :Trajan conquiert l’Arménie.
117 : L’empereur romain Trajan décède en Cilicie. Il avait notamment conquis Ctésiphon et Séleucie du Tigre en 116 et progressé jusqu’au golfe Persique. Cependant, les nombreuses révoltes qui éclatèrent en Orient compromirent sa victoire sur les Parthes.
118 : Hadrien conclut un accord de paix avec Osroès. Ce traité fixe son retrait des territoires conquis par Trajan, à l’exception de l’Arménie.
Le royaume des Kouchan
125 : Kanishka accède au pouvoir du Royaume kûchân situé à l’est de l’Empire parthe. Le manque d’intérêt des Indiens pour l’histoire et la chronologie crée de nombreuses incertitudes quant aux dates de la dynastie (certains situent donc l’accession de Kanishka au pouvoir en 140, voire en 172).
Les Kouchân, une dynastie d’origine tokharienne, ont étendu leur autorité depuis l’époque de leur premier souverain, Kujuila Kadphisés, sur des territoires allant de la Margiane (région actuelle de Merv) à l’Indus. Son fils Wima-Kadphisés conquit ensuite, au détriment de l’Empire parthe, l’Ariane (région d’Hérat), l’Arachosie (région de Kandahar) et la Sakasthène (actuel Séistan, au sud-est de l’Iran).
Contrôlant temporairement la route de la soie, l’Empire kûchân s’est davantage tourné vers l’Inde que vers le plateau iranien, apparaissant ainsi comme un ennemi moins menaçant que l’Empire romain à l’ouest. Kanishka établit sa capitale à Purushapura (Peshawar) et sa capitale d’été à Begram (Kapici, près de Kaboul). L’empire s’étendait vers le nord jusqu’en Sogdiane et vers les oasis du Tarim tout en dominant l’Inde septentrionale jusqu’à Bénarès et jusqu’au cours de la Narbada dans le Deccan. Kanishka rassembla sur sa personne les titres de maharadjah (« grand roi ») indien, de chahenchah (« roi des rois ») parthe et iranien, ainsi que celui de « fils du Ciel » chinois, témoignant du caractère cosmopolite de son royaume.
Toutefois, ce royaume commence à décliner régulièrement à partir du milieu du IIIème siècle pour se limiter finalement à la région de Kaboul et à la vallée supérieure de l’Oxus. Il disparaît définitivement vers le milieu du Vème siècle. À cette époque, l’influence iranienne prédominait dans les régions d’Asie centrale, ainsi que sur une partie de l’Inde du Nord où avait prospéré le Royaume kouchan précédemment.
L’Empire parthe sur le déclin
De 129 à 147 : Règne de Mithridate V. Durant cette période, des conflits internes affaiblissent continuellement l’Empire parthe.
De 147 à 191 : Règne de Vologèse III.
162 :Les hostilités reprennent avec Rome. Les Parthes envahissent l’Arménie, la Cappadoce et la Syrie. Cependant les armées d’Antonin le Pieux remportent la bataille à Dour et poussent les vainqueurs au-delà du Tigre.
165 :Avidius Cassius capture et incendie Ctésiphon.
166 :Les Romains se retirent sous la contrainte de l’épidémie de peste. Par la suite, sous Marc-Aurèle, occupé par les Germains sur le Rhin et le Danube, les Parthes reprennent l’offensive et envahissent la Syrie et l’Arménie.
De 191 à 209 : Règne de Vologèse IV. Les Parthes parviennent à retrouver une puissance menaçante.
197 : Sous le règne de Septime Sévère, les Romains prennent et détruisent à nouveau Ctésiphon. La ville de Hatra réussit toutefois à résister.
216 : Vologèse V et Artaban V se battent pour le pouvoir en Mésopotamie. Plus tard, Artaban V bat à deux reprises l’empereur Macrin.
217 :Assassinat de Caracalla, qui avait déjà envahi la région.
La fin de l’Empire parthe
Le 28 avril 224, Artaban V est tué en Susiane, dans la plaine d’Hormizdaghan, par l’un de ses vassaux révoltés. Celui-ci fonde ensuite la dynastie sassanide.
Les siècles pendant lesquels l’histoire iranienne s’associe aux puissances séleucides, parthes et arsacides témoignent d’une certaine continuité. Ils relient l’Empire achéménide, premier grand empire universel de l’Histoire, à l’Empire sassanide qui incarna, pendant quatre siècles, la vitalité de la civilisation iranienne.
Les Parthes ne réussirent guère à étendre leur influence jusqu’aux côtes de la Méditerranée et de la mer Noire pour restaurer les anciennes frontières occidentales de l’Empire achéménide. À l’époque parthe, la langue dominante était le pehlevi arsacide. Utilisé initialement en Iran central, le pehlevi sassanide parlé dans le Fars, au sud-ouest du pays, le remplace au IIIème siècle. Les populations des régions orientales du monde parthe parlaient le sogdien, qui demeura longtemps une langue internationale importante pour toute l’Asie centrale (rôle qui sera par la suite attribué au persan). Le sace et le tokharien étaient quant à eux pratiqués au nord-est, dans les régions contrôlées par divers peuples scythes, ainsi que par les Tokhariens ou Yue-Tché.
Du point de vue religieux, la déesse Anahita et le très ancien dieu indo-iranien Mithra semblaient être les divinités les plus vénérées, avant que le zoroastrisme ne devienne la religion d’État officielle sous les Sassanides.
La conquête de l’Iran par Alexandre le Grand, Iskandar en persan (اسکندر), est un événement marquant de l’Histoire. Après avoir soumis la Grèce et conquis l’Empire achéménide, Alexandre avance vers l’est pour conquérir de nouveaux territoires, notamment l’Iran.
En 330 avant Jésus-Christ, Alexandre lance une offensive en Iran, dirigeant son armée vers des villes clés telles que Suse et Persépolis. Les Perses tentent de résister, mais ils sont finalement défaits par la puissance militaire et tactique d’Alexandre. La conquête se poursuivit à travers la région, avec des batailles et des sièges stratégiques, aboutissant à la soumission des différentes provinces iraniennes.
La conquête de l’Iran par Alexandre le Grand
La campagne d’Alexandre le Grand en Iran
-334 :L’armée d’Alexandre franchit le détroit des Dardanelles, marquant ainsi le début de sa campagne contre l’Iran achéménide. Le jeune roi macédonien remporte une première victoire contre les forces perses lors de la bataille du Granique. Il capture successivement Sardes, Milet et Halicarnasse, soumettant ainsi la Carie. De là, il traverse la Lycie, la Pamphylie et la Pisidie pour atteindre Gordion, la capitale de la Phrygie, où se déroule l’épisode célèbre de la rupture du fameux « nœud gordien ». Pendant ce temps, son lieutenant, Parménion, s’empare de la Phrygie hellespontique et de la Lydie. Au printemps de -333, le jeune roi macédonien devient ainsi le maître de toute l’Asie Mineure.
-333 :Alexandre remporte la victoire d’Issos, située au nord de la Syrie, contre les troupes de Darius. Ce dernier est contraint battre en retraite vers l’est en repassant l’Euphrate. Alexandre poursuit sa conquête en Phénicie et capture notamment Tyr après un siège de sept mois. Il refuse à deux reprises les offres de compromis de Darius, prêt à lui céder l’Asie Mineure et à payer une rançon élevée pour obtenir la libération de sa famille capturée à Issos. Le conquérant s’empare ensuite de Gaza après un siège de deux mois, puis entre en Égypte où il passe l’hiver -332/-331. C’est lors de cette période qu’il se rend jusqu’à l’oasis d’Amon dans le désert occidental.
-331 :Après avoir traversé l’Euphrate et le Tigre, Alexandre rejette une nouvelle offre de paix de Darius, désormais prêt à fixer la frontière occidentale de son empire sur l’Euphrate. Le souverain iranien subit une nouvelle défaite à la bataille de Gaugamèles. Il est contraint de fuir Arbèles en octobre, où son trésor tombe entre les mains du souverain macédonien. Alexandre entre sans combat dans Babylone, puis dans Suse. Le vainqueur s’empare ensuite de Persépolis, la capitale de l’empire achéménide, qui sera pillée par ses troupes. Il capture ensuite Pasargades avant de partir en direction d’Ecbatane.
L’incendie de Persépolis
En mai 330, Persépolis est ravagé par les flammes et complètement détruit. Bien que cela contredise la politique d’intégration locale que prône Alexandre, les historiens considèrent souvent cet incendie comme volontaire. Le conquérant macédonien aurait ainsi effectué un geste symbolique délibéré envers les Iraniens et les Grecs de la ligue de Corinthe, considéré comme une vengeance pour l’incendie d’Athènes par Xerxès Ier en -480. Il est également possible qu’Alexandre souhaita affirmer son pouvoir sur une population peu disposée à se rallier à lui.
Toutefois, une autre hypothèse suggère qu’Alexandre incendia Persépolis alors qu’il était dans un état d’ébriété et sous l’influence d’ une jeune courtisane athénienne nommée Thaïs. Bien que les troupes macédoniennes accomplissent cette destruction avec une immense joie, Alexandre regrettera ultérieurement cet acte inacceptable pour les Iraniens.
La fin de l’Empire achéménide
-330 :Bessos, le satrape de Bactriane, assassine Darius lors de sa fuite vers l’est de son empire. Son trépas marque la fin de la dynastie achéménide, qui avait fait de l’Iran le premier grand empire de l’Antiquité.
Hiver -330/-329 :Alexandre établit trois villes : Alexandrie d’Ariane (Hérat), Alexandrie de Margiane (Merv) et Alexandrie d’Arachosie (Kandahar).
Il s’installe toutefois à Alexandrie du Caucase, située au sud de l’Hindou-Kouch. Il traverse alors cette chaîne de montagnes pour atteindre l’Asie centrale, où il remporte des victoires contre les Sogdiens. Cela lui permet de prendre le contrôle des régions situées au nord de l’Oxus (Amou Daria) et de l’Iaxartes (Syr Daria).
Alexandre poursuit ses conquêtes vers l’est et réorganise l’empire
-327 :Alexandre épouse Roshanak (روشنک, transcrit Roxane en grec), fille du satrape vaincu Oxyartès. Les historiens grecs rapportent qu’Alexandre lui demanda de retirer son tchador pendant une danse et s’énamoura de sa beauté. Roxane n’avait jusqu’à présent jamais dévoilée en public ce vêtement traditionnel que les femmes iraniennes nobles portaient pour rester cachées aux yeux des autres. Cette même année, il attribue à son père la satrapie de Bactriane et fonde ensuite Alexandrie d’Iaxartes (Khodjend).
-326 :Après avoir conquis le royaume de Taxila au Pakistan et vaincu le souverain indien Poros, Alexandre avance jusqu’au fleuve Hyphase (aujourd’hui la Setledj, un affluent de l’Indus). Au-delà de ce fleuve, son armée refuse de continuer à avancer. Par la suite, il descend l’Indus et ordonne la construction d’une flotte sous le commandement de Néarque, chargée de rejoindre le golfe Persique. Il divise ensuite son armée en deux : la première partie retournera en Mésopotamie en passant par l’Arachosie, tandis que la deuxième traversera la Gédrosie en longeant la côte, en liaison avec la flotte. Les deux armées se rejoindront finalement près de l’actuelle Bandar Abbas, poursuivant leur avancée en direction de Pasargades puis de Suse, où ils arrivent en -324.
Alexandre réorganise alors son empire en maintenant le système de satrapies et en conservant certains gouverneurs iraniens. Il adopte également les codes de la cour achéménide. Il scelle une alliance politique en épousant Stateira (استاتیرا, également connue sous le nom de Barsine بارسینه), la fille aînée de Darius III, ainsi que Parysatis (پروشات), la fille d’Artaxerxès III. Le jour-même, 10 000 mariages irano-macédoniens sont célébrés à Suse, faisant de cet événement un symbole de l’unification entre les deux cultures.
La mort d’Alexandre et l’ère des Diadoques
-323 :Alexandre meurt à Babylone le 11 juin. Son décès prématuré met en échec l’immense empire qu’il avait bâti. Roxane, la première épouse d’Alexandre le Grand, s’associe à Perdiccas, l’un de ses généraux, pour tuer Stateira par strangulation. Il est en effet possible que Stateira eut été enceinte, représentant de la sorte un danger pour Roxane. Quant à Parysatis, aucun document écrit ne nous est parvenu, rendant ainsi son sort inconnu. Roxane sera quant à elle assassinée en -309 ou -308 avec son fils Alexandre IV, successeur légitime du conquérant macédonien. Les biographies de ces femmes iraniennes célèbres sont minutieusement étudiées dans notre livre intitulé Les Iraniennes.
Les dissensions entre les généraux d’Alexandre surviennent immédiatement, le défunt conquérant n’ayant pas désigné d’héritier. Certains auteurs de la Vulgate prétendent qu’Alexandre aurait confié son anneau royal à Perdiccas sur son lit de mort. Selon n’empêche pas Méléagre et la phalange de soutenir le demi-frère d’Alexandre, Philippe III Arrhidé. Perdiccas préconise pour sa part d’attendre la naissance de l’enfant d’Alexandre et Roxane.
Ces conflits vont permettre l’émergence des principales dynasties grecques de l’époque hellénistique. À savoir la dynastie Lagide fondée par Ptolémée, la dynastie Séleucide fondée par Séleucos et la dynastie Antigonide fondée par Antigone le Borgne.
Les guerres des Diadoques et le partage de l’Empire d’Alexandre
La succession d’Alexandre ne pouvant se passer dans des conditions idéales, s’ouvre alors l’ère des Diadoques. Pas moins de neuf généraux et compagnons d’Alexandre le Grand vont se battre les uns contre les autres pour accéder au titre royal et à la domination des territoires conquis.
Ces guerres des Diadoques se déroulent de 322 à 281 avant Jésus-Christ, de la coalition contre Perdiccas jusqu’à la bataille de Couroupédion. Elles sont généralement considérées comme le début de l’époque hellénistique.
Un compromis est alors trouvé lors de l’accord de Babylone en juin -323. Philippe III devient roi aux côtés du futur Alexandre IV, dans l’espoir qu’il soit un garçon. Perdiccas quant à lui devient chiliarque, c’est-à-dire régent de l’« empire » qui englobe les territoires asiatiques. Cependant, il fait exécuter Méléagre et tente de prendre le contrôle total des affaires politiques, suscitant ainsi l’hostilité de certains généraux.
Les guerres des Diadoques, caractérisées par de nombreux changements d’alliances, opposent les principaux généraux d’Alexandre le Grand afin de prendre la direction de son vaste empire ou de contrôler les territoires qui le composent.
En -311, lors d’un premier accord de paix, ils ne sont plus que cinq :
Cassandre en Macédoine
Lysimaque en Thrace
Antigone en Asie Mineure et en Syrie
Séleucos en Babylonie et en Iran
Ptolémée en Égypte
En -301, les deux vainqueurs de la bataille d’Ipsos, Séleucos et Lysimaque, se partagent l’empire après la défaite d’Antigone. La conséquence s’avère une période de stabilisation, à l’exception de la Macédoine qui connaît une succession de guerres pour le pouvoir ainsi que la menace des invasions celtes.
La défaite de Lysimaque en -281 marque la fin de l’ère des Diadoques. Seul Séleucos survit à cette date, et avec lui la dynastie des Séleucides.
La dynastie des Achéménides est à l’origine du premier empire iranien. Celui-ci régna sur une grande partie du monde connu au cours du premier millénaire avant Jésus-Christ.
Le terme « Achéménides » (en vieux perse : Haxāmanišiya) fait référence à la famille fondatrice qui se libéra de la domination des Mèdes, leurs anciens souverains, vers 550 avant Jésus-Christ.
Les Achéménides, fondateurs du premier empire iranien
Les Achéménides constituèrent un empire parmi les plus étendus de l’Antiquité. En effet, celui-ci couvrait près de 5,5 millions de kilomètres carrés durant son apogée.
L’empire des Achéménides s’étendait au nord et à l’ouest en Asie Mineure, en Thrace et dans la plupart des régions côtières de la mer Noire. À l’est jusqu’en Afghanistan et une partie du Pakistan actuels. Enfin, au sud et au sud-ouest de l’Irak actuel, de la Syrie, du Liban, d’Israël, de la Palestine, de la Jordanie, du nord de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et du nord de la Libye.
Les Achéménides conquirent l’Anatolie en défaisant les Lydiens, puis l’Empire néo-babylonien. Avec la conquête de l’Égypte, ils unirent les civilisations les plus anciennes de l’Asie occidentale au sein d’une seule entité politique durable.
L’Empire du Grand Roi, tout en étant respectueux des diversités ethniques et religieuses, s’organisait en satrapies dirigées par des Perses. Les satrapes rendaient compte directement à leur souverain. Avec le temps, les structures féodales de l’époque médique et du début de l’ère achéménide évoluèrent vers une monarchie administrative capable de percevoir régulièrement des tributs. Les langues principales utilisées dans l’empire étaient l’élamite, l’araméen et le vieux perse. La religion dominante était le mazdéisme, réformé par Zarathoustra.
Chronologie de l’Empire achéménide
Cyrus le Grand, fondateur de l’empire des Achéménides
De -558 à -530 :Règne de Cyrus II le Grand, fils de Cambyse et petit-fils d’Astyage, roi de Médie. Il parvint à unir les Perses et les Mèdes sous son autorité. Après avoir conquis Hyrcanie et Parthie, il bat son grand-père en -550, mettant ainsi fin à la puissance mède. Par la suite, Cyrus le Grand s’installa à Ecbatane, l’ancienne capitale mède, qui devint ainsi la capitale de l’Iran unifié au détriment de Pasargades.
-550 :Les Perses de Cyrus pillent la ville d’Ecbatane et emportent ses richesses jusqu’en terre d’Anzan, comme le rapportent les annales de Nabonide, le souverain babylonien. Cet événement marque la fin de l’Empire mède, qui avait néanmoins réalisé une première tentative d’unité politique en Iran.
-546 :Cyrus conquiert Sardes, la capitale de la Lydie. Le roi Crésus, célèbre pour sa richesse grâce aux paillettes d’or du fleuve Pactole, perd la vie durant cette bataille. La Lydie devient alors une satrapie, c’est-à-dire une subdivision administrative dirigée par un gouverneur iranien. Les cités grecques de la côte ionienne sont ensuite annexées et réparties entre la satrapie lydienne et une autre satrapie, connue sous le nom de « satrapie de la Mer » (correspondant à la mer Noire).
De -545 à -539 :Cyrus II le Grand mène une série de campagnes permettant l’expansion vers l’est du royaume. La Bactriane (actuelle région de Balkh), l’Arachosie (actuelle région de Kandahar, au sud de l’Afghanistan), la Margiane (actuelle région de Merv) et la Drangiane deviennent de nouvelles satrapies. Cyrus avance jusqu’à la rivière Iaxartes (le Syr Daria), constituant ainsi la limite nord-orientale de son empire. Les Iraniens érigent des forteresses pour contenir la pression des nomades d’Asie centrale. Par la suite, Cyrus se tourne vers l’ouest.
La puissance de l’empire achéménide
-539 :Cyrus s’empare de Babylone sans grande résistance de la part de son souverain, Nabonide. Le vainqueur se met sous la protection du dieu Mardûk. À la mort de Nabonide l’année suivante, Cyrus prend le titre de « roi de Babylone, roi des pays ».
Le souverain iranien ne cherche pas à imposer la religion mazdéenne aux Babyloniens et aux autres peuples. Il restitue même les statues des dieux emportées comme butin à Babylone au cours des décennies précédentes aux peuples étrangers. Cyrus fonde également les villes de Pasargades et Persépolis.
-537 :Cyrus autorise les Judéens déportés à Babylone à retourner en Palestine en emmenant avec eux les objets précieux arrachés du temple de Jérusalem. Cyrus décède en -530 au cours d’une campagne contre les nomades Massagètes qui menaçaient l’est de l’Empire.
En tant que fondateur de l’Empire iranien, il réussit à conquérir la Médie, la Lydie et la Babylonie. Il établit des capitales à Ecbatane, Suse, Babylone, ainsi qu’une résidence moins officielle à Pasargades. L’autorité de Cyrus semble largement acceptée, en particulier en Mésopotamie. En témoigne le texte de l’époque cité par Roman Girshman :
« Mardûk a visité tous les pays et a vu celui qu’il cherchait pour être un roi juste, un roi après son propre cœur, qu’il guiderait par la main. Il a prononcé son nom, Cyrus d’Anshan, et il a désigné son nom pour régner sur tout… ».
De -529 à -522 :Règne de Kambûjiya (Cambyse II), le fils aîné de Cyrus, qui avait été vice-roi de Babylone sous le règne de son père pendant huit ans. Celui-ci doit affirmer son propre pouvoir en ordonnant l’assassinat de son frère Bardiya, qui encourageait des révoltes dans les provinces orientales de l’empire. Cambyse se lance alors dans la conquête de l’Égypte, gouvernée par le pharaon Amasis.
Le règne de Cambyse et l’extension de l’Empire achéménide
Après avoir vaincu le pharaon avec l’aide de mercenaires grecs mais sans le soutien de son allié, le tyran Polycrate de Samos, il déporte à Suse Psammétique III, le fils et héritier d’Amasis. Trois garnisons s’avèrent suffisantes pour contrôler l’Égypte. Une expédition vers l’oasis d’Amon égarée dans le désert, ainsi que le refus des marins phéniciens de sa flotte de combattre cette cité punique sœur, poussent le souverain iranien à abandonner l’idée de soumettre Carthage. Les Grecs de Cyrène se soumettent à lui et une expédition en Nubie conduit à la création de la cité de Méroé.
-522 :Cambyse découvre que le mage Gaumata, qui ressemble étrangement à son frère, s’est fait passer pour Bardiya et autoproclamé roi pendant son absence. Le souverain disparaît dans des circonstances obscures en Syrie, probablement en se suicidant lors d’une crise de démence.
L’armée reste fidèle aux Achéménides et refuse de reconnaître l’autorité de l’usurpateur Gaumata. C’est alors que sept jeunes princes, tous prétendants au trône, décident de choisir l’un d’entre eux en utilisant l’hippomancie. Le cheval de Darius est le premier à hennir au lever du soleil, ce qui le désigne. Selon Hérodote, le palefrenier du jeune prince joua un rôle dans ce dénouement heureux : la veille, il aurait emmené le cheval de son jeune maître à l’endroit prévu pour le rituel, en veillant à y conduire également une jument.
Le règne de Darius, le rayonnement des Achéménides
De -521 à -486 :Dâryav (Darius Ier), fils de Hystaspe et gouverneur de la Perside au début du règne de Cyrus le Grand, monte sur le trône. Il consolide rapidement son autorité dans l’empire en éliminant neuf prétendants qui s’étaient rebellés contre lui. Il mène ensuite une campagne militaire jusqu’aux rives de l’Indus, qu’il fait descendre en utilisant une flotte dirigée par le Grec Scylax de Caryande. En Égypte, il entreprend les travaux nécessaires pour rétablir la navigation sur le canal créé entre le Nil et la mer Rouge par le pharaon Néchao.
-516 :Darius est le premier à ordonner la frappe de pièces d’or appelées « dariques », inspirées des monnaies introduites originellement en Lydie et en Ionie.
-514 :Darius lance une campagne militaire contre les Scythes de Russie méridionale, ce qui conduit la colonie grecque de Byzance à se soumettre à sa suzeraineté. Malheureusement, cette entreprise se déroulant au nord de la mer Noire se termine par un échec. En effet, les Scythes utilisent la tactique de la terre brûlée et l’immensité de leur territoire empêche les envahisseurs iranien de prendre le dessus. Cette expédition n’a pas de suites. Toutefois, le fait que les Iraniens franchissent le Bosphore et progressent le long des côtes de la mer Noire, probablement au-delà de l’embouchure du Dniestr, incite le roi Amyngtias de Macédoine à reconnaître lui aussi la souveraineté iranienne, tandis que la Thrace est intégrée à l’empire.
-512 :Une satrapie appelée Hepthendon est créée dans le bassin de l’Indus. Celle-ci s’étendait jusqu’au Pendjab, une région actuellement partagée entre le Pakistan et l’Inde.
Les Achéménides et les guerres médiques
De -499 à -494 :Le soulèvement des cités ioniennes marque le début des conflits connus sous le nom de « guerres médiques ». Celles-ci oppose la Grèce des cités à l’Empire iranien des Achéménides désormais puissant. Au début du règne de Darius, le frère du tyran décédé de Samos avait déjà cherché le soutien du Grand Roi pour régner sur l’île à son tour.
Avant de se lancer dans la campagne contre les Scythes, Darius envoie son médecin grec Démocédès explorer les eaux des mers Égée et Ionienne jusqu’à Tarente. En même temps, une flotte iranienne navigue en mer Noire. De nombreuses colonies grecques y sont établies sur les côtes, échangeant le blé local contre du vin ou de la céramique de Grèce. Athènes, alors sous la tyrannie d’Hippias, semble prête à accepter la suzeraineté iranienne face à Sparte, championne de l’indépendance grecque. Elle envoie à ce titre une ambassade à Suse dans ce but. Cependant, le renversement du tyran rend impossible l’établissement de tels liens.
-490 :Après avoir vaincu les cités grecques d’Ionie en rébellion contre leur souverain, avec l’aide des cités de Grèce continentale, les Iraniens capturent Chio et Lesbos et cherchent à imposer leur suzeraineté aux cités qui continuent de les défier. Cependant, leur flotte se voit dispersée par une tempête. Ils débarquent ensuite en Eubée et assiègent Érétrie, qu’ils finissent par prendre d’assaut. Cette menace incite les Grecs à s’unir et Miltiade remporte la victoire de Marathon contre les forces ennemies largement supérieures en nombre, sous le commandement du mède Datis. Cet échec entraîne des répercussions en Égypte. Le satrape Aryandès fait face à une révolte et perd la vie avant que Darius ne vienne en personne rétablir son autorité.
-486 :Décès de Darius Ier. Il étendit l’Empire iranien à son apogée territoriale tout en développant une administration puissante. Celle-ci reposait sur un partage du pouvoir entre le satrape et le chef militaire, que des représentants locaux du Grand Roi surveillent étroitement. La mise en place d’un vaste réseau routier et de premier réseau postal à cheval contribua également à la stabilité de l’Empire. De même permirent-ils la collecte de tributs importants provenant des différentes provinces.
Le règne de Xerxès et la poursuite des guerres médiques
De -486 à -465 :Règne de Khchayarchâ (Xerxès). Petit-fils de Cyrus, il avait régné sur Babylone pendant douze ans, jusqu’à la disparition de son grand-père. Il doit d’abord réprimer fermement les révoltes qui éclatent en Égypte et en Mésopotamie.
-481 :Xerxès lance une offensive militaire contre les Grecs, en dépêchant une armée colossale placée sous les ordres de Mardonios. Celle-ci rassemble des contingents recrutés parmi tous les peuples de l’Empire.
-480 :Après avoir traversé l’Hellespont, les Iraniens conquièrent facilement la Thessalie et la Macédoine sans rencontrer de grande résistance. Les Spartiates de Leonidas défendent avec courage le passage des Thermopyles. Cette résistance n’empêche pas Athènes de tomber aux mains des Perses qui incendient les monuments de l’Acropole. Cependant, sur les conseils de Thémistocle, les Grecs décident de poursuivre la lutte sur mer et anéantissent un tiers de la flotte perse à la bataille de Salamine. Xerxès regagne l’Asie et confie la poursuite de la campagne à Mardonios.
-479 :Mardonios subit une défaite et trouve la mort à Platées. Au même moment, la majeure partie de la flotte de Xerxès est anéantie près de Samos, au cap Mycale.
-466 :Sur les rives de l’Eurymédon, en Pamphylie, les Grecs remportent une nouvelle victoire face aux Perses.
Le règne d’Artaxerxès
De -465 à -424 :Artakhchathrâh (Artaxerxès ou Ardachir), également connu sous le surnom de « Longue Main », règne en tant que successeur de son père Xerxès. Il doit réprimer une révolte menée par son frère. Celui-ci gouvernait la région de Bactriane, située en Asie centrale au nord de l’Hindou-Kouch, sur les deux rives de l’Oxus (actuel Amou daria), dont Balkh est le principal centre. Après cela, il ordonne l’assassinat de ses autres frères.
Entre -464 et -454 :Une révolte éclate en Égypte, menée par Inaros et soutenue par les Athéniens. Artaxerxès et le satrape Mégabyze parviennent finalement à réprimer cette révolte.
-451 :Un accord de paix d’une durée de cinq ans est signé entre le Grand Roi et les Grecs. Les Iraniens renoncent aux cités grecques de la côte ionienne et la frontière occidentale de l’empire est ramenée à l’Halys.
Les successeurs d’Artaxerxès et le temps des épreuves pour les Achéménides
De -424 à -405 :Après le décès d’Artaxerxès, son fils Xerxès II monte sur le trône. Il ne règne cependant que six semaines avant d’être assassiné par Sogdianos, le fils d’une concubine de son père. Par la suite, l’un de ses frères, Vahûka (Okhos), satrape d’Hyrcanie, prend le pouvoir en 423 et règne jusqu’en -405 sous le nom de Darius II. Il fut notamment surnommé « Nathos », signifiant le « Bâtard ». Darius II s’implique dans les conflits en Grèce en soutenant Sparte contre Athènes durant la guerre du Péloponnèse.
De -405 à -359 :Artaxerxès II, fils aîné du précédent roi, règne avec le surnom de « Mnemon » en raison de sa remarquable mémoire. Son frère Cyrus, favori de leur mère Parysatis, tente sans succès de l’assassiner lors de son couronnement à Pasargades. Cependant, le souverain pardonne à son frère et l’envoie reprendre le contrôle des satrapies de Lydie, Phrygie et Cappadoce qu’il gouvernait précédemment . Malheureusement, le frère perfide récidive avant d’être finalement tué au combat. C’est en cette période que se déroule l’épisode des « Dix Mille », ces mercenaires grecs de l’armée de Cyrus qui, sous le commandement de Xénophon, furent contraints de retrouver leur patrie à travers l’Asie Mineure. Xénophon immortalisera notamment cet épisode dans son ouvrage Anabase.
Vers le déclin des Achéménides
-404 :L’Égypte proclame son indépendance après un soulèvement. Parallèlement, le spartiate Agésilas remporte une victoire contre les Perses. Cependant, sa cité le rappelle car le pouvoir financier du Grand Roi est devenu son principal moyen d’action lorsque ses armées ne sont plus invincibles. Artaxerxès II soutient également Thèbes dans sa lutte contre Athènes. Malgré plusieurs révoltes menaçant l’unité de l’empire, Artaxerxès sut la préserver jusqu’à sa mort.
-401 :Cyrus le Jeune se révolte contre son frère Artaxerxès II Mnemon. Il perdra la vie lors de la bataille de Kounaxa, au nord de Babylone.
-387 :La « paix du Roi », également connue sous le nom de « paix d’Antalcidas » en référence au négociateur spartiate, permet à l’empire iranien de reprendre le contrôle de l’Asie Mineure.
De -359 à -338 :Règne d’Artaxerxès (Ardaschir) III Ochos. Il prend des mesures pour éliminer tous ses frères susceptibles de devenir des rivaux et réprime les révoltes des satrapes.
-353 :Le souverain iranien échoue dans sa tentative de reprendre le contrôle de l’Égypte. En représailles, il incendie Sidon et massacre ses habitants alliés aux rebelles égyptiens.
La menace macédonienne
-343 :L’aide apportée par Mentor de Rhodes permet de vaincre la résistance en Égypte. Par son concours, il permet à l’empire iranien de retrouver sa position. Menacée par Philippe de Macédoine, la cité athénienne envoie une nouvelle ambassade à Suse pour chercher à nouveau l’alliance iranienne.
-338 :Cette année marque la fin de l’indépendance grecque avec la mort d’Artaxerxès III, empoisonné par l’eunuque Bagoas, qui élimine également son fils cadet et successeur Arsès. Philippe de Macédoine prend le pouvoir sur le monde hellénique.
De -335 à -330 :Darius III Codoman est le dernier roi de la dynastie achéménide. Celui-ci sera finalement vaincu par Alexandre le Grand.
Le 20 février 2021, l’agence de presse iranienne ISNA publiait cette lettre qui témoigne de l’intimité et de la profondeur des émotions ressenties par le général Soleimani. Dans cette missive, il exprime avant tout son amour inconditionnel et sa fierté envers sa fille. Mais il partage également les réflexions et les enseignements qu’il a tirés de sa vie et de son expérience.
Le général Qassem Soleimani se distingua par sa lutte acharnée pour la protection des minorités religieuses persécutées par Daech. Son combat contre le terrorisme fait de lui un symbole pour les populations touchées par le terrorisme. Sa détermination à lutter contre ce fléau a inspiré et mobilisé de nombreuses personnes.
Dans cette lettre, le général Soleimani raconte des anecdotes de sa vie personnelle et partage des conseils précieux avec sa fille. Il réfléchit également sur l’importance de la famille, la force de la foi et le courage face aux défis. Cette lettre offre un aperçu unique de l’homme derrière le commandant militaire. Elle dévoile à la fois ses pensées les plus intimes et son amour paternel. C’est la parole d’un homme face à lui-même.
Morgan Lotz s’avère également être l’auteur d’une étude détaillée sur le général Qassem Soleimani. Reconnu pour son charisme, sa bravoure et sa perspicacité stratégique, il compte parmi les personnalités clés de la politique régionale de l’Iran et joua un rôle central dans la bataille contre l’organisation terroriste Daech. Son assassinat le 3 janvier 2020 à Bagdad fut un événement majeur qui suscita une vive émotion à travers le monde.
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Lettre du Général Qassem Soleimani adressée à sa fille
Au 7ème siècle avant Jésus-Christ, les Mèdes (مادها) formaient un empire puissant qui s’étendait sur l’ouest de l’Iran. Découvrez leur histoire à travers cet article.
Des origines incertaines
Membre de la famille indo-européenne, ce peuple apparaît dans l’histoire vers 834 avant Jésus-Christ lorsqu’il est confronté à une campagne militaire menée par le roi assyrien Salmanazar III dans le nord-ouest de l’Iran.
Leur origine géographique est discutée. Celle-ci pourrait se situer près du Caucase ou dans les steppes de la mer Caspienne, d’où ils auraient migré vers la région du lac d’Urmiah. Comme les Perses, ils est probable qu’ils aient émigré sur le plateau iranien au début du premier millénaire avant Jésus-Christ.
Par la suite, les Mèdes s’installent près de l’actuelle Hamedan. Ils y fondent leur capitale, Ecbatane, dont le nom signifie « lieu du rassemblement ».
Chronologie de l’Empire mède
Vers -860 :Les Perses s’établissent au nord-est de Suse, dans la région du Parsumach, près d’Anshan.
Vers -825 :Les Mèdes s’installent près du lac d’Urmiah. Ils font face aux mouvements des tribus cimmériennes et scythes, mais surtout à leur principal ennemi, à savoir les Assyriens. Ils parviennent finalement à les vaincre en s’alliant au royaume néo-babylonien de Nabopolassar.
-728 -675 : Règne de Daïakku (peut-être le Déïocès d’Hérodote), fondateur de l’Empire mède.
-715 : Daïakkû est vaincu par le souverain assyrien Sargon II.
Début du 7ème siècle avant Jésus-Christ :Invasion des Cimmériens dans les monts Zagros.
Vers -675 :Khchathrita, également appelé Phraorte par Hérodote et Kachtariti dans les textes assyriens, succède à Daïakkû. Il unifie les Mèdes, les Mannéens et les Scythes présents dans les régions du Zagros. Il soumet ensuite les Perses établis dans le nord-est de Suse, dans le pays de Parsumach. Le nom de Parsumach est mentionné pour la première fois dans les inscriptions assyriennes en -692, lorsqu’il s’allie avec Anzan au cours de la bataille de Halulé contre l’assyrien Sennachérib, dont le règne s’étend de -705 à -681.
De -681 à -668 :Règne d’Assarhadon d’Assyrie, durant lequel une ambassade assyrienne est envoyée auprès de Khchathrita. Cet élément indique l’importance que revêt alors le royaume mède.
De -675 à -640 : Règne de Tchichpich (Teïspès) sur le Parsumach auquel il ajoute l’Anzan et le Fars. Il est l’héritier du clan d’Hakkâmanich (Achéménès) qui donna son nom à la dynastie achéménide.
Entre -660 et -583 :Dates présumées de la vie de Zarathoustra, le réformateur de la tradition mazdéenne.
-653 :Khchathrita trouve la mort lors d’une incursion assyrienne réalisée sous le règne du roi assyrien Assurbanipal (-668 à -626). Pendant un quart de siècle, les Scythes règnent sur l’Iran jusqu’à la mort de leur roi Madyès en -625. La découverte du trésor de Sakklez, situé au sud du lac d’Urmiah, illustre cette période scythique. Pendant ce temps, les Perses achéménides en profitent pour consolider leur indépendance sans toutefois entrer en conflit avec leurs puissants voisins.
-640 :Après la mort de Teïspès, ses deux fils se partagent son royaume, conformément à ses plans. Ariaramne, qui règne de -640 à -590, devient le « Grand Roi, roi des rois, roi du pays de Parsa », tandis que son frère Kûrach, connu également sous le nom de Cyrus Ier, règne de -640 à -600 en tant que « Grand Roi du Parsumach et roi d’Anzan ».
-625 :Uvakhchatra, également connu sous le nom de Cyaxare, fils de Khchathrita, saisit l’occasion lors d’un banquet pour enivrer les chefs scythes et les faire exécuter. En conséquence, Cyaxare devient le maître de la partie occidentale du plateau iranien. Il constitue dès lors une armée comprenant des fantassins équipés à la manière des Assyriens. Mais surtout, il se dote d’une cavalerie nombreuse et hautement mobile qui s’avère redoutablement efficace. Dès lors, il dirige son expansion vers la Mésopotamie voisine, étendant ainsi le territoire de son royaume.
-615 : Cyaxare conquiert Arrapha (aujourd’hui Kirkouk, en Irak) et ensuite Assur en août -614. Il forme ensuite une alliance avec le babylonien Nabopolassar. Ce dernier avait précédemment fait une tentative infructueuse de résistance contre les Assyriens en -616. Le mariage d’une petite fille du roi mède, Amyrtis, avec le roi babylonien Nabuchodonosor, fils aîné de Nabopolassar, scella cette alliance.
-612 :Cyaxare et Nabopolassar s’emparent de la capitale assyrienne Ninive, d’ailleurs détruite au cours de cet affrontement.
-610 : Cyaxare et les Babyloniens prennent Harran, nouvelle capitale de l’Empire assyrien où le roi Assuruballit II s’est réfugié. Cela marque la fin de cet empire qui s’était étendu de l’Élam jusqu’à la Haute Égypte. Les Babyloniens annexent l’Élam et le nord de la Mésopotamie. Les Mèdes prennent le contrôle des régions montagneuses du nord, notamment le royaume d’Ourartou situé sur le territoire futur de l’Arménie et les anciennes provinces assyriennes d’Asie Mineure, jusqu’à la frontière formée à l’ouest par le cours de l’Halys (le Kizil Irmak d’aujourd’hui, qui traverse maintenant une large boucle au centre de l’Anatolie). Ils contestent la frontière pendant sept ans avec le royaume de Lydie, jusqu’à ce qu’une éclipse de soleil survenue en -585 n’effraie les adversaires à tel point qu’ils décident de conclure la paix.
De -600 à -559 :Kambûjiya (Cambyse), successeur de Cyrus Ier, règne sur le Parsumach et l’Anzan. Après -590, il renverse Arsame, fils d’Ariaramne, pour régner également sur la Perside (Parsua). Selon Hérodote, Hystaspe, fils d’Arsame, aurait ensuite régné sur la Perside au début du règne de Cyrus II le Grand. En outre, Cambyse scelle une alliance en épousant Mandane, fille du roi mède Astyage, alors le souverain le plus puissant de la région.
-585 :Après la mort de Cyaxare, son fils Ichtûmegû (Astyage) lui succède et règne jusqu’en -550. De son règne d’environ trente ans sont notables la paix et l’adoption par les Mèdes des traditions royales de l’ancienne Assyrie.
Les Mèdes et la Médie
Les Mèdes n’ont laissé aucun écrit permettant de reconstituer leur histoire. Seules des sources extérieures telles que les annales assyriennes, babyloniennes et grecques, ainsi que par des sites archéologiques en Iran supposément occupés par les Mèdes, nous permettent de connaître ce peuple et son histoire.
Selon les récits d’Hérodote, les Mèdes étaient un peuple puissant qui aurait construit un empire au début du 7ème siècle avant Jésus-Christ. Celui-ci dura jusqu’en 550 avant notre ère. Ils jouaient un rôle crucial dans la chute de l’empire assyrien et rivalisaient avec les royaumes puissants de Lydie et de Babylone.
L’empire mède
Le terme « empire » utilisé pour décrire les Mèdes est sujet à débat. Il est possible de soupçonner qu’Hérodote ait attribué à leur puissance les caractéristiques de l’Empire perse achéménide. Selon les données archéologiques rassemblées dans le nord de l’Iran, il semble plus probable qu’il existait plusieurs pouvoirs locaux correspondant davantage à une confédération de tribus qu’à un empire unifié.
Les nouveaux arrivants, des peuples cavaliers connus pour leurs troupeaux de chevaux, adoptèrent largement la culture des peuples qu’ils ont soumis. Certaines de leurs créations, telles que les célèbres bronzes du Luristan, témoignent cependant d’une originalité profonde.
La puissance des Mèdes s’étendait du centre de l’Anatolie jusqu’aux abords de la Bactriane, au cœur de l’Asie centrale. Ecbatane servait d’ailleurs de résidence estivale aux souverains achéménides. Les Mèdes sont par la suite peu mentionnés dans l’histoire de leur empire, sinon le nom de leur région, devenue ensuite l’Azerbaïdjan. En 330 avant Jésus-Christ , le satrape de Médie, Atropatès, combattit contre Alexandre.
Après la chute du dernier roi mède face à Cyrus II de Perse, la Médie devint une province importante et précieuse. Elle sera successivement dominée par les empires achéménide, séleucide, parthe et sassanide.
Ainsi, si l’ampleur et la puissance exactes du royaume mède restent incertaines, il est indéniable que la Médie continua de jouer un rôle significatif dans l’histoire de la région, en tant que terre convoitée par de nombreux empires successifs.
L’histoire de l’Iran débute dès la Préhistoire. Par « Préhistoire » est entendue la période précédant l’émergence de l’écriture et l’utilisation des métaux dans l’histoire de l’humanité.
La Préhistoire en Iran, aux origines de l’humanité
En 1949, Roman Ghirshman identifia des traces d’occupation humaine dans une grotte appelée Tang-é Padban, dans les montagnes bakhtiaries du Zagros. Celles-ci remontent au VIIème millénaire, à l’aube du Néolithique. Des découvertes furent réalisées dans les grottes de Belt et de Hotu, situées à proximité de la mer Caspienne. Celles-ci nous informent de l’existence de plantes cultivées et d’animaux domestiqués. Des objets tels qu’une figurine de sanglier et la « Vénus » de Tepe Sarab (non loin de Kermanshah) suggèrent des affinités avec le Néolithique anatolien de Hacilar. La céramique peinte était largement répandue dès le Vème millénaire avant Jésus-Christ. De même que le cuivre fondu fut utilisé vers -4000 dans différents sites, notamment celui de Tal-é Iblis.
Au sud-ouest du pays, le processus d’urbanisation démarre à la fin du IVèmemillénaire. Une découverte plus récente révèle également l’urbanisation dans des régions longtemps inexplorées par les archéologues, notamment à Tepe Yahya et Shahr-é Sokhta. Ces dernières font écho aux centres identifiés en Susiane, où l’urbanisation semblait être liée à l’influence mésopotamienne.
La civilisation élamite qui se développa en Susiane fut longtemps considérée comme une extension des civilisations sumérienne ou akkadienne vers le sud-est. Les collines de Tepe Sialk, fouillées par Roman Ghirshman entre 1933 et 1937 près de Kashan, au sud de Téhéran, révélèrent de nombreuses informations à ce sujet.
La Préhistoire en Iran : les sites archéologiques de Sialk
La période connue sous le nom de Sialk I est contemporaine de la période Hassuna-Samarra en Mésopotamie, au Vème millénaire avant Jésus-Christ. Il s’agissait d’un village de huttes progressivement remplacé par des maisons en pisé, construites par une population d’agriculteurs et d’éleveurs. C’est à cette époque que le cuivre apparut, marquant la transition entre le Néolithique et le Chalcolithique.
Les niveaux ultérieurs de Sialk II (ceux-ci débutant vers la seconde moitié du Vème millénaire) montrent l’émergence de constructions en briques crues et d’une céramique plus évoluée, avec des décorations comprenant désormais des représentations animales schématisées.
La période nommée Sialk III se caractérise par les vestiges du tepe sud datés de -3800 à -3000. Les briques deviennent désormais cuites, la pierre apparaît dans l’architecture et le décor de la céramique devient plus complexe.
La renaissance de Sialk IV et l’influence élamite
Sialk III disparaît lors d’un incendie général. Sialk IV, qui le suivra, témoigne des influences élamites (notamment dans les pratiques funéraires) à la fin du IVème et au début du IIIème millénaires. Le site sera à nouveau occupé durant la seconde moitié du IIème millénaire.
Sialk V date pour sa part de l’âge du bronze. Pourtant, des objets en fer sont déjà présents. Au cours des siècles suivants, les tombes de cavaliers découvertes sur le site suggèrent peut-être la présence d’une population ancêtre des Mèdes. Le site de Tepe Giyan, découvert en 1928 au sud-ouest de Nehavend, en Iran occidental, révéla au cours des fouilles entreprises par Roman Ghirshman et Georges Contenau dans les années 1930 des niveaux du Chalcolithique ancien contemporains de -4700 à -4400. Le décor animalier de la céramique montre des similitudes avec la culture des tumuli sur le site d’Anau, dans les steppes du Turkménistan. Toutefois, ce sont les influences mésopotamiennes qui prédomineront avec le temps.
Les premiers habitats préhistoriques en Iran
Les vestiges découverts à Tepe Giyan, datant de la fin du IIIème millénaire, sont similaires à ceux excavés sur le site d’Hasanlu. Les premiers niveaux remontent au milieu du IVème millénaire. Ceux-ci mettent en lumière des structures en brique crue remplacées par des briques cuites à l’époque de Hissar II. Ce site dévoile également un grand nombre de perles en lapis-lazuli, des bagues, des bracelets principalement en cuivre, mais également en or et en argent. Hissar II se termine brutalement vers -2300 à la suite d’une destruction violente.
La cité renaît deux siècles plus tard et atteint son apogée, en témoigne l’importance de ses monuments. Cependant, une dernière destruction coïncidant avec l’ère du Bronze ancien brise cette prospérité retrouvée. Les fouilles menées dans le Louristan, notamment à Tepe Guran, ont révélé deux grandes périodes d’occupation : une datant du néolithique au VIIème et VIème millénaires avant Jésus-Christ, et une autre, contemporaine de l’âge du bronze et du début de l’âge du fer, entre -1300 et -600.
Les célèbres bronzes du Louristan utilisés pour équiper les chevaux, étudiés notamment par l’archéologue belge Louis Vanden Berghe, remontent aux cinq premiers siècles de l’âge du fer. Ils sont attribuables à un peuple de cavaliers que l’on suppose être les ancêtres des Mèdes. La comparaison des scènes représentées sur ces bronzes avec les textes de l’Avesta permit de leur donner une interprétation. Près du lac d’Ourmiah, le site de Hasanlu recèle des niveaux riches en artéfacts de l’âge du bronze. Il s’agit des vestiges d’une forteresse des débuts de l’âge du fer qui sont le mieux conservés, tandis que des tombes beaucoup plus anciennes rappellent celles de Sialk et Tepe Giyan.
La civilisation de l’Élam, entre Suse et Mésopotamie
Vers l’ouest, Suse, qui deviendra une grande capitale achéménide, est habitée dès le Vème millénaire avant Jésus-Christ. Les archéologues mirent en évidence les liens entre Suse et les cultures mésopotamiennes d’Obeid et d’Uruk. Au début du IIIème millénaire, l’apparition de tablettes proto-élamiques marque le début d’une histoire qui verra la conquête de la cité par le roi d’Akkad, Naram-Sin, suivi par l’imposition de la IIIème dynastie d’Ur.
Vers -1850, une nouvelle dynastie locale prendra le relais, formant un royaume qui reçoit un tribut de Babylone et qui fait même venir de la capitale mésopotamienne le célèbre code d’Hammurabi, retrouvé à Suse comme butin. Ainsi, Darius Ier décidera de construire l’un de ses palais dans cette cité chargée d’une longue histoire. Anshan (Tal-é Malyan, au nord de Chiraz), étroitement liée à l’Élam après sa domination par les rois d’Ur, se voit occupée dès la fin du Vème millénaire. C’est pourtant aux 7ème et 6ème siècles avant Jésus-Christ, avec l’essor de la puissance néo-élamite, qu’elle atteint son apogée. Elle deviendra par la suite le point de départ de l’Empire perse lorsque Teispès, fils d’Achéménès, l’occupera.
Ce sont essentiellement des sites de l’ouest de l’Iran, découverts et explorés au cours de la première moitié du 20ème siècle, qui permirent de recueillir des informations significatives. Souvent fragmentaires et disparates, ceux-ci nous renseignent sur l’histoire des vastes régions à l’est des Zagros. Ces éléments permettent une compréhension plus complète de l’Élam.
Généralement considéré comme faisant partie du monde mésopotamien, la civilisation de l’Élam est le principal centre culturel et la première civilisation urbaine de la période pré-iranienne. Elle est antérieure à l’arrivée dans l’ouest du plateau des cavaliers indo-européens venus du nord qui jouèrent un rôle décisif dans l’ethnogenèse des Mèdes et des Perses.
De nouvelles découvertes survenues en 2003
De nouvelles découvertes en 2003 remirent en question l’interprétation traditionnelle de cette période. Les fouilles menées autour de Jiroft, dans la vallée du Halil Roud, dans la province de Kerman, au sud-est du plateau iranien, ont révélé l’existence d’une civilisation jusque-là inconnue, contemporaine de celles de la Mésopotamie et de l’Indus, datant du IIIème millénaire.
Une conception bouleversée la Préhistoire en Iran
Les découvertes des sites de Shahdad et de Tepe Yahya, complétées par celles de Jiroft, permettent de répondre à des questions restées sans réponse depuis longtemps. Ces interrogations concernent notamment la présence d’objets de prestige importés en Mésopotamie ou sur les côtes de la péninsule arabique. Par exemple des vases en chlorite ornés de pierres semi-précieuses dont l’iconographie semble avoir influencé les décors sumériens. Cette nouvelle perspective suggère que la civilisation urbaine révélée à Jiroft pourrait correspondre au royaume mythique d’Aratta mentionné dans les légendes mésopotamiennes.
En plus de la production d’objets de prestige qui alimentaient un commerce florissant, la civilisation de la vallée du Halil Roud aurait peut-être fourni le modèle de la ziggurat mésopotamienne. À cette époque, la région était une plaine alluviale fertile, là où la steppe et le désert dominent aujourd’hui. L’abondance de l’eau permettait une agriculture et un élevage caprin prospères.
L’identification de nouveaux sites préhistoriques en Iran
Découvertes en 2003 après une période de pillage étendue sur plusieurs années, les fouilles permirent d’identifier quatre-vingts sites ainsi que les vestiges d’une ville fortifiée. Les motifs trouvés sur ces sites s’avèrent particulièrement intrigants. En effet, ils représentent souvent des thèmes mythiques mésopotamiens qui ne figureront sur les rives du Tigre que six siècles plus tard. Par exemple, l’homme-scorpion, présent dans l’épopée de Gilgamesh, est abondamment représenté dans la vallée de Halil Roud où des traces d’une écriture datant du début du IIIème millénaire furent identifiées.
Ces découvertes récentes sont d’une importance capitale pour l’étude de la Préhistoire en Iran. En effet, elles remettent en question la primauté traditionnellement attribuée à la Mésopotamie dans l’émergence de la civilisation urbaine. Elles révèlent aussi l’existence, il y a cinq mille ans, de liens commerciaux intenses entre cette région désertique actuelle et les foyers de civilisation bien établis du bassin de l’Indus et du « pays d’entre les fleuves ».
Le peuplement du plateau iranien durant la Préhistoire
Le plateau iranien occupa une place prépondérante dans la naissance des grandes civilisations orientales durant la Préhistoire en Iran. Il révèle des cultures sédentaires importantes établies dans diverses régions depuis les VIème et Vème millénaires avant Jésus-Christ.
La Préhistoire en Iran et le développement de l’urbanisation
Alors que Suse et l’Élam semblent plutôt relever de l’espace culturel mésopotamien, les centres du Halil Roud, découverts récemment, illustrent l’existence de grandes civilisations urbaines contemporaines de l’Égypte de l’Ancien Empire, des villes-États sumériennes et des cités de l’Indus ayant émergé sur le territoire iranien. Cette floraison civilisationnelle eut lieu avant l’arrivée, pendant le IIème millénaire, des nomades indo-européens venus du nord. Il s’avère important de replacer la formation des peuples ayant mené à la création de l’Empire perse achéménide aux 8ème et 7ème siècles avant Jésus-Christ dans une perspective à long terme pour comprendre leur importance.
Aujourd’hui, les archéologues étudient les circonstances entourant l’émergence du Royaume perse et ses liens avec le Royaume élamite qui l’a précédé dans le sud-ouest de l’Iran actuel. Cette réflexion remet en question le scénario traditionnel de la naissance du Royaume perse. Selon ce dernier, les Perses seraient arrivés au nord-ouest de l’Iran au début du IIème millénaire, auraient ensuite migré vers le sud à travers les montagnes Zagros, s’installant d’abord près du lac d’Urmiah, puis près de Kermanshah, avant de s’établir finalement dans le Fars au 4ème siècle avant Jésus-Christ pour fonder la dynastie achéménide. Cela s’explique notamment par les découvertes faites à Anshan (Tall-é Malyan).
Le Fars, bascule de l’Iran de la Préhistoire à l’Histoire
Dans le Fars, une crise se manifesta par un processus de désurbanisation débuté au milieu du IIème millénaire. Celui-ci vit l’abandon de toutes les villes, y compris la capitale Anshan, vers -900. Ces événements conduisirent également à une quasi-disparition des établissements sédentaires. Cette évolution s’accompagne d’une forte augmentation des populations nomades pastorales. Atteignant son apogée pendant la première moitié du Ier millénaire, elle conduisit à l’isolement du Fars par rapport au Khouzistan élamite, où la majorité des populations sédentaires se concentraient désormais.
À partir de la seconde moitié du IIème millénaire, de nouvelles populations iraniennes ont occupé le Fars, qui demeura tout de même isolé jusqu’à la fin du 8ème siècle. À partir de ce moment, la brève renaissance de l’Élam permit à cette région de dominer à nouveau la contrée. Cela fut toutefois de courte durée. En effet, les Assyriens pillent Suse, la capitale élamite, en -646. La fin du 7ème siècle est le témoins de la chute du pouvoir assyrien, de l’émergence d’un brillant Royaume néo-babylonien et de la formation d’un royaume mède à partir de la région centrale du Zagros.
Vers -635, une royauté d’Anshan indépendante de l’Élam se forme dans le Fars sous la gouvernance d’une dynastie perse. L’émergence de ce nouveau royaume d’Anshan coïncide avec une importante sédentarisation issue de la fusion entre les populations autochtones longtemps sous l’influence de l’Élam et les nomades perses. Ainsi, la Perse historique semble née de la synergie entre les traditions élamites et iraniennes. L’influence élamite entama son déclin sous le règne de Darius Ier, où les éléments iraniens commencèrent à dominer de façon prédominante, un processus favorisé par la proximité du Royaume mède avec lequel les Perses entretenaient de nombreux liens.
Parmi les acteurs importants de la Première Guerre mondiale, la figure du diplomate et espion allemand Wilhelm Waßmuß est l’une des plus méconnues. Oublié avec le temps, parce que l’Histoire est écrite par les vainqueurs, son rôle ne fut cependant pas négligeable durant ce conflit en Iran, au point qu’il est comparé à Lawrence d’Arabie.
Semblablement à son homologue britannique, il fut de ces Européens envoûtés par la puissance du désert, étrangers appelés aux destins héroïques parmi des peuples dont l’aura leur confère l’étoffe des grands conquérants et des prophètes. Il mènera sa mission à travers les écueils des jeux d’alliances et des contre-attaques dans une lutte impitoyable entre deux puissances exportant leur sanglante inimitié en Iran.
Les jeunes années de Wilhelm Waßmuß
Né à Ohlendorf le 14 février 1880, Waßmuß est l’aîné d’une famille de fermier. Fréquentant l’école primaire en 1893, il obtient son baccalauréat au lycée de Goslar en 1900. Pris de passion pour les langues étrangères, il y étudiera le latin, le grec, l’anglais, le français et l’hébreu. Il entame par la suite à Marburg des études de droit, poussé par la pression familiale, études qui le conduiront à s’installer la même année à Berlin. Waßmuß décide de s’inscrire au séminaire d’étude des langues orientales à Berlin après avoir pris connaissance des recherches du ministère fédéral des Affaires étrangères, en proie à un manque de personnel qualifié dans le domaine des traductions et de l’interprétariat. Il étudie dès lors l’arabe et le marocain en parallèle de ses études de droit. Il déménage au cours de l’hiver 1902 à Göttingen où il achève ses études de droit à l’université et passe son premier examen de droit au tribunal régional supérieur de Celle, qui lui permet de débuter comme stagiaire juridique au tribunal royal de Zellerfeld en 1904 (situé dans le district de Goslar). Il ne tarde pas à être muté à Berlin où il fut reçu en août à un examen d’arabe et de marocain. Il débute en octobre de la même année son service militaire au IIIème Département d’artillerie de Marine de Lehe en région, une unité destinée au service à l’étranger. C’est au cours de son service militaire qu’il dépose au ministère des Affaires étrangères une demande de mission dans le service de traduction ; convoqué à un entretien, il accepte le poste au consulat de Zanzibar qui lui est proposé.
Wilhelm Waßmuß prend son service à Zanzibar le 8 janvier 1906, époque au cours de laquelle les mutations du Reich deviennent pour nombre de tribus africaines une source d’espérance. Apprenant et maîtrisant rapidement la langue swahilie, ses supérieurs témoigneront leur satisfaction, ce qui lui permettra d’être sollicité en 1909 au poste de consul adjoint à Boushehr, en Iran, pour représenter le consul Helmuth Listemann[1].
L’année suivante, Waßmuß est de retour en Tanzanie, missionné comme vice-consul de la ville portuaire de Tanga le 31 octobre ; il profitera de cette période pour étudier attentivement les peuples du désert. Le 18 mai 1913, il est à nouveau envoyé à Boushehr comme directeur provisoire du vice-consulat. La situation politique qui règne alors en Iran est exacerbée par les relations conflictuelles entretenues entre la Russie et la Grande-Bretagne. Les habitants de la région de Boushehr, hostiles à toute présence étrangère, s’opposèrent à plusieurs reprises aux Britanniques. Les élites et les chefs des tribus, alors dépossédés de tout pouvoir, cherchaient un allié pour contrer les Britanniques. Ils décèlent en Waßmuß cet allié potentiel au cours de ses voyages à l’intérieur des terres iraniennes au cours desquels le diplomate noue des liens avec les khâns les plus influents. Dès lors, les soupçons britanniques se portent à son encontre, suspectant dans ses activités d’espionnage et d’influence politique le dessein de provoquer le soulèvement des tribus de la région contre la présence britannique.
Wilhelm Waßmuß, de l’aventure à l’entrée dans l’Histoire
C’est lorsqu’il est muté en 1914 à l’ambassade d’Allemagne du Caire en tant que drogman[2] qu’il apprend la nouvelle du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il prend alors la décision de modifier son itinéraire et de se précipiter à Berlin où il arrive le 31 août. Waßmuß avait parfaitement compris le rôle prépondérant qu’il pouvait jouer dans la stratégie de provoquer des insurrections parmi les populations colonisées par les puissances européennes adversaires de l’Allemagne. C’est sous la direction de Max von Oppenheim (1860-1946) qu’il planifia cette stratégie d’insurrection secrète afin de perturber l’ordre dans les zones musulmanes, faisant alors partie des domaines d’intérêts des puissances russes, britanniques et françaises. Pour ce faire, il était nécessaire d’exercer une influence sur les populations des différentes régions et notamment les dirigeants locaux. Cette mission, en plus de nécessiter une intense et savante propagande, exigeait l’octroi d’une aide militaire comprenant la livraison d’armes et de munitions ainsi que le financement de ces mouvements. Cette méthode de guerre est immédiatement approuvée par l’empereur allemand Guillaume II lorsqu’il en prend connaissance. Waßmuß est alors affecté dans une expédition destinée à provoquer en Iran et en Afghanistan différents soulèvement contre les Britanniques jusqu’en Inde[3].
Waßmuß part de Berlin en compagnie de vingt-et-une autres personnes qui constitueront son équipe le 6 septembre 1914 en direction de Constantinople ; cependant, cette équipe ne conviendra pas à sa direction en raison d’un manque de compétences et d’un comportement inadéquat dont ont fait preuve certains membres une fois arrivés à destination. L’ambassadeur d’Allemagne, Hans Freiherr von Wangenheim (1859-1915), va alors usé de son influence pour que cette équipe soit reconstituée et placé sous le commandement de Waßmuß.
Un second groupe dirigé par Oskar von Niedermayer (1885-1948) et un troisième dirigé par Werner Otto von Hentig (1886-1984) furent envoyés sur place ; le groupe de von Niedermayer rejoint d’ailleurs celui de Waßmuß à Baghdâd le 9 janvier 1915. Dès lors, chacun rejoint son poste. Waßmuß, qui s’est coordonné avec Helmuth Listemann rejoint en compagnie de sept hommes la ville iranienne de Shirâz avec l’objectif de poursuivre en direction de l’Afghanistan, approuvé sans avoir attendu le retour de Berlin par l’ambassadeur von Wangenheim.
Titulaire d’un passeport diplomatique lui attribuant la fonction de consul, Waßmuß parvint à rejoindre la frontière iranienne le 1er février 1915 avec l’objectif de se déplacer en Iran afin de mener une mission dont il rêvait depuis plusieurs années : mener la révolte parmi les populations et les tribus iraniennes contre la domination anglo-russe dans la région. En effet, les positions britanniques en Iran et au Koweit constituaient des avant-postes destinés à protéger leurs intérêts indiens ; de plus, les gigantesques réserves pétrolières découvertes au début du siècle dans la région du Khouzistân constituaient une nouvelle source de revenus non négligeable pour la Grande-Bretagne, qui espérait bien asseoir sa domination sur les terres iraniennes. C’est une fois la frontière franchie qu’il apprend que la sécurité de son expédition ne pouvait être garantie par les autorités iraniennes déjà mises en difficulté par les combats qui se déroulent en Azerbaïdjân iranien et par la domination anglaise dans le sud, les Britanniques n’hésitant d’ailleurs guère à signaler qu’ils cessaient de se conformer au droit international… Waßmuß l’ignore pour le moment, mais ses ennemis européens sont déjà informés de sa mission, ayant même offert une récompense pour sa capture.
Le 5 mars, sa caravane est victime d’une attaque britannique au cours de laquelle il parvient à s’échapper avant de rejoindre Borazdjân à quelques 100 kilomètres de distance. Malheureusement pour lui, son médecin est arrêté et le matériel saisi ; parmi les armes et les supports de propagande figure la liste complète des protagonistes participants à l’opération. En conséquence de quoi, le 6 mars 1915, les Britanniques entrent par la force et en complète violation du droit international dans le consulat allemand de Boushehr ; le consul Listemann est arrêté au cours d’une opération illégale et interné au centre de détention pour civils d’Ahmednagar, en Inde. Il faudra attendre la publication en 2009 des mémoires de l’un des officiers britanniques responsable de l’attaque, Cecil John Edmonds[4], pour connaître les descriptions précises de cet incident militaire et diplomatique au cours duquel un livre de code diplomatique allemand fut saisi pendant la perquisition, permettant ainsi le décryptage de la correspondance diplomatique allemande par la Grande-Bretagne.
Waßmuß traverse d’abord les villes de Dezfoul et Shoushtar avant de s’établir à Boushehr où il organise les tribus Bakhtyâri, Tangsir et Qashghâi afin de les conduire à la rébellion contre les Britanniques. Il rencontre durant cette période le gouverneur Mohammad-Ali Shabankareh qui le convie au château de Rostam Khâni, l’assurant son soutien pour lutter contre l’entente anglo-russe. Menant une intense campagne de sensibilisation des chefs locaux en distribuant des brochures et des documents promouvant son appel, Waßmuß est rapidement dans une dangereuse situation : la police de Shoushtar tente de l’arrêter, le poussant à s’enfuir à Behbahân, à 160 kilomètres vers le sud. Les Britanniques avaient très tôt compris le danger que représentait pour eux Waßmuß : en effet, ils avaient réalisé la nécessité de l’appréhender après avoir lu ses brochures et constater sa renommée grandissante à travers tout le pays.
Le notable dirigeant la ville, membre de la tribu des Hayât-Dâvoudi[5], le reçoit cordialement et l’invite à dîner ; il s’agit cependant d’un piège puisque le diplomate allemand est rapidement placé sous la surveillance de la garde en vue d’être vendu aux Britanniques. C’est en cours de route que le messager dépêché rencontre un détachement britannique et l’informe de la capture de Waßmuß ; celui-ci fait alors immédiatement route vers Behbahân. Heureusement pour Waßmuß, les négociations pour son prix sont retardées par l’exigence protocolaire de la politesse orientale qui fit perdre aux Britanniques un temps précieux lui permettant de s’évader. L’histoire de son évasion relève d’un concours de circonstance en sa faveur assez déroutant : il avait déclaré à ses geôliers que son cheval, malade, devait être promené toutes les heures ; Waßmuß put donc le faire trotter sous la surveillance d’une escorte. Un beau matin, alors que ses gardes se furent endormis, lassés de devoir sans cesse l’escorter jusqu’aux écuries, le diplomate allemand parvint à s’évader, forcé d’abandonner dans la cour de la demeure ses bagages qui seront par la suite expédiés à Londres et dans lesquels se trouvait un livre recensant les codes diplomatiques usités par les services de renseignements allemands.
Désormais libre mais activement recherché par les Britanniques, Waßmuß poursuit sa mission et parvient à rassembler 300 cavaliers au mois de juillet 1915 ; leur première attaque est menée dans la nuit du 11 au 12 juillet à l’encontre de la résidence d’été du consul général britannique. Devant son offensive et le danger qu’elle représente, ses adversaires lui opposent les South Persian Rifles, sans toutefois parvenir à l’empêcher de pénétrer et d’occuper le consulat général du Royaume-Uni le 10 novembre 1915, avec l’aval du Comité pour la protection de l’indépendance de la Perse qui lui adjoignirent des combattants iraniens réguliers. La région comprise entre Shirâz et Boushehr étant désormais coupée du reste de l’Iran occupé par les Britanniques, ces derniers contre-attaquent dans les mois suivant après que de nouveaux détachements eurent renforcé leur dispositif déjà présent. Waßmuß est contraint de quitter l’Iran le 11 septembre 1916, regagnant l’Irak à pied et camouflé dans une tenue tribale locale ; ces dispositions ne l’empêcheront guère d’être attaqué par des brigands qui, l’ayant dépouillé, le laisseront pour mort avant que ne le retrouvent des membres d’une tribu amie. Il passera plusieurs mois alité au domicile de la famille qui l’avait recueilli, sans pouvoir autrement poursuivre sa mission que par l’envoi de missives et d’éléments de propagande aux chefs des tribus dont l’opinion demeurait de son côté.
L’armistice de Moudros, actant la fin de ce premier conflit mondial entre l’Empire ottoman et les Alliés, est signé le 30 octobre 1918. Quelques jours plus tard, le 11 novembre, l’Allemagne signe l’armistice, entraînant conséquemment le terme de la mission de son agent, qui est invité à se mettre en relation avec les autorités iraniennes sous huitaine. Sans attendre l’écoulement de ce délai, Waßmuß gagne Téhéran avec deux de ses compagnons et son assistant ; il sont finalement arrêtés par des gendarmes iraniens lorsqu’ils se présentent à la porte nord de Téhéran le 26 mars 1919. L’Allemagne ne les abandonne cependant pas à leur sort et intervient en dépit de confusions bureaucratiques, s’étant conclues par des scènes jugées indignes, afin qu’ils soient libérés et escortés sans frais à leur charge jusqu’en Allemagne ; il rentre à Ohlendorf le 20 septembre 1919.
Wilhelm Waßmuß après la guerre, vers l’oubli et la solitude
Wilhelm Waßmuß va connaître après ce premier conflit d’envergure mondiale un destin moins agréable : chanceux d’avoir survécu, il connaît une lente et inexorable déchéance lorsque les chefs des tribus qui l’avaient rallié perdent peu à peu leur confiance dans une victoire allemande. Fort de son succès et de la création d’un réseau qui s’étendait de l’Iran jusqu’en Inde en passant par l’Afghanistan, lui pour qui les Britanniques allaient même jusqu’à offrir une récompense en échange de sa capture, rentrait au pays sans la gloire qu’il eut tant espéré. L’image qui reste de lui le décrit comme un fervent patriote imprégné d’une aura mystique non dénuée d’un fanatisme et d’une mégalomanie que nous ne pouvons guère confirmer. Wilhelm Waßmuß fut de ces Européens épris du charme du désert et pour l’amour duquel il s’imprégna de ses codes et de sa culture pour connaître ses secrets et éprouver ses mystères, maîtrisant les langues autochtones et s’intégrant parfaitement parmi ses populations aussi bien psychologiquement que physiquement, sans jamais dévier de sa mission pour laquelle il fut appeler à mentir sans vergogne au nom de l’Allemagne mais demeurant attaché à ses principes moraux envers ceux qui le protégèrent.
Rentré à Ohlendorf le 20 septembre 1919, il se rend au ministère des Affaires étrangères le 30 afin de remettre son compte-rendu. Il épouse durant l’été 1920 Irma Luiken et est reçu à l’examen de consul ; de nouvelles fonctions lui sont attribuées le 26 octobre 1920 au département IV du ministère fédéral des Affaires étrangères, chargé du département des nouvelles. Mais Waßmuß n’oublie guère ses promesses qui le lie aux tribus iraniennes… Il ne parvient aunement à persuader son ministère de régler les paiements garantis aux chefs de tribus, l’administration allemande refusant de lui prêter plus de 300 livres anglaises.
Waßmuß décide alors de repartir par ses propres moyens en Iran. Il revient en 1924 à Boushehr et achète des terres à Tchoghâdak afin de développer une exploitation agricole dont les bénéfices qu’il espérait en tirer devaient lui permettre de rembourser les sommes promises. Bien que la production qu’il réussit à développer lui permit de régler ses dettes, son initiative sera cependant un échec, en dépit de ses efforts pour enseigner aux tribus nomades l’agriculture et de son souhait de leur transmettre son exploitation après plusieurs années de développement. Cet insuccès trouve ses origines dans plusieurs facteurs : le désintérêt des tribus nomades pour un mode de vie sédentaire d’une part, et, d’autre part, sa présence qui se fut rappelé au bon souvenir des Britanniques ne manquant aucunement d’encourager les différends existants et de réveiller ceux endormis.
Découragé et abattu, c’est en homme brisé que le « Lawrence allemand » rentre le 1er avril 1931 à Berlin. Wilhelm Waßmuß meurt d’une crise cardiaque quelques mois plus tard, le 29 novembre 1931, dans la solitude et la pauvreté.
[1] Helmuth Listemann, né le 23 octobre 1872 à Magdeburg, fut un interprète et diplomate allemand. Après avoir étudié le droit à l’Université de Lausanne et à l’Université Friedrich Wilhelms de Berlin, ainsi qu’au Séminaire des langues orientales, il réussit un examen de persan en avril 1898 avant d’être admis dans le service du dragomanat (cf. note suivante) de la légation allemande de Téhéran. Il reçoit le titre de dragoman en 1902 avant de devenir vice-consul à Boushehr en 1905. L’année suivante, il devient consul et réintègre en 1907 la légation de Téhéran. Il obtient le titre de consul en juin 1904 après avoir réussi son examen consulaire en février. Occupant ses fonctions consulaires en Iran pendant la Première Guerre mondiale, Listemann est arrêté par les Britanniques le 6 mars 1915 au cours d’une opération illégale et interné au centre de détention pour civils d’Ahmednagar, en Inde. Il faudra attendre la publication en 2009 des mémoires de Cecil John Edmonds, un officier britannique responsable de l’attaque du consulat de Boushehr, pour connaître les descriptions précises de cet incident militaire et diplomatique au cours duquel un livre de code diplomatique allemand fut saisi pendant la perquisition, permettant ainsi le décryptage de la correspondance diplomatique allemande par la Grande-Bretagne. Libéré cinq ans plus tard, Listemann regagne Berlin en février 1920 et continuera de travailler pour le ministère des Affaires étrangères jusqu’à son suicide dans le Rhin, à proximité de Duisbourg, le 29 mai 1924, à l’âge de 51 ans.
[2] Ce terme nous paraît suffisamment important pour le définir ici. Un drogman, ou dragoman, désignait en Orient un interprète résidant dans les ambassades et les consulats, soit au service des Européens, soit en poste dans l’administration ottomane, chargé de traductions, de missions ou de négociations. Usité entre le 13ème et le 20ème siècle, son origine vient des croisades et de la nécessité pour les Etats latins de Palestine de se doter de services compétents. Sa racine provient du sémitique trgm, apparaissant déjà dans l’akkadien sous la dénomination targumannu et dans l’araméen sous la dénomination targimana, signifiant « traducteur », ainsi que dans l’hébreu targum où il signifie « traduction ».
Entre 1270 et 1510, sous le règne de la dynastie des Mamelouks, le dragoman devait être accrédité par le sultan et était responsable de l’hébergement des étrangers chrétiens dont il prenait la responsabilité du comportement. Au Moyen-Age, il s’occupait principalement des pèlerins chrétiens à travers tout l’Orient. En Egypte, à partir de la fin du 15ème siècle, il est chargé des touristes chrétiens. C’est au 16ème siècle que le terme est usité dans l’ensemble de l’empire ottoman, où la fonction est majoritairement occupée par des Grecs.
En France, sous l’Ancien Régime, les drogmans étaient nommés par le ministère des Affaires étrangères parmi les élèves sélectionnés dans l’Ecole des jeunes de langues. Basée à Constantinople, cette école fut créée en 1669 par Jean-Baptiste Colbert et recrutait principalement parmi la population chrétienne locale ou des enfants de diplomates ou de commerçants français établis dans l’empire ottoman pour étudier principalement le turc, l’arabe, le persan et l’arménien. Après avoir été transféré au Collège de Clermont (aujourd’hui Lycée Louis-le-Grand) en 1700, elle est finalement absorbée en 1873 par l’Ecole spéciale des langues orientales (fondé en 1795). Elle est aujourd’hui nommée l’Institut national des langues et civilisation orientale (INALCO).
[3] L’expédition Niedermayer-Hentig fut une mission diplomatique envoyée en Afghanistan par les puissances centrales en 1915-1916 dans le but de pousser le pays à déclarer son indépendance de l’Empire et à entrer en guerre contre l’Inde. Cette mission résulte des volontés nationalistes hindoues du prince exilé Raja Mahendra Pratap (1886-1979) soutenu par l’Allemagne et la Turquie.
[4] Cecil John Edmond (1889-1979) était un officier britannique rattaché au Forces expéditionnaires britanniques en Mésopotamie puis au North Persia Force, unité ayant servi dans le nord de l’Iran entre 1918 et 1920.
[5] Les Hayât-Dâvoudi sont une tribu sédentaire de Lor vivant dans une région comprise entre le Golfe persique et les montagnes Mâhour-é Milâti, elles-mêmes situées au nord-ouest de la ville de Boushehr. Succédant à son père Khân-Ali Khân en 1896, Haydar Khân entreprend une politique qui fera de sa tribu une hégémonie parmi les plus importantes entre les tribus baloutches et arabes soumises au shaykh de Korramshahr (à l’époque, Mohammara). Il développe également une politique de bonne relation avec les Britanniques, notamment en apportant son aide à la capture de pirates dans le Golfe en 1908. Ils joueront un rôle important en 1946 lors des rébellions tribales et en 1963 au cours desquelles leur chef Fathollâh Khân sera exécuté. Ils seront également largement victimes des expropriations menées par la National Iranian Oil Company – notamment sur l’île de Khârg – au point de perdre la plus grande partie de leurs coutumes et de leur culture.